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Michel Dumoulin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782390250098
246 pages
Racine (01/12/2017)
3.5/5   1 notes
Résumé :
D'une grande figure héroïque belge, Léopold II est devenu le méchant de l'Histoire, jugé coupable de crimes contre l'humanité. Croqué par la plume, le crayon et fixé sur la pellicule, le Roi est de plus en plus réduit aux traits romanesques et caricaturaux de sa vie comme de son règne.
Ce livre aborde pour la première fois le fonctionnement de l'État indépendant du Congo et le rôle de Léopold II en vue de mieux comprendre les atrocités liées à la récolte du c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette monographie est une adaptation de la dissertation doctorale intitulée « L'État indépendant du Congo et Léopold II (1876-1906) : étude sur le paradoxe de la gouvernance léopoldienne », que son auteur a présentée en 2015 à l'Université de Louvain. Ce paradoxe est celui qui est engendré par les deux forces antagonistes qui modèlent la gouvernance de l'Etat indépendant du Congo de Léopold II: d'une part une mission civilisatrice et d'autre part une exigence de rentabilité de la production de caoutchouc.

L'origine de la colonisation du Congo et les motivations de Léopold II est un sujet qui m'intéresse en dilettante depuis longtemps. Pour l'instant, notre ancienne colonie est sous les feux de l'actualité belge à l'occasion du mouvement anti-raciste faisant suite à la mort de George Floyd, qui a mené au saccage de statues de Léopold II, mouvement amplifié chez nous par la célébration du 60e anniversaire de l'indépendance du Congo. Dans ce contexte, le sous-titre « L'action royale face à la violence coloniale » m'avait particulièrement attiré.

L'auteur a structuré son ouvrage de la manière suivante. le premier chapitre présente l'origine et la fondation de l'Etat indépendant du Congo. Les deux chapitres suivant décrivent l'organisation du gouvernement congolais à Bruxelles et l'administration léopoldienne au Congo. Ensuite, une deuxième partie de trois chapitres se consacre aux critiques qui ont commencé à surgir (le « red rubber »), aux campagnes anticongolaises et finalement aux commissions d'enquête et de réforme qui ont fait suite au rapport d'enquête du consul Casement.

L'étude est fouillée, bien documentée et justifiée, ce qui n'est pas surprenant si elle a été effectuée pour préparer un doctorat. le texte est clair et quelques anecdotes augmentent encore l'agrément de lecture. Néanmoins, malgré qu'il s'agisse d'une adaptation du texte présenté à un jury de doctorat et non pas du texte original, je l'ai trouvé encore trop académique. Je veux dire que si, comme je l'ai fait, on le lit sans prendre de notes, on risque de terminer la lecture sans avoir en tête une synthèse claire des informations que l'on a accumulées. Je serais de mauvaise fois en reprochant à l'auteur de n'avoir pas pu s'adapter à ma paresse mais je regrette tout de même que l'auteur n'ait pas jugé utile d'annexer une chronologie des événements à côté de son annexe reprenant un paragraphe biographique pour chacun des principaux protagoniste. J'aurais également apprécié que l'auteur émette quelques jugements personnels ou quelques intuitions qu'il aurait pu développer à propos de la personnalité de Léopold II et de ses motivations.

Car finalement, d'après ce que j'ai lu récemment, on n'en a pas fini d'exploiter les archives pour comprendre ce qui s'est réellement passé. Des violences ont eu lieu, c'est indéniable. Mais comme le déclarait récemment notre Prince Laurent: « Comment Léopold II aurait-il pu faire du mal aux Africains: il n'a jamais mis les pieds au Congo ! ». A-t-il ordonné des violences ? Probablement pas. A-t-il veillé à les faire cesser dès qu'il en avait été informé, en se préoccupant de la réelle mise en oeuvre de ses ordres ? Ce n'est pas si clair. Et cet aspect le préoccupait-il sincèrement, ou uniquement parce qu'il ternissait la mission civilisatrice qu'il avait vendue à ses investisseurs ? On n'a pas fini d'en discuter. Pierre-Luc Plasman a fort bien mis en évidence le paradoxe léopoldien, mais quant à « l'action royale face à la violence coloniale », j'avoue que je reste sur ma faim. J'attends impatiemment d'autres études.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une thématique aussi sensible que celle des violences coloniales nécessite d'éviter l' "erreur rétrospective systématique". Ce processus consiste à croire a posteriori que l'issue d'un événement était connue dès le départ et induit une recherche de signes annonciateurs. Un mécanisme similaire se retrouve dans la plupart des travaux sur l'État indépendant du Congo de ces deux dernières décennies. Cette démarche revient à résumer l'histoire de l'EIC à une exploitation brutale et immédiate de toutes les ressources naturelles et humaines.

[...]

Dans son ensemble, le phénomène de la violence est inhérent au colonialisme. Légitimé dans les espaces juridique et administratif, le fait colonial est empreint du mythe de la grandeur de l'État, du mépris des cultures sociales et de la représentation dégradante de l'autre (le "sauvage"). Dès lors, la violence coloniale se réalise aussi bien dans les discours que par la sujétion des populations. Il est indéniable que l'Europe s'est engagée en Afrique dans la voie des crimes de masse. Quant au massacre, son observation dans le cadre de l'EIC renvoie à l'action des forces armées officielles ou privées.
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Le rapport Casement se réfère aux notes d'un missionnaire de Bolengi reproduisant une conversation avec un agent de l'État datant de 1899. Dans ses explications, le fonctionnaire révèle que des cartouches sont confiées à un caporal. Celui-ci doit rapporter celles qui n'ont pas été utilisées et une main droite pour chaque munition brûlée. Néanmoins, continue l'officier, certaines balles sont utilisées à la chasse, si bien que des mains sont coupées sur des personnes vivantes.
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Le consul britannique [Pickersgill, 1897] a tenté de définir dans son rapport le paradoxe de la gouvernance léopoldienne: "Même avec les meilleures intentions et les fonctionnaires les plus humains, il n'existe aucune puissance dans ce monde qui puisse, sans l'usage de la force, unifier les tribus d'Afrique centrale en une nation pacifiée."
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