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3,77

sur 405 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec les Aventures Extraordinaires nous avons au premier abord un roman d'aventures rocambolesques et pleines d'imprévus, parsemées de bizarreries comme par exemple l'île aux colonies de manchots et d'albatros vivant ensemble en quinquonce, suivant un plan géométrique à la romaine ou à l'américaine, et une autre île où les indigènes nichent littéralement n'importe comment, ou encore cet animal au corps entièrement recouvert de poils blancs, à dents et à griffes rouges, à queue de rat et à tête de chat avec des oreilles de chien. Edgar Poe a le droit : il annonce bien que ce sont des aventures "extraordinaires". Ces dernières sont renforcées de considérations techniques relatives à la navigation et scientifiques quant à la faune et à la flore des terres rencontrées, qui alourdissent parfois le récit mais ont surtout pour but de donner de la crédibilité à l'ensemble.
Au final c'est déjà un très bon roman d'aventures.
Plusieurs exégètes reconnus ont analysé l'oeuvre d'un point de vue psychologique avec des interprétations variées, mais si l'on retient celle de Gaston Bachelard (lui-même influencé par Marie Bonaparte), pour qui à l'âge de deux ans Edgar Poe a été marqué, voire traumatisé, par l'image de sa mère mourante (de la tuberculose), et pour qui cela ressort dans toute son oeuvre, transformé par son subconscient et sublimé par son imagination, et si nous nous donnons la peine de faire d'Arthur Gordon Pym une lecture un tant soit peu psychologisante, nous accédons alors à une autre dimension tout à fait extraordinaire.
Je relèverai ici, de plus, qu'à l'instar de tous les êtres humains au décours de leur naissance et à des degrés plus ou moins intenses suivant les individus, Edgar Poe a connu l'angoisse de la séparation d'avec sa mère et que l'on en trouve la trace très évidente dans Arthur Gordon Pym. Ainsi, dans les premiers temps de l'expédition sur le Grampus le héros vit clandestinement caché dans la cale du voilier, de façon inconfortable mais relativement sûre, et ce n'est qu'ensuite, un fois sorti au jour, que les ennuis commencent...
Mais il y bien plus. Edgar Poe témoigne de ces deux traumatismes à la fois (mère mourante et angoisse de la séparation) dans l'épisode de "La pêche aux vivres". Dans l'épave du voilier aux deux tiers remplie d'eau et vouée à couler (la mère mourante) les survivants d'une tempête, qui ne peuvent se tenir que sur le pont du bateau, sont près de mourir de faim et de soif au point de faire des expéditions de plongée dans la cale inondée de façon à accéder, après avoir franchi un couloir lui aussi inondé, à la cambuse où sont stockées les réserves alimentaires : même noyées elles peuvent sauver les survivants. Les personnages, dont Arthur, tentent désespérément à différentes reprises de forcer la porte de la cambuse, qui résiste (n'est-ce pas là le désir, forcené mais impossible, de retrouver l'utérus nourricier de la mère ?). de surcroît cela se déroule en apnée, ce qui donne une puissance extrême à la scène. Ainsi considéré cet épisode fantasmagorique ne peut qu'émouvoir profondément toute personne née d'une femme et témoigne à elle seule du génie de Poe, devenu universel. À travers cette scène proprement sublime nous entrevoyons peut-être ce que Gaston Bachelard entendait par métapoétique (peut-être dirions-nous maintenant "hyperpoétique" ?).
Adolescent en lisant ces aventures dans un livre un peu défraîchi, j'ai été frustré de constater qu'il devait manquer des pages à la fin et durant les cinquante années et plus qui ont suivi je suis resté persuadé de cela, en me demandant quelle était la suite. Or, comme on sait, point de pages manquantes : du génie, vous dis-je !
Traduit par Charles Baudelaire (1858)
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Le récit d'Arthur Gordon Pym (1838) est le seul roman écrit par l'écrivain américain Edgar Allan Poe. L'oeuvre raconte l'histoire du jeune Arthur Gordon Pym, qui se range à bord d'un baleinier appelé Grampus. Diverses aventures et mésaventures s'abattent sur Pym, y compris le naufrage, la mutinerie et le cannibalisme, avant d'être sauvé par l'équipage du Jane Guy. À bord de ce navire, Pym et un marin nommé Dirk Peters poursuivent leurs aventures plus au sud. Accostés à terre, ils rencontrent des indigènes hostiles à la peau noire avant de s'enfuir vers l'océan. le roman se termine brusquement alors que Pym et Peters continuent vers le pôle Sud.
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Pour la quasi totalité des lecteurs, le nom d'Edgar Allan Poe est indéfectiblement attaché au genre de la Nouvelle.

Impossible, en effet, de passer à côté du génie permanent déployé tout au long des centaines de pages de ses Histoires extraordinaires.

Pourtant, il serait dommage de passer à côté du seul roman du maître du fantastique car, si l'oeuvre n'est pas formellement parfaite, il s'agit pourtant d'un texte inoubliable et un des récits fondateurs du fantastique.

J'irais même plus loin : sans Les aventures d'Arthur Gordon Pym, qu'aurait créé H.P. Lovecraft ?

Et Melville aurait-il écrit Moby Dick de la même manière s'il n'avait lu auparavant ce roman d'aventures maritimes ? No way !

Quant à Jules Verne, il n'a jamais été si "fantastique" que dans son roman le sphynx des glaces, suite-hommage explicite que le génie français dédia à ce roman.

Enfin, Dan Simmons aurait-il eu l'idée d'écrire son formidable Terreur, si A.G.Pym n'avait pas existé ? Certainement pas !

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
Lien : https://www.letournepage.com..
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Une histoire contruite de manière très chronologique et qui du coup ne permet en aucune manière le présage de la fin.
Une fin d'ailleurs assez sybilline, qui force le lecteur à s'en remettre à Jules Verne et à son "Sphynx des glaces" pour satisfaire son besoin de résolution. Un plaisir!
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Que dire de cette oeuvre tellement inégale et pourtant mythique ! En terminant cette lecture, j'étais mitigé. J'avais le sentiment que le livre souffrait (et c'est le cas) de problèmes de rythme : cours de navigation sur l'arrimage, cours de biologie sur les albatros et les pingouins..., d'incohérences : le chien Tigre disparaît du récit sans explication (il n'est ni mort, ni vivant, juste oublié par son auteur), ou encore de raccords grossiers : on a l'impression de lire en fait 3 nouvelles (fugue nocturne sur l'Ariel, épisode du Bricks et chapitre sur l'île avec les indigènes) dont la seule présence d'Arthur Gordon Pym crédibiliserait le fait que c'est la même histoire.

J'ai donc eu ce sentiment d'amertume en refermant ce livre. Je me suis dis : quel dommage de ressentir de la déception sur une oeuvre dont on attendait plus. Et puis, le temps aidant, l'oeuvre de Poe à décanté dans ma tête. Plus j'y réfléchissais, plus je me remémorais des éléments du récit apportant un aspect nouveau qui m'avait échappé. La mystification de certains passages, les multiples interprétations qu'il en ressort et puis son côté culte que les écrivains postérieurs lui ont attribués (Verne, Lovecraft ...) m'ont fait revoir mon jugement.

En me rendant compte des nombreuses exégèses dont Les aventures d'Arthur Gordon Pym a fait l'objet (oedipienne avec la relation à la mer et la mère, littéraire avec la dichotomie du blanc de la page et du noir de l'encre, cosmologique avec les différentes forces du modèle standard...) mais aussi de ses analyses sur la psychologie du double (le doppelgänger d'Arthur) sur le contexte politique de l'époque (confrontation entre l'homme blanc civilisé et l'homme noir sauvage) et à son intemporalité dans la culture (Magritte et son tableau La représentation interdite, où figure un manuscrit du livre), j'ai décidé de pardonner les défauts cités au début de ma critique.

Oui je ne les oublie pas, mais la puissance qui émane de cette oeuvre parvient à balayer d'un revers toutes ces petites imperfections. Ce roman a été écrit en début de carrière, c'est bien normale que Poe fasse des erreurs. Mais le génie de l'homme est déjà bien présent dans cette histoire et c'est bien pour ça que 2 siècles plus tard, on la lit encore !
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« Lors de mon retour aux États-Unis, il y a quelques mois, après l'extraordinaire série d'aventures dans les mers du Sud et ailleurs, dont je donne le récit dans les pages suivantes, le hasard me fit faire la connaissance de plusieurs gentlemen de Richmond (Virginie), qui, prenant un profond intérêt à tout ce qui se rattache aux parages que j'avais visités, me pressaient incessamment et me faisaient un devoir de livrer ma relation au public. [...] »

Traduction : Charles Baudelaire (1821-1867).
> Écouter un extrait : Préface.

..: Voir la page complète de ce livre audio :..
Lien : http://www.litteratureaudio...
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Se prétendant réellement rapporté, ce récit initiatique extraordinaire, naïf et cruel, poétique et (par moments littéralement) délirant, est un chef d'oeuvre auquel on peut revenir inlassablement. Arthur G. Pym, alter ego fantasmé de l'auteur, part en passager clandestin pour un voyage pour le bout du monde parsemé d'embûches extravagantes sur un océan de rêve et de cauchemar peuplé de personnages étranges...
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Un fils de commerçants s'embarque en cachette sur une baleinière et y trouve davantage d'aventures qu'il n'espérait. Mutinerie, naufrage, sauvetage...L'équipée l'amènera au pôle Sud. Un roman qui préfigure Jules Verne.....
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Le héros qui voyage clandestinement sur un bateau, va vivre une série d'événements vraiment morbides et terrifiants. Physiquement et psychologiquement, il va être confronté aux pires tourments, à la terreur, voire au délire auprès des marins qui se rebellent comme face aux sauvages plus tard.
Ce récit troublant et captivant nous emmène dans l'univers mi-rationnel et mi-fantastique de Poe, vers une lente descente aux enfers.
Si vous n'avez jamais lu de livre de cet auteur commencez dès maintenant!
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