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3,77

sur 403 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je suis entré dans ce roman un peu comme on découvre une bouteille à la mer abandonnée sur le rivage.
Le temps d'ôter le bouchon de cire, j'ai brusquement entendu se répandre autour de moi des cris stridents qui semblaient venir du fond des âges et qui disaient « Tekeli-li ! Tekeli-li ! » Je me suis retourné, il n'y avait personne sur la plage, pas même la moindre mouette. J'ai alors tendu le goulot vers l'oreille, - ou plutôt l'inverse, enfin je vous laisse imaginer le mouvement latéral de part et d'autre et pas de doute les cris venaient bien du fond de la bouteille, d'où l'on pouvait apercevoir une sorte de rouleau de papier... J'ai fait ce qu'il ne fallait surtout pas faire : tendre le regard au travers du goulot. Et là j'ai reçu un paquet d'eau qui m'a rincé l'oeil, comme une vague sournoise qui entrerait par le hublot d'un navire.
Je m'apprêtais à briser la bouteille pour m'emparer de son contenu, mais ce ne fut pas nécessaire, la vague venait de jeter le rouleau de papier à mes pieds. Je défis les lacets qui l'enserraient et le rouleau se déplia sous mes yeux comme les ailes d'un oiseau, un oiseau marin bien sûr. C'était un manuscrit...
Je fus tout de suis happé par la lecture du texte, que les âges et les tangages de l'océan n'avaient point altéré. C'était le récit d'un homme, un certain Arthur Gordon Pym, persuadé qu'au moment d'écrire ces feuillets on le saurait d'ores et déjà disparu en mer, corps et biens, mais qui souhaitait qu'un jour quelqu'un puisse enfin découvrir son histoire et ses aventures fabuleuses, par ce manuscrit offert par l'entremise d'une bouteille jetée à la mer...
Du fond de cette bouteille venaient de jaillir les abîmes d'une odyssée incroyable.
C'était une sorte de journal de bord qui prenait sa source sur l'île de Nantucket, dans le Massachusetts, fameuse pour son port de chasse à la baleine et là où justement naquit Arthur Gordon Pym. Son meilleur ami, Auguste Barnard, est d'ailleurs le fils d'un capitaine de baleiniers. C'est avec ce dernier qu'une nuit le jeune homme organise une équipée qui manque tourner au drame : les deux jeunes gens, passablement alcoolisés, décident sur un coup de tête de profiter de la brise qui se lève pour prendre la mer sur un canot...
À partir de là je fus happé par le récit dont le rythme ne se ralentit pas jusqu'à la dernière page, dernière page dont je sentais bien qu'elle aurait pu se prolonger bien encore par d'autres feuillets, s'il n'y avait pas brusquement ce texte suspendu au-dessus du vide et cette ultime page demeurée blanche à jamais...
C'est ainsi peut-être qu'Edgar Allan Poe fit croire à ses lecteurs à la découverte du témoignage véritable d'un certain Arthur Gordon Pym...
Sauvetage, chasse à la baleine, tempête, mutinerie, massacres, cannibalisme, naufrage, île mystérieuse, ensevelissement, voyage sans retour, disparition en mer... Tous les ingrédients du roman maritime d'aventures semblent réunis dans ce récit échevelé comme une comète traversant les océans.
Aventures d'Arthur Gordon Pym est un roman atypique, une oeuvre de jeunesse de ce vieil ami Edgar Allan Poe, mal construit, mal fagoté, battu par les vents, emplis de maladresses et d'incohérences et une fin qui n'en est pas une, - passe encore, mais figurez-vous que ce livre ne comporte aucun personnage féminin, excepté la mer s'il faut ici y voir une image symbolique de la mère !
De ce roman inachevé, riche et complexe, aux aspects fragmentés comme les écailles d'une tortue marine, j'en suis resté perplexe jusqu'au moment où j'ai eu l'impression de découvrir la clef de l'insoluble... Je ne vais pas tourner en rond autour du mystère, ni vous faire croire à des intuitions improbables, ce fut grâce à la lecture de la préface... hé oui, il ne faut jamais faire l'impasse sur les préfaces...
En effet, la structure du roman est composée en épisodes où l'emboîtement donne au livre une allure de roman à tiroirs. Chaque épisode, en apparence disjoint, déconnecté aux autres, est en réalité prémonitoire de celui qui va suivre, s'agrégeant ainsi progressivement les uns aux autres par ce fil invisible et secret, comme une série de hameçons posés sur un fil de pêche.
On dit que ce roman qu'Edgar Allan Poe reniera plus tard, inspira cependant bon nombre d'écrivains tels que Herman Melville, Howard Phillips Lovecraft, Arthur Rimbaud, Jules Verne, Jorge Luis Borges, Pierre Mac Orlan... et aussi le peintre René Magritte...
J'étais là au milieu de la plage, venant d'achever ma lecture, lorsque brusquement j'entendis venir du fond du paysage des cris stridents qui ne cessaient de répéter : « Tekeli-li ! Tekeli-li ! ». Sur la crête des dunes et descendant vers la plage couraient vers moi des hommes nus aux corps peinturlurés de terre rouge, leurs bras armés de sagaies...
Alors il s'est passé quelque chose d'incroyable qui valut mon salut, - j'ai peine à vous l'avouer car je suis sûr que vous aurez du mal à me croire -, de la bouteille vide demeurée au sol s'échappa alors une voix à peine audible comme venue d'outre-tombe et qui me cria : « Saute sur la dernière page, la page blanche ! ».
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Il y a un peu de Stevenson dans ce roman, et du Melville aussi, mais surtout, il y a dans ce roman l'épouvante propre aux récits d'Edgar Allan Poe, bref, un sacré mélange d'aventure, de terreur et de métaphysique!
Poe ne se prive pas de déclarer ses références - souvent des récits scientifiques d'explorations maritimes - pour donner plus de crédibilité à ce récit soi-disant biographique:

Arthur Gordon Pym (comme Arthur de la Table Ronde et Gordon de Lord Byron) est un jeune garçon de 16 ans désireux de s'aventurer en haute mer. Grâce à son ami Auguste, il se cache dans la cale du bateau du père de celui-ci, dans le but de dévoiler sa présence une fois que le bateau sera au large et qu'il sera trop tard pour revenir au port. Manque de bol, une mutinerie a lieu presque aussitôt, et Auguste ne peut venir lui apporter à manger. Arthur commencera son voyage dans un état de semi-conscience, d'angoisse et de soif, avant d'être délivré et de poursuivre ses aventures en mer entre cauchemars et découvertes des mers du Sud.
Ce qui attend le jeune héros est au-delà de l'imaginable et il faudra à la fois beaucoup de courage, d'énergie et un coeur bien accroché pour survivre à ce voyage.

Quant au récit en lui-même, je l'ai trouvé assez déstabilisant. Il commence fort par une nuit de tempête et un naufrage, puis la vraie aventure qui commence, avant que le rythme ne s'amenuise pendant un certain nombre de pages riches en descriptions un peu trop techniques parfois.
Le rythme n'est pas haletant comme celui de l'Ile au Trésor, si je dois trouver un élément de comparaison contemporain, mais finalement ce roman est assez hypnotique; bizarrement, j'aurais envie de comparer son effet à celui des films Apocalypse Now ou Dead Man, un long voyage hallucinant et métaphysique.
Pour tout dire, j'ai eu du mal à m'accrocher lors de la mutinerie, dont j'ai trouvé le rythme plutôt longuet, mais j'ai replongé dans le récit par la suite. La préface donne de bonnes pistes de lectures, et finalement, ce qui m'a le plus dérangée, ce sont les libertés que Baudelaire avait prises lors de la traduction: ajouts de termes savants, de titres à chaque chapitre, interprétations, que l'édition Livre de Poche Classique a pris soin de répertorier.
Oui, finalement, un roman riche et complexe que je conseille aux aventuriers!
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Pour écrire Arthur Gordon Pym, son unique roman d'aventure fantastique, Poe a décidé de mettre en pratique ses propres théories sur la composition des poèmes. C'est à dire - un bon écrivain devrait toujours laisser le meilleur effet pour la fin, quitte à "diluer" un peu les strophes ou les épisodes précédentes si elles s'avèrent plus "fortes" que le supposé bouquet final. Comment on sait grâce aux notes de "rédacteur" à la fin du roman, Pym est rentré sain et sauf aux Etats-Unis, mais il est mort avant de finir la narration de ses aventures. Ce qu'est la chose blanche géante au milieu de l'océan, personne ne le saurait jamais.
Les chercheurs en littérature américaine ont essayé de proposer une explication "logique", pour justifier les choix de Poe. Au moment de la rédaction du roman, une théorie sur la " Terre creuse" était très populaire en Amérique, théorie véhiculée par deux "savants" nommés Symmes et Reynolds (Poe est mort avec le nom de ce charlatan sur les lèvres!), qui ont presque réussi à convaincre le Congrès de financer une expédition antarctique afin de prouver leurs hypothèses. Selon cette hypothèse douteuse, notre Terre a des grandes "holes at the poles"(des trous dans les pôles), par lesquels l'océan rentre au sud pour ressortir au nord (ce qui explique, entre autres, les courants océaniques). On pourrait même supposer que ces parties creuses de la Terre sont habitées par des créatures ressemblantes à l'homme, ce que Symmes (sous un pseudonyme d'Adam Seaborn) a décrit en détail dans un roman "Symzonia, a Voyage of Discovery", roman que Poe connaissait très bien, comme le texte de Pym le montre. DONC, originalement, Pym devrait peut-être se faire aspirer au centre de la terre pour y vivre d'autres aventures, avant d'être recraché sur le pôle opposé.
Mais là, de toute évidence, Poe commence à réfléchir - le monstre blanc sortant de la mer, ne représente t-il pas , après toutes ces naufrages, massacres et mutineries, l'effet final recherché ?! Est-ce encore la peine de rajouter d'autres aventures au centre de la Terre, de quitter le mode réel pour s'embarquer dans le véritable fantastique ? Et Poe décide que non, et il n'explique jamais le mystérieux retour de Pym dans le monde civilisé. Mais il a été parmi les premiers écrivains qui ont introduit dans la littérature ce qu'on appelle généralement "la fin ouverte", qui laisse le lecteur plutôt réfléchir que de simplement se réjouir par la terreur d'inexplicable.
Pour finir, Lovecraft, pour qui Poe était un grand modèle, n'a jamais compris cette leçon. Dans son roman "At the Mountains of Madness", qui est un hommage ouvert à Pym, il essaie de décrire (d'une façon complètement inadéquate) la terreur qui rend Danforth fou; et tout ses histoires sont finies en bonne et due forme. J'aime beaucoup Lovecraft, et certes, ses histoires montent toujours crescendo jusqu'à l'effet final, souvent gardé pour la dernière phrase. Mais tout ça c'est Poe, moins sa leçon magistrale !
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AVENTURES d'ARTHUR GORDON PYM d'EDGAR POE. Traduction de Baudelaire.

Arthur Gordon PYM (AGP) termine ses études à Nantucket, il a 16 ans et s'est lié d'amitié avec Auguste Barnard, plus âgé que lui de deux ans. Il passe beaucoup de temps dans sa famille. Une nuit où ils avaient trop bu, surtout Auguste, ils prennent le petit bateau d'AGP, l'Ariel et quittent le port. La tempête fait rage, Auguste s'écroule ivre mort, AGP sait à peine manoeuvrer et ils se font percuter par un navire, le Pingouin qui finalement les sauvera, l'Ariel est détruit. Personne n'en saura rien mais nos deux amis ont pris goût à la mer. Quelques semaines plus tard le père d'Auguste est impliqué dans un projet de chasse à la baleine pour lequel il doit armer un bateau, le Grimpus. Auguste est partie prenante, la mère d' AGP est contre, fait des crises et s'oppose à son départ. Auguste va désormais monter un plan pour embarquer AGP incognito, lui aménager une cachette et dévoiler son passager clandestin quand il sera trop tard pour faire demi tour et le débarquer. Évidemment Auguste ne pouvait prévoir les événements qui suivirent.
Le seul roman de Poe, il parut en feuilleton à sa sortie dans un journal et eut un vif succès avant de choquer violemment son public dans la dernière partie. C'est un livre dans l'air du temps, on est en 1830 et la mode est à l'exploration notamment du pôle sud avec des projets émanants de personnalités sérieuses. On parle de terre creuse au pôle, d'une civilisation inconnue et Poe va se glisser dans ce fantasme.
La narration va crescendo dans l'horreur et on suit avec intérêt mais angoisse l'aventure de ces deux jeunes garçons.
J'ai beaucoup aimé lire Poe dans ma jeunesse, je ne retrouve plus ce même plaisir.
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Le seul roman d'Edgar Allan Poe, où on retrouve cette étrange ambiance qui caractérise ses écrits...
Une nuit deux adolescents décident de profiter de la brise en sortant leur bateau. Ils sont recueillis par un navire, et c'est le début d'aventures souvent glauques, mais non moins envoutantes... Une des meilleures histoires d'Edgar Poe.
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Un bien étrange roman que ces Aventures d'Arthur Gordon Pym, le seul d'Edgar Allan Poe. Roman d'aventures à première vue mais certains passages proches du fantastique rappellent les nouvelles les plus célèbres de leur auteur. D'autres en revanche, très documentés sur la navigation, annoncent le Moby Dick d'Herman Melville (paru en 1861). D'où un roman inégal mais passionnant. Si la dérive à bord du Grampus traîne un peu en longueur (malgré une scène de cannibalisme mémorable !), l'arrivée sur l'inquiétante île de Tsahal et le final énigmatique et « ouvert » sont intenses et dignes du génie de Poe. Jules Verne donnera une suite (controversée) aux aventures d'Arthur Gordon Pym en 1897 avec son roman le sphinx des glaces.
Lien : http://www.takalirsa.fr/
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Voilà un objet bien singulier ! Livre d'aventures, roman d'apprentissage, récit d'exploration, voyage intérieur, halluciné, fantastique, Edgar Allan Poe fait rouler son lecteur comme l'océan déchaîné la cargaison mal arrimée dans les cales du navire d'Arthur Gordon Pym. C'est vrai, il y a du Melville dans ce livre (le Grampus part de Nantucket comme le Pequod de Moby Dick ; comme Melville, Poe insère dans son roman des notices techniques, scientifiques), il y a du Defoe, du Stevenson avant l'heure.
On s'ennuie ferme dans quelques uns des 25 chapitres mais il y a aussi de beaux morceaux de bravoure, comme l'apparition fantomatique et sépulcrale du brick hollandais.
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Unique roman achevé du célèbre nouvelliste américain, il raconte les mésaventures d'un jeune homme à travers les mers jusqu'en Antarctique.
Ce récit se déroule presque exclusivement sur la mer. Embarquant clandestinement sur un brick en vue d'une pêche à la baleine, Gordon Pym va aller de péripéties en péripéties, expérimentant l'éventail complet des malheurs pouvant advenir sur les mers – dangers qu'il fantasmait avant de se lancer à l'aventure – : mutinerie, famine, soif, espoirs déçus d'être sauvé et pire encore. Il finira sans trop de surprise par tomber sur une tribu primitive vivant dans une Antarctique très étrange. Oubliez la plongée dans le froid, les glaces et la blancheur, telle n'est pas l'Antarctique imaginée par Poe.
Les derniers chapitres deviendront plus fantastiques que réalistes jusqu'à une fin des plus stupéfiantes. Si elle peut être frustrante si l'on attend une conclusion nette de ce voyage, elle est aussi onirique, mystérieuse et, d'une certaine manière, grandiose. Les derniers paragraphes sont quasi mystiques, mais ils sont aussi quelque peu envoûtants.

Il m'est très difficile d'écrire sur ce titre étrange. La lecture en est aisée, les pages se tournent avec fluidité, évoquant les romans d'aventures de Jules Verne, appelant certains schémas bien connus, parcourues de termes scientifiques précis, qu'ils soient géologiques ou maritimes (ce dernier est évidemment omniprésent, avec des phrases telles que « nous mîmes à la cape sous la misaine avec un seul ris » que je n'ai même pas cherché à comprendre).
L'intrigue est parfois palpitante et je me suis prise au jeu, curieuse de savoir comment les personnages allaient se sortir de la violence et de la souffrance. Je me suis prise d'intérêt pour les sensations et les sentiments de Gordon Pym et je me suis glacée devant certains terribles passages. Puis j'ai accepté le changement de direction vers l'irréaliste, pour me laisser surprendre par les énigmatiques découvertes de la seconde partie jusqu'à ce final hypnotique.

Cependant, le tout est également un peu brouillon, avec des incohérences flagrantes, des situations répétitives ou bâclées. Sans parler qu'il m'a souvent été difficile de visualiser les lieux et configurations présentées par Poe : les descriptions sont certes abondantes, mais très peu visuelles. Dans l'un des derniers chapitres, il y ajoute des schémas et le résultat est encore pire en termes de clarté.
C'est un texte qui semble avoir été sujet à de nombreuses interprétations – Gaston Bachelard allant jusqu'à le qualifier d'« un des grands livres du coeur humain » – mais je suis passée à côté des aspects philosophiques (si tant est qu'il faille vraiment en voir dans ce roman).

Roman d'aventures certes, mais aussi odyssée marquée par le rêve et la solitude, Les aventures d'Arthur Gordon Pym est un récit parfois prenant, parfois oppressant, parfois poétique, qui, toutefois, me laisse mitigée. S'il n'est pas déplaisant à lire, la qualité en était cependant trop inégale pour me convaincre pleinement.

Mon édition est ponctuée de quelques illustrations qui se marient très bien avec à la plume sombre de Poe et à l'atmosphère tantôt glauque, tantôt fantastique du récit.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Ce livre a une longueur inaccoutumée chez E. Poe, dont les chefs-d'oeuvre sont plutôt des contes ou des nouvelles. C'est un vrai roman paru en 1838, traduit 20 ans plus tard par Baudelaire. L'auteur (Poe) se déclare mandaté par le personnage principal (Pym) pour raconter les extraordinaires aventures que le héros a vécues.
Arthur G. Pym, embarqué comme passager clandestin sur le navire "Grampus", manque de mourir oublié dans sa cachette. Son ami Auguste le délivre. Entretemps, le bateau a été le théâtre d'une révolte sanglante. Après maintes péripéties, les mutins sont mis hors d'état de nuire. C''est alors qu'une tempête fait d'importants dégâts au navire, qui dérive très longuement: les héros sont tout près de mourir de faim et de soif, avant d'être recueillis par la "Jane Guy". Ce bateau se dirige plein Sud, pour explorer l'Antarctique. Curieusement, plus on s'approche du pôle, moins il fait froid. L'expédition découvre une île dont les autochtones se révèlent particulièrement sournois et cruels. Le fin est en queue de poisson, car - écrit Poe - deux ou trois chapitres manquent.
Le livre est assez long, et je dirais même qu'il présente des longueurs. Comme souvent chez Poe, on y trouve un étonnant mélange du fantastique et du scientifique (pur et dur).
Son côté rationnel pousse l'auteur à rapporter en détails des récits de voyages, à nommer précisément tous les éléments du navire, à décrire les manoeuvres navales, à faire des digressions sur des sujets de géographie, etc... En cela il ressemble un peu à Jules Verne avec, en plus, un souci un peu maniaque de précision; en outre, Poe insiste plus sur la cruauté des hommes. Mais ce récit recèle aussi des éléments fantastiques. Et, surtout, de nombreuses situations se basent sur un substrat où les forces incontrôlées de l'inconscient jouent un rôle implicite: mystère, non-dits, malaise, perversité, folie... L'expérience de passager clandestin vécue par Pym est un exemple clair de cette ambiance mortifère. Ceci est analysé magistralement, dans l'édition en livre de poche, par J.-P. Naugrette. Des psychanalystes, comme Marie Bonaparte, ont fait leur miel avec l'oeuvre de Poe.
En résumé, ce roman ne me semble pas une parfaite réussite, notamment en raison de son défaut de concision, mais c'est une pépite dans le "bizarre", tel que le cultivait Edgar Poe. J'ai appris que, chose curieuse, Jules Verne a écrit bien plus tard une suite à ce roman; cela m'a donné envie de découvrir ce livre méconnu.
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Le lecteur suit au cours de ces petites histoires les merveilleuses aventures qui sont arrivées à Gordon Pym. Aventurier intrépide, ce dernier n'hésita pas à se lancer sur les mers à la recherche de frissons et de découvertes. Il est vrai que le roman n'est pas toujours évident à suivre en raison des nombreuses élucubrations de Poe mais c'est ce qui fait son charme. le lecteur se plonge dans un monde noir, inconnu et parfois complexe à saisir dans son intégralité mais c'est exactement ce que j'aime chez l'auteur. Étant une fan d'Edgar Allan Poe, j'aime le mystère qui plane sur ses oeuvres puisque cela laisse libre cours à l'interprétation du lecteur.
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