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3,77

sur 403 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un formidable roman d'aventures. On aime jusqu'à ses formidables et poétiques invraisemblances. On aime le côté délié et l'extrême classicisme de la langue. On frémit à la froideur de la scène de "la courte paille" (Souvenances n'auriez-vous d'un certain couplet de la chanson... "Il était un petit navire..." ?).

Bref, "Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket" ("The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket") est l'unique (vrai et court) roman achevé par Edgar Allan POE (1809-1849). N'en déplaise aux bougres d'ignares ectoplastiques ("Oui-çé-désuet-ze-me-suis-bôcou-ennuyée...moizôssi-tu-sé-çé-com-toi... allé-zou-ze-ressaute-su'-ma-PAL"... et gnin-gnin-gnin), il restera ce "fantastique" roman d'aventures terrifiantes publié en 1838 par un jeune homme de 29 années qui n'avait (probablement) "ja-ja-jamais navigué" (ohé-ohé !) ...

Arthur, fils de commerçant de l'île de Nantucket, est un jeune gars de 16 ans ne faisant rien que des bêtises. Se saoulant à mort avec un copain, juste pour affronter la mer dans une chaloupe. Auguste, un peu moins "cuit" qu'Arthur, parvient à les ramener au rivage. Un miracle. Voilà qu'Auguste parvient à se fait enrôler sur le baleinier "Grampus". Son pote Arthur (bien sûr en clando) se planque dans la cale avec son terre-neuve, Tigre. A partir de là, que des bêtises dont une révolte à bord avec explosions et meurtres. Tout ce qu'il faut pour que le navire soit à moitié détruit. Sabordage et voies d'eau. Quatre survivants dont un indien court-sur-pattes (une force de la Nature), Dirk Peters. Bon, mais il faut juste survivre : d'où anthropophagie un temps nécessaire... (scène atroce de froideur "logique"). Puis on retrouve des vivres maigrichonnes dans la cambuse inondée. Mais le bon Auguste se meurt de gangrène. Ses deux compagnons squelettiques se considèrent perdus. Heureusement, la goélette "Jane Guy" vient à leur secours. Mais pas de temps à perdre, on repart aux vivres : direction plein Sud ("Le Pôle"). Des archipels. Des pingouins et des albatros se partageant les rochers, avec ces "rookeries" (pouponnières à pingouins) absolument géométriques. Des éléphants et vaches de mer. Des tortues Galapagos. Un archipel de huit îles : on aborde à celle qu'on nommera Tsalal. Là, de "bons sauvages" (noirs aux dents noirs) qui se révèlent sympas et bons commerçants. On sympathise donc. On s'apprivoise mutuellement en échangeant denrées, "galapagos" vivantes, couteaux et verroteries. On monte ensemble des hangars face à la Baie pour transformer une espèce de limace des hauts-fonds nommée "biche-de-mer" (ou "bouche-de-mer") ; mais ces fourbes de "sauvages" ont un plan diabolique : endormir de fausse bienveillance la quarantaine d'hurluberlus venus du Nord, à la peau blanche et à la Frégate fascinante...

Trois se sortiront de là, en route vers les draperies d'Aurores australes d'une Mer libre de plus en plus chaude... vers le Pôle. Jusqu'à une cataracte blanche qui s'ouvre dans le ciel sombre et fait apparaître une gigantesque forme humaine voilée de blancheurs...

"J'ai gravé cela dans la montagne et ma vengeance est écrite dans la poussière du rocher."

Allusion aux cinq hiéroglyphes du chapitre XXIII (dont 4 sont à la fois caractères éthiopiens, arabes et égyptiens... et tracés du labyrinthe suivi dans la montagne) : complets mystères, jusqu'en cette dernière phrase énigmatique... Vraiment point trop commercial, tout cela... d'où cent-mille vibrants mercis à toi, ô Charles Baudelaire, not' bon traducteur de 1858 !

Vingt-six chapitres fascinants & succintement titrés (de "AVENTURIERS PRECOCES" à "CONJECTURES"), tous bourrés de suspense.

Jules VERNE partira opiniâtrement - par héros botaniste interposé - à la recherche des traces d'Arthur et Dirk Peters : courant après l'énigme de la forme blanche spectrale (féminine ?) et celle du Pôle magnétique Sud : si son capitaine Hatteras (dès 1866) chercha le Nord jusqu'à la folie, Verne ressuscitera le Sud par pure fascination poesque... dans "Le Sphinx des Glaces", en 1897.

Poe a décidément une imagination de dingue. Maître de la Peur brute tel l'Herbert-George WELLS de "L'île du docteur Moreau" [1896] à la noirceur sans égale... Il est aussi vrai que les perruches et perroquets-des-îles n'aimant pas "cela" n'ont qu'à retourner picorer leurs Foenkinos-Nothomb-Gavalda-Legardinier industriels (suffisamment dessiqués avant d'être recongelés et accessibles chez Picard) ... et ne point déranger le Bostonien en son Paradis/Domaine de l'Imagination Reine !

" Un peu de respect pour la VRAIE littérature, m... ! " leur cria le bosco depuis l'entrepont... tandis qu'Auguste Barnard, brave moussaillon ressuscité des morts, marmonnait douloureusement (ces damnés fourmillements à son bras toujours noirâtre... ) : " Non, décidément, mon cher Edgar-Arthur-Allan-Gordon-Poe-Pym, en ta quarantième année tu n'auras point laissé ce triste monde derrière toi pour rien... Tas de feignasses et foutues bandes de sauvages ! "
Lien : http://www.dourvach.canalblo..
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Un bateau ivre et c'est le delirium tremens, un voyage halluciné, cauchemardesque ( parce que ce roman explore les grandes peurs humaines) jusqu'au pôle, dans la tradition des relations de voyage des grands explorateurs, qui partent à la recherche de la terra incognita. Il y a des bateaux terrifiants, des vaisseaux fantômes, tel le Hollandais Volant. Il y a des îles flottantes (non comestibles), des îles qui s'échappent sans cesse, réelles ou fantasmatiques. On s'oriente comme on peut avec les quelques repères (longitude, latitude) qu'on a, mais personnellement, je préfère m'y perdre jusqu'à l'obscurcissement - jusqu'à l' ensevelissement au fond d'une cale, parce qu'on est enterrés vivants dans ce roman - fondu au noir - et autant vivre l'aventure jusqu'au bout, jusqu'à l'aveuglement final - fondu au blanc.

Le voyage se fait en noir et blanc même si le blanc, c'est tabou sur l'île de Tsalal : Tekeli-li ! Tekeli-li ! s'écrient les habitants, terrifiés, dès qu'ils voient du blanc. Un cri que je prononce : Take a Lily depuis qu'un professeur de fac l'a prononcé en cours et j'ai trouvé ça beau comme prononciation, comme articulation, comme interprétation. Lily ou le Lys, une fleur dont la couleur blanche, symbolique, nous renvoie aux oiseaux blancs et à leurs cris (comme l'albatros de Coleridge), à la grande forme blanche - une obsession sur le blanc qui reviendra dans un grand développement dans Moby Dick. Le blanc, c'est aussi la couleur des glaciers, et on y vogue, au sud, comme sur une mer de lait. Un grand blanc final, sublime. Il y a du noir, aussi, comme sur Tsalal - de l'encre noire sur une page blanche - et n'est-ce pas sur Tsalal que Pym découvre des tracés mystérieux (des formes humaines, un alphabet, ou un plan ?) On s'oriente, ou on se perd, là encore. Il y a aussi du rouge, beaucoup de rouge, du sang, surtout, qu'il s'agisse de sang pour écrire, du sang humain, des fleuves opaques comme sur Tsalal, avec des veines, des rivières pourpres.
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Voyage fantastique par excellence où l'horreur le dispute à l'extraordinaire, cette oeuvre d'Edgar Allan Poe – à mon goût sa plus aboutie – est un passage obligé pour les amateurs de récits hors du commun et des limites de la raison raisonnable. Ici se concentre le génial sens de l'intrigue terrifiante de son auteur, augmenté par ses angoisses, lesquelles le hanteront tout au long de sa vie chaotique, donc de sa création.
Après moult péripéties, ce récit – authentique ou pas : à vous de choisir selon votre capacité à croire ou ne pas croire ! – nous précipite aux confins du monde, sur une terre encore vierge : l'extrême Sud. Alors, le voyage prend une tournure sublime – « quelque chose d'illimité, qui dépasse le pouvoir de la représentation et de la conceptualisation », Kant –, où notre petitesse se frotte au gigantisme des éléments et d'autres choses…
Puis, tandis que le dénouement approche, Poe frustre notre voyeurisme de lecteur, nous abandonnant à notre faim, comme si l'écriture elle-même ne pouvait retranscrire l'indicible, l'irreprésentable, technique narrative que l'on retrouvera plus tard chez Lovecraft, notamment avec L'Affaire Charles Dexter Ward.
Plus tard, Jules Verne écrira une suite – le Sphinx des glaces –, prenant le contrepied de cette atmosphère fantastique en cédant à son rationalisme coutumier. Mais il faut considérer cette suite avec indulgence car, bien qu'elle ne puisse prétendre rivaliser avec l'oeuvre originale, elle n'en demeure pas moins un grand texte.
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Ce texte , plus un court roman qu'une nouvelle , est paru en 1838 et fut traduit par Baudelaire en 1857 . C'est le manuscrit écrit par un jeune homme qui fasciné par la mer s'est embarqué comme passager clandestin à bord d'un navire partant pour les mers du sud. On peut y discerner trois séquences appartenant à trois genres différents : d'abord un magnifique récit d'aventures maritimes (qui influença Melville) comprenant tous les ingrédients canoniques :lutte contre les éléments , passager clandestin, mutinerie, naufrage avec en prime la touche « gore » de Poe (cannibalisme,fantôme…) . Puis un récit d'exploration d'une terre inconnue :ici , le Pôle Sud qui fit beaucoup fantasmer à cette époque (animaux étranges ,tribu sauvage, massacre) et enfin un final fantastique et onirique (qui inspira Lovecraft ). Superbe texte malgré quelques passages didactiques qui l'alourdissent quelque peu.
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Que dire de ce roman d'Edgar Poe ? Qu'il est bizarre, étrange, que c'est un roman d'aventures maritimes, un roman fantastique, d'horreur ? Un peu de tout ? En tout cas, il y a un suspense incroyable qui nous accroche aux pages jusqu'à la fin plus étrange encore... Génal et imprévisible Edgar Poe!
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Des aventures maritimes fantastiques dans tous les sens du terme menées par E.A. Poe avec un rythme soutenu tout en prenant le temps de détailler les différents épisodes vécus par le jeune Pym. Par exemple, la scène où il entend craquer les os des malheureux passés par dessus bord et dévorés par les requins. Le livre contient tous les ingrédients prisés par les amateurs de mer, d'aventures, de méditation et aussi, bien sûr, un imaginaire à même de combler les lecteurs en recherche d'évasion et de mystère.
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C'est un roman inachevé d'Edgar Allan Poe, traduit par le poète Charles Baudelaire.
Ce sont des aventures de marins pleines de dangers, dans lesquelles règnent entre autre l'horreur, la terreur, la souffrance, le désespoir, des aventures, des explorations dans l'Antarctique.
Captivant.
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° 1838 (juillet), Poe publie en un volume Les Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket, un véritable texte culte auquel Jules Verne donnera une suite avec le Sphinx des Glaces et qui inspirera le chef d'oeuvre de Lovecraft, Les Montagnes de la Folie.
Cette oeuvre, qui n'aura aucun succès du vivant de Poe, est présentée comme le récit réel des aventures du jeune Gordon Pym -son journal étant parvenu à l'écrivain-, dévoré dès son plus jeune âge par l'attrait de la mer. En compagnie de son camarade, Auguste Barnard, fils d'un baleinier, il fera une première fugue nocturne sur une frêle embarcation, expédition hasardeuse qui faillira mal tourner. Puis ce sera une équipée comme passager clandestin sur le Grampus du père Barnard, équipée qui virera à la catastrophe suite à une attaque de pirates. Les aventuriers seront récupérés après un naufrage par la Janne Guy et participeront à l'exploration par les marins, près des Kerguelen, de l'îlot de Tsalal où ils prendront contact avec une population indigène pour tenter de faire commerce. Les locaux poussent d'étranges cris -tekeli-li-, mais sont apparemment amicaux. Cette attitude n'est cependant qu'une ruse et ils tendront un piège à l'équipage. Réfugié avec un autre rescapé, Peters, Gordon Pym errera dans un dédale de rochers dont il fera le plan, relevant dans la foulée de mystérieuses inscriptions. Les deux compères finiront par trouver un canot pour d'enfuir et disparaîtront dans une brume vaporeuse dans laquelle se dessine une silhouette voilée gigantesque dont la peau est blanche comme la neige.
La fin, abrupte, laisse évidemment le champ libre à de multiples interprétations.
Le récit est bien mené, solidement documenté sur le plan géographique et maritime, mais pêche par quelques contradictions et invraisemblances. Pourquoi par exemple le fidèle chien de Gordon, Tigre, qui l'avait suivi sur le Grampus, disparaît-il soudainement de l'histoire sans que sa mort ne soit signalée ? Il n'en reste pas moins que l'ambiance de terreur est savamment rendue, basée sur l'alternance assez classique de phases de calme et de catastrophes, la suivante étant toujours plus atroce que la précédente. La faim de surcroît étoffera en arrière-plan les scènes d‘épouvante avec comme point d'orgue une séance de cannibalisme difficilement supportable.
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Un récit très dur. Plutôt un récit de déboires que d'aventure. Arthur Gordon Pym nous livre tous les dangers des mers. Il y a pourtant de très jolis passages sur la mer et le voyage mais le danger n'est jamais loin. Un récit effrayant, angoissant souvent. Edgar Allan Poe sait comment transformer cet espace en piège mais toujours avec de belles descriptions, des situations poignantes.
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Un récit fondateur

On connaît Poe pour ses nouvelles et ses poèmes inquiétants ; en France, on le connait bien moins pour Arthur Gordon Pym, et c'est fort dommage, car il s'agit là d'un chef d'oeuvre dont l'influence a été majeure sur des auteurs aussi variés que brillants, notamment Lovecraft et Borgès, en passant par Jules Verne.

Le récit peut paraître anodin, voire divertissant : un jeune homme s'embarque clandestinement sur un navire et ses rêves d'aventures virent bien vite au cauchemar. Son périple le porte au bout du monde, où l'attend un spectacle insoupçonné et terrible.

À la croisée des genres, ce livre a été une mine d'inspiration pour des écrivains qui y ont puisé leur style propre.
Le récit d'aventure, tantôt sous forme de journal, tantôt sous forme de confession orale, transporte immédiatement le lecteur sur le navire par une écriture rythmée, immersive, et colorée de termes pittoresques de marine. Passionnante, la traversée du globe décrite par Poe a lancé un style : Jules Verne et Herman Melville s'en inspireront pour décrire leurs propres épopées maritimes.
La tonalité fantastique, genre que Poe maîtrise par-dessus tout, est ici particulièrement aboutie. Les amateurs de Lovecraft reconnaîtront immédiatement le procédé auquel le père de Cthulhu recourra lui-même si souvent : un récit teinté de phénomènes inexpliqués, raconté par un narrateur piégé entre le dégoût de rapporter l'histoire et l'impossibilité de la taire.
L'enchaînement des épisodes absurdes et amoraux qui forment la trame du récit le rapproche également de la fable philosophique, posant des questions sans réponse sous un éclairage nu et dérangeant : on sent poindre ici un terrain fertile de non-dits, d'indicibles réflexions qui formeront l'univers si particulier de Borgès.

Dans Arthur Gordon Pym, ce n'est rien moins que la grande question de la place de l'homme qui est posée : il s'y trouve confronté à une solitude effroyable, insupportable. le lecteur même n'offre qu'un répit bien court en lui accordant un peu d'attention : on ne saurait apaiser le fardeau qui provient d'une révélation sans issue, d'une apocalypse mystérieuse et imprononçable.

Il n'est pas surprenant que ce récit en ait influencé tant d'autres : ce qui l'est, en revanche, c'est pourquoi il est si peu connu en France.
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