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4,14

sur 1638 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De son père, Arvin garde le souvenir d'un homme rendu fou de chagrin par la maladie incurable de son épouse. Il ne peut pas non plus oublier les interminables heures passées sous le tronc de prières, macabre totem élevé à la gloire d'un Dieu sourd et absent. « Aussi loin qu'il pût se souvenir, son père lui semblait avoir passé sa vie à combattre le Diable, tout le temps. » (p. 10) À Knockemstiff, la dévotion est fanatique et la monstruosité à tous les visages. Elle a celui de cet avocat cocu et humilié. Elle a aussi ceux de deux prédicateurs assassins et en cavale. Elle a surtout ceux de ces deux automobilistes qui nourrissent une fascination perverse pour les autostoppeurs. Dans cette portion d'Amérique, le diable est partout, tout le temps.

Ce premier roman aurait pu être écrit à quatre mains par Quentin Tarantino et David Lynch. Macabre, morbide, sanguinolent, blasphématoire, ce texte combine des mythes américains pour en faire des cauchemars éveillés. C'est avec fascination que le lecteur regarde les membres de cette humanité dévoyée cohabiter et s'entrechoquer. Plus les pages se tournent, plus il semble évident qu'il est vain de lutter contre l'horreur et qu'il faut laisser la sauvagerie prendre le dessus. le diable tout le temps ne peut pas laisser indifférent : soit il révulse son lecteur, soit il le charme par sa beauté perverse. Je suis du deuxième type. Mais ce genre de littérature est à consommer avec modération.
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Roman très, très, noir, violent, nauséabond, mais à lire absolument, j'ai pris une claque avec ce livre.
Magistralement écrit, 400 pages sur une galerie de personnages tous plus barjos et cabossés les uns que les autres, dans l'Amérique profonde (Ohio et Kentucky) des années 60. le désespoir, la dinguerie et la misère sont là, accompagnés de leur potes alcool, pauvreté, crasse immonde et religion complètement dévoyée. Mais l'écriture de Donald Pollock nous tient, on ne lâche plus ce livre et on en ressort sonné.
Va falloir maintenant que je trouve quelque chose de plus tranquille à lire, histoire de me remettre les idées en place :)
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Dès les premières pages, on comprend rapidement que le Diable, tout le temps ne va pas verser dans l'optimisme béat . Les personnages sont malmenés et cabossés, ils sont violents et nous mettent mal à l'aise.
L'air est corrompu par les émanations chimiques des papeteries de l'Ohio, mais ce n'est rien en comparaison de la corruption des âmes des personnages qui peuplent le récit de Donald Ray Pollock. de fait, le diable est bien là, tout le temps et partout. Pour autant, Pollock ne verse pas dans le simple récit voyeuriste et malsain. S'il ne s'attarde pas sur les motivations des personnages, il prend le temps de peindre chacun d'entre eux en détails, de le suivre au plus près et d'en faire apparaître les failles. Aussi pourris soient-ils, Theodore, Sandy, carl ou Bodecker ont tous à un moment donné un soupçon d'humanité.
Le diable est partout, donc, dans chacun des protagonistes, dans leurs actes… mais sont-ils dépossédés de leur libre-arbitre pour autant ? Certainement pas. Et s'ils se soumettent à leurs pulsions, s'ils les habillent d'un vernis religieux, ils n'en sont pas moins des êtres pensants et doués de raison. Tous ont le choix et peuvent prendre un autre chemin. le problème, c'est que l'un des deux chemins est bien plus facile à emprunter que l'autre.
Donald Ray Pollock décrit cet univers de cinglés avec une maîtrise éblouissante et une affection sincère. Sa galerie de personnages cabossé m'a rappelé les livres d' Harry Crews .
le Diable, tout le temps est sublimé par une écriture abrupte, sans pathos et pourtant parfois lyrique de Donald Ray Pollock. C'est vraiment un sacré bouquin que je recommande sans hésitation!
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De même qu'il y a le bon et le mauvais chasseur (héhé !), il y a - sans doute - le bon pequenaud et le mauvais pequenaud ! Le pauvre bougre sympathique, et la crapule vicieuse, cruelle, décérébrée.

Pour ce premier roman très remarqué (et plutôt perturbant pour les "publics non avertis"), Donald Ray Pollock a clairement choisi son camp : celui des salauds, des ploucs bêtes et méchants.
Prédicateurs fous, dangereux pédophiles, shérifs corrompus, serial-killers fétichistes spécialisés dans le massacre d'auto-stoppeurs, prisonniers en cavale ou simples ploucs anonymes, violents et alcooliques : faites votre choix m'sieur dame, y'en a pour tous les goûts !

Sur les routes de l'Ohio et de la Virginie-Occidentale, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 60, nous ne croisons que des âmes perdues, la lie de l'humanité.
L'auteur nous fait très vite comprendre qu'il n'y a rien à espérer dans cette Amérique profonde et désenchantée. Point de rédemption sur ces terres oubliées de Dieu, pas un protagoniste pour surnager dans ce bourbier, nulle éclaircie à l'horizon (même le soleil, quand il daigne poindre, "apparaît dans le ciel comme un furoncle purulent").

Les destins de tous ces êtres plus ou moins malfaisants s'entrechoquent, et l'horreur de certaines situations, qu'accentue une écriture limpide et sans concession, exerce paradoxalement sur le lecteur un attrait presque inavouable. On grimace, on rit jaune, mais les chapitres, courts et sans temps mort, défilent tout seuls en nous broyant les tripes.

Bien sûr, au-dessus de cette infâme mêlée plane l'ombre maléfique du diable, qu'aucune prière ni aucun rite vaudou ne peut dissiper.
Tous les personnages, englués dans leurs pulsions et leurs superstitions, entretiennent ici un rapport à la foi complètement désaxé et perverti. Donald Ray Pollock, en maître de cérémonie déjanté, prend un malin à plaisir (et nous avec lui !) à les voir se débattre dans le chaos ambiant.

C'est percutant et sauvage, c'est imparable, c'est diabolique !
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Longtemps, j'ai pensé avoir une enfance tout à fait normale : des parents qui s'aiment, qui prennent soin de moi et de ma soeur, et qui font de leur mieux pour nous offrir la meilleure vie possible. Une fois devenu adulte, et après une série de discussion avec des camarades du même âge que moi, je me suis rendu compte que j'avais eu une enfance chanceuse, et que les parents peuvent être des poids encombrants. Et à l'extrême opposé du spectre, il y a les personnages de ce roman, qui ne traînent même plus des boulets, mais des espèces de rocs brûlants qui vous envoient de l'acide au visage à intervalles réguliers.

Et pourtant, malgré la noirceur dans laquelle vivent les personnages, l'auteur parvient à les rendre terriblement réaliste, et c'est ce qui rend ce roman glaçant. En refermant le livre, on est convaincu que de tels destins existent, et qu'il n'est sans doute même pas si rare que ça de croiser des gens qui ont dû devenir difformes pour pouvoir survivre. On leur passe leurs éclairs de sadisme et leurs vengeances sanglantes, puisque c'est finalement le seul espace qu'ils ont pour s'exprimer.

À recommander aux amateurs d'uppercuts.
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Dieu et son pendant, le Diable, dans un livre odieux et magnifique.
Quatre histoires s'interpénètrent ici. Il y a d'abord celle de ce Marines qui s'en revient de la sale guerre du Pacifique. Traumatisé, il fera de sa propre vie un bourbier aussi nauséabond qu'Iwojima. A sa droite, le fils, Arvin, assistera au lent déclin paternel et trouvera plus tard en lui son propre diable. Sa demi-soeur, issue d'une mère dont le meurtrier en fuite ne eut être que son père, cherchera en Dieu un monde pure qu'elle ne trouvera pas plus. Il y a enfin deux couples : un estropier et son prêcheur, une pute et son mac.
Donald Ray Pollock ne voit pas la vie en rose, ou alors c'est que le Diable s'en revêt dorénavant. Il offre avec le Diable tout le temps un roman aussi noir que génial. Son parti-pris ? Trouver en chaque dieu une idole. La vie détruit les idoles, c'est même l'oeuvre du diable, tout le temps.
Le roman est dur. Dense, construit presque méthodiquement comme l'oeuvre d'un chirurgien malade, Pollock va tout ouvrir, scalpel en main. le sang coule, les têtes tombent, les auto-stoppeurs disparaissent en plein ébat. Et toujours la foi en l'homme, et la perte que cette foi induit.
Le diable, tout le temps est un grand roman parce qu'il stigmatise -c'est le bon mot- les plaies d'une Amérique que Pollock n'hésite pas à mettre à nue. Ou plutôt non, il l'écorche, il la fait hurler, se plaindre, il contredit les engagements et les certitudes de cette Amérique de parc d'attraction, celle qui se lève le dimanche pour s'asseoir à l'église, celle qui oublie qu'elle est odieuse en tellement de façon.
Le roman est dur, puissant et de ceux dont on se souvient longtemps. A ce titre il est d'une lecture exigeante car tant de noirceur, tant de pessimisme effraie. Mais parfois, la frayeur permet d'approcher le plus grand : Faulkner, MacCarthy, Ellroy aussi sont effrayants. Et géniaux.
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Arrivé aux deux tiers du livre, on se dit quand même qu'on a un peu souffert pour rien, qu'on a subi du glauque, du vil, du sordide juste pour nous montrer l'Amérique profonde dans les années 60. On se dit alors, qu'ayant déjà lu le seigneur des porcheries, on avait déjà conscience de la trivialité de l'américain des Etats ruraux, on connaissait aussi ce style de roman américain, typique sans doute. Et puis on se dit : sans doute l'auteur a-t-il voulu faire comme dans La Conjuration des imbéciles, et sans doute que tout va certainement s'agencer dans le dernier tiers du livre. Ce qui devait arriver arrivera !
En attendant de voir le film, je me demande si, quitte à lire du roman-cash, ici américain, je n'aurais pas dû lire un ouvrage plus confidentiel, et carrément trash : Dirty Sexy Valley.
Add. : après avoir lu le livre, il faut voir le film, fidèle à la virgule près, qui permet de s'attacher au personnage principal, ce que je n'avais guère fait pendant la lecture du livre. le film (avec Robert Pattinson) permet de mieux souligner à quel point l'auteur met tout sur le dos de la religion, et de la guerre, ce qui est son droit au demeurant.
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Affreux, sales et méchants, Pollock aurait pu emprunter à Ettore Scola le titre de son film pour caractériser son roman. Au fin fond de nulle part, chez des indécrottables bouseux où le whisky côtoie la religion comme deux tiques sur un corps social purulent, la vie se résume à sa plus simple expression : marche ou crève, et de toute façon, tu crèveras et de la plus moche des façons !
Prenez la famille Russell, elle tente de survivre tant bien que mal, mais l'amour profond (un point positif tout de même) que porte Willard, l'ancien combattant du Pacifique, à sa compagne Charlotte, le fait dérailler lorsqu'un cancer ronge petit à petit la jeune femme. Sous les yeux de son fils Arvin, qui n'a que 9 ans, Willard tente d'improbables cérémonies sanglantes autour de son "arbre à prières" pour retarder l'échéance fatale. On imagine les répercussions sur le gamin !
Ce n'est là qu'un destin familial dramatique parmi tant d'autres dans cette Amérique profonde (Virginie occidentale et Ohio) qui rappelle la cambrousse reculée et les mêmes familles en vrac du roman de Chris Offutt "Nuits Appalaches".
Certains (pour ne pas dire la plupart) des personnages de Pollock, tellement cabossés par la vie, sont méchants comme des teignes, d'une violence sans limites (qui fait peu de cas de la vie humaine), et d'une saleté repoussante (retour à Scola). Et leurs principes sont limités; ainsi ce Carl qui "n'avait jamais tué personne en Ohio : on ne souille pas son propre nid".
Oui, du côté de Knockemstiff, on mène une existence étouffante et poisseuse, une vie au rabais où les femmes vendent leur corps ou sont confites en religion. Noir c'est noir et il n'y a plus d'espoir. Pollock nous propose une descente aux enfers illustrée par des personnages vénéneux et une atmosphère délétère. Mais ce romancier de la désespérance le fait avec un talent certain, une formidable capacité à mettre en scène l'inéluctable destin contrarié d'une communauté dévastée. Vous comprendrez qu'il s'agit d'un roman-choc dont il est difficile de sortir indemne. Accrochez-vous, le voyage infernal va débuter...
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Une belle galerie de cinglés de tous poils que nous livre Pollok dans son roman : pervers sexuels, fous de Dieu, imposteurs qui n'hésitent pas à tuer pour sauver leur peau. Aucune respiration possible dans ce livre où tout le monde est prédateur ou victime quand ce n'est pas les deux successivement ou parallèlement.
Pourquoi donc ai-je eu autant de plaisir à le lire ? D'abord pour l'écriture : sèche, dépouillée, elle n'épargne aucun détail sordide mais ne frôle jamais la complaisance même si on est parfois sur la corde raide... Deuxième point fort, tous ces personnages qui sous bien des aspects sont monstrueux ont toujours une petite faille qui fait d'eux des humains à part entière. C'est aussi ce qui dérange et interpelle d'ailleurs.
Dernier aspect intéressant de ce roman sulfureux, la peinture d'une Amérique arriérée, pauvre, misérable dans tous les sens du terme, très loin du rêve américain et de l'Amérique triomphante et conquérante des années cinquante/soixante.
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S'il y a un endroit où je ne veux jamais mettre les pieds, c'est Knockemstiff, Ohio.
C'est là, que Donald Ray Pollock est né et c'est là où se passe, en partie, l'action de ce roman.

Le diable, tout le temps brosse le portrait d'une Amérique (très) profonde, peu éduquée sinon à la violence, sans l'espoir d'un avenir meilleur qui se nourrit des pire aspects de la religion.

A quelques exceptions près, les personnages de ce roman représentent ce qu'il y a de pire ; racisme, sexisme, bêtise crasse et violence. le tout saupoudré d'alcoolisme. Ils ont un manque cruel d'empathie et font le mal sans même avoir l'air de s'en rendre compte.
Ici, les shérifs sont corrompus, les hommes d'église sont assassins ou pédophiles et les femmes désoeuvrées peuvent tout aussi bien finir avec un tueur en série...
Car tueur en série il y a. Un tueur rural, qui parcours les routes des Etats-Unis. La cerise sur ce gâteau déjà bien indigeste !

Donald Ray Pollock n'a donc pas peur du trop noir, trop glauque. Et il a raison car son roman se lit d'une traite.

Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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