L'auteur est né à Kiev, la capitale d'Ukraine, en 1977 et comme bébé d'un an il a accompagné ses parents qui ont fui le paradis communiste pour l'Allemagne d'abord et l'Angleterre ensuite.
Peter Pomerantsev diplômé de la fameuse "London School of Economics" s'est taillé jeune une remarquable carrière comme journaliste, écrivain et producteur de télévision. À part le présent livre, sorti en 2014 et traduit dans de nombreuses langues, il est l'auteur de "This is Not Propaganda", publié à Londres en 2019. Comme réalisateur, il a produit toute une série de documentaires, entre autres sur le goulag et le drame du siège de l'école de Beslan en 2004.
Pomerantsev est membre de l'Institut des sciences humaines à Vienne.
En 2006, l'auteur s'est envolé pour Moscou en vue de réaliser un film de "téléréalité" sur la vie moscovite sous le règne de Poutine et qu'il a qualifié de "dictature postmoderne".
Avec un coup de bol étonnant la grande chaine de télé privée TNT, créé par le magnat de la presse, Vladimir Goussinski en1997, et aujourd'hui contrôlé par le géant du gaz naturel Gazprom qui lui offre un contrat pour justement un téléfilm. le créateur de TNT, accusé de fraude, est devenu citoyen espagnol pour ne pas être extradé en Russie.
TNT c'est la télé "trash" (poubelle) où les jeunes peuvent "jouer" au rebelle à condition de ne pas piétiner les plates-bandes du pouvoir, bien entendu !
La mission confiée à notre Peter consiste à préparer une émission qui doit s''appeler : "Comment épouser un millionnaire ?" Rien que çà !
Remarquez, il y a déjà des douzaines "d'académies" à Moscou et Saint-Pétersbourg dont cette préparation est la raison même de leur existence, surnommées pieusement les "Geisha Schools". Alors pourquoi pas un programme éducatif à la télé ?
Pour bien se documenter, Pomerantsev a, au départ, 3 belles créatures aux jambes interminables qui entendent devenir richissimes dans les plus brefs délais. Comme l'explique Oliona, originaire du Donbass en crise et en guerre, elle cherche un "Forbes" (nom donné aux très riches, qui vient du magazine américain des grosses fortunes) qui ait au moins son avion privé, car on peut y fumer et boire, mettre les pieds sur les fauteuils et on n'a pas besoin de ceinture de sécurité.
Le problème c'est que pour un seul Forbes on compte des douzaines, voire des centaines, de nénettes avec une ambition identique.
Son dernier sponsor aime la littérature et Oliona s'est mise à apprendre par coeur des strophes "d'Eugène 0néguine", le roman d'
Alexandre Pouchkine et un des chefs-d'oeuvre de la littérature russe. "Je les glisse dans la conversation quand il s'y attend le moins"; ajoute-t-elle avec un clin d'oeil, ravie de son astuce.
J'arrête ici mon résumé (à la page 23 du récit qui en compte 195) pour sûrement ne pas gêner les futures lectrices et futurs lecteurs.
Peter Pomerantsev, comme vous avez pu le constater de ces quelques lignes, est un auteur qui connaît merveilleusement bien son sujet, a en dépit d'un sens d'humour parfois corrosif le coeur au bon endroit et dispose d'un style d'écriture tout particulier.
Les temps dans cet immense pays, qui couvre 9 fuseaux horaires et un sixième de la surface terrestre, ont radicalement changé depuis que l'argent y a fait irruption. Avant les jeans Levis et le lait en poudre étaient considérés comme "le summum du luxe", maintenant il faut à la nomenclature des jeunes demoiselles, des châteaux, des Bentley et des avions personnels.