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3,62

sur 98 notes

C'est l'histoire de Shy, enfant malmené par la vie et qui décide de la mettre à l'épreuve.

Je suis sur Babelio depuis presque deux ans maintenant et suis ravie d'avoir pu participer à cette nouvelle aventure avec la réception de ce manuscrit.
Je suis restée abasourdie par ce roman, cette étrangeté et cette expérience littéraire.
Shy est une véritable petite merveille et pour plusieurs raisons.
D'abord pour sa construction littéraire qui est incroyable avec une police et une taille d'écriture complètement improbable et qui change en permanence à l'image des pensées de notre héros torturé et abîmé.
Ensuite pour l'étrangeté du ton et de la forme qui surprend, étonne et émerveille.
Et enfin, pour son héros, extraordinaire Shy, que tout abime, tout révolte et tout transporte.
Un roman qui surprend et déstabilise mais qui emmène très loin.
La vie de Shy n'est pas de tout repos et le lecteur explore son esprit ravagé et en proie au tumulte.
Si vous cherchez l'ivresse, lisez Shy, c'est magnifique.
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Shy. Ou comment vivre une expérience littéraire explosive. Façon Vernon Sullivan dans la pensée et l'audace. Ou Holden Caulfield dans l'oralité, l'attitude. Ou encore Bernard-Marie Koltès dans l'écriture. C'est brut. Cash. Trash. La colère gronde. La violence danse. Ça tabasse. Ou comment la pression de la vie déglingue et torture les esprits adolescents. Comme un Rage du maître de l'horreur.

Ce récit sous son ton particulier, sa construction singulière, son écriture inspirante se démarque franchement en cette rentrée littéraire. Cette ambiance britannique inimitable balance des tonalités perchées tel un trip sous acide musical. Ça sent la basse qui frappe ton coeur et assomme tes oreilles. Hardcore jusqu'à la mort baby.

Si l'on creuse les lignes : c'est l'histoire d'un gamin des années 90 genre le p'tit con d'à côté qui fait chier tout le monde. Celui qui se braque. Qui s'oppose. À tout. Tout le temps. Au début c'est plaisant. À un moment ça devient lassant. Pourquoi la marge est-elle toujours bourrée de ce cliché du jeune désabusé qui consomme des toxiques à outrance et qui a un rapport débridé au sexe ? Pourquoi la crise existentielle s'abat forcément sur la mère ? Pourquoi constamment ce mépris de la femme et ce monde inéluctablement bestial et masculin ?

Shy balance sa souffrance dans l'agressivité sauvage. Shy hurle à la vie, hurle à la mort. Shy le stupide, le brimé. Mal dans sa peau, paumé dans sa tête. Esprit tordu ou parasité ? Un coup bourreau, un coup victime.

L'auteur j'connaissais pas. Mais, intriguée par ce timide Shy j'ai tenté le coup. Parce que Shy c'est le genre de bouquin qui plait beaucoup ou pas du tout. Ça passe grave ou ça casse sévère. J'adore me prendre des claques littéraires, tomber sur des OVNI et là très clairement avec ce titre, cette plume, j'en ai eu pour mon grade. Alors Max Porter crâneur ou génie des mots ?

Quant à dire si j'ai aimé ou pas, une relecture s'imposera pour en avoir le coeur net.
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1995 dans la campagne anglaise. Shy, un jeune adolescent sort en pleine nuit. Armé d'un sac, il prend la tangente. Il tourne ainsi le dos à la Dernière Chance, une résidence pour jeunes délinquants qui va bientôt fermer, victime des promoteurs.
Durant le chemin qui sépare la résidence de l'étang, Shy fait le bilan d'une courte vie faite d'infortunes et de méfaits, de peurs et de rages.

Ce roman est le flux de conscience du jeune homme alimenté par endroits d'autres flux qui viennent compléter ou parasiter la pensée de Shy : la voix du documentaire sur l'école en cours de fermeture, les camarades, les enseignants, ses parents. Nous sommes ainsi face à un livre dont la structure est particulière – marque de fabrique de l'auteur – avec des textes et des phrases coupées, différentes typographies pour mieux appréhender tout ce qui traverse Shy cette nuit-là.

Shy est un jeune adolescent qui a tout fait : il a volé, fumé, sniffé, blessé, frappé, saccagé. Il ne parvient pas à faire face à cette violence qui est en lui, une violence née d'une très grande sensibilité et de son incapacité à gérer ses émotions. On a beau ne pas admettre ses actes, on ne peut que voir la souffrance qui est en lui. Cette souffrance qui lui colle à la peau, héritée de l'enfance. Cette souffrance liée à son décalage avec une société qui, de toute façon, le condamne. le vocabulaire est souvent vulgaire, perturbé. le seul réconfort que Shy obtient, c'est grâce à la musique. La Dernière Chance, malgré sa dureté et l'existence de relations compliquées avec les autres jeunes, apporte un cadre qui va disparaître. C'est une perte de repère, un abandon qui pousse Shy à cette nuit de fugue. Il n'a plus rien à perdre car il a déjà tout perdu.

Max Porter a vraiment le don pour se mettre dans la tête d'un adolescent perturbé et en faire surgir à la fois sa rage et son désespoir. Nous sommes vraiment plongés dans la puissance des émotions contradictoires, exacerbées pendant cette période de la vie.
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J'ai eu le même ressenti en lisant Shy que lorsque j'ai contemplé le tableau Guernica de Picasso, en Espagne. Une grande peinture grise qui t'oppresse.

C'est un texte brut. Les mots sont tranchants comme des lames de rasoirs, ils s'éparpillent sur la page, ils se bousculent. On entend plusieurs voix, on lit différents récits, au passé, au présent, pour reconstituer la toile éclatée de Shy, ce petit garçon pas comme les autres, traumatisé, éparpillé, peut-être schizophrène.

L'auteur joue avec la mise en forme du texte, avec les polices et les tons, d'une manière très talentueuse. le texte n'a ni queue ni tête mais il ne reconstitue que trop bien ce qu'est le cerveau d'un adolescent angoissé, qui fait du mal à ses proches mais qui ne comprend pas pourquoi. On a vraiment l'impression d'être dans sa tête et de subir avec lui l'assaut du monde extérieur, des pensées invasives. Parfois, ce sont des perceptions sensorielles qui sont déclamées comme du slam, qui arrivent en masse et en bazar. Ça fait mal au crâne, ça étouffe, ça angoisse et ça émeut.

Finalement, c'est aussi une peinture sociale bien triste qui se dessine en fond, ce micro-monde de banlieue où on place les enfants dans un foyer quand personne n'a voulu d'eux, l'école de la « Dernière Chance ». Un monde brutal qui n'est pas fait pour ces enfants, qui ne les comprend pas, qui les juge. Des enfants qui sont nés dans la rue et qui continuent de s'en abreuver, qui se sauvent avec le rap et la violence.

Shy est un de ces textes qui ne nous laisse pas indifférent, qui continue de nous hanter avec ses mots joueurs si bien employés. C'est un texte sur la dépression, sur la misère, sur la maladie mentale. C'est un texte qu'il faut lire. C'est un ovni littéraire.

Je remercie grandement Nathan de Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce texte puissant des éditions du Sous-Sol, dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée.
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Shy est un adolescent difficile, petit délinquant. Il a menacé de mort son beau-père.

Ce parcours plus que chaotique l'a conduit dans un centre pour mineurs situé dans la campagne anglaise. Dans un vieux manoir du XVIIème siècle des adolescents sont entourés de travailleurs sociaux qui espèrent les mener à une prise de conscience qui les fera reprendre leur vie en main.

Shy, une nuit, décidera de quitter L'école de la dernière chance en entrant dans l'eau du lac avec son sac à dos lesté de silex. Des silex qui représentent tous les comportements qu'il a pu avoir et qui ont alourdi sa vie.

Mais Shy n'est pas Virginia Woolf et ne mourra pas noyé. Au fil des pages du livre, il revient sur son histoire. Mais il ne s'agit pas ici d'un récit fait de façon linéaire. de courts paragraphes se suivent et seule la typographie différente permet au lecteur de comprendre qui parle.

C'est une construction qui m'a un peu déroutée au début de ma lecture mais j'ai ensuite trouvé que cela renforce la puissance des propos. Shy est un enfant qui est submergé par ses émotions et ne sait pas les canaliser :

» Ses pensées sont d'étranges blocs répétitifs qui bondissent à côté de lui, l'attaquent, trébuchent. Tour à tour il se sent plein de courage, de ridicule, de rien du tout. D'affolement. de calme. Une montée saturée de mitrailleuses folles et ensuite un calme tourbillonnant, la maison, le bahut, des années plus tôt, hier, son esprit se tend, se relâche, il y a un vrombissement sourd et tectonique puis c'est une marche militaire et ensuite du bruit pur, des pièges qui claquent, un bourdonnement, ligne de basse dans sa migraine, (…) «

Shy aimerait débrancher son cerveau de ces pensées, de ces émotions qui le poussent à commettre des actions répréhensibles et de plus en plus violentes :

» (…) Je sais exactement ce qui se passe avant et après, comme si mon cerveau était calé sur le bon rythme, et puis après ça disparaît et il reste plus que de la boue. de la merde. Il reste plus que moi. »

Max Porter a décrit dans ce roman, avec des mots puissants et qui percutent le lecteur, la désespérance de Shy pour lequel on ne peut avoir que de la compassion.

Ce roman invite à la réflexion sur ces adolescents violents, perturbateurs qui deviennent des délinquants. Un problème de société dont nous avons eu un aperçu récemment avec les émeutes de juillet dernier.

Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions du sous-sol pour cette belle découverte.
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TRIGGER WARNING : ce livre parle de suicide, si vous vous sentez mal (avant d'ouvrir ce livre) et que cette lecture vous sensibilise de trop, n'hésitez pas à appeler le 3114 !
Une amie qui vous veut du bien ;)
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Nous voici dans la peau d'un jeune ado, Shy, souffrant de trouble du comportements. Il vit dans un foyer, la Dernière Chance, qui risque d'être fermé.

L'objet de ce livre est de laisser la parole à un délinquant, un ado, perdu dans ce tourbillon de la vie, et dans ce corps qui ne cesse de crier qu'il est en vie et surtout qu'il a besoin d'amour.
Le livre témoigne de tout ça : les mots des autres qui s'enfoncent dans sa chaire (educ, parent, amis et premiers amours), ses mots à lui, qui ne trouvent aucune sortie, à moins que la rage en soit une.

Max Porter nous fait vivre la souffrance psychique, l'envahissement des autres comme témoigne son écriture. L'auteur nous invite ainsi à réfléchir de façon empathique sur ce qui fait défaut chez ces jeunes (et adultes) qui, dépourvus de mots, ne peuvent qu'agir, se défendre.

L'écriture est ainsi sensible. Chaque paragraphe rapporte des souvenirs fantômes, les mots des autres, la violence de la vie. Il exprime avec justesse le travail psychique d'un jeune en souffrance, morcelé par tout [i]ça[/i].
Vous lecteurs qui n'avez pas encore ouvert ce livre, attendez vous à ressentir ce morcellement, tant dans le fond comme dans la forme du livre.

A mon sens, ce livre devrait être étudié au lycée, parce qu'il parle au vécu psychique de l'adolescent. de plus, ce livre témoigne de la capacité de faire un livre tout en sortant des sentiers battus (vous le constaterez à la lecture). Et, avec tout ces bouts, dont la typologies diffère à chaque paragraphe, il exprime le pouvoir de créer, d'assembler les morceaux, de sublimer vers un travail de (re)construction.

Cette lecture m'a laissé une empreinte. Je recommande ainsi ce livre !

Et merci aux Editions du Sous-sol pour ce magnifique livre ! J'aime beaucoup la qualité des pages.

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Il est bien difficile de se mettre dans la peau d'un mineur délinquant… pourtant, Max Porter a osé le faire, à sa manière, en nous racontant l'histoire de Shy. D'une façon hypothétique et un peu surréaliste, il tente de nous faire découvrir la face cachée de l'iceberg qui submerge cet adolescent, livré à lui-même, désocialisé, déscolarisé, et en perte de repères.

Mais y a-t-il vraiment quelque chose à comprendre dans les comportements ambigus de ce jeune garçon qui entre sans arrêt en contradiction avec lui-même ? La misère matérielle, morale, affective ou sexuelle dans laquelle il évolue est-elle la principale cause de son mal-être ? J'ai refermé le livre sans avoir trouvé de réponse concrète à mes questions.

Dans son analyse très fantasque de la détresse psychique et psychologique dans laquelle s'enfonce Shy, l'écrivain a choisi de mêler des faits dramatiques à des élucubrations fantasmagoriques sidérantes où le monde réel bascule dans les rêves les plus fous. le résultat n'est pas du tout probant et en dépit d'un bon style d'écriture, je n'adhère pas du tout à ce genre littéraire. le récit est déconstruit, superficiel et décevant, à l'image de l'existence gâchée de Shy !
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Shy c'est ce gamin qui n'a pas grandit dans l'amour, qui se retrouve en établissement spécialisé entouré d'autres jeunes garçons comme lui qui vivent sans but.
Shy c'est ce gamin touchant, qui cherche sa place, qui se remémore toutes ces fois où il aurait voulu être quelqu'un d'autre, une personne digne d'intérêt.
L'écriture est intime, intense ; ce roman nous prend le coeur du début à la fin.
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Le génie de Max Porter, c'est de parvenir à représenter des situations universelles.

L'adolescence est une période complexe.
Parfois, on ressent des choses qu'on est incapable de comprendre. Pourtant, au travers de la violence de Shy et de ses pensées désorganisées, on a l'impression de commencer à cerner.

Max Porter ne dit jamais les choses directement ; par contre, la violence inouïe de Shy est familière. On reconnait, nous qui sommes passés par la douleur d'être incompris, l'impression que notre vie est un foutoir et que "la Vie" en général est toute pleine d'injustices et de cruauté.

L'auteur nous montre très justement que des attitudes incompréhensibles peuvent être de simples réponses à des flux de pensées incompréhensibles. Si l'individu se déchaîne, c'est seulement parce qu'il est dans le flou et qu'il a besoin de se raccrocher à quelque chose.

Apprenant cela, on apprend aussi l'empathie ; on se met à essayer de comprendre l'autre, plutôt qu'à vouloir incessamment le changer en critiquant ses attitudes.

Ce qui est puissant, c'est que malgré tout, Max Porter ne joue jamais les donneurs de leçons : ce qu'il nous apprend, il nous l'apprend par les tripes. Tout est dans les sentiments et les pensées que "Shy" déclenche en nous.

Ce livre, à l'image de "La douleur porte un costume de plumes", est une oeuvre humaine que tout le monde devrait lire. Il faudrait l'acquérir adulte, pour se remémorer l'adolescence et comprendre ceux qui sont encore en train de la vivre. Mais on devrait aussi la découvrir adolescent, pour se sentir moins seul et voir que notre désarroi, tout le monde, ou presque, l'a déjà connu.

Après le deuil donc, Max Porter traduit l'adolescence.

Maintenant, je ne peux que souhaiter qu'il écrive de nouveaux livres, pour traduire tous les thèmes complexes et universels de notre monde, avec la justesse parfaite qui le caractérise.
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Shy a 15 ans, c'est un adolescent violent qui est regroupé avec d'autres dans une vaste demeure où les éducateurs sont en nombre renforcé.
La langue est syncopée, le roman déstructuré à l'image de la pensée de Shy, rendue confuse par ses accès de colère et de violence, et ses cauchemars récurrents. Son flux de pensées alterne avec la parole d'autres personnes de son entourage passé ou présent.
Cette forme très particulière m'a perdue, surtout dans la première moitié où j'ai vraiment peiné à me faire une idée des intentions de l'auteur. En lâchant prise, je me suis un peu plus laissée mener par la seconde partie, tout en restant assez loin du personnage.
Il reste un court roman très fort mais dont la violence, à l'image de ces vies dévastées, était peut-être trop sublimée pour réellement me toucher. Ou bien ce n'était pas le bon moment…
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