AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 98 notes
J'ai beaucoup aimé ce livre, sa poésie, la manière dont il est construit. Peu-être que la toute fin m'a paru un peu longue, floue, mais j'ai aimé la voix dans son ensemble, l'univers des années 90 dépeint par ses références, comme par ses sensations.
Commenter  J’apprécie          20
Shy est un sale gosse. Un fouteur de merde. Il est comme ça, Shy. Il n'arrive pas à se contrôler. Il bouillonne et bouillonne encore et, parfois, ça déborde. Il ne contrôle plus rien. Violent, en plein décrochage scolaire et avec une mère dépassée par son comportement, Shy est envoyé dans une résidence pour mineurs délinquants. Là-bas, entouré de jeunes tous plus paumés et mal dans leurs peaux que les autres, on lui donne une dernière chance de se ressaisir, de s'insérer dans la société. Véritable bouée de sauvetage pour certains, et sas de décompression pour Shy, ce lieu d'accueil s'apprête cependant à fermer ses portes : implantée dans un manoir classé au patrimoine, l'École de la Dernière Chance est menacée de rachat par des promoteurs aux dents longues. Acculé et ne voyant plus d'issue, Shy décide de fuir son cocon, lesté de plusieurs kilos de pierres, pour aller se noyer dans une mare non loin de là, seule promesse d'un avenir meilleur. À mesure que ses pas se font de plus en plus lourds et que les sangles de son sac le taillade de plus en plus, Shy revient sur sa courte vie et les décisions qu'il a pu prendre et exposé ainsi le terrible engrenage dans lequel il s'est retrouvé pris, presque à son insu, et qui l'aura conduit à devenir le paria de la société qu'il semble être aujourd'hui.

Max Porter dresse, avec une justesse incroyable, le portrait d'un petit diable victime des rouages d'une société qui ne laisse que peu de chances à ceux qui souffrent et qui échouent. Nul doute que la réussite de ce roman tient avant tout au style si particulier et immersif de Max Porter qui nous plonge dans la tête d'un gamin à la lucidité implacable.

Un roman d'une grande beauté.
Commenter  J’apprécie          20
"Shy" est un roman court intense et dense sur les difficultés d'être au monde qu'un adolescent, Shy, rencontre. J'ajouterais que ce n'est pas une écriture de l'intime, pas non plus un témoignage, c'est un portrait que je trouve franchement réussi car il m'a semblé "vrai".

Shy est un très jeune homme en proie aux angoisses, aux terreurs nocturnes et qui se rend coupable de comportements violents.
Le livre raconte en fait sa fuite en avant et sa détresse sur fond d'Angleterre des années 90 (avec la présence très importante de la musique de cette période, qui fait toute l'ambiance!). Sont explorés des thèmes assez difficiles, comme la violence et l'autodestruction mais également les différents sentiments que peuvent éprouver adolescents et adultes : la peur du jugement des autres, le sentiment d'imposture, la solitude, la peur de l'échec, le rejet de soi et des autres etc

Pour autant, et je souhaite le préciser tout de suite : ce n'est pas un roman macabre et ce n'est pas un texte larmoyant ou complaisant. Ce qui est à mon sens très positif et doit être remarqué et valorisé.

Le style très ramassé n'est pas littéraire et le ton est à la fois sarcastique et spontané, ce qui s'avère complètement adapté au sujet et à la psychologie du personnage.
L'utilisation de longues phrases, parfois sur plusieurs pages, tombe à point pour retranscrire l'urgence de l'émotion qui immerge ou la confusion des sentiments et des pensées de Shy. Mais l'auteur n'en abuse pas.

Ce qui m'a stupéfaite cependant, c'est l'ingéniosité de la construction narrative parce qu'elle fonctionne très bien : c'est à travers et grâce aux différentes voix qui alternent dans la narration (il y a ce qu'on lui a dit et répété, les conversations qu'il a eues, les pensées de Shy, ses souvenirs, ses cauchemars et le récit du temps présent) qu'on a cette sensation de découvrir l'"intériorité" de Shy, tout son univers émotionnel, les différents niveaux de sa conscience, sa sensibilité, ses désirs etc C'est complexe et donc d'un point de vue psychologique ça me paraît fin.

Je tiens aussi à souligner la pertinence de la mise en page du texte car parfois c'est accessoire et là ce n'est pas le cas. N'en ayez pas peur si au début cela surprend très vite on en saisit l'intérêt.

Pour conclure je le conseille vraiment, parce que même si ce n'est pas forcément le genre de livre que vous préférez, vous serez surpris et touché car ça sonne juste et puis d'un point de vue littéraire il y a une véritable originalité.

Un grand merci à Nathan de Babelio, à l'opération Masse critique privilégiée et aux éditions du Sous-Sol !
Commenter  J’apprécie          20
Ce court roman de Max Porter retranscrit le flux de conscience de Shy, un adolescent placé dans une résidence pour jeunes délinquants sur le point de mettre fin à ses jours. Écrit à la troisième personne, le récit glisse du passé au présent, des cauchemars de Shy aux chansons qu'il compose dans sa tête. Il est constitué de souvenirs, de cauchemars, de rêveries, de propos prononcés par les figures d'autorité qui entourent Shy, etc. A mesure que ce dernier progresse vers la mare, où il a l'intention de se noyer, lesté de pierres, ces éléments semblent se bousculer dans sa tête de façon non-linéaire, par bribes. On découvre son parcours, ses relations difficiles avec les autres adolescents ou les adultes, sa passion pour le drum and bass, les schémas de comportement dont il a du mal à s'extraire, aussi. On est parfois un peu perdu dans la temporalité, entre rêve et réalité.
Il faut accepter de se plonger dans la subjectivité du personnage : Shy n'est pas un roman réaliste et se rapproche plutôt de la poésie. Pour les raisons que nous avons citées, mais aussi pour l'important travail effectué par l'auteur sur le style et la typographie. La polyphonie intérieure de l'adolescent est, ainsi, marquée par la variation des polices, des tailles de caractères ou l'utilisation ou non de la ponctuation, l'alternance entre texte en drapeau ou justifié, etc. Ces changements matérialisent les différents états émotionnels de Shy, le rythme de ses pensées, font ressortir certains propos qu'il semble ressasser, comme les paroles désespérées de sa mère qui s'étalent sur certaines double-pages. Ils font vivre Shy à travers toutes les dimensions du livre.
A titre personnel, je préfère les romans plus réalistes et qui marquent plus de distance avec leurs personnages, mais j'ai été très sensible à ce travail sur le style, à l'écriture très musicale de Max Porter (et de son traducteur, Charles Recoursé). L'édition est, à ce titre, particulièrement réussie.
A recommander plutôt aux amateurs de poésie ou d'auteurs modernistes comme Virginia Woolf (Shy m'a rappelé Les Vagues, son écriture poétique et la succession des différents flux de conscience des personnages).
Commenter  J’apprécie          20
Reçu dans le cadre de la masse critique, ce roman avait tout pour me plaire.
Malheureusement je n'ai pas adhérer ni à l'écriture ni à l'ambiance.
Pas de chapitre. Tout est écrit à la suite. Pas de ponctuation et surtout des idées en pensées jetées ici et là dans un ordre que je n'ai pas compris.
L'histoire de cet ado en large de la réalité, et flirtant 24/24 avec le danger se voit intégrer un établissement pour délinquants.
Il ne tarde pas à s'en échapper.
Je suis sûre que ce roman trouvera son lectorat.
Commenter  J’apprécie          20
Un roman pour le moins atypique

Ici pas de chapitres, mais un gros travail de mise en page avec des polices de caractère, des tailles de police et des structures de paragraphes différentes pour illustrer divers moments et intervenants dans le récit : présent, souvenirs divers, moments à l'école de la Dernière Chance (la résidence pour mineurs délinquants), pensées, etc.

Cela perturbe la lecture, en bien comme en mal selon lea lecteurice, et demande une bonne gymnastique du cerveau pour s'y retrouver.
Le style de l'auteur n'est pas en reste, avec des phrases très courtes parfois, mais aussi des pages où les mots/maux s'enchaînent, seulement séparés par des virgules. Exercice intéressant pour mettre en lumière une rapidité de pensée sans interruption, où on a à peine le temps de reprendre notre souffle, comme le personnage qui vit parfois à mille à l'heure dans sa tête.

J'ai pris ce livre car l'histoire de Shy me touchait et parce que j'étais curieuse de cette façon d'écrire et de mettre en relief chaque moment dans cette mise en page inhabituelle. J'avoue que ça n'a pas toujours été simple à lire et que cela m'a sorti plusieurs fois de ma lecture, mais l'histoire de cet ado perturbé, rejeté, violent, en décrochage scolaire, en détresse, est poignante. Être dans sa tête n'est pas toujours simple, la douleur que le personnage éprouve est bien mise en scène et on plonge vraiment dans les méandres de ses problèmes et de son mal-être. le chien noir errant la tête baissée sur la couverture est une parfaite représentation.

C'est terrible, car le récit commence sur ce gamin de quinze ans qui n'en peut plus d'être lui et qui veut juste disparaître. Il s'échappe de l'école en pleine nuit, un sac à dos rempli de pierres sur le dos, et marche vers l'étang plus loin avec dans l'idée de s'y noyer pour en finir avec tout ça. Tout ça : sa vie, ses emmerdes, ses failles, ses échecs, sa souffrance, ses pétages de plomb. Les tergiversations de son esprit l'accompagnent sur son chemin, ses souvenirs se mélangent et nous, lecteurices, nous sommes les témoins de ce qui amène ce gosse à vouloir effacer son existence.
C'est une histoire qui aurait pu me tirer des larmes, mais les changements incessants de mise en page, de narrateur, de moments, les ont empêchées de couler. C'est un roman court, mais j'ai mis longtemps à le lire, avec des coupures de plusieurs jours, car il m'était difficile de rester plongée dedans. Il n'en reste pas moins que cette histoire m'a serré le coeur et que j'ai pu ressentir toute la peine de Shy.

Bravo à l'auteur pour cet exercice de style et ce récit sombre et bouleversant.
Commenter  J’apprécie          10
Critique écrite par un membre de Babelio ayant supprimé son compte, dans le cadre de la Masse Critique privilégiée d'août 2023.

Il est bien difficile de se mettre dans la peau d'un mineur délinquant… pourtant, Max Porter a osé lefaire, à sa manière, en nous racontant l'histoire de Shy. D'une façon hypothétique et un peu surréaliste, il tente de nous faire découvrir la face cachée de l'iceberg qui submerge cet adolescent, livré à lui-même, désocialisé, déscolarisé, et en perte de repères. Mais y a-t-il vraiment quelque chose à comprendre dans les comportements ambigus de ce jeune garçon qui entre sans arrêt en contradiction avec lui-même ? La misère matérielle, morale, affective ou sexuelle dans laquelle il évolue est-elle la principale cause de son mal-être ? J'ai refermé le livre sans avoir trouvé de réponse concrète à mes questions.
Dans son analyse très fantasque de la détresse psychique et psychologique dans laquelle s'enfonce Shy, l'écrivain a choisi de mêler des faits dramatiques à des élucubrations fantasmagoriques sidérantes où le monde réel bascule dans les rêves les plus fous. le résultat n'est pas du tout probant et en dépit d'un bon style d'écriture, je n'adhère pas du tout à ce genre littéraire. le récit est déconstruit, superficiel et décevant, à l'image de l'existence gâchée de Shy !
Commenter  J’apprécie          10
Comment le dire… Ce fut une lecture déroutante, qui ne plaira pas à tout le monde! J'ai trouvé l'expérience très intéressante et enrichissante. Tout d'abord déroutée face à ce vrac, à ce roman déconstruit, je me suis finalement laissée portée par l'esprit de ce jeune homme particulier. Ce fouillis organisé, empreint de colère et de rejet m'a laissé une étrange impression car je ne saurai dire si j'ai aimé ou pas. Ce qui est certain, c'est que je dis un grand bravo à l'auteur, qui a réussi à, je pense mais ce n'est que mon opinion, reconstituer les pensées en déroute d'un garçon perturbé. Ce méli mélo reste néanmoins très poétique malgré sa noirceur. Les errances de Shy restent touchantes et sa folie m'a emporté malgré une structure de texte atypique.

Attention, certaines sujets peuvent être particulièrement durs à lire en fonction de l'expérience personnelle de chacun.e

Merci à Babelio et aux éditions du Sous Sol pour cette découverte!
Commenter  J’apprécie          10
Aujourd'hui je vais évoquer Shy (le timide), roman de Max Porter.
L'action se déroule en 1995 en Angleterre. le protagoniste, Shy est un jeune adolescent à problème. C'est un voyou, un délinquant qui tente de se réinsérer dans une école singulière (l'École de la dernière chance) située dans un vieil édifice, un manoir anglais typique de la campagne. Mais ce lieu est voué à la fermeture et le roman raconte la fuite du garçon qui ne voit pas d'issue ni d'espoir. Avec son sac il part dans la nuit et se retourne sur son histoire familiale personnelle. Cette épopée, ce road trip solitaire est une plongée vers l'inconnu. Pourtant : « il pourrait encore faire basculer cette nuit de l'autre côté et regagner rapidement son lit ». En réalité : « il tourne le dos à la maison et s'enfonce dans le bleu. Ombre mouvante. » Shy est un texte original et puissant. La mise en forme, la graphie, l'organisation des paragraphes, l'utilisation des majuscules et de la ponctuation sont singuliers. Des passages narratifs alternent avec des dialogues et des extraits de conversations. Sous forme d'anaphore le héros fait la liste de ses désirs : « il aimerait fumer une cigarette. Il aimerait enfiler son pyjama et se coucher. Il aimerait arrêter d'avoir des hauts et des bas. Il aimerait arrêter son esprit. L'éteindre. Il aimerait dormir pendant des jours sans faire de rêves. (...). Il aimerait que sa mère l'emmène au buffet à volonté où il y a la fontaine de Coca et le stand de glaces. (...). Il aimerait poser le sac à dos. Il aimerait se faire tatouer le logo de V Recordings sur le bras. (...). Il aimerait avoir une voiture. Il aimerait avoir une copine qui lui rendrait visite le week-end et qui lui roulerait des pelles tout l'après-midi en imprimant sur ses lèvres le goût de son gloss à la fraise. » Shy évoque la découverte de la sexualité, l'amitié, ses relations distantes avec sa famille, ses difficultés et ses mauvaises actions. Il raconte ses échanges avec un psy, ses tentatives de se réconcilier avec lui-même et avec son parcours chaotique. Force est de comprendre que c'est un enfant et que le mauvais chemin qu'il a pris s'explique par des dispositions sociales non favorables.
Shy est un bref roman difficilement résumable. Nimbé de poésie c'est le portrait d'un délinquant en déshérence, d'un gamin perdu et attachant.
Voilà, je vous ai donc parlé de Shy de Max Porter paru aux éditions du sous-sol.
Merci à Babelio pour l'envoi de ce livre !
Commenter  J’apprécie          10





Lecteurs (228) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1229 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}