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sur 124 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A cinquante-trois ans, Flaubert est en 1875 en pleine crise existentielle : anéanti par les difficultés financières, dévasté par la perspective de devoir vendre sa chère maison en Normandie, il ne trouve même plus la consolation auprès de ses pairs et proches, dont beaucoup ont déjà quitté ce monde. Il décide de fuir ce présent insupportable en se rendant à Concarneau, auprès de son ami le naturaliste Pouchet : il va y passer la parenthèse d'un automne, à ne penser qu'à manger et dormir, à se baigner et respirer l'odeur de sardine qui monte du port jusqu'à la fenêtre de sa petite pension, et à observer les travaux de dissection de sa scientifique relation. Saura-t-il retrouver la force et le goût d'écrire encore une ligne ?


Comme le homard dont il observe la mue dans les aquariums du Docteur Pouchet, Flaubert se retrouve en suspension entre deux périodes de sa vie, moment d'angoisse et de vulnérabilité, où l'écrivain, comme à nu et écorché, se retranche dans cette petite ville fortifiée de Bretagne, le temps de retrouver les ressources nécessaires à la poursuite de son existence. Pendant cette période de flottement et d'attente, l'on découvre un homme sensible et mélancolique, ennemi de la médiocrité et désemparé de se voir tiré de son univers littéraire par des contingences matérielles, souffrant d'avoir perdu l'inspiration mais néanmoins bonhomme et bon vivant : un portrait tout en nuances et saisissant de vie, dans un style élégant qui incorpore très naturellement les mille détails fournis ou suggérés par la correspondance de l'écrivain.


L'on y assiste aux affres de la création et de l'écriture, au long travail de maturation qui fait soudain couler l'idée, au travail d'orfèvre de l'auteur qui cisèle son texte, le tout reconstitué à partir des avants-textes et des manuscrits de la Légende de Saint Julien l'Hospitalier, l'un des Trois Contes que Flaubert publiera deux ans plus tard, peu avant la fin de sa vie.


Admirablement documenté et réussissant à redonner vie avec simplicité et naturel à l'homme qu'était le grand écrivain, ce texte très abouti fait aussi vivre de l'intérieur le processus créatif et la lente gestation d'une oeuvre devenue intemporelle.

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Flaubert part en voyage à Concarneau

En nous entrainant sur les pas de Flaubert durant un automne à Concarneau, Alexandre Postel fait bien mieux que lever le voile sur un épisode de la vie de l'écrivain. Il nous raconte comment s'écrit une oeuvre. Et c'est fascinant!

Flaubert ne va pas très bien. Il est acariâtre, atrabilaire, démoralisé. Il voit ses proches mourir, membres de la famille et amis. À 53 ans, il a pourtant déjà écrit quelques ouvrages qui marqueront la littérature française, de Madame Bovary à salammbô, en passant par L'Éducation sentimentale. Mais c'est peut-être aussi là que réside son problème. Sa plume se doit d'être à la hauteur. Il ne peut se répéter. Il doit trouver un sujet, une histoire, une inspiration qui lui fait défaut. Il y a bien la rencontre et l'amitié de deux hommes à la fois très différents et pourtant très proches. Mais le récit n'avance pas. Sans oublier les soucis financiers. Sa nièce, propriétaire de la maison de Croisset où il vit depuis si longtemps, a dilapidé sa fortune et envisage de vendre la propriété.
Alors, comme son moral est en berne, Gustave décide de partir en voyage. Il choisit d'aller rendre visite à Concarneau à ses amis Pouchet et Pennetier. le premier, scientifique qui mène ses études dans un vivier-laboratoire, est apte à lui faire changer ses idées. Il lui explique ses recherches, essayer de faire naître la vie à partir d'espèces marines auxquelles il fait subir différents traitements. Des travaux qui sont bien loin des préoccupations de l'écrivain, mais qui vont l'intéresser.
Et de fait, dans ce port breton qui vit au rythme des conserveries de sardines, l'air vivifiant, et davantage encore les deux Georges, vont chasser ses humeurs noires. Ce que ses précédentes visites auprès de ses pairs n'ont pas réussi à faire. Bien au contraire, il est revenu encore plus démoralisé de ses visites chez sa bonne amie George Sand à Nohant et chez le "Grand" Hugo à Paris. Dans sa chambre bien peu confortable, il retrouve même l'inspiration, se décide à imaginer le plan d'un nouveau livre, en aligne les premières phrases.
Postel nous raconte comment est né "La Légende de saint Julien l'Hospitalier", comment Flaubert travaille, combien il se bat pour trouver la phrase, le mot juste.
Outre l'aspect documentaire sur cet épisode de la biographie du grand écrivain, c'est aussi cette exploration de la création littéraire qui donne à ce court roman tout son poids. Car l'ouvrage qui paraîtra sous le titre Trois contes et rassemblera Un coeur simple et Hérodias aux côtés de cette légende en gestation La Légende de saint Julien l'Hospitalier, Hérodias, cache en fait la trame de ce roman qu'il ne parvient pas à écrire et qu'il va désormais pouvoir reprendre, riche de son expérience bretonne. Et si Bouvard et Pécuchet ne sera jamais achevé, il aura beaucoup progressé durant cet automne.


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L'onde limpide et pure qui lui a valu son succès avec salammbô ou Madame Bovary est partie lécher d'autres rivages, Flaubert est en panne d'inspiration. Il est venu à Concarneau pour tenter d'exorciser cette apathie de l'imagination. Las, l'âge est là, avec ses pesanteurs du corps et de l'esprit et ses humeurs grises que le ciel d'automne de la côte bretonne battue par les vents ne vient pas éclairer. Ou si faiblement. C'est aussi l'automne de sa vie.

Alexandre Postel n'est pas de ceux qui voient les murs dans leur aspect du jour. Il y décrypte les états d'âme de ceux qui y ont posé les yeux avant lui. Dans ce qui était la chambre d'hôtel de Flaubert sur le port, il voit la solitude et l'amertume qui habitèrent le célèbre écrivain au soir de sa vie.

« D'où vient l'inspiration, comment naissent les livres, ce qui pousse un homme à écrire, ces questions-là ne méritent pas qu'on s'y attarde ». Si les scientifiques se querellent en ce temps quant à l'apparition des espèces sur terre, la seule génération spontanée que Flaubert reconnaît est celle qui fait courir sa plume sur la page blanche.

La compagnie de ses amis, des biologistes passionnés par leur métier, lui sera pourtant bénéfique. il retrouvera quelque vitalité créatrice et réussira à mettre un point final à cet ouvrage entamé depuis de nombreuses années et qui paraîtra sous un titre pour le moins anonyme : Trois contes.

Alexandre Postel a choisi cette courte période, Un automne de Flaubert, pour nous faire partager la mélancolie de l'écrivain déserté par le feu sacré de la création. Il est vrai que Trois contes, la dernière production achevée de son vivant ne lui vaudra pas de procès pour outrage à la morale publique et à la religion comme pour Madame Bovary. La flamme qui a fait bouillir son sang et choqué les conservateurs de son temps s'était assoupie. Tout le monde n'a pas la longévité d'un Hugo ni la hardiesse d'une George Sand laquelle lui vantait les mérites de l'exercice au grand air pour stimuler corps et esprit. Elle savait de quoi elle parlait.

Un ouvrage sympathique mais un peu sombre, et pour cause, sur l'assoupissement du don d'écrire.

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Automne 1875 : Gustave Flaubert séjourne à Concarneau sur les côtes bretonnes où il retrouve son bon ami Georges Pouchet, naturaliste et anatomiste du Museum d'histoire naturelle de Paris, qui expérimente ses recherches aux viviers installés en bord de mer. Au mitan de la cinquantaine, Flaubert fuit ses soucis financiers et littéraires et la compagnie du savant lui est bénéfique. Lui qui s'est choisi comme saint patron « Polycarpe de Smyrne, qui allait en gémissant : « Mon Dieu, dans quel temps m'avez-vous fait vivre! », souhaite s'ancrer en un autre lieu que sa maison De Croisset, pour mieux réfléchir à la suite de sa vie.
Alexandre Postel a épluché la correspondance de Flaubert avec sa nièce Caroline pour construire ce roman à l'atmosphère surannée, introspectif et au charme certain. Persuadée tout de même qu'une lecture préalable d'une biographie du célèbre écrivain aurait contribué à décupler mon plaisir de lire, j'ai apprécié grandement cet ouvrage original. Chose certaine, il m'a donné le goût de lire Flaubert et pourquoi pas, relire avec beaucoup plus d'intensité le Perroquet de Flaubert de Julian Barnes.
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Un court texte (153 pages) qui se lit avec bonheur. On y vit avec Flaubert à Concarneau durant un séjour où il fuit les ennuis financiers et où il vit simplement entre repas simples mais costauds et bains de mer. Il se réjouit de la compagnie de son ami Pourchet qui dissèque les poissons pour mieux comprendre le vivant et dépérit dans l'ennui quand il se retrouve seul.
Tout juste arrive t-il à ébaucher un livre qu'il a en sommeil depuis sa jeunesse.
C'est tout en impression subtile, en détails ciselés et enmélancolie. Un Flaubert intime.
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A l'automne 1875, accablé par des soucis financiers, Flaubert quitte la Normandie pour accompagner à Concarneau un de ses amis, le docteur Pouchet.

Pouchet, attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, étudie les poissons et notamment les raies, et fais de nombreuses expériences dans l'aquarium de Concarneau.

Flaubert l'y accompagne, prend avec lui des bains de mer revigorants et, entre deux promenades sur les plages, les grèves ou dans la ville empestée de l'odeur des sardineries, cherche l'inspiration pour un nouveau roman.

Ce sera l'histoire de Saint Julien dont il noircit des brouillons entre deux courriers à sa nièce dont il craint la faillite ...

Un tout petit roman qui dépeint tant les affres de l'écriture, que l'effet bénéfique de l'air breton sur un écrivain normand.

Une échappée dans la fin du XIXème siècle loin des nouvelles campagnardes De Maupassant, ou parisiennes de Zola, sans qu'il soit fait allusion à la situation politique ... 

Un roman paisible qui m'a fait du bien 
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Aux amoureux de Gustave Flaubert et aux curieux de nature. C'est à vous que ce livre est dédié. Une invitation à partager l'intimité du personnage à la fois fabuleux et hors norme qu'était Gustave Flaubert.

J'ai été saisie par la qualité de cet ouvrage. La plume majestueuse d'Alexandre Postel d'abord, la langue est belle et sublimée. Un régal. Sans compter la richesse du récit, les détails, le travail de recherche de l'auteur que l'on voit transparaître au fil des pages.
On est envoûté presque immédiatement, l'imagination devient fertile. Ce voyage se transforme en introspection à la fois pour Flaubert et pour le lecteur. Un bain de mer et le phoenix Flaubert renaît de ses cendres.

Mais je crois que ce que j'ai le plus apprécié c'est de retrouver le charme des correspondances de Flaubert dont je me délecte depuis des années. Son humour et sa faiblesse attachante.
C'est un récit précis et charmant.
Un énorme coup de coeur. Ce livre avait tout pour me plaire et me toucher, ce fût le cas.
L'envie de le relire s'empare déjà de moi. C'est dire !

"Même agitée, la mer accorde toujours le repos à celui qui la regarde. Sa pulsation obstinée inspire à l'homme égaré dans son labyrinthe intérieur le sentiment des choses simples; et à celui qui doute de la vie, le sentiment de la nécessité. Simple et nécessaire, la mer accueille toutes les douleurs. Elle n'offense pas les âmes fatiguées."
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Après le vol de la Joconde ou Marx dans le jardin de Darwin, notamment, je poursuis mes lectures d'oeuvres où l'auteur s'inspire de faits véridiques et historiques pour créer une trame, des dialogues, des moments qui n'ont peut-être pas existé dans la fenêtre d'espace-temps que nous occupons, mais qui, on peut imaginer, occupent une place dans l'un ou l'autre des univers parallèles créés par diverses bifurcations de la réalité. Cette fois-ci, c'est Alexandre Postel qui nous fait vivre l'une des dernières saisons de Gustave Flaubert. Il est las, inquiet par certains problèmes financiers, en panne d'écriture, sa santé est fragile, il demeure triste, mélancolique. Il quitte vers la mer, pour s'y baigner et partager de bons moments avec son ami Georges Pouchet, un naturaliste qui a monté, à Concarneau, un petit laboratoire de dissection d'animaux marins.
Flaubert s'abandonne, puis, au gré des marches et des baignades, une certaine énergie semble revenir. Elle fait revivre les idées qui lui permettront de se remettre à l'écriture d'un conte, au moyen d'ajouts et de corrections multiples. Ce sera donc les premières versions de la Légende de saint Julien l'Hospitalier et un retour sur l'histoire des deux bonshommes que sont Bouvard et Pécuchet.
Postel rend avec grâce ces instants dans la vie de Flaubert et son écriture permet de nous plonger nous-mêmes dans ces moments bretons, sentir l'air salin et voir l'inspiration renaître sous la plume du maître.
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Voici un roman qui mérite bien son titre. On peut entendre le mot automne de deux façons. Gustave Flaubert a passé un automne à Concarneau c'est un fait, mais il était surtout l'automne de sa vie.

Mon impression est bizarre, rentrer à ce point dans l'intimité d'un auteur illustre, allant jusqu'à connaître ses problèmes financiers, ses idées dépressives. On y découvre un Flaubert, bofissime, qui se complet dans son malheur : Il n'a plus de sous, sa nièce risque de le déloger, il va voir des gens, mais les dénigre quelque peu.

Et puis, il mange beaucoup trop.

Bref, ce client, cette personne, si je l'avais en face de moi, je la secouerai vivement pour la réveiller.

Ce qui m'a plu dans ce roman, c'est de suivre les expériences de son ami, les bains de mer, dans une époque qu'on ne connaîtra jamais. Une vie qui pourrait être simple.

Pour moi, un roman est réussi, si je m'y plonge jusqu'à ressentir des sentiments pour les personnages : rage, admiration, déception, etc.

Bravo Mr Pastel, vous avez réussi.

Je vous mets la note de 7.5/10
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Ce livre nous conte la dérive de Flaubert en panne d'inspiration et au bord du gouffre financier. Qui part se ressourcer à Concarneau, chez son ami en poste au Grand Aquarium, où j'ai pu - à travers lui - assister à la dissection d'une raie. Comme c'était bien ! L'exercice a inspiré Flaubert dans la description de son pigeon blessé agonisant qu'il ne parvenait pas à (d)écrire.
On ne peut pas parler d'une histoire à rebondissements, mais bien de l'histoire au sens large dans une cité balnéaire du Finistère fin 19e.
Et l'écriture d'Alexandre Postel, évidemment, un pur bonheur !
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