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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rosella POSTORINO. Et moi, je me contentais de t'aimer.

Un roman qui nous retrace la guerre en Bosnie, guerre fratricide, au cours des années 1990. Il y a un peu plus de trente ans. Mais cette guerre, vue par Rosella POSTORINO, nous permet de suivre de jeunes enfants au cours de 20 années. le siège de Sarajevo (1992-1995), capitale de la Bosnie-Herzégovine, nouvel état crée suite au démantèlement de la Yougoslavie, a fait de nombreuses victimes, environ 12 000 dont 1 500 enfants.

Omar, 10 ans, est dans la rue en compagnie de sa mère, lors d'une attaque et cette dernière lui lâche la main et lui ordonne de courir, courir se mettre à l'abri des balles. L'enfant obéit, mais, à la fin des tirs, il ne retrouve plus sa mère. Il est recueilli dans une institution avec son frère aîné, Sen. Omar, Sen, Cotcot, Ivo et sa soeur Nada, enfants confiés à l'orphelinat vont tenter d'oublier la guerre. Ils vont cohabiter avec d'autres enfants dont les parents sont encore là. Omar est persuadé que sa mère a échappé aux bombes ; un bus humanitaire va transporter ces enfants en Italie, les éloigner provisoirement de la zone du conflit. Lors de ce déplacement, Nada va rencontrer Danilo et sympathiser avec ce jeune garçon ; les parents de ce dernier sont vivants mais ils éloignent volontairement leur fils de la zone de combat. Ce déracinement, cet exil va bouleverser la vie de ces jeunes enfants ; des familles italiennes s'offrent et se déclarent même prêtes à les adopter. Certains vont réussir à s'intégrer, pour d'autres, ce sera plus difficile. Nous suivons le parcours d'un certain nombre d'adolescents. Cette brutale séparation va les perturber profondément et les plonger bien trop vite dans le monde des adultes. Fini le temps de l'insouciance, des jeux, du foyer protecteur…

C'est à partir de témoignages reçus que l'autrice a imaginé ce roman. Les faits historiques se mêlent à la vie de ces petits bosniaques, déportés, exilés en Italie. Combien réussiront à s'intégrer dans ce pays, à s'y fixer, à vivre normalement ? Lors de leur arrivée sur cette terre d'accueil, il y a l'obstacle de la langue, l'ignorance de l'existence ou la mort de leurs parents. le rôle de l'éducation est primordiale. Beaucoup souffrent profondément de cette situation, s'enfoncent dans la dépression. Les amitiés liées par ces tragiques évènements vont se dissoudre petit à petit, en fonction de l'adoption. Qu'en sera-t-il de nos petits héros ? Danilo, lors du déplacement en car a promis à Nada de l'épouser ! le fera-t-il ? Une grande solidarité existe entre ces enfants, projetés trop vite dans le monde des adultes. Ils sont les victimes collatérales des guerres et subissent, à des degrés divers des symptômes post-traumatiques, nécessitant un suivi médical. Et lorsque le siège de Sarajevo s'achèvera, ces jeunes voudront-ils rentrer au pays dévasté par les bombes, abandonner un certain confort ! Certains ont perdus leur identité, leurs souvenirs, leurs familles, oublié les coutumes de leur patrie d'origine, leur langue. Mais une note d'espoir luit au fond du tunnel….

Avec compassion, j'ai suivi l'existence, d'Omar, Nada, Danilo, découvrant l'Italie. Scolarisés, vont-ils être en mesure de suivre un cursus scolaire leur permettant de s'insérer dans le monde du travail, avoir une vie sociale ordinaire : un travail, un toit, un ou une compagne et fonder, à leur tour, une véritable famille. Ce livre est bouleversant. Il nous dévoile plusieurs cas : ceux qui ont réussi, ceux qui se sont perdus, etc... Encore une fois, c'est les larmes aux yeux que j'ai quitté tous ces jeunes héros. Je vous recommande la lecture de ce récit délivré par Rosella, à partir de fait réels. Si vous ne la connaissez pas, empruntez sans réserve « La goûteuse d'Hitler », son premier livre traduit en français et que j'ai adoré. Bonne journée.
( 11/04/2024)

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Sarajevo, 1992. La guerre sépare les fratries, les enfants de leurs parents et les parents de leurs enfants. Les bombes tombent sur la ville. Des enfants sont regroupés dans un orphelinat. Au début, les éducateurs venaient régulièrement. Maintenant, les petits sont livrés à eux-mêmes. Certains ont encore leurs parents, mais sont éloignés d'eux. Omar a dix ans. Chaque semaine, il attend, à genoux sur une chaise, son visage collé à la fenêtre les visites hebdomadaires de sa mère. Son frère aîné, Sen, refuse de la voir. Omar se promène avec sa maman quand une bombe explose, l'écartant d'elle. Il croit l'entendre lui dire de courir. Habitué à lui obéir, il part sans savoir si elle est vivante. Lorsqu'il rejoint ses camarades de douleur, Nada, une petite fille abandonnée, le regarde pleurer, en lui tenant la main.

Sarajevo est encerclé et l'orphelinat est bombardé. Les enfants apprennent qu'ils vont être envoyés en Italie. Omar ne veut aller nulle part sans sa mère. Est-elle encore en vie ? Nada ne veut pas quitter son frère, Ivo, en âge d'être mobilisé. Elle a peur qu'il meure. Dans le bus humanitaire qui les emmène dans leur pays d'accueil, ils se lient avec Danilo. L'adolescent ne voulait pas fuir les bombes, sans ses parents et sa soeur. Tous trois ne veulent pas partir en abandonnant un membre de leur famille. Ils ne veulent pas sauver leur vie, si un de leurs proches ne peut pas sauver la sienne.

Et moi je me contentais de t'aimer décrit l'exil des enfants forcés de fuir la guerre des Balkans. Contre leur volonté, mais dans l'objectif de les protéger, ils ont été accueillis dans un pays dont ils ne connaissaient rien. Ils ne parlaient pas italien. Déracinés, ils ignoraient le destin de leurs parents et ces derniers ne savaient pas le leur. A la fin du conflit, nombre d'entre eux ont été adoptés, alors que leurs parents étaient toujours vivants. Ils ont perdu leurs souvenirs, leurs liens avec leur passé, leur identité et certains ont oublié leur langue. Avec sensibilité, Rosella Postorino décrit leur déchirement et leurs difficultés.

Elle dépeint, également, l'horreur de la guerre, pour ceux qui s'expatrient et ceux qui restent. J'ai été bouleversée par les épreuves vécues par la population civile et par son désarroi face à l'impuissance des Casques bleus : ces derniers observaient et ne pouvaient agir. A travers le regard des enfants, l'auteure montre, aussi, que ce sont eux les premières victimes de la folie des hommes.

Enfin, elle accorde une place importante à la relation mère-enfant, qu'elle existe, qu'elle soit absente, tendre ou défaillante. Les trois personnages principaux n'ont pas la même histoire, aussi ils acceptent, différemment, leur nouvelle condition. J'ai été très émue par leurs questionnements, leurs espoirs, leurs peines. J'ai été touchée par leurs traumatismes que chacun a tenté d'exprimer et de surmonter avec ses propres armes, hélas, pas toujours efficaces.

« Que faisais-je tandis que L Histoire avançait ?
Moi, je me contentais de t'aimer. »
Izet Sarajlić

J'ai eu un immense coup de coeur pour ce roman poignant sur une page oubliée de l'Histoire, qui, malheureusement, résonne fortement avec les tragiques événements actuels en Ukraine.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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À Sarajevo, dans les années 90, la guerre gronde et Omar, dix ans, ainsi que son frère Sen, douze ans, passent leur temps enfermés dans leur orphelinat.
Le danger grandissant, la plupart des enfants sont déplacés en Italie, grâce à une action soutenue par l'ONU.
Accueillis dans ce pays inconnu, loin des bombes, ces déracinés continuent d'exploser à l'intérieur, dépassés par la déchirure, la peur et la colère.
Les années passent, certains s'intègrent alors que d'autres sont restés bloqués dans leur souffrance et leurs souvenirs…

J'ai été bouleversée par ce roman qui parle d'une guerre dont j'ai vu les horreurs aux infos, encore enfant, moi aussi.

La plume de l'auteure est magnifique, posée et saisissante de précision.
Les sujets sont très forts: la guerre, le déracinement, les traumatismes, la séparation brutale avec la famille, l'amitié et la fraternité.

Inspiré de témoignages d'enfants de l'époque, ce roman raconte l'intensité du lien originel, le placement, les dégâts psychologiques de tels événements et la résilience incroyable de ceux qui s'en sont sortis.
Il décrit aussi comment l'amitié et la solidarité ont permis de « tenir bon et avancer» dans l'intense tourment de ces années.

Ce premier roman que je lis en cette rentrée littéraire est poignant, je l'ai dévoré et je le recommande vraiment à toutes et tous!
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Ce n'est pas encore demain la veille que je risque de me lasser des autrices italiennes… Quelle lecture poignante!

Après La goûteuse d'Hitler (2019), la journaliste et éditrice italienne Rosella Postorino (1978) revient avec Et moi, je me contentais de t'aimer (2023), un très beau roman à hauteur d'enfants inspiré de faits réels.

En se basant sur des témoignages d'enfants bosniaques transférés en Italie pendant le siège de Sarajevo au début des années nonante, elle raconte la guerre, la mort, la perte et la peur, immenses et dévastatrices. Elle dit le déracinement, le déchirement de l'exil et la douloureuse reconstruction de ces enfants -certains sont orphelins, d'autres ont été arrachés à leurs parents-, des enfants en perte totale de repères dans un pays inconnu dont ils ne maitrisent ni la langue ni les coutumes. Mais elle raconte la puissance de l'espoir aussi, l'amour incommensurable d'un fils pour sa mère, un amour qui le porte envers et contre tout, malgré l'éloignement, malgré les années qui passent.

« Que faisais-je tandis que l'Histoire avançait? Moi, je me contentais de t'aimer. »

Depuis le début du siège de Sarajevo en 1992 et sur une période de près de vingt-ans, Rosella Postorino nous plonge dans la vie de plusieurs enfants conduits en Italie pour des raisons de sécurité.

Et moi, je me contentais de t'aimer, c'est l'histoire d'Omar, un garçon de dix ans durement et profondément marqué par la séparation d'avec sa mère, survenue dans la rue après qu'une bombe a explosé. C'est celle de son frère aîné Sen, douze ans; celle de Nada, une orpheline qui a honte de son doigt manquant et porte un prénom signifiant à la fois « rien » en espagnol et « espoir » en bosniaque. C'est celle de son frère Ivo qui n'est pas autorisé à accompagner sa soeur en Italie car il est en âge de partir au combat. Celle de Danilo, un fils de bourgeois qui les rejoint dans le car à destination de l'Italie en compagnie de sa mère, lui. C'est l'histoire enfin, de tant d'autres enfants dont la vie a été brutalement et irrémédiablement bouleversée en cette année 1992, des enfants qui non seulement ont vu la guerre et ses atrocités faire brutalement irruption dans leur vie mais qui ont aussi et surtout été arrachés à leur pays et à ceux qu'ils aiment.

En alternant les chapitres consacrés à Omar et Sen, Nada et Ivo ou encore à Danilo, Rosella Postorino évoque avec beaucoup d'humanité la solitude, la peur, l'importance des liens amicaux ou familiaux et la force de l'amour fraternel. A travers leurs parcours, elle dit la douleur de l'exil, les difficultés d'adaptation dans un nouvel environnement parfois hostile, l'importance de l'acquisition de la langue dans la construction sociale. Elle raconte les familles d'accueil, la rébellion, les souvenirs et le mal du pays. La douloureuse quête identitaire. Et puis, enfin, elle raconte la tragédie de ces enfants oubliés en Italie après la fin de la guerre.

« Que faisais-je tandis que l'Histoire avançait? Moi, je me contentais de t'aimer. »

A lire également sur le blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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J'ai lu ce livre pour mon libraire, je n'avais pas lu le précédent. Basé sur des faits historiques avec la guerre en ex Yougoslavie en fond, c'est un roman passionnant de bout en bout avec des personnages attachants, des histoires singulières et poignantes pour certaines. Parfois j'ai noté des problèmes de traduction à certains endroits mais rien de réellement gênant. Livre sur la maternité, le déchirement, les racines, la mémoire, la guerre, la quête et la survie. Mais pas de fin triste ni de fin totalement réjouissante, un entre deux vers de l'espoir…
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Ouvrir ce roman c'est repartir en 1992, le siège de Sarajevo commence, la guerre au coeur de l'Europe. Des enfants sont envoyés en Italie, voyage interminable, questions, doutes, arrachement. Comment vivre loin de cette ville, de ce pays, qui est tout ce qui leur reste d'identité.
On suit ces enfants sur plusieurs décennies, leurs espoirs, leurs parcours de vie, leurs attachements. Nada tient la main de Danilho, Omar celle de son grand frère Sen. Ivo est parti se battre, mais Nada ne pleure pas, jamais. Et l'Italie devient leur pays, vraiment ? Pour un temps ou pour toujours.
Et puis l'Histoire avance, la guerre se termine loin d'eux, mais elle reste en eux, pour eux tout reste une bataille, même l'amour.
Et puis les mères, que l'on cherche, que l'on attend, que l'on retrouve. Ce livre repose sur la force de l'amour maternel qui peut décider de toute une vie.
On quitte ces enfants au début des années 2010-2011, et inévitablement on se demande où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Même si, tout n'est que fiction, on sait que l'auteure s'est inspirée de témoignages d'enfants en exil.

Une pépite ! Un roman qui hante, pour la mémoire, pour ces enfants et tous les habitants de Sarajevo qui ont connu l'horreur pendant ces cinq années. Quand les armes se taisent, une autre guerre commence intime et secrète, à bas bruit, au plus profond des êtres, et le chemin est encore long vers la lumière.
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En pleine guerre de Bosnie des enfants sont envoyés en Italie dans un orphelinat afin de les préserver et de leur donner une nouvelle vie.
Il y a Omar qui attend désespérément des nouvelles de sa mère et qui s'interdit de vivre et son frère Sen qui ne veut qu'une nouvelle vie et est prêt à être adopté pour avoir une famille . Il y a Nada qui n'attend rien de sa mère et son frère Ivo trop grand pour partir et qui est enrôlé dans l'armée et il y a Danilo dont la famille est restée au pays et qui les attend avec impatience.
Ce livre est une claque . Écrit du point de vue des enfants c'est un témoignage de l'horreur vécue , du désir de s'en sortir malgré les pertes subies .
Et malheureusement c'est toujours d'actualité, autre pays mêmes dégâts sur les populations.
A lire absolument
Bonne lecture
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"Que faisais je pendant que L Histoire avançait?
Moi, je me contentais de t'aimer".

Sarajevo.
Omar, dix ans marche.
Aux côtés de sa maman.
Maman aux moustaches de chat.
Envie de se cramponner à elle.
Angoisse permanente de son absence.
Se serrer contre elle pour la respirer.

Le fracas retentit.
Une explosion.
Étreinte arrachée.
"Cours! Cours"
Omar s'enfuit.
"Maman, où es tu?"
Complainte perpétuelle.

A travers les histoires de vie d'enfants happés par le destin, Rosella Postorino nous conte L Histoire avec un grand H.

Omar et son frère Sen.
Nada, la fille à l'annulaire manquant et son frère Ivo.
Danilo, le garçon aux yeux bleus.
& tous les autres.

Enfants malmenés par une guerre dont ils savent rien.
Enfants laissés pour compte dans un orphelinat où la vie s'organise tant bien que mal.
Enfants emmenés en Italie pour les protéger des grenades qui explosent les vies.
Exil.

Autre pays.
Autre vie.
Autre religion.
Autre langue.

S'adapter.
S'intégrer.
Oublier ses racines.

Ou pas...

Omar, Sen, Nada, Ivo et les autres.
Enfants déracinés.
Des destins bouleversés.
Des vies troquées.
Des avenirs altérés.

Une histoire bouleversante, sensible, prenante.
Des enfants dont la vie alterne entre espoir, angoisses, résilience et questionnements de soi, de l'avenir.

Une histoire qui nous conte les nouveaux liens qui se tissent.
Et les liens indéfectibles du sang que l'on n'oublie pas.
Les liens au pays, aux racines.
Au passé et aux mamans, quels que soient leurs choix de vie.

Une histoire où l'espérance garde une part importante.
Malgré les destins fracassés.

A découvrir!
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