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3,54

sur 229 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà, ça y est : j'ai lu mon premier livre de Richard Powers !
Cet écrivain fait partie, pour moi, d'une liste de "plumes" que je rêve(ais) de découvrir et, en même temps, que je "crains" de découvrir tant la peur de ne pas posséder les clefs pour pénétrer leur écriture me fait reculer la rencontre.


Nebraska.
Rivière La Platte
Période de migration des grues du Canada.

Mark, en pleine nuit, quitte la route au volant de son camion. Que s'est-il passé ? Comment a-t-il pu perdre le contrôle de son véhicule, sur une route peu fréquentée à une heure tardive ? Que signifie un petit mot griffonné, apparemment en lien avec l'accident, qui sera retrouvé près de lui, les premiers jours de son hospitalisation ?
Mark a été victime d'un traumatisme crânien, il a des pertes de mémoires, notamment concernant les circonstances de l'accident et surtout ne reconnaît pas sa soeur en tant que telle : il voit une jeune femme qui ressemble énormément à sa soeur, mais ce ne peut être elle puisqu'il n'éprouve aucun sentiment d'affection à son égard, ce ne peut être que son sosie. A cause de cela, de ce syndrôme de Capgras dont il est victime, il n'est plus le même, ne reprenant pas pied dans la vie qui était la sienne.

Voilà pour le début du fil conducteur du récit qui va s'écouler sur un an de la vie de Mark, à la suite de son accident.
Mais finalement, ce n'est qu'un fil, Richard Powers nous emmène dans un roman époustouflant tant par son écriture que la profusion des sujets qu'il y fait apparaître.

C'est un roman sur la personnalité, sur les rapports humains, sociaux, sur l'héritage de l'enfance.
C'est un livre qui explore le domaine des neurosciences.
Un roman qui observe l'après-évènements du 11 Septembre dans une société déjà ébranlée d'une Amérique rurale.
Un récit qui dit le mensonge, l'absence, le silence et la solitude.
Et c'est aussi un roman sur la question écologique de cette région, sur la main humaine qui prend de plus en plus aux oiseaux en migration, causant leur raréfaction. Un roman sur l'attitude de chacun , dans ses choix de vie par rapport à la nature : alimentation, consommation, regard sur le monde animal…
On ne se lasse pas de suivre les grues dans leur voyage migratoire.



C'est foisonnant, ça part dans toutes les directions, on découvre tout un ensemble de sujets à creuser, on se pose mille questions.
Richard Powers manie dans une très belle langue, imagée, rythmée, au fil des émotions qu'il veut faire naître chez le lecteur. Il y a beaucoup de plaisir à lire cette façon d'écrire si originale, tant dans le choix des ponctuations que dans le rythme des phrases qui accompagne presque "musicalement " les faits racontés.



C'est un roman "qui perturbe" parce qu'il oblige à se demander si nos choix sont légitimes au quotidien, en regard de ce qui arrive au personnage principal.

Un magnifique moment de lecture qui ne s'arrête pas la dernière page tournée.
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Coup de coeur pour ce roman très fort qui parle à la fois de science neuro, d'identité, de relations humaines et d'écologie.

Dans le décor d'une petite ville du Nebraska, sur la rivière Platte, où se donnent rendez-vous les grues et les observateurs d'oiseaux, une niche écologique et un milieu humain particulier.

Lorsqu'il se réveille après un grave accident et des jours de coma, Mark semble aller mieux, il se rappelle qui il est, ce qu'il fait dans la vie, ses amis, sa mémoire revient… sauf pour une chose, il ne reconnaît pas sa propre soeur qui est à son chevet. Pour lui, c'est une impostrice qui ferait partie d'un vaste complot. Il souffrirait d'un syndrome rare qui fait en sorte que seules les personnes proches sont ignorées.

Si la situation de Mark est pénible, ce n'est pas non plus facile pour sa soeur. On touche ici le déchirement des proches de personnes atteintes de troubles neurologiques.

Avec la venue d'un célèbre neurologue devenu écrivain populaire, on explore l'aspect scientifique, les bizarreries de l'esprit, ce qui n'est pas sans rappeler « L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau » d'Oliver Sacks. Mais avec ces projets d'écriture pour le grand public, le chercheur n'en vient-il pas à dénaturer son travail?… Et quand est-il de son propre équilibre mental?

Un pavé, un grand roman qui touche plusieurs sujets actuels et associe la réflexion au plaisir de lire.
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Comment dire ? Ce fut une belle découverte….. Ce type est carrément un génie. La seule explication que j'ai trouvée face à l'ignorance de l'existence de cet auteur, est mon travail, qui à l'époque, ne me laissait aucun temps libre… Maintenant vous expliquez pourquoi vous devez lire ce livre va être plus compliqué. Nous partons dans le Nebraska, qui ressemble beaucoup à la Lozère…. Si, si, le genre de patelin qui vous colle à la peau quand vous y êtes né : soit vous restez et acceptez ce style de vie dans un bled où il ne se passe rien, enfin normalement, mais où tout le monde connait votre vie, soit vous fuyez pour vous faire une existence normale et anonyme. Mark est resté, Karin est partie. L'accident de Mark va faire revenir Karin. Les parents, des gens bizarres pour ne pas dire marginaux, sont décédés. Elle est seule pour s'occuper de son frère. Elle n'hésite pas, démissionne, vend son appartement malgré le fait que Mark, en se réveillant du coma, ne la reconnait pas, renoue avec un ancien petit ami, n'ose pas revoir son grand amour et se débat jour après jour pour connaître la maladie de son frère. Il y a aussi ce petit mot, retrouvé sur la table de chevet de l'hôpital de Mark, qui les intrigue tous les deux. La trame se met en place, doucement, sous le regard des grues revenues au pays (je parle des oiseaux….). L'arrivée de Weber, le célèbre neurologue va précipiter les évènements. Et si, je dis bien si, dans cette histoire, le malade n'avait pas vraiment besoin d'aide... Et si, ceux s'approchant de lui pour l'aider étaient plus vulnérables, fragiles puisque ils ont construit leur vie sur des faux-semblants… L'auteur un ancien informaticien et scientifique, ce qui explique sa ténacité face à la complexité de son histoire, nous emmène dans un voyage au centre du cerveau, dans la reconnaissance de notre moi profond. Il relie des personnages qui n'ont rien en commun, décrit, analyse. Un roman (pavé) captivant, superbe, à lire dans le calme.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Je me permets de dire que sans un intérêt pour le développement des neurosciences, ce livre perdra beaucoup de sa saveur
Weber est un scientifique qui s'intéresse aux neurosciences en particulier aux cas accidentels qui bouleversent la personnalité de patients.
Ce roman est un merveilleux labyrinthe dont les quelques protagonistes, ,et le lecteur, vont perdre plus que le sens de l'orientation, où le patient têtu ébranlera bien des convictions, y compris celles, et surtout celles de son médecin Weber, pourtant auréolé d'une célébrité dans le domaine.
Ce qui pourrait être un enchevêtrement indigeste, devient grâce au talent de Powers, un roman cohérent qui active toutes les zones de votre cerveau.
J'y reconnais le signe d'un grand roman.
J'ai éprouvé plus d'une fois un malaise en pensant que j'étais moi.
Ce livre n'a rien amélioré… au contraire.
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Il ne faut pas se laisser impressionner à la fois par sa taille imposante ni par son sujet difficile sous peine de passer à côté d'un très beau roman.

Karine, célibataire, se rend dans la petite ville du Nébraska où elle a passé son enfance pour se rendre au chevet de son frère victime d'un grave accident de voiture. Pensant partir juste pour quelques jours, Karine va devoir être contrainte de quitter son travail tant l'état de Mark est préoccupant, il est plongé dans le coma suite à un traumatisme crânien. Mark finit par se réveiller. Sauf qu'à son réveil, Mark ne reconnaît pas sa soeur, il reconnaît pourtant tout le monde autour de lui, il reste persuadé que la personne qui ressemble à Karine n'est pas Karine, c'est une actrice qui joue le rôle de sa soeur ou un clone…Pour le sortir de là, Karine fait appel à un neuropsychiatre médiatique.

Durant tout le roman nous allons suivre le combat de Mark pour retrouver ses facultés, sa vie d'avant l'accident, et celui de Karine, qui doit prouver à son frère qui elle est, elle qui est complètement perdue dans sa vie.

L'histoire se déroule lentement, entre les errements de Karine, des considérations écologiques sur les enjeux environnementaux du coin, et les discours médicaux, qui risquent de perdre certains lecteurs, mais difficile d'y échapper puisque c'est nécessaire pour la compréhension de l'histoire. On s'attache vite à ces personnages, ces frères et soeurs dont l'enfance n'a pas été rose, la vie adulte pas brillante, qui doivent construire un nouveau lien.

On sait que le cerveau recèle encore bien des secrets pour le corps médical, avec ce roman, Powers met ici en exergue les grandes questions existentielles : qui sommes nous vraiment ? Comment fonctionne la mémoire ? Quel est le lien entre le corps et l'esprit ?

C'est un roman très original, ambitieux, qui m'a passionnée et dont j'ai avidement tourné les pages, un très grand roman américain.
Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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Après avoir lu pour la deuxième fois "La chambre aux échos", j'ai pensé "il faut que tu dises pourquoi tu aimes Richard Powers et son écriture". Je comprends que l'on puisse s'y ennuyer, je comprends que l'on trouve son cheminement lent et poussif. Il y a ainsi des livres dans lesquels je n'arrive pas à entrer alors que les critiques sont excellentes.
Mais si vous aimez l'art d'allier une intrigue qui au final représente peu, des données "scientifiques", une observation fine de la nature humaine, il y a de grandes chances pour que ce roman vous apporte beaucoup. Par dessus tout il y a la description du vol des grues, leurs migrations et leur mémoire, puisqu'il semble que ce soit un enjeu de ce livre (et pas le seul) : la mémoire, et ce que nous en faisons, la mémoire comme un miroir à notre identité.
J'ai lu, je crois, tous les livres de Richard Powers : celui-ci deux fois, comme l'admirable "Trois fermiers s'en vont au bal". Je reste toujours avec l'admiration pour "Le temps où nous chantions", oeuvre aboutie qui allie musique et identité, sur fond de racisme. Ce sont des livres qui touchent à l'intime sans tomber dans le piège du pathos, sans essayer de nous appâter par des pirouettes d'écrivains. Les personnages y sont profonds, emplis d'une part secrète qu'il faut savoir débusquer, et beaucoup moins caricaturaux que ce que l'on pourrait penser, ils sont humains avec leurs contradictions et leurs faiblesses. En résumé, une lecture qui continue à cheminer même lorsque vous avez terminé le livre.
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Si « Lot 49 » est sans conteste une belle collection des éditions du Cherche-midi, avec ses écrivains américains aux styles et écritures hors normes, Richard Powers, avec « La chambre aux échos », en est l'un des meilleurs représentants, s'il n'est le meilleur selon moi.
Une histoire originale, portée par une trame qui se déroule sans jamais vous lasser, un domaine passionnant qui vous amène à mesurer la fragilité de nos consciences, des personnages très ordinaires, un cadre, le Nebraska, qui nous fait oublier New-York et la Californie des clichés US et surtout, une écriture d'une telle poésie que le livre n'est que rythmes, musiques, sensations.
« Et que le vaste monde poursuive sa course folle », de Colum Mc Cann a également cette force que recèle l'écriture des sentiments et des sens mais « La chambre aux échos » possède, en outre, cette histoire qui vous porte comme un thriller.
Il est l'un des six livres que j'emporterais avec moi sur une île déserte avec « L'ombre en fuite » de Richard Powers également. Alors, si vous voulez découvrir un grand auteur américain, lisez ses livres, sans hésitation.
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Roman indéniablement ardu mais d'une poésie qui laisse à genoux. La relation entre mémoire et migration des grues est pour moi la plus belle métaphore de la littérature des dernières années.
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Aux confins du cerveau: la déroute. Ou est la réalité? Qui est “moi”? Un livre vertige qui nous amène vers le doute du libre arbitre
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Il lui faut le temps, à Richard, pour placer tous ses coussins et nous installer confortablement…
Lien : http://morgouille.wordpress...
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