Proudhon écrit dans les années qui encadrent 1848. Il est pour la décentralisation, l'autonomie de l'individu (sa souveraineté), la liberté, la liberté en tout, partout et toujours. Cela passe par l'abattement de l'autorité, de toute autorité, à commencer par celle de l'Etat qui, par des lois, une police, des politiques, réduit la liberté, la souveraineté individuelle. Cela passe aussi par la disparition des banques dont les taux d'intérêt volent les citoyens. A la place, Proudhon suggère la liberté d'association, le mutuellisme (organisation des individus entre eux), et la banque du peuple, sans intérêt. L'Etat ayant disparu, il est remplacé par des réseaux de confédérations. Attention, Proudhon est visionnaire : on peut entrer ou sortir de ce réseau et les décisions y sont prises au niveau le plus bas. Aujourd'hui, cela se nomme critères de Copenhague, article 50 du TUE et principe de subsidiarité :-). Proudhon est socialiste en ce qu'il défend les ouvriers, libéral en ce qu'il prône l'indépendance de l'individu, conservateur en ce qu'il est ultra-mysogine. Il hait le communisme, qui instaure la misère, partout et toujours, et prétend renforcer l'Etat avant d'organiser son pourrissement. Alors qu'est-il Proudhon ? Radical, il scande: "l'anarchisme, c'est l'ordre". Alors voilà ce qu'il est, Proudhon : il est anarchiste.
L'ouvrage est une anthologie des écrits de Proudhon. De courts passages, souvent de moins d'une page, se suivent et sont organisés par thèmes. C'est très bien fait et permet une lecture agréable et dynamique. L'écriture de Proudhon étant talentueuse, on lit avec plaisir. Malheureusement, il est plus performant à saper les bases de la société de son époque qu'à véritablement proposer un modèle cohérent de son "ordre anarchique". Disons que l'époque contemporaine, avec son individualisme et son communautarisme, pourrait représenter un terrain fertile pour la pensée de Proudhon. Si quelqu'un connaît des ouvrages qui actualisent Proudhon, cela m'intéresse.
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Du reste, je ne fais pas de système : je demande la fin du privilège, l'abolition de l'esclavage, l'égalité des droits, le règne de la loi. Justice, rien que justice ; tel est le résumé de mon discours ; je laisse à d'autres le soin de discipliner le monde.
Ironie, vraie liberté ! C'est toi qui me délivres de l'ambition du pouvoir, de la servitude des partis, du respect de la routine, du pédantisme de la science, de l'amiration des grans personnages, des mystifications de la politique, du fanatisme des réformateurs, de la superstition de ce grand univers et de l'adoration de moi-même...
Viens, souveraine : verse sur mes concitoyens un raison de ta lumière ; allue dans leur âme une étincelle de ton esprit : afin que ma confession les réconcilie, et que cette inévitable révolution s'accomplisse dans la sérénité et dans la joie.
Sainte-Pélagie, octobre 1849.
La Liberté produit tout dans le monde, tout, dis-je, même ce qu'elle y vient détruire aujourd'hui, religions, gouvernements, noblesse, propriété.
De même que la Raison, sa soeur, n'a pas plus tôt construit un système qu'elle travaille à l'étendre et à le refaire ; ainsi la Liberté tend continuellement à convertir ses créations antérieures, à s'affranchir des organes qu'elle s'est donnés et à s'en procurer de nouveaux, dont elle se détachera comme des premiers, et qu'elle prendra en pitié et en aversion, jusqu'à ce qu'elle les ait remplacés par d'autres.
Sainte-Pélagie, octobre 1849.
La Liberté, comme la Raison, n'existe et ne se manifeste que par le dédain incessant de ses propres oeuvres ; elle périt dès qu'elle s'adore. C'est pourquoi l'ironie fut de tout temps le caractère du génie philosophique et libéral, le sceau de l'esprit humain, l'instrument irrésistible du progrès.
Sainte-Pélagie, octobre 1849.
En philosophie, le communisme ne pense ni ne raisonne ; il a horreur de la logique, de la dialectique et de la métaphysique ; il n'apprend pas, il CROIT. En économie sociale, le communisme ne compte ni ne calcule, ; il ne sait ni organiser, ni produire, ni répartir ; le travail lui est suspect, la justice lui fait peur.
Charles FOURIER ou le bonheur du peuple
La vie et la pensée de
Charles FOURIER sont retracées à travers des lieux significatifs ainsi que de nombreux
documents d'Archives, gravures,
photos et
peintures.Ce sujet fait partie d'une série intitulée "Les utopistes du XIXe siècle". Deux autres volets sont consacrés à :
Pierre Joseph Proudhon et Gustave COURBET, également Francs Comtois.
Charles FOURIER est né à Besançon en...