Siegfried Ziegler se rend à Saint-Quentin- en- Yvelines, ville nouvelle faite de bureaux et consacrée au "hi-tech", pour tuer un petit garçon, fruits des amours entre Ettore et Mara lors d'une tuerie entre gangs au "Marseille". Tout doit disparaître, et pour Ziegler "dit "Zig" ce n'est qu'un contrat comme les autres.
Or, il y a les amours contrariées : Zig aime sa cousine Nina qui elle aime Raymann qui lui est amoureux de Mara, veuve d'Ettore qu'il a tué au "Marseille". On nage en pleine
tragédie shakespearienne.
Tout se joue dans un décor de ville nouvelle, non loin de Port-Royal-des-Champs, entre une humanité désincarnée où des terroristes –vus comme au loin- posent des bombes. La population de cette ville est décrite comme un fantôme avec sa vie trop réglée. Les truands et leurs égéries s'incarnent d'autant plus comme un monde ancien, peut-être plus proche de celui de Racine et de
Blaise Pascal, anciens pensionnaires de Port Royal, dont des phrases entières reviennent dans le cerveau de Ziegler qui se perd et commence à lâcher prise dans cette ville entre ses meurtres, son contrat, sa cousine qui ne sait pas ce qu'elle veut et son meilleur ami, Pelo, homosexuel papa-poule qui s'occupe des enfants de Mara dont la petite fille -qu'on appelle "Petite Fille"- très agitée et qui se tord en convulsions comme si elle sentait la violence d'un monde qui n'est pas pour elle. Il y a aussi petit garçon qu'on nomme "Petit Garçon".
Entre les racines au sens propre d'un monde de pureté mystique incarné par Port -Royal et son abbaye de jésuites, et le monde hi-tech des cadres au plan de carrière tout tracé où rien ne dépasse, les "héros" même avec leurs multiples défauts, ont l'air -du moins c'est ainsi que le narrateur les présente- d'être les derniers vrais humains, un groupe de tontons flingueurs bonhommes.
Le style de Prudon se référant à la tragédie grecque, consiste à mettre dans la bouche de ses personnages de longs monologues comme dans
Sophocle ou
Eschyle. Ambiance très étrange et souvent malsaine. On sent planer la mort mais quand elle vient, c'est en coulisses.