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sur 1316 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Qu'il est bon que la littérature nous rappelle que « tous les matins du monde sont sans retour » (page 107 de l'édition folio N° 2533) !
J'ai vu hier soir le magnifique film d'Alain Corneau, réalisé à partir de ce livre en 1991 et j'ai voulu comparer. Une centaine de pages à lire en un peu plus d'une heure et presque deux heures de film, quel ravissement des sens ! La concision du livre est remarquable. C'est un plaidoyer pour la vie avec comme fil conducteur une réflexion sur les affres de la création artistique (la musique et la peinture avec les natures mortes que Sainte Colombe commande), sur le deuil, sur la nature et sur l'amour.
Je termine mon modeste éloge par cette citation symbolique (page 90) :  « Ne soyez pas dans l'inquiétude. Votre barque est pourrie depuis longtemps dans la rivière. L'autre monde n'est pas plus étanche que ne l'était votre embarcation. »
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Quel livre! Quelle merveille! J'ai lu avec grande émotion ce superbe texte, me remémorant le si beau film d'Alain Corneau. Une histoire toute simple en vérité, un Maître de musique, spécialiste de la viole de gambe, vivant en reclus après la mort de sa femme - décès dont il ne se remet pas - avec ses deux filles, et sa passion la musique. Monsieur de Sainte Colombe ayant refusé les honneurs de la cour du roi Louis XIV, ne vit que pour l'art musical, n'existe que par la musique. Amour de la musique qui transpire tout au long du roman, où le lecteur comprend qu'interpréter avec talent de la musique ne fait pas de l'exécutant, si habile soit-il, un musicien. Il faut vibrer avec son instrument, il faut que la musique soit capable de réveiller les morts. Ce roman très court est rédigé de main de maître par Pascal Quignard. Une bien belle oeuvre!
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Ce court texte, austère et profond comme le son de la viole, est une pure merveille.

Il est rare que la lecture convoque aussi puissamment tous mes sens : l'ouïe bien sûr puisque ce roman parle de musique, seule à même d'exprimer l'insondable tristesse des âmes en peine et de dialoguer avec les morts; mais aussi l'odorat, avec la perception du délicat fumet de la brume sur la Bièvre et du bois humide aux abords de la chaumière retirée de Monsieur de Sainte Colombe ; ou encore la sensation du mouvement, celui de l'archet sur le crin ou du pas de Marin Marais crissant dans la neige.

Il est difficile de rester insensible à ce récit initiatique qui verra l'élève Marais, après avoir épuisé tous les ors et plaisirs du monde, revenir à son maître qui s'en est depuis bien longtemps retiré, pour entendre véritablement, ayant enfin appris à pleurer, la leçon de musique de ce dernier.

Tant de richesse sertie dans tant de sobriété : un moment de belle littérature qui laisse un délicieux vague à l'âme.
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Aussi beau qu'un air de viole de gambe au fond d'un pavillon campagnard..

Tout petit livre, grande inspiration- pages confondantes sur la musique et la perte, sur l'art de compenser l'une par l'autre.

Secret, simple, puissant chant de deuil et de regret. Le film qui en est l'adaptation est, lui aussi, un pur éclat de chagrin et d'harmonie.

Une écriture classique, sans afféterie, presque janséniste. Magnifique!
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Il est toujours très difficile de « passer au livre » quand un film vous a tant touché… Ce fut, en tout cas le cas pour moi et « Tous les matins du monde ». Amateur de musique baroque en général et de viole de gambe en particulier, et de Jordi Savall et Marin Marais… j’ai vu dès sa sortie le merveilleux film d’Alain Corneau ; tout en ignorant bien sûr, jusqu’à l’existence du livre et celle de son auteur. Existence qui m’apparaîtra bien vite tant le succès du film, sorti la même année que le livre (1991) aura contribué pour beaucoup à la découverte de la musique baroque et à celle de Pascal Quignard…

Il m’aura fallu 25 ans et la fermeture de la bibliothèque de mon entreprise pour me le procurer comme par hasard…

Une fois de plus, quel choc ! Un texte court, épuré… Une partition dont les fulgurances poétiques sont les appogiatures… Et puis comment faire plus simple et plus évocateur que l’incipit : « Au printemps de 1650, Madame de Sainte Colombe mourut. Monsieur de Sainte Colombe ne se consola pas de la mort de son épouse. Il l'aimait. C'est à cette occasion qu'il composa ‘le Tombeau des regrets’ »… Tout est dit. Le livre peut s’arrêter là.

Non, bien sûr, il ne s’arrêtera pas là, ce qui nous priverait d’un chef d’œuvre. Bien sûr, l’amour de Monsieur de Sainte Colombe pour sa femme le plonge dans une tristesse incommensurable, voisine de la folie. Mais que dire de celle de sa propre fille amoureuse de Marin Marais qui la jettera comme kleenex après usage… Et la musique, dans tout cela ? La musique ? Elle est le principal personnage de ce joyau, et pour moi, guitariste besogneux, le « vous jouez de la musique, Monsieur… Mais vous ne serez jamais musicien » me hante chaque fois que je pose mes mains sur le noble instrument.

Bon soyons bref : un véritable chef d’œuvre que ce « Tous les matins du monde »…
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"Tous les matins du monde sont sans retour"
Cette phrase donne la tonalité de l'écriture de ce magnifique petit livre.
Pascal Guignard est violoncelliste lui-même, cela lui confère- t-il ce pouvoir presque magique de rendre et de donner tant d'émotions à la musique, je le crois..

"Que recherchez vous, Monsieur dans la musique ?
Je cherche les regrets et les pleurs."

Le violoncelle ou la viole nous inspire la mélancolie, la fuite du temps. On comprend que l'épouse morte de Monsieur de Sainte Colombe lui apparaisse, jamais le fil ne s'est rompu entre eux.

J'ai vu bien sûr le film magnifique qui a été tiré de ce livre avec l'interprétation époustouflante de Jean Pierre Marielle.
Alors, pour nous consoler de ces temps où il est impossible d'aller écouter un bon concert, relisons Tous les matins du monde, une fois encore...

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J'ai découvert "Tous les matins du monde" et ce petit livre (moins de 150 pages) fut un régal. Je l'ai d'ailleurs recommandé à mon cher et tendre (de l'époque!). Il n'aime pas les romans mais celui ci devrait lui plaire.

L'histoire d'un homme et de son histoire d'amour avec sa femme (morte) mais aussi et surtout la musique. Une musique qui transcende ce livre. Il y est également question de ses deux filles dont l'une sera trahie par la musique finalement mais aussi de politique.

1ere phrase

"Au printemps de 1650, Madame de Sainte Colombe mourut."

C'est un joli livre, il m'a donné envie de voir le film. J'ai aimé l'écriture. J'aurais aimé qu'il dure plus longtemps. Les mots évoquent la musique mais aussi des images.
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Une histoire toute simple en vérité, un Maître de musique, spécialiste de la viole de gambe, vivant en reclus après la mort de sa femme - décès dont il ne se remet pas - avec ses deux filles, et sa passion la musique.
Monsieur de Sainte Colombe ayant refusé les honneurs de la cour du roi Louis XIV, ne vit que pour l'art musical, n'existe que par la musique.
Amour de la musique qui transpire tout au long du roman, où le lecteur comprend qu'interpréter avec talent de la musique ne fait pas de l'exécutant, si habile soit-il, un musicien.
Il faut vibrer avec son instrument, il faut que la musique soit capable de réveiller les morts.
Ce roman très court est rédigé de main de maître par Pascal Quignard.
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Pascal Quignard livre ici un texte court, qui frappe à la fois par la simplicité et l'élégance classique de la narration, par son sens du drame, du raccourci et de la chute...Je n'ai pu m'empêcher de penser aux meilleurs contes et nouvelles de Maupassant ou Flaubert.

L'histoire se déroule au milieu du XVIIè siècle. Monsieur de Sainte-Colombe est un vieux musicien de viole de gambe dont la femme est morte quelques années plus tôt et qui élève seul ses deux filles Madeleine et Toinette. Bien que vieillissant, sa réputation n'est plus à faire et Louis XIV aimerait le faire jouer à sa cour. Sainte-Colombe refuse, il est devenu un ours solitaire qui, se retranchant dans la cabane de son jardin, ne joue plus que pour son seul plaisir...et pour le fantôme de sa femme défunte.

Un jour se présente un jeune homme qui souhaite prendre des leçons du vieux maître...Séduisant et talentueux, Marin Marais ne va pas tarder à semer le trouble auprès des deux filles et ses relations avec Sainte-Colombe vont être pour le moins orageuses.
C'est que Marin Marais est ambitieux, et contrairement à son Maître n'a pas les mêmes réserves tant dans sa vie personnelle qu'artistique...

Sous l'apparence d'une histoire simple, l'auteur parvient grâce à un ton sobre tout en finesse et classicisme, à nous faire sentir la complexité des sentiments des personnages, où s'impose Sainte-Colombe, personnage au caractère impressionnant, ambivalent et finalement attachant : solitaire, orgueilleux, bourru, jaloux, mais aussi mélancolique, pudique et généreux sous son apparent coeur de pierre.

Un bel hommage aussi à la musique, et une superbe évocation du temps qui passe, des souvenirs, de la transmission du savoir-faire artistique, mais aussi sur l'amour éternel, la condition de la femme en ce temps-là, tout cela étant exprimé avec un style subtil, sensible sans jamais sombrer dans le pathos...et bien sûr reviennent en mémoire les scènes du superbe film de Jean-Paul Rappeneau et l'interprétation magistrale de Jean-Pierre Marielle (comme Pascal Quignard, icaunais d'adoption et de longue date !), qui a trouvé là le plus beau rôle de sa carrière.

Sans doute le texte le plus accessible, le moins exigeant, de Pascal Quignard. A conseiller pour donner l'envie d'autres, et notamment, j'aime le répéter, de découvrir 'les solidarités mystérieuses", qui m'a énormément plu.
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J'avais vu et aimé le film mais n'avais jamais lu le livre. C'est chose faite en ce magnifique dimanche de février au parc. Car la brièveté du livre m'a permi de le lire en deux heures tout en prenant tout de même le temps d'apprécier la langue. Car c'est fort bien écrit et c'est un régal.
Je suppose inutile de présenter l'histoire de ce monsieur de Sainte Colombe (quel beau nom). Difficile de départager dans ce roman ce qui relève de l'imagination de l'auteur de ce qui est attesté. Il semble certain que Jean de Sainte-Colombe était réellement porté vers l'ascétisme étant protestant. Il est certain qu'il fut le maître de Marin Marais, mais les relations qu'ils entretenaient ne sont pas connues, si ce n'est que Marin Marais lui rendit hommage avec le Tombeau pour monsieur de Sainte-Colombe. L'aventure de Marais avec les deux filles de Sainte-Colombe est imaginaire, et nous ignorons si le musicien fut un mari si amoureux. Il semble par ailleurs qu'il ait eu un fils, absent du livre, qui était également violiste et émigra en Angleterre.

Peu importe que, par exemple, les si belles répliques de cet homme aux musiciens venu le solliciter au nom du Roi Louis XIV soient fausses, cela ne change rien au plaisir de les lire.

Ce livre eut en tout cas, outre le plaisir de la lecture, l'avantage de faire connaître ce grand compositeur et musicien.
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