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3,98

sur 660 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je suis ravie d'avoir enfin lu ce roman de Ron Rash qui a obtenu le grand prix de la littérature policière 2014 (littérature étrangère). Ce roman était présent dans ma PAL depuis un bon moment. C'est un écrivain et poète américain que je vais indiscutablement suivre. Une terre d'ombre se déroule en Caroline du Nord dans une vallée que ne réchauffe presque jamais le soleil. Les châtaigniers meurent de maladie. Les oiseaux ont pratiquement disparu, pourchassés. Une seule ferme, où vit Laurel, une jeune femme et son frère, Hank. Leur parents sont morts. Laurel est ostracisée par les villageois à cause d'un tache de naissance. Elle a vécu seule pendant les années que durèrent la Grande Guerre. Son frère est rentré amputé d'une main avant la fin des hostilités. Seul, Slidell, un vieil homme les épaule.
Les évènements se déroulent quelques mois avant l'armistice. Depuis son retour, Hank travaille durement à la ferme afin de convaincre la famille Weatherbee de sa force de travail. Carolyn et lui pourraient ainsi se marier. Depuis, le retour de son frère, Laurel se sent moins seule. La solitude l'accompagne depuis sa naissance et son exclusion de l'école, ou elle brillait. Les superstitions ont encore la peau dur à Mars Hill en ce début du XXe siècle et la Première guerre mondiale exacerbe la xénophobie et les peurs. Pourtant, un sentiment d'espérance anime le coeur de Laurel. Une douce musique entre dans sa vie lorsqu'elle découvre un homme dans les fourrés, à la lisière d'un ruisseau. Il joue du fifre. Elle le retrouve quelques jours plus tard, dans le fourré de rhododendrons couvert de piqûres de guêpes ou de frelons et fiévreux, encore vivant. Elle le porte jusqu'à la ferme et le soigne malgré l'inquiétude de son frère. Un mot dans une poche de son pantalon les renseigne sur son nom et son mutisme. Walter Smith est muet. Il devait rester quelques jours. Il reste plusieurs mois. Laurel s'émerveille. Elle s'éveille à sa féminité au contact de cet homme marginal. Il aide Hank à clôturer la ferme et à construire un nouveau puit. La vie semble revenir dans ce vallon maudit. Une parenthèse avant le retour à une réalité hostile et meurtrière.
Le style est poétique. La nature comme la nature humaine sont décortiqués avec précision. C'est un magnifique roman dramatique.
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Lire un livre de Ron Rash c'est à la fois s'imprégner de la beauté, même si elle semble parfois hostile aux yeux des humains, d'une nature sauvage et intemporelle, mais aussi faire face à une partie humaine peu reluisante, faite d'à priori et surtout d'ignorance et de bêtise.
Et puis il y a ces personnes bienveillantes, d'une grande humanité et pour qui il est difficile de vivre tranquille parce qu'ils font peur. La différence fait peur alors qu'elle pourrait être un atout m, une richesse même, mais on ne peut pas en demander trop à des esprits faibles et peu éduqués voire instruits.

Alors j'ai su que l'histoire de Laurel et Walker si pleine d'espoir, si simple et belle, serait dramatique. Ce fut comme un doux rêve où la musique qui retentissait dans ce lieu sombre et isolé, jouée par Walter et sa flûte d'argent, apportait un nouvel horizon pour Laurel et son frère Hank.
Sur fond de 1ere guerre mondiale , le destin des uns et des autres se joue à quelques notes, légères et mélancoliques.
La bêtise humaine n'en finit pas de faire des ravages depuis si longtemps que même à travers la littérature, on peut la voir à l'oeuvre, encore et toujours.
Alors ça donne de belles histoires sombres et magnifiques écrites par des auteurs tel que Ron Rash.
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"une terre d'ombre", c'est ce vallon lugubre, au coeur des forêts appalachiennes, terres sacrées des cherokees, et dominé par une falaise...le soleil peine à y pénétrer. C'est une terre maudite dans laquelle s'est ancré le malheur depuis des décennies, mais où Hank et sa soeur Laurel se sont installés dans la ferme de leurs parents.
Hank revenu manchot de la Grande Guerre qu'il est allé faire en Europe. Laurel, toute dévouée à son frère, qui attend juste que commence enfin sa vie. Un destin fait d'une solitude à 2, de travail, rejetés qu'ils sont par la communauté voisine, toute pétrie d'ignorance, de préjugés et d'un patriotisme cocardier fort dangereux.
Jusqu'à cette improbable rencontre de Laurel avec un vagabond muet, Walter, divin joueur de flûte, qu'elle ramène à la ferme et qui s'intègre silencieusement au couple frère-soeur. Et Laurel, grâce à lui, de s'octroyer enfin le droit de s'ouvrir à l'espérance d'une vie nouvelle où son coeur et son corps pourraient enfin s'exprimer.
Mais est-il possible de briser son destin ?
Car dans ce vallon va sourdre un drame, si magnifiquement rendu par l'écriture de Ron Rash.
Cet homme est un magicien, divinement habité par cette nature appalachienne sauvage dont il fait un personnage de son roman. Cette nature avec laquelle parviennent à communier Laurel et sa pureté, Walter et sa musique.
R. Rash est un poète d'une extrême sensibilité qui parvient à vous faire sentir aussi bien l'odeur enivrante des clématites et la transparence de l'air que la délicate sensualité des émois de Laurel.
Mais la violence aveugle et meurtrière surgira de ce vallon. tensions et conflits résultant de la guerre, frustrations, lâcheté des planqués, ignorance et bêtise crasse des "veaux" revanchards.
Somptueux. Brutal. Noir. Envoûtant. Lyrique. Romanesque. Emouvant. Social. Puissant. Tragique.
"Une terre d'ombre", c'est tout cela à la fois et c'est superbe !!!
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Ron Rash, poète des Appalaches nous livre un drame poignant.

Hank est un vet' qu'à perdu une paluche à la guerre, à ne pas confondre avec le vet' qui vous ampute votre PEL quand votre matou a un ongle incarné. On parle ici du genre de bonhomme taiseux qui revient bien amoché d'une guerre que sa nation entend gagner en enrôlant un max de jeunots grâce au clairon patriotique.

Il revient avec les honneurs, une pogne en moins, une soeur à protéger, une ferme à retaper et une bague à passer au doigt, c'est à se demander où il était le plus tranquille.

Pour couronner le tout son père à acheter un lopin de terre considéré comme maudit par les gens du coin et la tâche de naissance de sa soeur n'arrange rien au plan galère. Chiottes mec, c'est pas l'moment pour toi de jouer à l'euromillion.

L'affaire part mal je vous l'concède, mais ce fichu poète de Ron Rash soutenu par l'excellente traductrice Isabelle Reinharez, nous insuffle toute la beauté des Appalaches et en quelques lignes on se voit happé par le tourne-page de qualité supérieure.

Une oeuvre forte en émotions, en sensations, une nature si bien décrite qu'elle en serait palpable, une tension dramatique qui est posée avec justesse malgré des personnages manichéens, il y a un sens du récit maîtrisé de bout en bout.

Rash peint avec malice et sensibilité un quotidien de personnages modestes que l'histoire oubliera bien vite, mais pas le lecteur que je suis.

Encore une lecture qui me donne profondément envie de replonger dans cette région folle qu'est celle des Appalaches. Ron Rash rejoint David Joy, Daniel Woodrell, Chris Offutt et une poignée d'autres auteurs qui proviennent d'une source inégalable d'inspiration littéraire aussi cruelle que belle, aussi torturée qu'addictive et aussi noire que lumineuse.
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Au fin fond des Appalaches, en Caroline du Nord, se trouve la crique, un endroit sombre et interdit où errent les esprits et les sorcières, et où "même la lumière a peur de voyager". C'est ce que croient les habitants de Mars Hill, tout comme ils savent que Laurel Shelton, la jeune femme solitaire qui vit dans l'ombre, est une sorcière. Seule, à l'exception de son frère, Hank, qui vient de rentrer des tranchées en France, où il a perdu un bras, elle attend avec impatience que sa vie commence.

C'est alors qu'un étranger apparaît, ne portant rien d'autre qu'une magnifique flûte en argent et une note expliquant qu'il s'appelle Walter, qu'il est muet et qu'il se dirige vers New York. Laurel le trouve dans les bois, presque mort par des piqûres de guêpes jaunes, et le soigne. Au fil des jours, Walter se glisse facilement dans la vie de la crique et dans le coeur de Laurel, lui apportant le seul vrai bonheur qu'elle ait jamais connu.

Mais Walter cache un secret qui pourrait tout détruire - et le danger est plus proche qu'ils ne le pensent. Bien que la guerre en Europe soit sur le point de se terminer, la ferveur patriotique s'épanouit grâce à Chauncey Feith, un jeune recruteur de l'armée ambitieux qui attise la peur et l'indignation dans tout le comté. En ces temps d'incertitude, où règnent la peur et l'ignorance, Laurel et Walter vont découvrir que l'amour ne suffira peut-être pas à les protéger.

Ce récit lyrique et déchirant, aussi envoûtant que son prédécesseur primé, Serena, montre une fois de plus ce romancier magistral au sommet de son art.
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En pleine seconde Guerre Mondiale Hank, ancien soldat à qui il manque une main, s'occupe de la ferme familiale en compagnie de Laurel, sa soeur. Celle-ci porte une tâche de naissance qui dans les contrées reculées est encore perçue comme une marque du diable. Beaucoup la considèrent comme une sorcière. Autant vous dire que seule, dans un vallon sombre peu propice à faire pousser quoi que ce soit de comestible, Laurel en a bavé quand son frère était au front.

Seul Slidell un vieil homme au coeur brisé mais toujours débordant d'humanité n'a que faire de ces idioties. Laurel et Hank il les aime comme ses enfants et ils le lui rendent bien. Mais Hank et Laurel sont jeunes et aspirent à autre chose qu'une vie de labeur dans ce vallon qui semble maudit. Une terre qui prend mais qui offre si peu. Cette terre d'ombre où rien ne pousse, où tout meure. D'autant que ce décor et cette désolation ne font qu'alimenter les préjugés sur Laurel et la malédiction qui soit disant l'accompagne. Alors quand entre en scène un jeune homme inconnu, tout le monde se prend à rêver à un avenir meilleur.

Sous ses airs simples et sans prétentions ce roman est d'une grande beauté. Pas de remue-ménage, ni de scènes mouvementées. Lire Ron RASH c'est arrêter le temps. Au milieu de cette nature sauvage et revêche, il nous incite à regarder la vie qui s'écoule au rythme d'une rivière, d'une saison, du son d'une flûte. Il nous invite à apprécier chaque instant même le plus insignifiant et coutumier. A prendre conscience des bonheurs simples. Mais au-dessus de nous plane aussi cette ambiance feutrée, parfois étouffante, et cette menace à la fois insaisissable et omniprésente. Toujours sur le qui-vive mon coeur se serrait à mesure que je sentais l'inéluctable se rapprocher, mais j'étais loin du compte.

Ron RASH nous décrit aussi un tableau sombre de l'être humain, de sa couardise et de sa bêtise. La peur de l'autre de l'inconnu et de la différence n'a jamais amené rien de bon et pourtant cela perdure. Il y a quelque chose de presque palpable dans cette haine latente qui anime les envieux ; frustrés par ce qu'ils ne seront jamais et avides de le détruire pour ne plus l'avoir sous les yeux et ne plus en souffrir : le courage, la force, la fierté, la ténacité... peu importe.

J'ai aimé cette plume mélancolique et poétique. Il y a quelque chose de pure et de viscéral dans ce récit. Habitée par les mots, enveloppé par l'ambiance, c'est une lecture qui se vit.

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Premier livre que je lis de Ron Rash et sûrement pas le dernier tant celui ci m'a plu. le livre nous plonge dans une nature superbement retranscrite dans un vallon durant la période de la première guerre mondiale. l'histoire et Ses personnages sont très attachant comme Laurel ou son frère Hank. Un livre qui vous tiens en haleine jusqu'au final. je le recommande vivement.
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Un roman bien sombre comme le vallon humide où le soleil est toujours caché par les falaises.

C'est l'histoire d'un fermier qui s'est établi près d'un bois de châtaigniers dont les arbres meurent avant la récolte. C'est une mère qui se blesse et un père au coeur fragile.

C'est une femme au visage marqué par une tache de naissance violette. Rien de grave, sauf si on considère que c'est un signe, elle est un « porte-malheur », une sorcière dont on refuse de s'approcher. On l'évite, on crache et on répand du sel pour conjurer le mauvais sort. La femme habite avec son frère, blessé pendant la Première Guerre mondiale. Elle travaille sur leur ferme dans la vallée maudite. Une existence sans espoir, jusqu'au jour où elle entend un peu de musique…

Un roman d'une vie rurale, avec les durs travaux et les espoirs de récolte, mais aussi avec les superstitions et les lâchetés qu'elles génèrent. Une campagne reculée, où on n'hésiterait pas à lyncher l'étranger.

Un roman bien sombre, mais une bien belle lecture!
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Le « prière d'insérer » du Seuil résume l' histoire et l'intérêt de « The Cove » (Harper Collins) : La vie et les envies de Laurel, victime de son environnement naturel ( un vallon isolé des Appalaches, avec champignons toxiques) ), d'une tache de naissance qui lui vaut humiliations et rejet, d'un village ignorant et superstitieux, miné en 1918 par une fièvre militaire hostile aux « Huns », responsables des morts et mutilés de guerre.
Aux fanfares, Laurel préfère la mélodie d'un mystérieux flûtiste. A l'obscurité du lieu et à l'obscurantisme des habitants, elle voudrait tant les lumières d'un New York fantasmé ou les fastes du paquebot dont elle entend parler.
le début intrigue comme un conte de fée maléfique dont le lecteur redoute les mauvais présages  car l'auteur entrebâille les multiples portes par lesquelles pourrait entrer le mauvais sort. Serait-ce au cours des trajets de Laurel à l étang, pendant le creusement d'un puits à la ferme, ou suite aux règlements de compte de jeunes gens du village ?
Les personnages sont attachants : le frère de Laurel, mutilé, ardent au travail, et qui cherche le bonheur, le vieux toujours prêt à rendre service, l'institutrice affectueuse et avisée, l'intellectuel discret et secret. Des Humbles, bien différents des amateurs de gloriole, des « complotistes » soupçonneux et malveillants. Et ce musicien sensible égaré dans un monde hostile.
L'intrigue de ce Western tragique est adroitement tissée pour faire vivre un monde complexe sous le signe des pressentiments, dans l'incertitude d'une époque troublée.
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J'ai récemment découvert Ron Rash grâce à mon libraire (#ReservoirBooks) qui m'avait recommandé de lire Un pied au paradis que j'ai dévoré. J'ai prolongé mon séjour dans son univers avec Une terre d'ombre qui confirme cette bonne impression.
Deux tombes, un squelette retrouvé au fond d'un puit à la veille des 1960s… Ron Rash nous fait remonter dans le temps pour nous raconter l'histoire qui a conduit à cette découverte. Nous sommes (toujours) dans les Appalaches, en Caroline du Nord, dans les derniers mois de la première guerre mondiale. Hank, amputé d'une main, rentre de la guerre et retrouve sa soeur Laurel qui vit seule dans une maison isolée dans un vallon maudit. Un musicien vient illuminer les journées de Hank et surtout de Laurel, jusqu'à… ce qui conduira à la découverte décrite au début du récit.
J'ai été beaucoup touchée par le personnage de Laurel, à sa « résilience » (même si c'est un mot que je n'aime pas beaucoup), à sa relation à la solitude, au message d'espoir qu'elle renvoie. C'est un personnage que je garderai avec moi un petit moment et que je suis triste de quitter.
Ce roman me laisse l'impression d'un conte, noir, mais d'un conte quand même... qui me donne envie de rester dans les Appalaches encore un petit peu.
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