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EAN : 9782226328786
496 pages
Albin Michel (17/08/2016)
3.88/5   206 notes
Résumé :
Août 1918. Un jeune officier français amnésique est soumis à un violent traitement d’électrochocs.

Fils d’un banquier parisien, normalien, Charles Hirscheim parle aussi bien le français que l’allemand. Tout cela il l’ignore, jusqu’à son propre nom. Son père a choisi délibérément de renvoyer à l’anonymat cet enfant adultérin qu’il hait. Mais le jeune homme intéresse au plus haut point le Deuxième Bureau qui l’infiltre dans l’armée allemande en le fais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 206 notes
C'était à Verdun, au plus fort des combats. On l'a retrouvé coincé dans un trou, d'où seule sa tête dépassait de la boue. Il ne portait pas sa plaque d'identité militaire. Comment s'appelle ce malheureux survivant du champ de bataille ? Charles ? Gustave ? Robert ? Personne n'en sait rien, ni lui non plus. L'homme qu'il était avant s'est mis à l'abris du carnage, de la grande boucherie qui l'entourait, et s'est égaré dans les replis les plus profonds de sa mémoire. Sa vie n'est désormais « plus que des bribes de souvenirs et de connaissances qui ne lui disent rien de l'homme qu'il était vraiment ». Quelques images fugaces – le sourire tendre, protecteur, lumineux d'une maman, le regard sans vie de Maurice mort à ses côtés, une main tendre qui se pose sur son épaule, le fracas infernal des obus - se contentent de remonter à la surface du néant de son existence.
Un homme sans passé, sans mémoire, qui peut être n'importe qui, voilà l'espion idéal ! le général Joseph Durand, ce monstre froid et cynique ne s'y trompe pas. Il lui suffira d'un gros mensonge, d'une dissimulation honteuse pour faire de Charles ? Gustave ? Robert ? un jouet à sa disposition qu'il jettera sans vergogne dans une histoire qui n'est pas la sienne.
Charles ? Gustave ? Robert ? continue à vivre avec sa mémoire amputée et ses petits bouts de souvenirs auxquels il s'accroche désespérément. Dans un Berlin qui crève la faim et perd la tête, il tombe amoureux. Il voit ses amis succomber, déchiquetés par les balles, tandis que lui, sans nom ni passé, survit.
Sa petite histoire d'espion débutant vient alimenter et se confondre avec la Grande. Car si l'armistice est signé, si les armées sont rentrées chez elles, la guerre, elle, continue. Clémenceau rugit et veut briser les reins de l'Allemagne. Georges Lloyd ne songe plus qu'à commercer avec les vaincus. Wilson sermonne, prêche et rêve de sa Société des Nations qui anéantirait les périls nationalistes. Les juifs sont plus que jamais montrés du doigt, et les généraux allemands préparent en cachette leur revanche. Les dés sont déjà jetés, et tout est prêt pour la prochaine.
Un beau et bon livre, haletant, sans temps morts. Un vrai roman d'aventure. Quel personnage, notre amnésique, si naïf, si désemparé, qui cherche à tâtons dans la nuit les morceaux éparpillés de sa vie ! Les dernières pages sont intenses et tristes à pleurer quand, esseulé, vaincu, il s'en va trouver « un visage rond de vieux soleil ridé et un bon sourire ».


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Les bons romans sur cette période ne sont pas légion. Les romans qui offrent une écriture aussi fluide parsemée de références culturelles encore moins. J'ai vraiment apprécié ce texte qui nous montre toute la difficulté de vivre dans cette époque tourmentée. On suit de près ce soldat amnésique à qui l'on fait subir les électrochocs, traitement de l'époque assez barbare, il faut bien l'avouer. Et puisque je parlais de références, le thème m'a fait penser à la pièce de Jean Anouilh, "Le Voyageur sans bagage". On voyait déjà chez le dramaturge cette facilité que l'on avait à vouloir manipuler ces personnes. On retrouve l'idée ici puisqu'on va vouloir faire de cet amnésique un espion. Mais c'est sans compter sur le fait que non seulement ce dernier n'est pas un imbécile mais qu'encore la recherche de sa propre identité prime sur le reste.

Antoine Rault a su peindre avec réalisme et précision l'atmosphère de l'époque, les atrocités physiques et psychologiques. L'écriture est très fine, de même que l'analyse des personnages. le livre est épais (491 pages) mais on ne voit pas le temps passer. Il a même fallu que je me fasse violence pour interrompre ma lecture sous peine d'heures de sommeil en moins (et en ce moment, le repos est sacré !).

Un très beau roman, vraiment !

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Vous qui me lisez, il est fort probable que vous sachiez qui vous êtes, je veux dire par là, que vous connaissiez votre identité. Lorsque vous vous réveillez le matin, lorsque vous enfilez vos chaussons (ou pas) et que vous filez à la salle de bain vous reconnaissez le visage dans le miroir. Lorsque vous quittez votre résidence pour aller travailler, musarder, visiter un ami, vous savez qui vous êtes. Dans votre poche ou dans votre sac, se trouve certainement une pièce d'identité où figurent un nom, un prénom, une adresse. Tout ça n'a l'air de rien et pourtant, si c'était l'essentiel ? Avoir une identité...

Le personnage de ce roman après un "accident d'obus" pendant la guerre 14-18 se retrouve amnésique, il ne sait plus rien de lui-même, son nom, son prénom lui échappent. La guerre et son lot de cynisme passe par là et saisit l'aubaine. Un amnésique, après-guerre, qu'est-ce qu'on s'en fout, autant qu'il soit utile à quelque chose, à son pays par exemple, on va en faire un espion ! Son pays, mais quel pays ? Il est amnésique, il ne sait pas même où il est né. On lui vend des valeurs de fidélité et de loyauté envers la patrie, mais que signifient-elles quand on ignore qui on est ?

Ce roman ouvre des perspectives très originales sur la guerre et son inanité, notamment en mettant en scène un héros Alsacien, qui en 14-18 pouvait combattre côté français où côté allemand à cause d'une simple ligne imaginaire.
Il nous fait lire ou relire quelques pages d'Histoire, on revisite le Traité de Versailles, on croise l'américain Wilson, le britannique Lloyd George, l'italien Orlando et notre "Tigre" national Clemenceau, le Maréchal Foch mais aussi le chancelier Hindenburg, celui-là même qui devra céder sa place à un certain Adolf H.
Il nous montre également à quel point il est vital de connaître ses origines car il aurait tout aussi bien pu avoir pour cadre un autre chapitre de l'Histoire, le cynisme est partout, il ronge ce monde sans hésiter une seconde à utiliser un être humain pour satisfaire sa quête d'autodestruction.

Un petit bémol pour la fin qui m'a un peu laissée sur ma faim^^. Au-delà de ce roman et de la guerre, je pense aux victimes d'amnésie, aux enfants abandonnés ou orphelins à qui on refuse le droit de connaître leurs origines, également aux victimes de la maladie d'Alzheimer. Ce livre m'a rappelé que j'ai la chance de savoir d'où je viens et rien que pour ça, je suis heureuse de l'avoir lu.
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Charles a oublié qui il est. Un obus qui l'a enterré jusqu'aux épaules a eu raison de sa mémoire.

Les médecins qui le soignent sont toutefois optimistes car le jeune homme s'exprime bien, en allemand comme en français. Son intelligence et sa culture semblent intactes. Mais sur le point de retrouver sa famille, après quelques traitements barbares sensés lui rendre son identité, son beau-père, qui le déteste, en décide autrement.

Pendant que dans le camp des vainqueurs, Français, Américains, Anglais et Italiens discutent âprement des sanctions à infliger aux perdants, sans famille, sans identité et bilingue, Charles devient donc pour le Deuxième Bureau, en cette année 1918, la recrue idéale pour infiltrer l'armée d'outre-Rhin et surveiller les velléités de revanche des Allemands. Mais est-ce une si bonne idée ?

Voilà un roman historique très bien fait. Même si la situation décrite n'est pas exempte d'invraisemblances — il semble peu probable que les services secrets français recrutent un amnésique — l'ambiance délétère de l'après-guerre y est parfaitement restituée. Antoine Rault a su revenir sur un sujet maintes fois traité avec originalité, un soupçon d'humour, une belle culture historique et une écriture fluide. Autant de qualités qui font de La danse des vivants un vrai plaisir de lecture.
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Un jeune homme se réveille dans un hôpital militaire, en 1918. Amnésique, il ne sait pas qui il est. Il est cultivé, parle le français, le russe et l'allemand.
Comment utiliser cet homme pour servir la patrie ? Il ferait l'espion idéal. Aucun souvenir, il peut endosser facilement la peau d'un personnage et cela pourrait même lui permettre d'être quelqu'un, de s'inventer une nouvelle histoire.

Il devient la marionnette des services secrets français. Pris au piège dans cette existence qui n'est pas la sienne, perdu dans ce monde de violence, où la guerre, le pouvoir, la fierté patriotique imbécile, les idéologies stupides, ont remplacé les vraies valeurs. Celles de l'amour, de la famille, d'une vie simplement humaine.

La danse des vivants : soldats amputés, traumatisés, gueules cassées, ou soldats sans mémoires, qui luttent pour rester des hommes, dans cette Europe ravagée de l'entre-deux-guerres. Des hommes et des femmes dont le destin a été kidnappé par la guerre. Cette guerre orchestrée par des hommes de pouvoir arrogants, bien à l'abri derrière leurs bureaux.
Un roman historique captivant, qui démontre toute l'absurdité de la guerre.

Je remercie Babelio et les Éditions Albin Michel pour ce roman très bien écrit.
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critiques presse (1)
Actualitte
12 octobre 2016
Dense et précis, intrigant et très visuel, ce livre accapare entièrement pendant quelques heures, même si, à quelques rares reprises cependant, le lecteur fléchit sous le gisement de savoirs et redoute de s'y perdre.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
- Vous étiez coincé dans un trou. Apparemment, on a mis du temps à vous trouver, c'était un beau merdier. Vous n'aviez que la tête qui dépassait de la boue. Vous ne portiez pas vos plaques d'identité militaire. Ni votre veste. Vous m'entendez ?
Pourquoi il me pose toujours la même question ?
- Comment vous appelez-vous ?
Il pense : Il me demande comment je m'appelle… " Comment je m'appelle ? Comment je m'appelle ? Comment je m'appelle !... Il est d'abord interloqué. Comment je m'appelle ? Il s'aperçoit qu'il ne peut pas répondre à la question. Il fait un terrible effort pour se souvenir, mais rien. Le sang se retire de son visage; ça se met à tourner autour de lui comme s'il avait le vertige. Il cherche, il cherche de toutes ses forces. Rien à faire, c'est impossible - et ça l'épouvante. Il voudrait que les mots sortent tout seuls de sa bouche, mais rien, il ouvre une bouche de poisson rouge, il a l'air stupide, hébété. Il voit que le médecin fronce les sourcils.
- Vous vous rappelez votre nom ? Votre prénom ? " Mon nom. Mon prénom…"
- Votre régiment ? Votre compagnie ?
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On croisait des enfants faméliques, des soldats épuisés, des estropiés, des culs-de-jatte, des gueules cassés, sans nez, sans yeux, sans bouche, grimaçant témoignage de l'enfer ; ça et là, des trous d'obus de la Grosse Bertha, des poubelles crevées, de vieux trams grinçants et tressautant, à bout de souffle, des chevaux malingres dont les sabots se tordaient entre les pavés descellés. On croisait aussi des dandys aux chaussures étincelantes, des enfants aux joues roses sentant bon la lavande, des femmes aux lèvres rouges sentant le patchouli, et il y avait des cafés aux boiseries fraîchement cirées, des toilettes de soie et de dentelle fine dans des vitrines, les pelouses bien tondues des Champs-Elysées et la grande roue devant la tour Eiffel, d'où s'envolaient les rires des enfants.
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Il faut aller identifier les morts, le regrouper, les enterrer. Il a vécu cela tant de fois. Quand la fureur s'apaise, quand les feux décroissent, quand les fumées se dissipent, la scène apparait dans son épouvantable nudité. Sur la terre noire dévastée, presque tout est carbonisé. Les troncs d'arbres déchiquetés, filiformes, semblent des survivants hagards. Un vieil érable rouge miraculeusement épargné se tient au milieu d'un champs, nu et sanglant comme un blessé. On refait le chemin de la bataille à l'envers. Il ne reste rien qu'un sol lunaire plein de cratères, jonché de cadavres qui gonflent puis dégonflent en rotant, en sifflant comme des baudruches sous l'effet des gaz en eux.
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Pas très loin un gros obus, un second, un troisième me font sauter en l'air comme un lapin. Je retombe et je reste à plat ventre, aveugle et sourd, en nage, je me dis : Ce coup-là, je vais mourir. Je pense à toi, maman. Je pense à toi, Marguerite !
Soudain, je suis mouillé par un liquide chaud. Un corps contre moi se vide. Je tâtonne, je touche, c'est mou. J'ai la main dans un ventre crevé. Sous les carreaux embués de mon masque, je distingue son casque. Qui c'est ? Je frotte mes carreaux. Non, mon Dieu, non ! Maurice ! Mon vieux Maurice ! Pas toi ! J'ôte ma gabardine, j'en couvre son corps. Salauds ! Ça court partout. Et moi, je reste là... (P45)
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Il y avait un côté magique, démiurgique, dans son métier, qui le mettait en joie. La banque était le métier le plus… aérien… oui, c'est ça… le plus sublimement éthéré au monde. Bien plus qu'un peintre qui emploie de vraies couleurs ou qu'un écrivain qui utilise des mots pour raconter une histoire, le banquier, lui, n'a recours qu'à l'abstraction et au sentiment. Pour créer, il compte sur la confiance, sur la crédulité humaine. Un dieu, donc, un illusionniste, un grand manipulateur.
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Vidéo de Antoine Rault
A l'occasion du Festival "Le livre sur la place" 2022 à Nancy, Antoine Rault vous présente son ouvrage "Monsieur Sénégal" aux éditions Plon. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2641424/antoine-rault-monsieur-senegal
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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