David, treize ans, a une maman qui se fait appeler Marlène et une petite soeur Sophie. Son père, que sa mère adorait, est décédé. Les deux enfants sont un peu abandonnés à eux-mêmes, car Marlène est très occupée par ailleurs, que ce soit par son travail ou… par ses amants. Car elle est perpétuellement en recherche de l'homme qui l'aimerait maintenant comme elle a été aimée autrefois. Elle sort beaucoup, cherche à séduire les mâles à sa portée et "couche". Nostalgique d'un passé où ses goûts de luxe étaient comblés, Marlène n'a pas la fibre maternelle, en tout cas pas avec son aîné (la fille est mieux traitée que le fils). David souffre énormément de cette indifférence qui confine à l'aigreur car, lui, il a une sorte d'adoration pour elle. Il est prêt à tout pour arracher des signes d'amour maternel, qui ne viennent jamais. Après beaucoup de camouflets, il lui vient une idée: offrir lui-même un voyage à la petite famille. Il se renseigne, aidé par la jeune Anna (qui est amoureuse de lui) et trouve des moyens pour financer cette petite folie. Mais évidemment les choses iront de travers. David obtiendra enfin l'explication de ce parti-pris de sa mère à son encontre. Cette découverte est amère pour lui, mais elle était indispensable.
Ce premier roman me semble plutôt réussi. le personnage de David me parait tout à fait plausible. le "péché originel" qui explique le désamour de Marlène pour son fils est prévisible - du moins pour le lecteur. L'obsession du jeune héros est si forte qu'elle inhibe presque complètement sa pulsion amoureuse pour Anna. Dans les cas extrêmes, l'obstination d'un enfant à arracher la reconnaissance et l'amour de ses parents n'a aucune limite. Ainsi pendant ma lecture j'ai occasionnellement repensé à un roman vraiment exceptionnel: "
Les noces barbares" (de
Yann Queffelec) dont le héros est encore plus profondément malheureux que le David de
Antoine Rault. Je ferai un réserve importante au sujet de "
Je veux que tu m'aimes": je trouve qu'il manque de densité et j'aurais préféré un récit plus concis, plus percutant.