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EAN : 9782362791918
317 pages
Alma Editeur (10/11/2016)
4.1/5   20 notes
Résumé :
« Pour nous, Jean Ray a deux thèmes privilégiés, et ces deux thèmes sont de ceux qui permettent le mieux de taire ressortir le talent de qui sait instiller la peur, créer et soutenir l'angoisse, déboucher sur la terreur et sur l'horreur. Ce sont les thèmes majeurs, même, d'un autre auteur qui. par sa vie, est l'antithèse exacte de Jean Ray. c'est-à-dire Lovecraft. Tous deux ont écrit de préférence sur les dimensions, les univers qui sont juste là. à côté, mais inv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après avoir découvert La Cité de l'indicible peur, je poursuis l'oeuvre rééditée de Jean Ray aux éditions Alma avec La Croisière des ombres. Toujours sous la direction d'Arnaud Huftier, sont réunis ici des textes de différentes origines, écrits entre 1929 et 1935, avec d'un côté La Croisière des ombres, recueil de textes autour de la mer, des ports et des monstres de tout poil, et de l'autre quelques textes parfois très courts qui complètent cette thématique.

Comme souvent quand elle est de qualité (c'était déjà le cas dans Feuillets de cuivre, de Fabien Clavel), il est difficile de faire une critique novatrice quand on a lu la postface d'Arnaud Huftier, lui qui connaît le personnage de Raymond de Kremer (alias Jean Ray, alias John Flanders) sur le bout des doigts. Sur de nombreux points, cette postface se révèle très pédagogique pour assimiler les tenants et aboutissants du fantastique réaliste de cet auteur.
La Croisière des ombres était d'ores et déjà un recueil d'histoires horrifiques aux titres tout à fait parlants : « La présence horrifiante », « Le bout de la rue », « Le dernier voyageur », « Dürer, l'idiot », « Mondschein-Dampfer », « La ruelle ténébreuse », et « Le psautier de Mayence » sont autant de récits cauchemardesques qui peuvent tout à fait être issus des rêveries hantées de l'auteur comme des vôtres (en tout cas, les miennes peuvent facilement y ressembler). D'autres textes ont été réunis à cette Croisière pour leur brièveté ou leur thématique maritime : « Le torrent de boue », « Le ralenti de 5h17 », « L'effroyable histoire de Machrood », « Ombre d'escale », « Poste de police, R-2 », « L'idylle de monsieur Konigley », « La trouvaille de Mr. Sweetpye » et deux mini-articles « Le vent de la hache » et « Si Scotland Yard ».
Dans ce recueil qu'on aura de la peine à relâcher de notre étreinte fiévreuse, Jean Ray nous place face à l'horreur de la solitude. En chaque occasion, le narrateur se révèle seul face à une étrangeté qui finit par l'horrifier. Ce peut être un détail anodin, une redondance étonnante ou un péril lors d'un voyage, il y a toujours de quoi cauchemarder utile chez Jean Ray. Les petits récits composant ce recueil dans la continuité des Contes du whisky, qui valurent à l'auteur le surnom de « patron de Port-Angoisse », sont une succession d'idées aussi simples que diablement efficaces.

Avec un sens aigu du style alambiqué, Jean Ray réussit toujours en très peu de mots la formule qui fait mouche et qui saura éveiller la part d'horreur qui sommeille en vous, tout en nous faisant redécouvrir un vocabulaire fleuri comme rarement on en retrouve actuellement.
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Merci tout d'abord aux éditions Alma ainsi qu'à Babelio qui m'ont permis d'embarquer pour cette Croisière des Ombres dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Grand nom du Fantastique, l'écrivain belge Jean Ray (1887 - 1964) est principalement connu aujourd'hui pour ses aventures de Harry Dickson, à la base une série de romans de gare allemands écrits entre 1907 et 1908, dont il assure la traduction française. Après avoir adapté quelques ouvrages qu'il juge médiocres, Jean Ray s'est progressivement mis à réécrire totalement les textes avec l'accord de son éditeur, s'inspirant des titres et illustrations de couverture. Entre 1931 et 1938, sur les 178 aventures de Harry Dickson publiées en français, 103 étaient en réalité signées Jean Ray ! Harry Dickson s'agite encore de nos jours et a fait son petit trou dans la culture populaire, la bande dessinée en particulier.
Un auteur plus qu'atypique, donc, à qui on doit également des récits pour la jeunesse, des articles et de nombreux romans et nouvelles fantastiques. Sa bibliographie est gargantuesque et compte quelques 6500 reportages, chroniques, critiques et textes divers, le tout sous un nombre incalculable de pseudonymes -on en connaît 166 pour la seule revue Bravo-! Comme quoi, Jean Ray parvient à faire tourner les têtes avec d'autres choses que les vapeurs d'alcool !


Alors qu'il fallait depuis plusieurs années passer en grande partie par le marché de l'occasion pour pouvoir la lire, à des tarifs parfois assez inabordables pour la défunte collection Néo, l'oeuvre de Jean Ray se voit dépoussiérée par les éditions Alma sous la houlette d'Arnaud Huftier, maître de conférence à l'université de Valenciennes à qui l'on doit plusieurs publications sur Jean Ray et la littérature fantastique belge.
La Croisière des Ombres est leur troisième sortie après La Cité de l'Indicible Peur et Les Contes du Whisky.
Une initiative plus que louable, d'autant plus que La Croisière des Ombres, échec commercial et critique à sa sortie et difficilement trouvable depuis, se voit ici complétée par de nombreux textes inédits, publiés à l'origine dans des revues entre 1930 et 1935. On y trouve aussi bien des nouvelles fantastiques que des petites chroniques judiciaires fort bien écrites évoquant Scotland Yard ou une exécution capitale en Allemagne.


La Croisière des Ombres est sorti six ans après Les Contes du Whisky, le précédent recueil de nouvelles de Jean Ray. De ces six ans, l'écrivain belge en a passé une partie en prison après avoir été condamné pour fraude -la légende prétend qu'il a donné dans le trafic d'alcool, mais il a en réalité été pincé pour détournement de fond sur des actions afin de financer une revue littéraire-, un isolement qui ne le rend pas inactif pour autant puisqu'il continue à oeuvrer sous le pseudonyme de John Flanders, mais qui l'isole du milieu littéraire belge.
Cette Croisière des Ombres, donc, recueil d'"Histoires hantées de terre et de mer" et autres "histoires d'après-boire", est un voyage solitaire vers l'inconnu dans lequel le lecteur ayant osé embarquer croisera, tout au long des sept récits, revenants et autres présences d'outre-tombe, manuscrits mystérieux, rues hantées plongées dans le fog et marins torchés.
Tous les ingrédients sont là et l'ambiance est, comme toujours avec Jean Ray, bien au rendez-vous, à la fois sinistre, étrange et irréelle, avec ça et là une petite touche d'humour éthylique.
Ajoutons à cela une fort jolie plume peu avare en mots rares ou obsolètes donnant aux textes un cachet assez atypique et fort plaisant.

Au niveau de la forme, c'est tout aussi bon et les éditions Alma ont fait un superbe travail. le livre est un bel objet, très agréable à parcourir.
Si je devais lui trouver un seul petit défaut: des notes de bas de page avec la traduction des locutions germaniques seraient appréciables, mais c'est vraiment un détail ne gênant en rien la lecture.
Du tout bon, donc, et on ne peut que se réjouir de voir l'oeuvre de Jean Ray subir un tel traitement, d'autant plus que dix volumes sont annoncés !
Peut-on espérer voir la série des Harry Dickson dépoussiérée de la sorte ? Hey, on peut toujours rêver !
En attendant, hop, une gorgée brûlante de Whisky pour chasser la peur, et replongeons nous dans les récits de Jean Ray...
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Et je continue avec Jean Ray et ce recueil de 19 nouvelles en un peu plus de 300 pages, que j'ai savourées, toutes sans exception. La fluidité de la plume de l'auteur n'est déjà plus à démontrer, et ces histoires hantées, sur terre ou mer, servies par un vocabulaire élaboré et fleuri, sont des petits bijoux.
Originalité de chaque récit, le narrateur est toujours seul pour affronter l'horreur, ce qui a fortement augmenté ma sensation d'angoisse. Je conseille fortement ce livre à tout amateur du genre.
À noter cette particularité : « La présente publication de la croisière des ombres est une première puisque, depuis cinquante-deux-ans. la version originale et intégrale de ce chef-d'oeuvre n'avait jamais été rééditée. »
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La croisière des ombres est le troisième livre de Jean Ray que l'on peut trouver chez Alma Éditeur. On ne peut que saluer cette belle entreprise de réédition de l'oeuvre de cet auteur par cette maison d'édition, d'autant plus que le travail est bien fait : de jolies couvertures de Philippe Foerster, une police d'assez grande taille et des livres de tailles raisonnables, bref agréables à lire.
Que dire maintenant du contenu de la croisière des ombres ? C'est une oeuvre qui comportait à l'origine sept nouvelles, mais l'éditeur a eu le bon goût de compléter l'ouvrage par onze autres textes qui étaient jusque-là inédits en recueil (sortis uniquement dans des revues des années 30). On se trouve donc en présence de textes rares.
Qu'en est-il du plaisir de lecture ? La prose de Jean Ray est très originale, remplies de métaphores et de mots rares, qui confèrent un charme désuet à ces textes empreints de fantastique et d'horreur.
La première nouvelle nous met rapidement dans l'ambiance, les deux dernières (La rue ténébreuse et le psautier de Mayence) sont les plus longues et de loin les meilleures.
Les onze histoires de la deuxième partie sont souvent de courts récits, mais n'en reste pas moins agréables à lire. J'ai bien aimé notamment "Le ralenti de 5h17".
L'écriture est très fluide et on vient rapidement à bout de ces dix-huit textes en un peu moins de trois cents pages, et une postface très intéressante permet d'en savoir plus sur Jean Ray et sur son oeuvre.
Cet auteur est indéniablement un grand maître de la littérature horrifique et fantastique.
Merci à Babelio et à Alma Éditeur de me l'avoir fait découvrir suite à une opération masse critique !
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Le psautier de Mayence et la ruelle ténébreuse sont des chefs d'oeuvres de chevet pour les amateur du très mauvais genre, dénommé le fantastique. Chaque lecture permet de découvrir des tournures, du vocable maudit, des recoins poussiéreux. le mal surgit sans prévenir, étouffe et renifle le pauvre lecteur. Très belle initiative de rééditer presque les livres du mytho et maître de Gand (hors Harry Dickson). Quelle richesse où il fait bon de puiser et de pêcher !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Une belle femme est une fleur précieuse née au hasard d’une pelouse de la vie, mais une belle Allemande me semble toujours sortie furtivement d’une serre savante et cruelle, où dans un coin d’ombre épaisse on soigne la mandragore...
(dans Mondschein-Dampfer)

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N’avoir personne à qui parler par une nuit d’octobre, à cent pas de la mer qui meugle, et des fanfares d’oies sauvages, pour toutes voix vivantes autour de soi, c’est bien le pire châtiment pour un homme honorable.

(dans Le dernier voyageur)

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Je crois vous avoir dit quelque part, que la lune, qui, à terre, vous fait rêver aux côtés d'une amie blonde et lui dire de jolies paroles rimées, est, sur mer, la plus cruelle chose qui puisse sortir d'un cauchemar.
De l'ombre d'une manche à air elle vous façonne un tronc géant; elle installe mille fantômes de noyés sur la crête hirsute d'une vague; d'humides vers blancs grimpent le long de ses rayons.
Sur terre, les spectres ne font que gémir ou crier des bêtises dans le vent de minuit. Mais ceux de la mer montent à bord, et silencieux, vous égorgent, ou vous chipent la dernière raison hors de votre crâne.

(Le bout de la rue)
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Les gens qui vont mourir mettent, en général, peu de formes à leurs mots ultimes; pressés de résumer toute leur vie, ils soumettent leurs paroles à une rigoureuse concision.
Pourtant dans le poste du chalutier Nord-Caper de Grimsby, Ballister allait mourir.
On avait, en vain, tâché d'aveugler les voies rouges par où sa vie s'échappait. Il n'avait pas de fièvre, son parler était égal et rapide. Il ne semblait voir ni les linges ni la cuvette sanglante: son regard suivait des images lointaines et redoutables.
Reines, le marconiste prenait des notes.

(Le Psautier de Mayence)
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« Pour nous, Jean Ray a deux thèmes privilégiés, et ces deux thèmes sont de ceux qui permettent le mieux de taire ressortir le talent de qui sait instiller la peur, créer et soutenir l'angoisse, déboucher sur la terreur et sur l'horreur. Ce sont les thèmes majeurs, même, d'un autre auteur qui. par sa vie, est l'antithèse exacte de Jean Ray. c'est-à-dire Lovecraft. Tous deux ont écrit de préférence sur les dimensions, les univers qui sont juste là. à côté, mais invisibles, inaccessibles sauf en certaines circonstances, ces mondes qui, si l'on en ouvre la porte — et elle ne s'ouvre jamais en grand — laissent fuser un vent glacial et passer des entités incompréhensibles. Tous deux ont écrit sur des civilisations perdues, des choses anciennes et oubliées ou peu connues ou inconnues, des cultes et des mœurs différentes des nôtres. »
Pierre Versins (Encyclopédie de l'Utopie et de la Science-fiction)
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