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EAN : 9782369143802
336 pages
Libretto (05/10/2017)
3.95/5   212 notes
Résumé :
Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d'une prostituée, premier d'une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l'âme mutilée par son passé et au corps d'obèse, l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.

À la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (94) Voir plus Ajouter une critique
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Avouons-le, lire du Fabien Clavel était déjà un plaisir renouvelé avant d'attaquer Feuillets de cuivre ; lire du steampunk est un exercice (quand c'est bien écrit, bien sûr) tout aussi agréable. Mais comme vous allez le voir, la préface d'Étienne Barillier, la postface d'Isabelle Perier et l'érudition de l'auteur, notamment sur le romantisme français du XIXe siècle me confirment dans ma demande sans cesse renouvelée de vouloir lire toujours plus de « steampunk romantique », de steampunk « à la française », en somme lire du steampunk qui évolue sans rester vissé sur ses poncifs.


Disons le tout de suite, la lecture de ce véritable roman à énigmes se clôt sur une postface d'une telle qualité qu'Isabelle Perier nous donne quasiment toutes les clés imaginables pour comprendre l'écriture de Fabien Clavel, c'en est même presque frustrant pour écrire une critique, mais dame tant pis ! Dans Feuillets de cuivre, les habitués de l'auteur pourront déjà commencer par voir un premier rapprochement avec une de ses oeuvres de jeunesse, Requiem pour elfe noir. Sous le pseudonyme du hongrois John Gregan, Fabien Clavel y narrait les sombres aventures d'un enquêteur elfe dans un monde fantastique et décalé des attentes du héros : le brusque réveil à la réalité, l'enquête dans le « crade » de la vie, l'aspect « en marge des choses » du personnage principal, il y a un peu de tout cela dans les débuts de l'inspecteur Ragon. Celui-ci est dès le départ campé d'une façon aussi simple que remarquable : son passé le ronge, avec l'amour qui semble le fuir, la passion incommensurable qu'il porte aux livres le soutient dans tous les aspects de sa vie et enfin son poids (impossible de parler d'un simple embonpoint), qui en fait tout bonnement un obèse au sens strict du terme, l'identifie ostensiblement aux yeux de ses contemporains.

Fabien Clavel n'a pas un style ; il a du style. Dans Feuillets de cuivre, il se fond progressivement et alternativement dans quantité de styles très différents les uns des autres, de Jules Verne à Victor Hugo, en passant par Guy de Maupassant et Émile Zola. L'avantage de lire du Fabien Clavel, c'est qu'il y a forcément du divertissement, oui, bien sûr : on peut y voir une lecture de divertissement, et heureusement. Mais il y a tellement d'autres niveaux de lecture qu'on ne peut le résumer ainsi. Nous trouvons ici bon nombre d'allusions à quantité d'universitaires (notamment des spécialistes antiques), de chercheurs, de linguistes et autres écrivains, tous parfaitement reconnus : les latinistes croiseront du Gaffiot, les germanistes du Zehnacker, les hellénistes du Bailly, j'en pense et des meilleurs. Au milieu de ce foisonnement, un bon exemple est le dénommé Carcopino. Nommé comme une référence, certes pas d'un très bon goût, au sein d'une foule de grands auteurs francophones du XIXe siècle, il apparaît bien vite comme l'imposteur qui confirme l'érudition de Fabien Clavel, qui mène peu à peu son lecteur, et de la façon la plus subtile possible, vers une uchronie intelligente. L'uchronie de Feuillets de cuivre ne varie que légèrement à partir de l'année 1870 et nous retrouvons au bon d'un moment un des Présidents de la République française avec un patronyme rappelant étrangement celui d'un journaliste de fiction prompt à gravir les échelons « maupassanites » de la société.

Là où nous ne pouvons jamais dire que ce roman est simple, c'est du côté de sa structure ; là, l'auteur a dû passer plus d'une nuit blanche avant de bien s'accorder sur les différentes intrigues, sur tous les indices liés aux enquêtes et surtout sur la chronologie à respecter. La structure du roman peut être facilement. D'abord, une première partie qui pourra surprendre le lecteur qui s'attendait à un roman à la structure disons classique : ici, pas de point de départ, d'élément déclencheur, non, nous suivons plutôt des petites enquêtes savoureuses, particulières à plus d'un terme et qui pourraient toutes constituées des nouvelles indépendantes. L'idée du feuilleton, de la série à concept se pose tranquillement dans l'esprit du lecteur et les allusions aux feuilletons qui paraissent à cette époque-là dans les journaux sous forme d'épisodes ne sont pas là pour rien. Mais voilà, Feuillets de cuivre est divisé en deux grandes parties et, là non plus, ce n'est pas gratuit. La première partie enchaîne les petites enquêtes, la deuxième va tout redétricoter le peu que nous croyions alors savoir sur la vie de l'inspecteur Ragon. de ce point de vue-là, les allusions aux séries télévisées actuelles et à leur mode opératoire (du « procédural » avec l'affaire de la semaine, puis l'adversaire récurrent qui nous tient toute une saison, etc.) sont nombreuses, et à n'en pas douter, les fans, par exemple, de la série Sherlock s'y retrouveront à bon compte.

Arrivé à ce niveau-là, pouvons-nous bien dire que Feuillets de cuivre est un roman steampunk ? Assurément oui. Bien sûr, des engrenages traînent de-ci de-là, avec une insistance notable sur l'utilisation du cuivre à tous les niveaux, mais comme le rappelle Étienne Barillier dans une préface bien costaude, ce n'est pas là que réside l'esprit du steampunk. Certes, l'utilisation à outrance de la machine à vapeur fait venir « le futur plus tôt que prévu », selon la formule consacrée, mais le steampunk ce n'est heureusement pas qu'une esthétique : non seulement c'est aussi une habitude prise du méta-texte, c'est-à-dire multipliant les références à d'autres écrits (petites jouissances littéraires de lire des pastiches de Victor Hugo et consorts, mais aussi de voir s'immiscer dans le récit des allusions à la poursuite du Satyricon et à l'histoire de la Hongrie médiévale… déjà abordés dans d'autres oeuvres de l'auteur), narration qui mêle réalité et fiction d'une manière plus ou moins inextricable. Toutefois, cela est surtout une façon d'interroger les marges d'une société, de creuser ce qui peut venir troubler l'ordre social un peu trop bien établi.


En conclusion, Fabien Clavel a tissé ses Feuillets de cuivre comme une incitation constante à tout découvrir au sein de la littérature qu'il parcourt, mais aussi comme une incitation constante à tout lire de sa vaste bibliographie qu'il tente depuis bien longtemps d'unifier, ou au moins d'harmoniser. En somme, il pose une interrogation simple au lecteur attentif : « oseras-tu, seras-tu capable de me suivre ? ». La réponse tient en deux mots : nous arrivons !

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Wouch ! La claque dans l'aïeule, aller et retour !

Que j'ai craqué aux maintes sollicitations d'un site que je ne nommerai pas qui me conseillait ce livre à chaque ouverture me sera donc pardonné... J'ai d'abord craqué sur la couverture. Vert rappelant les toits de cuivre oxydé de la ville de Québec, rebrodé d'une typographie magnifique de cette couleur (Cuivre) paraissant en relief, très travaillée, elle est magnifique.

Le sujet en plus. Policier steampunk, rien que cela c'était suffisant à me faire craquer. Et pour finir la note ici, qui, si je ne m'y fie pas toujours, a pour le moins éveillé ma curiosité.

Mon craquage était donc triplement motivé. Quadruplement, puisque j'ai vraiment adoré.

Hors les très nombreuses références livresques largement discutées dans la postface et sur lesquelles je ne reviendrai pas, ce qui m'a le plus amusée, plu, frappé, c'est que Ragon, le policier, est un amalgame savant entre Poirot et Holmes, avec une touche de Rouletabille (ne serait-ce que dans le feuillet de la chambre close)(et même si Ragon n'aime pas les journalistes, lol).
Son obésité grandissante au fil des enquêtes et du temps a un sens, qu'on ne découvrira qu'à la fin.

Tout est si finement tissé et intriqué dans ces histoires qu'on ne peut qu'être soufflé par l'énorme travail que cela représente, ainsi que par la facilité de lecture pour tout le monde et n'importe qui. Il n'est pas donné à tous les auteurs de savoir partager une connaissance encyclopédique avec autant de talent, d'humilité et de facilité, c'est juste, bah, waow, quoi...

J'ai pris tout mon temps pour lire ce livre parce que chaque page est un pur bonheur, une glissade lente et savoureuse dans un monde où le fantastique est si bien amené qu'il en paraît naturel, on s'y croirait presque. le steampunk de l'affaire n'est pas non plus omniprésent, ni ostentatoire, c'est subtil, éthéré si j'ose dire, (mouahaha !).

Et la fin, ah mais cette fin, mais quelle fin, le fin du fin de la fin, révélation qui fait "Sbam", type coup de tonnerre et à laquelle je ne m'attendais pas du tout, mais alors, j'en étais à des lieux !

Bref, Je m'en vais aller étudier d'un peu plus près les autres écrits de cet excellentissime auteur français que je ne connaissais pas !
Fabien Clavel, c'est du très bon, lisez-en !

Relu en Janvier 2018. C'est toujours aussi bon. Par contre je n'ai pas pris le temps d'étudier les autres écrits de M. Clavel, et c'est bien dommage...
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Steampunk, le terme peut effrayer, et ce serait dommage.
Quelle richesse! Quel soin apporté à la construction et quelle érudition littéraire! Tout cela au service d'un imaginaire entre mythologie et paranormal : c'est du lourd.

Ça commence comme un recueil de nouvelles. Paris, 19è siècle l'inspecteur Ragon mène des enquêtes relativement banales au départ, chacune faisant l'objet d'un chapitre. Son habileté à résoudre les affaires le fait monter en grade (et en poids). Il a tout d'un Sherlock ou d'un Poirot, dont l'arme secrète de déduction est la littérature, ce qui constitue un des points forts du roman, truffé de références littéraires. Même si

« Le commissaire s'était littéralement farci de livres et d'histoires au point d'oublier la vie »

Peu à peu, les crimes se font plus noirs, les intrigues plus complexes jusqu'à ce qu'un lien apparaisse entre elles. C'est quasiment l'oeuvre d'une vie que la poursuite d'un ennemi extrêmement adroit, intelligent et machiavélique, aux pouvoirs diaboliques.

De nombreux fils rouges en filigrane confèrent à l'ensemble une cohérence, au delà de l'intrigue, et l'auteur parvient à petites touches à proposer des tableaux sensoriels en demi-teintes au sein desquels éclatent un reflet (le brillant du cuivre), une couleur, un parfum, et l'on a quasiment la sensation du toucher du papier des innombrables livres qui constituent le décor du roman. Dans cette ville en plein essor industriel, on voit très bien, émergeant d'un fog épais, la lueur fugace des boutons de cuivre des gardiens de la paix.

Les bibliothèques abondent, pas seulement celle de Ragon, car :

«  Une bibliothèque, c'est une âme de cuir et de papier. Il n'y a pas de meilleur moyen pour fouiller dans les tréfonds d'une psyché que de jeter un oeil aux ouvrages qui la composent. »

Le lexique est précis et savant, épicène, sténographie et curule nécessitent un détour vers un bon dictionnaire. Sans cuistrerie, ces termes précis sont irremplaçables dans leur contexte et ne font que donner du corps et de la pertinence au texte.

Dans la post-face, très intéressante, car elle met en lumière des aspects que le lecteur aura pu laisser échapper, pris par l'histoire, Isabelle Perier, établit une analogie avec les séries policières qui fleurissent sur les écrans, et rencontrent un succès grandissant. L'enquêteur récurrent, à la personnalité particulière, fragile et solide à la fois, les intrigues indépendantes mais liées par un fil rouge, qu'il se nomme John ou Moriarty, tout cela contribue à la modernité de ce roman. Et pourtant lu sans référence d'édition, il aurait été très difficile de parier sur la date de sa parution.



Excellente découverte grâce à une critique récente sur le site (merci Dyonisos)!

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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De 1872 à 1912, la carrière policière de l'atypique Ragon s'envole, grâce à plusieurs affaires criminelles qu'il réussit à résoudre en usant de sa formidable culture littéraire et de sa passion immodérée pour les livres. Il lui faudra toutefois très longtemps avant de se rendre compte que ces différentes enquêtes avaient au final un dénominateur commun…


Dans la mouvance steampunk utilement et clairement présentée dans la préface d'Etienne Barillier, cette histoire discrètement uchronique commence, tels les épisodes d'un feuilleton, par une série de courtes enquêtes policières dans un Paris qui découvre les machines et l'ère industrielle à la fin du XIXe siècle. Y revient avec persistance l'usage du cuivre et de l'éther, mais ce sont surtout les livres qui forment les pierres angulaires de tout l'édifice : peu à peu, comme les rouages d'un mécanisme complexe de haute précision, les différents éléments narratifs s'assemblent pour laisser apparaître un motif général de plus grande envergure qui, par ailleurs profondément machiavélique, s'enroule autour du thème des livres, de la littérature, et de leur impact sur nos vies.


Ainsi, tandis que le lecteur se retrouve suspendu au mystère d'intrigues criminelles qui le renvoient dans un Paris ancien restitué avec la plus précision, les références littéraires et artistiques s'entremêlent dans une combinaison impressionnante de naturel et de simplicité dont la postface d'Isabelle Périer permet de saisir toute la profondeur. Egale justice est faite tant au contenants qu'aux contenus livresques, puisque l'objet-livre lui-même apparaît souvent dans le récit comme un support de création aux possibilités étonnantes.


Ce peu ordinaire roman s'est avéré pour moi une fascinante initiation au steampunk : j'en ressors subjuguée par la maestria et la culture littéraire de Fabien Clavel, qu'il met ici au service d'une authentique inventivité, déconcertante d'aisance, de simplicité et d'accessibilité.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un roman qui cache bien son jeu et se dévoile petit à petit.


Feuillets de cuivre se présente comme une succession d'enquête sans lien les unes avec les autres. La première partie du livre permet justement de suivre Ragon menant des investigations afin de découvrir des coupables de meurtre. La seconde partie quant à elle se transforme en une grande fresque policière où l'on découvre les liens, les interactions entre les différentes enquêtes grâce notamment au personnage de l'Anagnoste.


Fabien Clavel nous démontre ici un grand talent.
Tout en nous proposant un roman dit « policier » dans la même veine que Sherlock Holmes traquant son professeur Moriarty, nous suivons son personnage de Ragon, inspecteur obèse et féru de littérature tentant par tout les moyens de comprendre qui est l'Anagnoste. Ce roman ne se cantonne pas à un seul univers … au contraire, le lecteur au fil des enquêtes se voit transporter dans divers genres littéraires que cela soit la littérature classique du XIXe siècle (Maupassant, Jules Verne, Victor Hugo, Flaubert...), la science-fiction, la fantasy, le gothique. Le résultat final est divin pour un roman dit steampunk. Les codes trop carrés du genre sont purement et simplement jetés à la poubelle afin de laisser une grande place à l'imaginaire.


La littérature du XIXe siècle trouve grâce à Fabien Clavel une nouvelle jeunesse dans Feuillets de cuivre où toutes les enquêtes ont des liens avec de grands romans de l'époque que cela soit de près ou de loin. Notre héros se retrouve soit en contact, soit dans un lieu fréquenté par une célébrité de l'époque. Lors d'une enquête, de grands extraits d'oeuvres célèbres sont détournées.

De même, Fabien Clavel pousse les codes du roman en nous offrant cette fois-ci non pas un héros beau, dynamique, à la répartie facile mais au contraire, un simple gardien de la paix obèse,discret, posé à la santé déclinante. Mais le lecteur au fil des enquêtes s'attache à cet être.


Un roman qui propose un meelting-pot de genre (policier, classique, science-fiction…), de style (nouvelles, feuilleton), de situations (mystère, codes, étrange). le tout mettant en avant un élément unique : la littérature. Et pour compléter le tout, l'édition papier est plaisante avec un soin apporté lors de la réalisation. Un vrai régal pour les yeux.😉
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critiques presse (1)
Elbakin.net
12 novembre 2015
Un univers particulièrement riche et mené de main de maître qui mérite le détour.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Le policier se demandait s'il ne préférait pas les meurtres bourgeois qui avaient le bon goût de se situer dans les premiers étages. Il se serait bien vu, détective en fauteuil, envoyant des adjoints faire le travail de recherche à sa place tandis qu'il se consacrerait à la lecture. Ou aux orchidées.
Son regard se promena longtemps sur la pièce.
Le toit laissait voir la charpente, à peine isolée par un peu de chaume. À travers une fente cramoisie, on pouvait même apercevoir, au loin, dans les splendeurs roses du couchant, la toute nouvelle tour Eiffel, fièrement érigée pour l'Exposition universelle.
À l'intérieur, la lumière tombait par pinceaux larges et veloutés, donnant à la place des allures de tableau romantique. On ne trouvait, dans cette misérable chambre de bonne du Quartier Latin, presque aucun mobilier, à part une table, une chaise mal rempaillée et un lit.
Tout autre que Ragon aurait concentré son intérêt sur la couche où était étendu un cadavre entièrement nu. Lui repéra immédiatement le cahier posé sur la table, seul écrit contenu dans la pièce.
C'était la seconde raison pour laquelle L'inspecteur préférait les meurtres bourgeois : les gens de la bonne société possédaient souvent d'amples bibliothèques qui les trahissaient. Quand ils s'aventuraient à les lire.
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Ils aimaient se rencontrer là sous prétexte d'enquête. Mais rapidement, la conversation s'était déplacée vers d'autres sujets. Il lui racontait ses souvenirs de régiments, elle évoquait sa vie à la campagne, fiancée d'un soldat qui n'était jamais revenu et qui l'avait laissée avec un enfant dans le ventre. Grâce à une faiseuse d'anges, elle s'en était débarrassée pour ne pas être montrée du doigt par les bonnes gens. Depuis, elle n'était plus jamais tombée enceinte.
Ragon mit longtemps à lui parler de ses blessures, en particulier l'éclat qu'il avait pris en haut de la cuisse et les poutres qui lui avaient presque écrasé la poitrine.
Ils étaient tous deux des survivants d'une bataille inégale. Ils finiraient dans la tranchée de la fosse commune. Anonymes.
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- Me croiriez-vous si je vous disais que j’ai résolu toutes mes enquêtes à partir de livres ?
Fredouille prit un air incrédule.
- Et comment procédez-vous lorsque la victime ne possède pas de publications ?
- Dans ce cas, il s’agit d’un meurtre sans intérêt et sans finesse. Ces affaires ne méritent même pas d’être mentionnées. Elles reposent toujours sur le même canevas primitif. On les résout en un claquement de doigts.
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- (…) Vous avez réussi à détourner les contes de leur propos premier : ils sont là pour aider l'humanité à vivre, pas pour lui nuire !
(…)
- Vous êtes d'une grande naïveté, commissaire. Vous êtes-vous réellement penché sur l'abîme que sont les contes ? Il y a là toute la boue humaine : craintes, envies, pulsions destructrices. (…) Jamais la littérature n'améliore quoi que ce soit. Elle se contente de constater la permanence du mal, voire de l'entretenir.
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Les deux hommes descendirent sur le pavé brillant. La nuit était noire désormais et des panaches s'échappaient de leurs bouches glacées. Le brouillard s'étendait en nappes épaisses, nimbant les becs de gaz d'auréoles irréelles.
Ils se trouvaient sur la partie de la rue Louis-Blanc qui franchissait le canal. La voiture disparut très vite, avalée par la brume. La ville ne se devinait plus qu'à quelques éclats troubles et lointains.
L'inspecteur évita la tache de sang gelé au milieu de la chaussée, préférant se pencher au-dessus de la rambarde, non sans un regard à l'arbre mutilé qui se détachait à peine dans les vapeurs. Les eaux sombres formaient un long ruban parsemé de scintillements phosphorescents : les morceaux de glace.
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dimanche 4 décembre – Avec la participation de l'autrice-illustratrice, Sandrine Bonini, des auteurs Fabien Clavel, Philippe Lechermeier et de l'auteur-illustrateur Mortis Ghost.
Et la classe de 5ème 2 du collège Sainte-Clothilde, Paris (75). Un grand merci à la professeure Maryline Laguitton.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec la séquence La Tête dans les images Júlia Sardà, Leina et le Seigneur des Amanites, texte de Myriam Dahman et Nicolas Digard, Gallimard Jeunesse Avec le soutien de l'Institut Ramon Llull.
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