Mon pote Laurent vit dans un appartement proportionnellement aussi exigu que son appétit de lectures est grand. Il procède donc régulièrement à une vidange partielle de sa bibliothèque. Les usagers des boîtes à livres melgoriennes sont ravis et moi aussi parce qu'il me réserve généralement son « Best of ». Ce polar traînait depuis un moment sur ma pile des livres en attente : ni le titre, ni le nom de l'auteur, ni la couverture ratée ne m'incitaient à me précipiter dessus. J'avais tort. Certes, le scénario n'a rien de foncièrement novateur et le Bad Boy personnage central du livre ne se distingue pas non plus des habituels antihéros qui sévissent dans les séries noires. le style, en revanche, est efficace : pas de fioritures, du trash langagier mais sans abus. Surtout, le récit de l'incarcération de Giordano (le Bad boy) est entrecoupé par les pages de l'autobiographie qu'il rédige. Ce changement constant de point de vue hameçonne le lecteur et « le marionnettiste » intègre la liste de ces bouquins que l'on lit d'une traite, ou presque.
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Le parcours d'un jeune, beau et intelligent, manipulateur et séduisant, — toute ressemblance avec un candidat aux élections prochaines est forcément fortuite —, qui bascule du côté obscur de la force. Un polar politique qui met le focus sur la fâcheuse tendance des foyers Sonacotra à finir incendiés. Et une étude brillante et glaçante sur la perversité du pouvoir, toujours établi par le mensonge et la violence.
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Je suis devenu le spécialiste des coups tordus en tout genre, une sorte de génie en la matière puisque jamais personne ne me repéra, ni ne vit ma patte dans cette accumulation de troubles qui faisaient monter la tension en ville et la cote du parti dans les urnes.
Pendant ce temps le maire, sans doute sensible à la radicalisation rampante de son électorat de retraités fortunés et de commerçants nantis, multipliait les dérapages verbaux et les discours racistes de moins en moins voilés.
L'organisation de Vignole faisait incontestablement du bon boulot, et la ville glissait tout doucement vers un passage démocratique dans les bras tendus du parti d'extrême droite. (page 212)
Max était un salopard gros et crasseux qui fonctionnait à la bière, aux amphets et à la tequila. Il n'avait jamais foutu les pieds aux States, mais il se comportait comme s'il avait reçu l'investiture suprême des Grands Conseils des Hell's et du Klan. Il était aussi inculte qu'un lopin de désert, il était aussi mauvais et rusé qu'il en avait l'air, et je peux vous dire qu'il fallait être cinglé pour aller chercher à vérifier.
Les années n'avaient aucune prise sur ma mère. Elle était (elle est toujours) de ces femmes que le temps enguirlande sans cesse de beauté supplémentaire comme pour faire sentir aux autres que la justice et l'égalité ne seront jamais que des utopies pour consoler les faibles, les pauvres et les laids.
Mais mon pauvre Antoine, les grosses têtes des grandes écoles tomberont chez nous comme des fruits mûrs quand nous arriverons près du pouvoir. Qu'est-ce que tu crois ? Ces types sont dressés pour aller à la soupe, ils viendront quand elle sera servie, pas avant.
Il se marre sans comprendre. Encore un qui appris l'humour dans les colonnes d'U Ribombu. (page 24)
Lord Gwynplaine - Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal - LTL # 152