La dernière masse critique m'a permis de découvrir une jeune poétesse contemporaine
Hortense Raynal et son recueil
Nous sommes des marécages, j'avais apprécié
Mes forêts d'
Hélène Dorion d'une autre masse critique, je suis un amateur de poésie, celle de
Baudelaire, Rimbaud,
Verlaine,
Prévert,
Apollinaire et dernièrement
Franck Bouysse et sa
Fenêtre sur terre. Je ne connais pas du tout cette jeune poétesse, performeuse, comédienne et aveyronnaise, son premier livre de poésie,
Ruralités, obtenant le prix du premier recueil de
poèmes de la Fondation Antoine et
Marie-Hélène Labbé. Je suis toujours assez frileux avec ces prix fourre-tout, la reconnaissance d'un talent est souvent de l'entre soi,
Juan Asensio dans son blog érudit et polémique, dénonce cette dérive prosaïque de la littérature française, j'avance sans certitude dans cette lecture, sans réticence aussi.
Premier mot, ficelés sans majuscule, répétés dans un écho, de ce recueil de poésie, me laisse songeur, la Majuscule n'est pas, comme un soupir, ou le début est déjà loin dans une intemporalité disparue ; les vers sont courts presque l'apparenté de l'essentiel concentré en peu de mots, la sonorité est presque orale, voire chantée, puis les ruptures, les réflexions s'entremêlent dans l'inextricable confusion de la compréhension, comme un combat,
Hortense Raynal accouche difficilement ces vers en prose, ces mots sont comme projetés à la truelle par un maçon pour façonner un mur invisible, la gâche se projette dans le vide pour noircir le sol d'un monticule épars de gâchis qui trouble la beauté divine de la nature face à cet art poétique humain si humain.
Je suis assez sévère avec ce recueil que j'ai relu deux fois,
Nous sommes des marécages, ce marécage d'eau sauvage, cet endroit si libre, si vivant au contraire de nous, la nature, les lieux, la cartographie d'
Hortense Raynal n'a pas réussi à me guider dans ces lieux qu'elle semble transposer à son corps, comme si nous étions en osmose avec ce qui nous entoure, comme
Sartre,
il y a une sorte d'existentialiste de l'être humain, comme si ce qui nous réunit était juste les lieux, qui vivent à jamais dans la mémoire de chacun.
Je pourrai creuser plus en profondeur ces
poèmes contemporains d'
Hortense Raynal, qui d'ailleurs a reçu l'aide de l'Usine Utopik, Centre de création contemporaine –relais Culturel de Normandie, l'ayant accueilli en résidence pendant un mois en juin 2020, cette fusion entre la poétesse et cette retraite accouche d'un recueil intime et complexe, une oeuvre prosaïque où
les mots se percutent, s'unissent, l'entrechoquent, s'assemblent, ou la phrase danse une modernité linguistique dans des échos marécageux, propre au titre, mais aussi au style moderne de cette poésie du XXIᵉ siècle qui se perd dans cette spirale cérébrale humaine, cachant la beauté pure d'une poésie ou les émotions se figent dans un labyrinthe de vers et de parenthèses abusives.
Hortense Raynal abuse de parenthèse, elle y note des questions, des jeux de mots, des réflexions, des émotions, comme une épaisseur à ces vers trop épurés, comme si ces émois avaient différents lieux, comme elle le dit dans l'un de ces
poèmes, avec cette métaphore des différentes maisons qui n'ont pas la même forme, pouvant être hutte, hangar, abri, salles des fêtes, cahute, abritant les plaisirs, la solitude, la fortune, la fête et les douleurs.
On retrouve aussi cette magie de pouvoir jouer avec
les mots comme sonmai, sonnemai, monsai, mahison, pour la maison et aussi des contrepèteries déclarées comme vague et vide pour vade et vigue, aboutissant par évade et digue, ce charme de jongler avec
les mots m'a toujours donné du plaisir, je remercie
Hortense Raynal pour cette distraction prosaïque, et aussi pour cette lecture, même si je n'ai pas complétement adhéré à ces marécages que je ne suis pas.