Le Professeur Philippe Raynaud a récemment écrit un stimulant essai intitulé
L'esprit de la Ve République. L'histoire, le régime, le système. Paru aux éditions Perrin, l'ouvrage s'apparente à un témoignage de l'auteur, dont la vocation de (re)lier les perspectives politologiques et juridiques, très souvent dissociées dans les Facultés françaises de droit et de science politique.
Sans être un militant de la Ve République, l'auteur la préfère à la VIe... Dans ces pages érudites et très agréables à lire,
Philippe Raynaud invite à réfléchir sur les transformations de la Ve République, en particulier celles qui n'étaient pas initialement prévues. Malgré les aspirations (voire les préventions...) gaulliennes, la Ve République ne s'est-elle pas imposée grâce aux... formations politiques? Ce régime étonne en raison de sa longévité et de sa capacité à survivre aux crises. Sa souplesse la rend immuable, alors que les orgues de sa disparition jouent presque en permanence de tristes partitions. Sans simplifier abusivement,
Philippe Raynaud raconte cette Ve République à partir de quelques points d'inflexion décisifs. Ainsi l'année 1962 marque-t-elle une première mutation et, même, l'altérataion définitive du projet initial en faveur d'une sorte de démocratie plébiscitaire. Les années Mitterrand et, plus spécialement, 1983 constituent une autre rupture, puisque le tournant de la rigueur permet le passage d'un quadrille bipolaire (soit deux camps politiques - gauche et droite - comportant chacun deux grandes sensibilités - les socialistes et les commmunistes à gauche ainsi que les gaullistes et les membres de l'UDF à droite) à un système de partis moins conflictuel. Cela a été rendu possible par l'érosion du PCF et par le choix de la plupart des courants politiques en faveur de réformes dans un cadre européen. Cette configuration, a-t-on remarqué le 23 avril dernier, vient de s'effondrer. Reste à voir si les élections législatives permettront la naissance d'un système primo-ministériel, analogue à ce qui se pratique outre-Manche et au delà du Rhin. le présidentialisme majoritaire aurait alors vécu et le chef de l'Etat serait condamné à la portie congrue d'un arbitre (devant céder le capitannat...).
Une véritable réussite ! A lire !
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