Riff Reb's, homme de tous les superlatifs pour moi, en toute partialité assumée, le boss entre tous les boss. Je le placerais sur le podium avec 2 autres maestro de la bd contemporaine, j'ai nommé
Juanjo Guarnido et Emmanuel Lepage.
Un tsunami de talents.
Dessin et scénario, tout est bon dans le Riff Reb's. A chacun de ses bouquins, je frise l'AVC artistique ; émotion !
Ici, on a sa version du roman de
Jack London. Accusé à tort, Darrell Standing moisit en cellule d'isolement, censé révéler des choses qu'il ignore, pour la bonne raison qu'il s'agit des inventions d'un autre prisonnier.
Le cachot : un univers qui se définit par l'absence de tout, privation sensorielle totale et plus court chemin vers la folie furieuse.
L'attention de Standing se rue sur la moindre sollicitation : chaque mouche devient un univers ; puis il élabore des plans inspirés de son ancien métier, avant de se plonger dans des parties d'échecs imaginaires.
L'euphorie le gagne lorsqu'il parvient à décoder les tapotements de 2 autres prisonniers, inspiré du « carré sibérien », à base d'une grille de 25 cases contenant l'alphabet ; leur échange n'est que de courte durée : cela agace profondément la direction, qui va leur faire passer le goût du bavardage en les enserrant dans une camisole ultra-serrée, nouveau cran dans l'horreur.
Standing découvre une dernière botte secrète : l'auto-hypnose ; après la sensation d'une dilatation de son cerveau et d'une dissolution du temps, il est assailli d'images mentales, des hallucinations qui le libèrent totalement de son corps torturé ; tellement limpides et intenses qu'elles lui semblent des vies antérieures.
Il a vécu 10 000 générations, il flotte dans le cosmos et dans le temps, c'est
le vagabond des étoiles .
Une évasion mentale fascinante, seule échappatoire à la folie. Elle est d'ailleurs souvent évoquée par ceux qui ont dû résister à l'enfermement total.
Scénario passionnant, dessin fabuleux. Et je reste sobre !