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EAN : 9782220088082
224 pages
Desclée de Brouwer (20/09/2017)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Notre époque n'est-elle pas celle de l'éclipse de la mort ? Entre rêved'immortalité, culte de la jeunesse et peur du cadavre, la mort ne doit plusfaire partie de la vie. Elle est cachée, dénaturée, éclipsée. C'est à la foisune éclipse dans le langage (où « partir » a remplacé « mourir ») et uneéclipse sociale (la mort a été évacuée de la cité).
Aujourd'hui, le transhumanisme porte et achève cette éclipse. La vie estdésormais sans mort, et la mort, sans vie. C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Redeker a une vue très pessimiste de la modernité. Selon lui, elle est incapable de penser la mort : “La crise du monde moderne se résume (sic) au fait que nous sommes séparés d'avec la mort”, notamment “parce que les symboles sont submergés par les images industrielles”. Il méprise “les âmes de second rang”. Il glorifie les maladies : “Les maladies détruisent le moi et libèrent l'âme”, “elles sont une répétition de la mort”, “elle nous offrent la chance de vivre comme un mort”. Il consacre deux chapitres à vitupérer contre la crémation, vue comme “haine de la matière”, “vie biologique passée au Kärcher”, “refus d'être livré en pâture à l'univers”. Il s'emporte également contre l'euthanasie. Il admire Heidegger, saint Augustin et Thérèse de Lisieux (“La vraie femme libre, ce n'est pas Simone de Beauvoir, c'est Thérèse de Lisieux”). le livre contient un nombre saisissant de généralités de ce genre : “La sexualité peut légitimement être définie comme le désir d'un retour à l'indifférencié originaire, ce qu'est toujours la mort”, “L'âme festive masque la dépression”, “A force de regarder la TV et de naviguer sur internet, nous risquons d'oublier de mourir”, “Pour les terroristes la mort n'est qu'une péripétie de jeu video”.
Je mets deux étoiles : une pour le style très soigné et une pour la précision des références infrapaginales. Aucune pour le contenu.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si notre modernité tardive, incapable de penser et de supporter la mort, à défaut de l’impossibilité de supporter la vie, si nous vivons dans une époque qui ignore la mort, au sens où ce temps prosaïque n’a rien d’autre à dire que de scientifique, que de biologique, que de médical, rien d’autre à dire qui la refoule comme jamais – car tenir un discours scientifique et médical sur une chose revient à la refouler, que cette chose soit aussi bien la folie que la mort – qui la repousse dans les marges, les morgues et les crématoriums édifiés pour se débarrasser des embarrassants cadavres au plus vite, si nous vivons un moment historique de l’éclipse de la mort, sans doute est-ce parce que nous n’avons plus accès à la face lumineuse de la mort, à la part de chance qu’elle recèle et qu’elle nous offre ? Face lumineuse ; dans ses écrits des dernières années, Bossuet envisage la mort comme un état enviable. Mais c’est aussi parce que nous vivons un temps de désymbolisation. Quand la transcendance vient à déclarer forfait, la symbolisation ne peut s’effectuer. La symbolisation est une mise à distance par le moyen de la figuration, éloignement qui instaure le sens. Or les images d’aujourd’hui sont celles qui nous immergent – souvent même, usinées par l’industrie du diverstissement et de l’information, bref l’industrie de l’hébétude, elles donnent le jour à une dictature de l’émotion –, celles qui détruisent la possibilité du symbolique. Ce nouveau régime de l’image rend la société sur laquelle il règne implacablement inapte à vivre avec la mort, à penser la mort, à vivre dans cet entrelacs entre la vie et la mort qui a toujours été l’habitat de l’existence humaine.
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Finalement, l’immortalité transhumaniste serait une vie immortelle dans laquelle l’homme ne cesserait de se fuir lui-même. Et où il aura oublié de mourir. Le divertissement y serait l’atmosphère et le but de sons existence. La vie éternellement ludique, une vie interminable à consommer des séries télévisées, de la musique et de la littérature industrielle, à s’affaler devant l’infotainment, à s’essouffler en jogging et fitness, à faire du ski et du vélo, à l’abêtir dans les loisirs, à s’abrutir dans les parcs d’attractions, une vie disneysée, bref le contraire de la vie éternelle proposée par la foi chrétienne ou envisagée par Platon. Une vie infantile. Une vie pareille éternelle ne mériterait pas d’être vécue. Le transhumanisme n’est pas la sécularisation de la promesse chrétienne, une étape supplémentaire et finale dans le processus de sécularisation à l’œuvre depuis les Lumières, dans la mesure où il ne propose aucune rupture dans le style d’existence entre la vie mortelle et la vie immortelle. Il n’offre rien d’autre que la même aliénation – au sens propre de ce mot : être autre que soi – par le divertissement que l’interminable vie quotidienne désespérante de vacuité.
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La maladie ne nous rapproche pas seulement de la mort : elle nous fait connaître ce qu’est la mort. Les avantages de la maladie sont l’anticipation des avantages de la mort. Lorsqu’elle est digne de ce nom, la maladie nous promène dans les parages de la mort.
Derrière la philanthropie des partisans de l’euthanasie se masque une puissante misanthropie. Notre siècle n’aime plus l’homme lorsqu’il est malade. Notre siècle ne le supporte plus. Nous voilà incapables de soutenir le regard de l’agonie. Nous ne voulons plus que la mort, la maladie, la souffrance, l’agonie, nous regardent les yeux dans les yeux. Tournés vers nous, leurs regards nous interrogent sur la condition humaine, forent douloureusement notre intimité psychologique, nous poussant vers les lisières de la réflexion métaphysique. Éternels adolescents drogués à l’euphorie permanente, humains hébétés collés aux écrans, nous ne savons que fuir cette confrontation avec la finitude – d’où la faveur que suscite, chez nous, l’euthanasie.
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De fait les images industrialisées qui envahissent notre vie quotidienne, de la publicité au magazine, de la télévision au smartphone, images qui sont transfusées en continu dans nos corps, nos cœurs et nos âmes, ne sont plus de même nature que tous les types d’images que l’humanité a pu créer et connaître jusqu’ici. Les images étaient l’apparition depuis la distance, l’infinie distance, depuis l’éloignement profond, qui rendait énigmatiques l’être ou l’objet représentés – ainsi font les icônes. La désymbolisation signifie ceci : les images ne sont plus des icônes, ne sont plus des portes ouvertes sur le mystère, ne sont plus des présences, s’abaissant au statut de vulgaires produits de l’industrie. Voici ce qu’elles sont : des marchandises industriellement fabriquées. Elles sortent des chaînes d’une industrie du divertissement et de l’hébétude à la façon des vignettes Pagnini, que l’on peut prendre pour leur paradigme.
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Que serions-nous sans la mort ? Tout ce que nous sommes, tout ce à quoi nous tenons, sans la mort n’existerait pas. Elle ne se contente pas de nous délivrer du moi – ce qui est déjà beaucoup, immense. Elle ne se contente pas de son rôle pédagogique : quand nous la simulons en esprit, bref quand nous la pensons, elle nous montre qu’existe un au-delà du moi, la vérité de notre être. Non, elle réussit beaucoup plus : sans la mort il n’y a rien, pas de monde humain, il n’y a ni famille, ni société, ni patrie, ni culture, ni sans doute amour. Quant au croyant, il nous dira : sans la mort, il n’y a ni rédemption ni salut.
Sans la mort, il n’y a que le néant.
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Vidéo de Robert Redeker
Pour annoncer un été sportif, Livres&Vous vous propose une émission consacrée au corps sportif mais également à un corps social tendu vers la victoire. Finale de la Coupe du Monde, départ du Tour de France, grand prix de Formule 1 et un mois avant les Gaygames qui se tiendront à Paris début août, c'est avec deux experts en la matière que nous en discuterons : l'historien Georges Vigarello spécialiste du corps et plus particulièrement du corps sportif et le philosophe Robert Redeker qui fait paraitre Peut-on encore aimer le football ? Avec : Robert REDEKER : Philosophe, Georges VIGARELLO : Historien.
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