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EAN : 9782370551986
131 pages
Le Tripode (02/05/2019)
3.47/5   15 notes
Résumé :
Imaginez un livre qui soit à la fois Eyes Wide Shut (Kubrick) et Belle de jour (Buñuel).

Madame Jules aime son mari, Monsieur Jules.
Monsieur Jules aime son épouse, Madame Jules.
Les deux forment un couple accompli, puissant, heureux, solidaire, uni.
Ils jouissent de leur position sociale et de la constance de leurs désirs.
Monsieur Jules est le mari et l'amant idéal de Madame Jules.
Madame Jules est l'épouse et la m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Madame Jules aime Monsieur Jules, son mari son amant, qui lui rend bien son grand amour, à Madame Jules, sa femme sa maîtresse. Mais justement, est-ce de l'amour ? Madame Jules, qui aime Monsieur Jules, son mari son amant, ne s'est jamais posé la question. Jusqu'à cette soirée mondaine, où cet imbécile, cet importun d'Auguste, sème le doute dans son esprit. Qu'éprouve-t-elle réellement pour Monsieur Jules, son mari son amant ? de l'amour, ou seulement du désir ? Lui arrive-t-il de penser à d'autres que lui, et lui à d'autres qu'elle ? Dans le cocon de la chambre à coucher où elle fait l'amour avec Monsieur Jules son mari son amant, où, quand Monsieur Jules est au travail, elle l'attend, se fait belle, se pare, se parfume, pense à lui, à son bonheur à elle, à lui, à eux, à son amour à lui, à elle, à eux, elle a oublié qu'il y a le monde extérieur derrière la porte.
Madame Jules, c'est le rêve d'un amour parfait, absolu et éternel à l'eau de rose, soudainement ramené à la réalité. Comment surmonter cette intrusion du réel , de tiers, dans cette bulle protégée et aveugle ?
Dans un style parfois très cru, hypnotique, jouant sur les répétitions et les sonorités, l'auteur aborde les thèmes intemporels de l'amour, du désir, de la passion, du secret et du doute au sein d'un couple. Intéressant et original dans la forme, mais au final il ne m'en reste pas grand-chose.
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Madame Jules aime Monsieur Jules, son mari, son amant, elle l'aime et le répète souvent. Oui, elle aime à le dire, à se le dire. Elle en est bien convaincue et aime cet Amour qui la brûle, l'éblouit, la comble d'aise, d'assurance et de félicité.
Elle aime aussi faire l'amour avec Monsieur Jules. Pour cela, elle se prépare, se pare, se parfume et s'offre à Monsieur Jules. Elle est douée pour cela, travaille le décor et la mise en scène. Rien n'est laissé au hasard. Ce serait tellement dommage. Tout doit être réussi, beau, lisse, brillant comme dans les livres d'images ou les romans d'amour.
« C'est moi qui réalise tous ces délicieux programmes. C'est moi qui réalise toutes ces délicieuses envies. »
Madame Jules fait tout pour être heureuse. Madame Jules a tout pour être heureuse.
Elle contemple avec bonheur son bonheur, comblée, ravie, béate de vivre une union si parfaite, si enviée.
« - À quoi penses-tu ?… À toi, répond-il. - À moi seule ? - Oui. »
Ils sont un.
Et personne ne vient troubler cette unité, cette harmonie totale, cette communion absolue. Ils ne sont qu'un. Corps et âme. Âme et corps. Mêlés, entremêlés, emmêlés.
Un.
« Monsieur Jules, mon mari mon amant » répète-t-elle à l'envi, ivre de ces mots si beaux qui martèlent son âme, telle une mélodie un brin entêtante.
Madame Jules bâtit son bonheur, construit autour de lui un solide mur de pierre pour le protéger : tout est contrôlé, verrouillé, vérifié. Madame Jules ne laisse rien au hasard, ce n'est pas son genre. Elle s'est créé un monde en se coupant du monde. Pour préserver ce bien qu'elle a de plus précieux : son amour pour Monsieur Jules.
Et malgré tout, parfois, Madame Jules se laisse bercer par son univers intérieur, vaste comme la mer et elle s'abandonne à la douceur des vagues, à l'appel du désir. Une eau douce et claire l'entraîne vers un ailleurs mystérieux, à l'extérieur de la chambre à coucher « au lit blanc, gréé de dentelles » où elle protège son amour. Une petite pensée lui échappe, un petit rien s'envole qu'elle échoue à retenir.
« Mais à quoi penses-tu donc ? me demande-t-il une nouvelle fois. »
La question posée ne suppose-t-elle-elle pas l'ombre d'un soupçon ? de quoi pourrait-on soupçonner une femme qui pense ? Et d'ailleurs, une femme pense-t-elle ? Vers qui, vers quoi son esprit s'envole-t-il, hors les murs de la chambre, hors les murs de la morale, des bonnes moeurs, des principes, des normes bien établies ?
« Et là, il doit penser que je pense que je suis une femme qui pense, oui il a raison Monsieur Jules, mon mari mon amant, je pense. Et maintenant qu'il sait que je pense, c'est le début d'un autre monde. »
« Les femmes pensent admirablement en France ou ailleurs. Les moeurs nous apprennent si bien l'imposture. »
Madame Jules sait contenir son imagination, la maintenir, la contraindre. Elle sait cadrer ses désirs, les refouler, les empêcher. Il lui arrive parfois de manquer de vigilance et de laisser s'envoler l'ombre d'une pensée, la pointe d'un désir, la lueur ténue d'une envie.
Mais elle l'aime tellement ce « Monsieur Jules, mon mari mon amant »  Elle l'aime tellement, tellement, tellement, comment imaginer une place pour un autre, même en pensée ? Oui, comment ?
Or, un soir, Monsieur et Madame se rendent à une fête. Elle est abordée (ou bien l'imagine-t-elle ? le fantasme-t-elle?) par un importun qui voudrait juste danser avec elle. Juste cela ou peut-être plus (se le figure-t-elle ...) Mais c'est suffisant pour que le bel équilibre soit dérangé. le doute s'insinue au coeur de l'être, fissure légèrement le mur épais qu'elle a bâti pour protéger leur amour.
Le doute et l'envie, duo terrible, enflamment la pensée, le désir, les fantasmes et font aussi renaître les fantômes anciens, que l'on croit oubliés mais qui sont là, toujours là, prêts à surgir, à bondir, à renaître.
La terrible tentation.
« On a beau cacher son secret, on a beau enfouir au plus profond de soi ses phantômes, penser qu'ils ne reviendront jamais, ils remontent un jour ou l'autre à la surface. Ils ont été bannis, certes, mais le banni n'est jamais mort et peut revenir. Il ne demande pas la permission de revenir, de rentrer au pays et son retour est toujours surprenant, et son retour est toujours une surprise qui laisse pâle et presque en défaillance.
À quoi penses-tu? À toi, je pense à toi. Et le toi n'est plus toi, n'a plus ta voix, ton visage, ton nom. »
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé dans Madame Jules les principaux motifs abordés par Emmanuel Régniez dans son excellent premier roman, Notre château  (les schémas narratifs ont aussi des points communs) : deux êtres (frère, soeur/mari, femme) vivent ce qui ressemble à une union parfaite (amour fraternel/amour conjugal) dans un lieu retiré du monde (château/chambre) et se livrent à une activité qui les lie (lecture/jeux amoureux). L'extérieur apparaît comme une menace dont il faut se méfier, se protéger. Dans les deux cas, un doute s'immisce venant rompre le parfait équilibre, fissurer les certitudes, briser une routine bien huilée.
« Qu'ai-je oublié ? Quelle erreur ai-je commise ? À quel moment me suis-je fait avoir ?
Qu'ai-je oublié ?
J'ai oublié qu'il y avait un monde derrière ma porte. J'ai oublié qu'il y avait un autre monde que celui de ma chambre. »
L'on retrouve aussi la figure de la répétition qui comme une litanie envoûtante vient traduire l'obsession, la peur, la mince frontière entre réalité et folie.
Plusieurs thèmes centraux sont eux aussi communs aux deux oeuvres : le dit/le non dit, le présent/le passé, l'extérieur/l'intérieur, l'être/le paraître, la certitude/le doute, le désir/l'interdit…
Le lecteur encore une fois se trouve entraîné dans des espaces troubles et trompeurs où vivent des êtres épris d'une forme d'absolu, et qui, s'étant façonné un quotidien réglé au millimètre afin de se protéger du monde extérieur, vont trébucher sur un petit caillou qui a roulé subrepticement sous leur pied et les a fait ponctuellement (ou durablement) vaciller : soit ils auront la force et la volonté de se relever, soit ils sombreront dans la folie.
Indéniablement, Emmanuel Régniez construit une oeuvre passionnante, fascinante et dérangeante qui explore la passion, l'aveuglement et le désir d'absolu des hommes, désir qui peut à tout moment les conduire à leur perte ou bien les élever au-delà d'eux-mêmes et de leurs semblables. 
Encore une fois, un grand plaisir de lecture...
On en redemande !

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Madame Jules aime Monsieur Jules, son mari, son amant ...
C'est l'histoire de ce livre, en bref.
Mais surtout c'est une histoire pas si brève puisqu'elle vient nous parler du doute, du couple, de la fusion.
L'histoire est simple, Madame Jules et Monsieur Jules s'aiment profondément et ne voient le monde que l'un à travers l'autre. Mais au cours d'une soirée mondaine, un personnage va venir semer le doute et soudain Monsieur Jules s'interroge sur la sincérité de son épouse ...
Avec ce deuxième roman, Emmanuel Regniez confirme son talent d'écriture. La langue est belle, mesurée et juste, on se laisse totalement prendre au jeu !
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Dans une écriture lancinante, l'auteur nous parle du désir et du couple. L'idée de départ est intéressante. Malheureusement, je suis passée complètement à côté. le couple n'est abordé que sous l'angle du désir et rien d'autre ne semble unir Monsieur et Madame Jules. En occultant le reste, cela risque de laisser beaucoup de lecteurs indifférents.

Mais soit, acceptons de n'aborder que cette thématique. L'écriture se veut poétique ce qui me semble plutôt pertinent pour éviter de tomber dans un texte vulgaire. Mais là encore, je n'y ai pas du tout été sensible. L'auteur joue sur les répétitions pour essayer de créer une sorte de langueur mais personnellement, je m'en suis très vite lassée…

Pour résumer, ce roman partait d'une bonne idée mais m'a finalement laissée indifférente.
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Entrons doucement mais fermement dans l'intimité de Madame Jules, celle qu'elle partage avec Monsieur Jules, son mari, son amant. Avec son écriture réaliste et poétique (répétitive), Emmanuel Régniez interroge les nuances qui séparent amour, sexualité, désir, habitudes et envies. Il nous livre un récit intemporel sur le couple à lire sans s'arrêter pour s'interroger aussi.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'est ça, l'amour, le grand amour, pouvoir chaque soir, se coucher, coucher, avec celui que l'on aime, dormir avec celui que l'on aime dans un lit plein d'odeurs légères, un divan profond comme une tombe. Se coucher avec celui que l'on aime dans un grand lit blanc, grée de dentelles.
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Vidéo de Emmanuel Régniez
EMMANUEL REGNIEZ – UNE FÊLURE Lecture par Pierre Baux Rencontre animée par Kerenn Elkaïm
On le sait, et l'oublie trop souvent, les contes ne sont pas que pour les enfants. Ils disent ce qu'il y a de plus terrible et dangereux. Bien mieux, bien plus, que beaucoup de romans.
Une Fêlure est un récit. C'est aussi un conte. Il livre l'errance, l'horreur d'une famille. Et révèle comment la littérature peut sauver alors la vie.
À lire – Emmanuel Regniez, Une fêlure, le Tripode, 2021.
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