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3,1

sur 356 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce roman d'Eric Reinhardt ne devrait pas laisser indifférent ses lecteurs tant sa construction est provocante.
La lecture est en effet déconcertante, décousue ; elle alterne des chapitres où il ne passe pas grand'chose, comme dans un film de Rohmer, lorsque l'on suit Dimitri, et des passages où l'on plonge dans des analyses politiques.

Sans transition, on passe du triolisme au deuil de l'attentat du Bataclan, on balaye le lobbying du médiator, la pilosité féminine et l'expressionnisme abstrait des années 1950 soutenu par la CIA...

J'ai avancé par à coups dans cette histoire désarçonnante qui fait qu'à plusieurs moments on se demande où l'auteur veut nous entraîner.

Puis on arrive dans le coeur du livre (si il y en a un) : comment Valéry Giscard D'Estaing clôtura le plan calcul en 1974 privant la France de la possibilité d'inventer internet en lui préférant le minitel.

Le style fait souvent appel à la répétition de phrases en leitmotiv.
De temps en temps, on est happé par les pérégrinations timides du personnage intellectuel de Dimitri et par son enquête sur la politique de la communication et d'informatisation.
Mais souvent, je me suis enlisé dans un banc de sable, refusant pourtant de lâcher le livre, puis, le courant aidant, j'ai été remis à flot avec le sentiment d'être baladé dans ces sautes du coq à l'âne.

Dimitri nous dit qu'il va sortir un gros truc, une enquête dont il va faire un livre qui aura un énorme retentissement. Bref, un livre dans le livre.
C'est avec un sentiment mitigé que j'ai terminé cet ouvrage dont on a l'impression qu'il aurait pu se poursuivre ainsi infiniment avec une mise en abyme.
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Voici surement une des critiques les plus compliquées qu'il me sera donné d'écrire…
En effet, cette lecture me laisse plus que mitigée et bien qu'ayant terminé ce livre depuis plusieurs jours, je peine à commencer ma critique…
Que dire d'un livre qui m'a fait éprouver des sentiments aussi différents et ambivalents qu'un vif intérêt ( au début ) et puis un profond ennui par la suite, me faisant même lire tout une partie en diagonale ( ce que j'appelle la lecture express )
Bon, je précise qu'avant de recevoir ce livre grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux Editions Gallimard (encore merci à eux ), je ne connaissais pas du tout cet auteur qui n'en est cependant pas à son coup d'essai dans le paysage littéraire français. Ceci dit, je suis loin d'être une référence en littérature française, après tout, mon côté super dispersé et mon appétence pour les auteurs anglo-saxons n'arrangeant rien non plus…
Comme déjà évoqué précédemment, j'ai terminé ce livre il y a quelques jours déjà, et je peine déjà un peu à me rappeler son histoire. C'est dire qu'il ne me laissera pas une impression durable …
Si au début de ma lecture, j'ai bien accroché au style de l'auteur, j'ai assez vite changé d'avis.. Au bout d'un moment, cette écriture que je qualifiais de fluide s'est révélée pour moi trop répétitive et dans la surenchère… Bref, cela n'a pas arrangé mon intérêt pour cette histoire qui est allé en s'amenuisant…
En résumé, je ressors avec un sentiment vraiment mitigé, d'autant plus que le postulat de départ avait vraiment tout pour me plaire….


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En cette rentrée littéraire 2020
Eric
Reinhardt sort aux
Éditions
Gallimard ce roman
Comédies françaises.
Je ne connais pas du tout cet auteur, merci donc aux éditions Gallimard et à
Babelio de me permettre de faire connaissance de cet auteur.
Pour être honnête je n'ai pas spécialement aimé son style d'écriture, répétitions à outrance, redondance. Et pourtant le quatrième de couverture m'a attiré.
Pensez donc une enquête sur le pourquoi du comment la
France avait laissé échapper l'opportunité de la recherche sur le futur Internet.. Intéressant me suis je dis.
Le début du livre annonce la couleur, la rubrique nécrologique de notre héros !!!
Dimitri Margueritte. Jeune homme brillant, ayant fait d'excellentes études est un idéaliste rêveur,il est fantasque, recherche le beau dans tout ce qui l'entoure,la rencontre idéale qui lui apporterait le bonheur. Bon la réalité est souvent loin de nos rêves. On suit donc son parcours à travers ses études,son premier travail obtenu dans des circonstances légèrement saugrenues:
Consultant junior lobbying, ces chapitres là m'ont bien accrochés. Fluidité du style, intérêt du sujet et des magouilles en tout genre dans notre administration.
Puis nous nous retrouvons dans le monde de Max
Ernst artiste peintre dadaïste et
Jackson Pollock expressionniste abstrait tous deux célèbres de leur vivant. Pour celui ou celle qui comme moi n'a pas une culture très poussée sur le sujet ce fût un peu fouillis avec une certaine redondance d'énumérations et de répétitions de mots; plus les délires de Dimitri qui part dans ses fantasmes plus ou moins crus diront nous à connotation porno...
Bon j'ai lu ces passages en diagonales.
Puis à plus de la moitié du livre le sujet annoncé : l'évidente erreur de nos politiques français : refuser de continuer à financer les travaux de Louis Pouzin génial ingénieur informaticien, inventeur du datagramme et concepteur du premier réseau de paquets. Précurseur et visionnaire du futur internet que les américains s'empressèrent de développer. Grossière erreur d'appréciation pour l'avenir de notre pays..
J'aime bien quand j'apprend de mes lectures et là dans certains chapitres je dois dire que je me suis laissée emportée par l'écriture d'
Eric
Reinhard, c'est vif, dynamique, piquant,sarcastique et pertinent…
Par contre une bonne partie du livre part dans les méandres de l'esprit un peu à l'ouest de Dimitri, s'en est agaçant. Dommage car il y a des passages que j'ai pris grand plaisir à lire…
Merci encore pour cette masse critique privilégiée qui m'aura fait connaître un nouvel auteur.
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E.Reinhardt, Gallimard, "la Blanche", c'était vraiment bien parti pour un bon moment de lecture . Que nenni, et quel ennui!
Je ne mettrai pas en cause l'écriture de l'auteur , toujours brillante, mais j'y ai vu une sorte d'expérience littéraire, la déconstruction d'un roman , d'où un agacement que je n'ai pu réprimer. Que de redondances! Je n'ai pu que le lire en grande diagonale et cela sans même perdre le fil du récit malgré des situations parfois cocasses et la vie tourbillonnante et bourrée de fantasmes d'un Dimitri, jeune journaliste .
Il se pique d'enquêter sur le lobbying et les pratiques obscures de certains industriels.
Ce que nous promet la quatrième de couverture est un peu beaucoup exagéré.
Quant aux revers français de l'Internet dus au président Giscard, ne pas oublier qu'il s'agit d'un roman du moins je l'espère dans la tête de l'auteur.
J'ai lu sur Babelio,et le recommande vivement, un billet de "REMDESP" (Remi Desprès) daté du 7 janvier sur ce roman qui éclaire vraiment le pourquoi du comment de l'Internet français.
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Comédies françaises', roman signé Éric Reinhardt relève davantage de l'escroquerie que de la comédie. Sa quatrième de couverture nous annonce une enquête journalistique, que l'on suppose pointue, prenant pour cible un puissant industriel ayant, in fine, volé l'invention d'internet aux français. Ah, ces français qui ont fait la France et qui rêvent qu'ils auraient pu faire le monde ! En fait, cette histoire alambiquée, vraie selon certaines sources, d'une décision Giscardienne sous l'influence de ce lobbyiste ne prend que quelques pages et ne commence qu'après la moitié du bouquin. Trahison !
Le vrai pourquoi du livre serait plutôt la vie de Dimitri. Héros de nos jours ? Peut-être. Mais héros, certainement pas. Plutôt copie conforme d'une franche de la population qui ne s'émerveille que du cosmétique, rêve d'avenir mais ne croit pas au bienfondé de l'effort, du travail assidu et de la construction d'une vie. Comme de toute manière, selon eux, elle est pourrie, autant s'en remettre au hasard et tenter de le forcer un peu. Jeunesse d'aujourd'hui ? Probablement. Triste !
Car derrière le personnage de Dimitri, jeune journaliste quasi sans expérience et sans ambition réelle, il n'y a qu'un petit frimeur à la française, à l'esprit aussi gros qu'un petit pois et aux façons grossières, manquant de tout tact et de respect d'autrui. Hé oui, la liberté de paroles cache souvent une méconnaissance d'un savoir-vivre élémentaire plus qu'elle ne promeut une liberté à laquelle on ne croit plus guère. Mais il a de l'entregent, notre Dimitri. Il parade, minaude, joue l'imbécile (pas trop compliqué pour lui, semble-t-il) et passe presque toujours entre les mailles du filet protecteur que ses ami(e)s et patron tissent autour de lui. Bref, un personnage qui n'a que le triste mérite d'exister et qui, de plus, est assez tordu pour ne pas s'en rendre compte. Plausible ? de nos jours, assurément. Désespérant !
Dimitri, au long des pages et des pages, va donc faire une fixette sur des possibles coups de foudre, une fille puis l'autre. Des rencontres impromptues au coin d'une rue, dans un café, un théâtre et, toujours, notre bête s'anime, flaire la rencontre de sa vie. Tout en défendant l'idée que le hasard est prépondérant pour forger une vie, notre plumitif va multiplier les tentatives d'organisation du hasard espérant enfin trouver bonne fortune. Navrant !
Avec la déclaration d'un scoop à paraître à travers l'écriture d'un livre dans lequel Dimitri confondrait Giscard et ses lobbyistes, avec pour cerise sur le gâteau, la réhabilitation de la France comme géniteur d'internet, le récit s'englue dans la vie puérile, décalée, fantasque, inopérante de ce journaliste. Même si c'est là un reflet peu déformé de notre société, l'auteur devait trouver une pirouette pour en sortir. Bien sûr, avec le métier qu'Éric Reinhardt possède, cela ne fut pas compliqué. Et, dans l'art, l'auteur boucle son récit par l'annonce faite dès la première page. Déjà vu, mais pas mal tout de même. Rassurant !
Si le récit ne m'a pas semblé nourricier en termes d'humanité à promouvoir, l'écriture de Reinhardt est bien la sienne. Avec de longues énumérations de références culturelles, manifestement c'est un homme érudit ou disposant du verni pour le faire croire. Il utilise volontiers les répétitions des conteurs mais sans magnifier la suite par une chute, un changement d'axe, de cap ou même d'idée. Pour exemple :
P. 66-68 : Il avait vu les spectacles de Romeo Castellucci. Il avait vu les spectacles de Christoph Marthaler. Il avait vu les spectacles de Krzystof Warlikowski. […Je vous passe les 65 lignes suivantes de la même structure pour le laisser conclure…] Il avait passé énormément de temps dans les salles de spectacle. Trop de références littéraires ou artistiques nuit à l'avancée dans la lecture. Pédant !
Un autre artifice dont l'auteur use et abuse est la mise en parenthèses. Quasi pas une page du livre sans une, voire plusieurs parenthèses qui coupent le récit, parfois sans aucunement alimenter la réflexion du lecteur. Enervant !
D'autant plus regrettable qu'à plusieurs endroits du récit, l'auteur se montre fine plume, j'insiste, très fine plume, touchant juste et décrivant à la perfection les mutations en cours au sein de notre société. Cela aurait pu être tellement enivrant !
Il me reste, même si ma chronique est un peu amère, le plaisir d'avoir lu ce livre, vraiment ! D'y avoir pointé l'une ou l'autre belle source de réflexion et m'être bercé du rythme et de l'à propos de quelques beaux passages d'une écriture subtile capable de faire briller notre belle langue française. J'oublie le reste et garde le meilleur.
Merci à Babelio et aux Editions Gallimard de m'avoir accordé leur confiance en m'offrant ce roman de la Rentrée 2020.
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Dimitri, jeune journaliste à l'AFP après avoir travaillé pendant quelques années dans les relations institutionnelles et les affaires publiques – autrement dit le lobbying -, se lance dans une enquête au long cours, dont il voudrait bien faire un livre : cette enquête, c'est celle de la naissance d'Internet, que l'on aurait pu attribuer à Louis Pouzin, ingénieur français qui a justement inventé le système de transmission de données, le datagramme, dans les années 70, si le gouvernement français, sous Valéry Giscard d'Estaing, n'avait pas fait les mauvais choix. Ses recherches vont le mener à un homme puissant de cette époque, Ambroise Roux, PDG de la CGE (Compagnie Générale d'Electricité), qui serait responsable du sabordage des recherches de Louis Pouzin pour des histoires de gros sous. Et c'est à partir de là que Dimitri, jeune homme particulièrement obsessionnel – ses pérégrinations amoureuses nous le confirment tout au long du récit -, va se jeter corps et âme dans les investigations pour tenter de déconstruire le mythe Roux.

Gros maelström aux airs de capharnaüm que ce roman, à la fois histoire fictive de Dimitri, histoire réelle de ses investigations, que ce soit sur Internet, Louis Pouzin ou Ambroise Roux, histoire mi-réelle mi-fictive de sa passion pour Max Ernst suite au visionnage d'un documentaire à ses dix-huit ans, passion dont il veut faire un roman. Sous la plume de l'auteur, Dimitri est raconté dans ses moindres faits, gestes et pensées, décrit en train d'écrire également – nous avons même sous les yeux ses écrits en cours d'élaboration, ou en cours de réflexion dans son esprit -. Malgré l'impression de confusion, et de multiplications de récits hétérogènes, qui peut dérouter de prime abord, tout se tient finalement bien jusqu'au dénouement, qui nous montre un ensemble très cohérent, très riche, et très complexe, tenu par une plume travaillée et précise ; de même, l'incipit, en nous faisant commencer par le dénouement, qui va s'expliciter ensuite pour former une boucle bien bouclée, est intéressant et bienvenu, preuve ultime du travail fourni, et quant à la narration, et quant au style.

Malgré tout, je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir embarrassée à la fermeture de ce roman en ce qui concerne mon ressenti final. Certes, l'ensemble se tient, est particulièrement bien écrit – même si j'ai trouvé certains passages de description de l'histoire de Louis Pouzin ou d'Ambroise Roux longuets – mais je n'ai jamais réussi à trancher entre deux postulations totalement antagonistes. Soit l'auteur fait ici preuve d'une grande dérision vis-à-vis de son personnage, particulièrement antipathique, voire ridicule dans ses obsessions nombrilistes, d'auto-dérision vis-à-vis de son propre rôle d'auteur/narrateur, et j'adhère complètement à ces « comédies françaises » décrites avec beaucoup de cynisme. Soit tout est à prendre au premier degré, et j'ai assisté à une parfaite mise en abyme d'un journaliste de l'AFP qui se regarde écrire, tout comme l'auteur se regarde écrire l'histoire de ce journaliste, avec une grande pédanterie qui m'insupporte franchement. N'ayant jamais lu Eric Reinhardt auparavant, si certains lecteurs d'autres de ses romans passaient par là et pouvaient m'éclairer à ce sujet pour trancher, j'en serais ravie !

Je remercie les éditions Gallimard et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman de la rentrée littéraire.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Un titre évocateur. Dans ce dernier roman d'Eric Reinhardt il sera question de comédies, en divers sens du terme, et l'ancrage sera très français. Comédie du surréalisme, comédie des lobbys, comédie des classes sociales vont donc être évoquées avec une ambition littéraire inégale et parfois inappropriée.

La comédie, et le théâtre étaient les grandes passions de Dimitri, le personnage central du roman, dont on apprend le décès en ouverture.
D'entrée il est donc établi que l'enjeu sera de comprendre les circonstances qui ont conduit à cette mort brutale, dont on sait juste qu'elle est le résultat d'un accident de la route.

S'ensuit une longue présentation de Dimitri, qui couvre une trentaine de pages, au cours desquelles Eric Reinhardt lâche les chevaux de son lyrisme à tout crin, de manière excessive à mon goût. On a des passages comme celui-ci :

« La façon dont elle marchait faisait rêver l'espace comme si les engrenages de sa démarche meulaient en elle les grains de quelque songe gorgé d'ailleurs... ».

Dans cette partie il multiplie les figures de style, les anaphores, les oxymores, il joue avec la ponctuation. On l'imagine soumettre son texte à l'épreuve du gueuloir, le scandant à pleine voix.
On peut dire qu'il joue au maximum la comédie de l'écrivain lyrique.

Passée cette épreuve, on a une phase de dialogue, entre Dimitri et une de ses amies, qui continue les présentations. Les termes sont pauvres, vulgaires, tout à fait symptomatiques de l'époque, et l'ensemble sonne vrai. C'est même assez émouvant.

Le décor planté le style se pose et adopte sa vitesse de croisière, on retrouve une prose caractéristique du roman français contemporain, assez plate, même si parfois l'auteur relance un peu de souffle, avec des effets de redondance.

On va suivre Dimitri dans sa quête de la texture du réel. Dans un premier temps il croit la percevoir dans l'incarnation d'une jeune femme qu'il croise à Madrid. Il va extrapoler cette rencontre, en l'investissant d'affects nourris par sa passion pour les surréalistes (André Breton, Max Ernst). Cela va le mener à différentes phases de dépression, jusqu'à sa rencontre avec Louis Pouzin, le créateur français du datagramme, une technologie informatique que la France a ignorée mais qui a abouti à l'invention de l'internet aux Etats-Unis dans les années 70.
Toujours plus borderline Dimitri va enquêter sur les causes qui ont conduit à ce raté industriel français et découvrir un homme d'affaire très influent en son temps : Ambroise Roux.

Mon sentiment sur ce livre est dans l'ensemble assez mitigé. Sa valeur littéraire me paraît aléatoire, mais son fond philosophique est fascinant.
Je l'ai lu facilement et en y prenant un certain plaisir.
Il faut dire qu'Eric Reinhardt soigne son lecteur en lui apportant sur un plateau des connaissances culturelles pointues et en lui permettant d'approcher les arcanes du pouvoir.
Toutefois j'ai vraiment l'impression d'avoir vu les coutures de son projet. Je pense que Reinhardt fourmille d'idées de romans qui ne sont individuellement pas assez consistantes pour être autonomes.
Il prend ainsi un roman potentiel sur le surréalisme et le rôle joué par Ernst dans l'invention de l'action painting, et un roman potentiel sur Ambroise Roux et les fusionne. Il attribue ces velléités romanesques à son personnage qui devient la clef de voûte du livre.

Du point de vue philosophique, Reinhardt met dans la bouche de Dimitri un discours anti-élite qui est certes pertinent mais qui est très manichéen. A tel point qu'à la fin du roman j'en suis arrivé à me demander si la démonstration qu'il souhaite faire n'est pas plutôt que les tendances gauchisantes de son personnage l'enferment dans une cage ressentimentale, ce qui le rend toujours plus paranoïaque.

Mais j'ai apprécié les questions que Dimitri se pose sur le réel, comment il interprète les coïncidences à travers les préceptes de Breton. Je trouve astucieuse la façon dont Reinhardt sème des indices, ou des détails troublants.
Les dialogues sont très bien troussés, ils constituent le réservoir d'émotions du roman, il y a quelque chose de vrai et de juste en eux.
Finalement ce qui relève du romanesque est très réussi.
La question que je me pose , c'est : pourquoi avoir intégré des plages didactiques très longues, pas si indispensables, et qui parfois plagient au mot près les notices Wikipedia ?

Quoiqu'il en soit c'est tout de même un livre de qualité que ce Comédies Françaises.Je ne suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup qui présentent de tels ptentiels de divertissement et d'enrichissement dans ce qui nous sera proposé à la rentrée.

Je remercie Babelio et Gallimard de m'avoir fait bénéficier en avant-première de la lecture de ce livre, c'était une expérience inespérée.

http://casentlebook.fr/rentree-litteraire-2020-comedies-francaises-eric-reinhardt/
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Le roman commence par la fin, celle du personnage principal, Dimitri, décédé dans un accident de la route. Salarié d'un cabinet de lobbyistes puis journaliste à l'AFP, Dimitri enquêtait sur un industriel français qui avait empêché Louis Pouzin, inventeur du datagramme, de lancer internet en France dès les années 70. Roman de l'exhaustivité (trajet de Dimitri sur les traces de la belle inconnue à Madrid, liste des metteurs en scène dont il a vu les pièces, conversations in extenso, récit exact et description des manoeuvres de l'industriel au détriment de Cyclades etc etc). Quelques moments de lecture agréables voire drôles, d'autres instructifs, mais aussi un peu de lecture en diagonale.
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Comédies Françaises est sans doute roman le plus ambitieux et le plus foisonnant d'Éric Reinhardt à ce jour. Il met en scène le personnage de Dimitri, un homme bisexuel, âgé de 27 ans – et qui d'ailleurs n'ira pas au-delà – qui décide de partir enquêter sur les traces d'un ingénieur français nommé Louis Pouzin, éminent personnage mais totalement oublié et qui fut pourtant l'un des pères d'Internet.
C'est à travers la lecture d'une brève parue dans le journal Libération en 2013 qu'Éric Reinhardt a découvert l'existence de Louis Pouzin. Alors que l'écrivain pensait comme tout le monde qu'Internet était l'invention des Américains avec le projet Arpanet, il découvre en réalité qu'un homme, un ingénieur français, dans les années 70, avait inventé le datagramme, une technique de communication qui préfigurait l'invention d'internet, mais que sous la pression d'un certain Ambroise Roux, fût écartée au profit du Minitel.
Sorte de double de l'auteur, Dimitri décide à la suite de cette découverte, de se lancer alors dans une vaste et ambitieuse entreprise journalistique afin de découvrir comment une telle chose a pu se produire. Et pour cela, il va devoir retrouver ce fameux Louis Pouzin.

Réduire Comédies françaises à cette simple enquête sur un des mystères les plus étonnants de la 5e République serait presque faire injure au roman imaginé par Éric Reinhardt étant donné que celui-ci révèle plusieurs niveaux de récit, plusieurs histoires, plusieurs romans presque pourrait-on dire, qui forment un ensemble dense et complexe dans lequel malheureusement on se perd un peu parfois.

Durant près de 480 pages on suit les nombreuses pérégrinations de Dimitri, ce jeune romantique idéaliste qui a souvent la trique et qui apparaît par moment agaçant de pédanterie et aussi plein de paradoxes, lui qui se dit atteint de prosopagnosie et qui pourtant pense reconnaître plusieurs fois une inconnue croisée dans diverses villes d'Europe. On l'écoutera évoquer son passionnant projet de livre mettant en scène Max Ernst et Jackson Pollock ou encore raconter à sa confidente, Alexandra, sa vie en tant qu'employé dans un cabinet de lobbying où il ne fit pas long feu pour des questions morales.

Alors oui, par moment il faut s'accrocher un peu pour suivre toutes ces histoires, d'autant plus qu'Éric Reinhardt s'autorise de longues digressions dans des pages qui paraissent sans fin, redondantes ou trop techniques, mais qui débouchent parfois sur des passages passionnants, des petits moments de grâce littéraire, souvent drôles, crus et décalés comme du Houellebecq et qui permettent alors d'oublier ce qui nous avait agacé quelques pages auparavant.

À la manière d'Aurélien Bellanger (La Théorie de l'information, L'Aménagement du territoire), Éric Reinhardt nous raconte de sa plume aiguisée et même parfois tranchante, avec moult détails et un point de vue par moment assez caustique, cette France de droite des années 70, sous Pompidou et Giscard, cette France des cabinets ministériels, de l'entre-soi politico-économique, incarnée notamment par Ambroise Roux, personnage central du roman, lobbyiste convaincu, PDG de la CGE et surtout ennemi numéro 1 du projet de Louis Pouzin.
Une époque où l'on pouvait faire échouer la plus formidable des inventions du XXe siècle en matière de communication pour une question d'ego et d'intérêt personnel.

Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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J'ai eu du mal à terminer ce livre car je n'apprécie pas le style plein d'afféterie ni la construction de l'histoire, par contre le coeur du livre avec l'histoire du datagramme Français ainsi que l'étude de caractère de ce capitaine d'industrie qu'était Ambroise Roux (que je ne connaissais absolument pas) m'ont passionnée.
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