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EAN : 9782382031155
332 pages
In Fine éditions d'art (12/04/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
La seconde moitié du XVIe siècle constitue la « part sombre » de la Renaissance, marquée en France par les conflits religieux. L’affirmation de la foi protestante, comme la défense de l’Église catholique, servent d’étendard aux clans aristocratiques en rébellion contre le pouvoir royal et aux fidèles des deux confessions qui embrassent le combat des Grands. Le royaume entre dans un cycle de haines et de violences conduisant à huit guerres et quarante ans d’instabili... >Voir plus
Que lire après Les Guerres de religion - 1559-1610 : La haine des clansVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une exposition s'est tenu au Musée de l'Armée cette année d'avril à juin 2023 intitulée « La haine des clans 1559-1610 », et comme son nom le laisse deviner cette expo avait pour sujet les guerres de religions qui ont déchiré la France dans la deuxième moitié du XVIe siècle, et comme je suis passionnée par le sujet je suis bien sûr allée la voir (entendez j'y ai couru). Et outre qu'elle fut formidable, j'en suis surtout revenue avec cet extraordinaire catalogue.
Et si j'en fais une critique c'est que ce livre ne se contente pas d'être un simple catalogue de l'expo il est beaucoup plus que cela. Il est très grand, très gros et très beau : couverture cartonné, finition papier de qualité, et plus de 300 pages. Bref c'est un beau bébé. Mais la richesse principale c'est qu'en dehors des pages restituant l'expo en elle-même, il y a en amont plus de 150 pages de supplément historique. Ce sont près d'une vingtaine de chapitres relatifs aux différents aspects des guerres de religion qui y sont développés et écrits par un historien différent pour chacun. Une façon d'approfondir et même tout simplement d'apprendre davantage sur ce sujet vaste et complexe. Ces chapitres s'articulent autour de quatre grandes parties : « croyances et convictions », « partis, faction, état « , « guerre et violence » et « gouverner en temps de guerre civile ». On balaye donc toutes les sphères des guerres de religions, c'est riche, complet, mais aussi concis et pédagogique. On aborde aussi bien la naissance du protestantisme et sa propagation, les troubles du catholicisme, que les différentes formes de violence, le militarisme, l'essor d'une propagande nouvelle, la dimension européenne des conflits, l'ébranlement de l'état royal, la naissance des ligues, etc. C'est un véritable travail d'approfondissement tout en étant synthétique.
En seconde partie d'ouvrage, comme je l'ai dit, il y a le catalogue à proprement parlé ; tous les objets de l'exposition y sont reproduits et ce dans une qualité photographique époustouflante, le tout agrémenté de biographies, de nombreuses cartes et annexes tout aussi qualitatives.
Bref, un très beau travail réalisé par le musée de l'armée qui propose un ouvrage superbe et passionnant d'une qualité exceptionnelle, et qui plus qu'un support de l'expo est un véritable livre d'histoire à lui seul.
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Magnifique ouvrage tant par ses textes que par ses illustrations photographiques. Livre très bien documenté issu d'une exposition au musée de l'armée aux Invalides. Armures incroyables de détails, exposées au fil des pages ainsi que les différentes armes utilisées lors des conflits ou évènements les nécessitant.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le caractère hors norme de ces massacres leur vaut dès l'époque un écho prodigieux dans toute l'Europe, depuis les réjouissances ordonnées par le pape à Rome jusqu'à la violente réprobation de la reine Élisabeth d'Angleterre. La Saint-Barthélemy donne lieu immédiatement à une guerre des interprétations, en France comme à l'étrangerElle se focalise particulièrement sur la recherche des responsables - voire des coupables - du massacre, en particulier au sommet de l'État.
Les débats ne se sont pas éteints parmi les historiens mais ils ont tendance aujourd'hui à prendre du champ par rapport à la question des responsabilités pour mieux jauger les massacres eux-mêmes et tenter de mieux les comprendre. Un premier constat s'impose: les victimes des tueries sont peu nombreuses, à l'échelle d'un royaume de quelque vingt millions d'habitants, dont sans doute alors un million a un million et demi de calvinistes. Il est vrai que les moyens d'action des tueurs, même les plus compétents d'entre eux, restent limités: à Paris, il est probable que plus des deux tiers des calvinistes présents dans la ville aient survécu. Il faut cependant tenir compte aussi, pour mesurer le choc démographique, de l'importance prise par les fuites hors de France et par les abjurations contraintes, qui se comptent elles aussi en milliers et sont bien plus nombreuses que les décès. Il n'en reste pas moins que les protestants français ne sont pas saignés à blanc par ce drame multiforme et que la masse de la communauté persiste dans ses convictions.
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Les guerres de Religion sont un temps de crise aigué, mais aussi une période de réflexion et de constructions théoriques sur le pouvoir. L'essor du protestantisme porte en lui, en effet, une dimension politique puisqu'en contestant l'Église catholique, il s'attaque implicitement au pilier central de la monarchieMême si ni Luther ni Calvin n'appellent à combattre les princes, il n'en reste pas moins que la question de la Réforme devient rapidement fondamentale, à la fois sous la plume des théoriciens du pouvoir et dans l'esprit des hommes et des femmes qui gouvernent ce royaume à la fragile unité.
C'est dans ce contexte que sont élaborées de nouvelles théories politiques, à même de penser le pouvoir royal dans un paysage religieux morcelé : une action publique qui ne se cantonne pas à une simple répression, mais qui soit capable de faire cohabiter les Français malgré leurs divergences confessionnelles. Nous avons choisi de présenter ici les Moyenneurs, les Malcontents et les Politiques. Tous ont en commun de vouloir dépasser les conflits religieux pour recentrer leur réflexion et leur action sur un terrain politique encore en construction; tous cherchent à restaurer la paix civile et à préserver l'autorité de l'État. Pour ces deux raisons, ils sont parfois confondus mais nous allons voir qu'ils dessinent des horizons politiques assez différents.
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Les violences liées aux tensions religieuses ne sont pas seulement corporelles. À la fureur de certains clercs catholiques qui, comme Simon Vigor ou Artus Désiré, prêchent l’elimination de l'hérétique répond la prédication en acte que constitue l'iconoclasme des réformés lorsqu'ils détruisent les idoles du faux culte papiste. Ce mouvement purificateur démarre en 1560 dans le Midi et gagne une large partie du royaume en 1562. L'opération se vit parfois comme une sorte de fête populaire, mais elle est de plus en plus encadrée par les autorités calvinistes, qui veulent éviter des débordements. Ces paroles et ces gestesmais aussi les processions catholiques ou les chants huguenots, suscitent des réactions de la part de ceux qui se sentent agressés par ce qu'ils vivent comme une remise en cause de leur propre identité confessionnelle. D'autres ou les mêmes se sentent également menacés dans leur sécurité immédiate par un risque de coup de force de la part de l'autre communauté. La voie est alors ouverte pour des affrontements physiques.
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