« C’est une très grande erreur de croire que je suis l’adversaire des expositions. Nul plus que moi, au contraire, n’en est partisan, car la peinture, à mon avis, est faite pour être montrée. Maintenant, si vous vous étonnez de n’avoir pas vu mes toiles aux Salons et que vous vouliez en chercher la cause, elle est beaucoup plus simple. Mes tableaux étaient refusés. Le jury les accueillaient généralement – les accueillaient, c’est une manière de parler- par un éclat de rire. Et quand, par hasard, ces messieurs se trouvant un jour moins en veine d’hilarité, se décidaient à en accepter un, ma pauvre toile était placée sous la cimaise ou sous le velum, afin de passer aussi inaperçue que possible. J’estime avoir envoyé des toiles pendant une vingtaine d’années ; une dizaine de fois j’ai été impitoyablement refusé ; les dix autres, sur trois toiles on m’en prenait une et on la plaçait comme je viens de le dire »
Qu'il parle de peinture, de sculpture, de musique, de littérature, qu'il rende hommage à des artistes admirés, qu'il raconte des anecdotes ou évoque les principaux moments de sa vie et de son oeuvre, Renoir dit toujours «le plus simplement du monde des choses magnifiques» (Sacha Guitry).
« Tous ces refus, ou ces mauvaises places, n’aidaient cependant pas ma peinture à se vendre, et il fallait gagner de quoi manger, ce qui était dur. En 1874, nous avions fondé Pissarro, Monet, Degas et moi, le Salon des impressionnistes. Nous avions accepté le concours des peintres quelconques car il fallait remplir nos murs. Ah ! Ce fut un joli succès. Le public venait, mais après avoir fait le tour des salles, réclamait ses 25 sous en poussant des cris de paons. Ce que nous serions devenus, je ne le sais, si Durand-Ruel, qui avait la conviction que nous pourrions être acceptés un jour, ne nous avait pas empêchés de mourir de faim. »
« D’abord, tout le public ne nous apprécie pas, et si quelques amateurs sont venus à notre aide, c’est beaucoup plus en raison de la violence avec laquelle nous étions attaqués que par admiration pour nos œuvres. En voici la preuve : Berthe Morisot, Sisley, Monet et moi avions mis nos toiles en vente. Cette vente fut un désastre. Les étudiants des beaux-arts vinrent même en monôme pour manifester contre notre peinture et l’intervention des services de ville fut nécessaire. À partir de ce jour-là nous avions nos défenseurs et, ce qui lui valut mieux, nos amateurs. Nous conservions contre nous, il est vrai, les peintres officiels. »
Quels êtres admirables que ces Grecs. Leur existence était si heureuse qu’ils imaginaient que les dieux, pour trouver leur paradis et aimer, descendaient sur la Terre. Oui, la Terre était le paradis des dieux... Voilà ce que je veux peindre.