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EAN : 9782080606594
Flammarion (19/11/1992)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Edité chez Flammarion. 1ère édition 1974. In-12 broché, 279 pages.

Dans ce volume sont rassemblés des textes qui pour la plupart avaient paru dans des revues. Aux grands essais sur la poésie on a joint les pages ferventes consacrées à Lautréamont, Rimbaud et Apollinaire, et des contributions diverses telles que préfaces et réponses à des enquêtes.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Des réflexions esthétiques et critiques à ne pas manquer pour les amoureux « des pieds » (j'ose !).
Une lecture parfois un peu aride, mais aussi passionnante, qui vaut le détour, à mon humble avis.

Remarquable travail éditorial, de composition et d'accompagnement expliqué dans cet « avis au lecteur », par Étienne Alain Hubert :

La composition de ce volume rassemblant les écrits sur la poésie publiée par Pierre Reverdy de 1932 à sa mort obéit au même principe que le recueil d'écrits sur l'art, « Note éternelle du présent ». À une disposition des textes selon l'ordre chronologique de leur publication on a préféré un plan qui fît ressortir leur hiérarchie et qui facilitât au lecteur l'accès du volume.
La section I réunit les trois grands articles parus entre 1946 et 1950 parmi lesquels Cette émotion appelée poésie qui a été choisi pour prêter son titre à l'ensemble. On trouvera dans ces pages figurant en fronton l'expression la plus achevée et la plus complète de la très haute idée que Reverdy se faisait de la poésie.
La section II présente cinq textes des années d'avant-guerre 1935 à 1938, où se développe une réflexion sur le destin de l'oeuvre et sur les rapports du poète avec le monde extérieur.
Dans la section III sont regroupées les pages consacrées, à l'occasion d'anniversaires, à des « phares poétiques » : Lautréamont (1946), Apollinaire (1948) et Rimbaud (1954).
Enfin, la section IV fait succéder des textes de nature et de portée diverses : préfaces et réponses à des enquêtes. le volume est complété par des notes indiquant pour chaque texte les circonstances de publications éclairants certaines allusions.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans l’activité créatrice, le souci obsédant de la postérité est sans doute une naïveté puérile. Le public de demain, en effet, je ne trouve aucune raison valable pour qu’il me soit plus cher que celui d’aujourd’hui.
Pourtant, le goût de l’immortalité, cette sublime illusion des grandes âmes, qui semble avoir à peu près complètement disparu du monde des arts, a toujours été le plus puissant ressort de la création artistique. Aujourd’hui, l’ambition de survivre, fût-ce qu’un jour ou deux, ne paraît même plus permise.
Le lecteur de plus tard n’est fort probablement rien d’autre, c’est entendu, qu’une illusion. Il n’existe pas. Il n’existera peut-être jamais. Son aspect se dérobe en tout cas aux efforts de notre imagination amoureuse de construction précis. Mais, si Stendhal se méprenait en prophétisant que seuls les lecteurs de 1940 le comprendraient, il ne se trompait, néanmoins, pas à son désavantage. Revenu pour un instant parmi nous, il ne trouverait certainement aucun point de contact avec le plus frénétique de ses admirateurs. En somme, il a écrit comme pour les habitants d’une autre planète. Libre à vous de ne pas préférer cet abîme, qui le sépare même de ceux qui se sont emparés avec tant d’ardeur, de ses dépouilles, à la promiscuité que recherchent les auteurs habiles à si vite établir un niveau étale entre leurs dons personnels et les exigences multiples d’une foule redoutable sitôt que sa promiscuité ne nous permet plus d’ignorer son odeur.
D’abord atteindre cet écart, cette immense marge entre le créateur et le lecteur, cet espace salubre et net entre le public et la sensibilité d’une supérieure vigueur mais exagérément douloureuse du poète – ce rempart, enfin, en quoi Baudelaire voyait le plus grand avantage de la gloire. Ce que l’on comprend mieux si l’on admet qu’il ne puisse jamais s’agir, et quelle que soit la forme d’expression que d’un authentique poète – quand l’outil ne sert plus de rien – quand la plume n’est plus outil, mais le prolongement des nerfs au service du cœur de et de l’esprit.
Il est trop évident que l’artiste n’a pas à donner, à son époque, ce qu’il lui emprunte. S’il est grand, il comprend que sa véritable mission consiste à transmettre au futur ce que lui aura permis de réaliser et ce que lui demande de perpétuer le présent.

(pp. 80-82)
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Question : Estimez-vous que la poésie doit jouer ou qu’elle joue un rôle social ?

Socialement, l’importance de la poésie est nulle depuis longtemps ; il lui manque ce qui atteignait autrefois un plus grand nombre de gens : le sujet. Béranger était un poète social, par exemple, et Hugo entre tant d’autres choses l’a été aussi et même davantage. Aujourd’hui même, la satire est inexistante, sous cette forme. Mais il y a la chanson qui hypnotise les masses ; aussi bas que ce soir, c’est elle qui joue le rôle social. Mais la véritable importance de la poésie du point de vue général n’a pas à être sociale, c’est-à-dire au fond politique, elle est vitale – elle a toujours été vitale. Je crois qu’elle est à la base de l’élévation de l’homme et de toute son évolution. Le sens poétique, inné chez l’homme, a même certainement été la source de toutes les religions. Je ne pense donc pas que la poésie doit se cacher de notre temps plus qu’elle a eu à se cacher dans aucun autre. Mais qu’elle doive puiser dans les profondeurs plutôt que se complaire aux éclats de la lyre, oui, parce que le temps est venu pour elle d’exploiter cette zone-là. Celle où le poète espère et risque de rencontrer ce qu’il pressentait le plus important en lui-même et qu’il ne connaît pas, qu’il ne peut rendre évident pour lui-même qu’en écrivant.

(pp. 232-233)
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La poésie n’est certainement pas dans les choses, autrement tout le monde l’y découvrirait aisément, comme tout le monde trouve si naturellement le bois dans l’arbre et l’eau dans la rivière ou l’océan. Il n’existe pas non plus, par conséquent, de choses ni de mots plus poétiques les uns que les autres, mais toutes choses peuvent devenir à l’aide des mots poésie, quand le poète parvient à mettre son empreinte dessus. La poésie n’est en rien ni nulle part, c’est pourquoi elle peut être mise en tout et partout. Mais rien ne s’opère sans une véritable transmutation des valeurs. Dans l’impuissance à la saisir, à l’identifier où que ce soit, on a préféré déclarer qu’elle régnait partout et qu’il suffisait de savoir l’y découvrir. Or, il est parfaitement évident qu’elle est plutôt une absence, un manque au cœur de l’homme, et, plus précisément dans le rapport que le poète a le don de mettre à la place de cette absence, de ce manque. Et il n’y a poésie réelle que là où a été comblé ce vide qui ne pouvait absolument l’être par aucune autre activité ou matière réelle de la vie.

(pp. 41-42)
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Une préface c'est comme un paillasson où l'on doit essuyer ses pieds avant d'entrer. Je ne m'adresse pas au lecteur qui, étant fort rare, a droit à tous les égards, mais au poète quand il appuie imprudemment le pied sur le premier barreau de cette échelle qui, dressée vers le ciel, ne mène nulle part.

(p. 179)
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Et comment voudriez-vous qu'avec ce constant désir de records d'altitudes et de distances dans l'espace, avec cette sensation d'infini dans le cœur et dans l'âme, il s’accommode avec joie d'être si souvent obligé de ramper.
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Vidéo de Pierre Reverdy
Robert Bober Il y a quand même dans la rue des gens qui passent - éditions P.O.L où Robert Bober tente de dire comment et de quoi est composé son nouveau livre "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent", et où il est notamment question de son précédent livre "Par instants la vie n'est pas sûre" et la poursuite de sa conversation avec Pierre Dumayet, d'identité indéterminée et d'identités, d'innocence et de bonté, d' enfance et de rencontres, du yiddish et de Georges Perec, de Seth et de Julien Malland, de Martin Buber et de Gaston Bachelard, de Cholem Aleikhem et du film "Tevye le laitier" de Maurice Schwartz, de Zozo et de la rafle du Vel d'hiv, d'images et livres, de Robert Doisneau et de la photographie, de Pierre Reverdy et de la librairie du Désordre à la Butte aux Cailles, à l'occasion de la parution de "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" en octobre 2023 aux éditions P.O.L, à Paris, le 10 janvier 2024

"– Alors, toujours aussi gros ? – Et toi, toujours aussi con ? C'est comme ça que j'ai compris qu'ils étaient copains. le gros, derrière son comptoir, c'était le patron du bistrot-guinguette « Chez Victor » situé derrière la place des Fêtes au fond de l'impasse Compans. le con était accoudé au zinc en attendant d'être servi. Plus tard, bien plus tard, je suis retourné voir le bistrot « Chez Victor », je ne l'ai pas retrouvé. Tout le quartier avait été détruit."
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