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EAN : 9782226476319
256 pages
Albin Michel (03/01/2024)
4.5/5   6 notes
Résumé :
Qu`est-ce que les faits divers nous disent de la nature humaine ? L`avocate pénaliste Caty Richard, dont le nom reste lié aux affaires du violeur de la Sambre, du Barbe-bleue de l`Essonne, de Jonathann Daval, le curé crucifié, a beaucoup vu et beaucoup vécu, loin du parisianisme des ténors. Avec la rage des combats menés tambour battant, elle raconte pour la première fois l`exercice d`un métier qui ne lui a jamais fait oublier de raisonner d`abord en mère, en femme,... >Voir plus
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Quand elle ne porte pas son col blanc d'avocat, elle arbore un large foulard autour du cou. Au tribunal comme en ville, Caty Richard, 56 ans, en impose.

Elle s'inscrit parmi les figures du barreau du Val-d'Oise. On la connaît à travers les nombreuses affaires médiatisées qu'elle a plaidées.

Trente ans après avoir prêté serment, le 17 janvier 1994, et sur l'idée de l'essayiste, autrice et scénariste, Catherine Siguret, elle vient de signer un ouvrage où elle revient sur sa carrière et livre son opinion sur la justice.

À l'occasion d'une première séance de dédicaces, et avant une conférence-débat qu'elle donnera, jeudi 11 janvier 2024, à 20h30, à la librairie Lettre & Merveilles, à Pontoise (Val-d'Oise), nous avons échangé avec elle.

Actu : Pourquoi ce livre ?

Me Cathy Richard : Cela fait trente ans que les gens que je rencontre me posent souvent les mêmes questions, autour des affaires que j'ai plaidées. Je me suis déjà exprimée dans les médias. Au fil des années, je me suis mise à l'idée d'écrire un livre. Je manquais de temps. Finalement, c'est Catherine Siguret, qui suivait les procès où j'exerçais, qui m'a poussée à écrire un livre à deux.

Les vies brisées dont vous parlez dans cet ouvrage sont celles des victimes, mais il y a aussi le parcours gâché des auteurs. Vous avez défendu des deux côtés.

C.R : C'est les vies des victimes, des auteurs, des familles aux parcours brisés. Des victimes collatérales aussi. On n'imagine jamais le nombre de familles ravagées par une affaire. Des deux côtés. Nombre des proches des auteurs voient aussi leur vie s'effondrer. Pire encore, c'est quand les proches des uns sont également les proches des autres. C'est le cas des drames intrafamiliaux. C'est terrible.

Il y a souvent des procès pour meurtre, pour violences physiques. Ce sont ceux où vous préférez plaider ?

C.R : le pénal a toujours été mon attirance. Car c'est là où le coeur humain bat le plus. Mais c'est aussi le cas du droit de la famille. Toutes les personnes qui se retrouvent dans un procès, ça envahit leur esprit. Mais le pénal c'est là où l'on atteint l'organe vital, qu'est le coeur. Quand j'étais enfant, je lisais déjà les faits divers et dévorais des polars. Ça inquiétait dans mon entourage familial. Plus tard, j'en ai fait un choix de spécialité. Au fil des affaires qui se succèdent, on se perfectionne et l'on continue d'être choisi.

Quelle affaire a marqué le plus votre parcours ?

C.R : Il y a des affaires qui ont été médiatisées, mais il y a aussi celles qui ne l'ont pas été et qui m'ont autant marquée. C'est pour ça que je n'en cite aucune. C'est comme si l'on me demandait lequel de mes enfants j'aime le plus. J'ai eu des émotions dans nombre d'entre elles. Elles m'ont toutes apporté.

Vous vous souvenez de vos débuts dans la profession ?

C.R : J'ai surtout souvenir de ma première rencontre avec les médias. J'étais alors commise d'office pour assister le meurtrier de Marinette, une journaliste localière (pour l'Écho d'Argenteuil, tuée le 11 janvier 1996 ndlr). J'attendais avec lui dans l'antichambre du bureau du juge d'instruction, dont l'accès était verrouillé par un code. Finalement, j'ai vu surgir trois journalistes. J'ai aussitôt été bombardée de flashs. J'étais avocate depuis deux ans. J'ai trouvé ça aussi surprenant que violent. C'était ma première rencontre avec les médias.

Vous avez été jusqu'à être menacée de mort par un client. Avez-vous pensé arrêter le pénal ?

C.R : NON ! J'ai souvent été en danger et me suis mise face aux risques, en défendant des clients dangereux. Lorsque j'assiste des victimes du terrorisme, comme du grand banditisme, je m'expose. Pourtant, j'ai continué de prendre les transports en commun. Lorsque j'ai été menacée, il s'agissait d'un client que j'ai défendu. Il était déséquilibré. Il m'envoyait des lettres d'excuses, avant de recommencer à me menacer. Pourtant, j'avais tout fait pour sa défense.

Quel confrère ou consoeur pénaliste vous inspire-t-il le plus ?

C.R : Je ne me réfère d'aucuns, mais Michel Mary, chroniqueur judiciaire, assure que je plaide comme Me Garaud (avocat de Christine Villemin, Simone Weber...). Je parle aux gens. Je ne pérore pas.

Cet ouvrage, c'est aussi votre regard sur la justice. Quel est-il après trente ans d'exercice ?

C.R : Si je n'ai aucunement la prétention de vouloir réformer la justice, je porte aussi le même regard que l'usager de la justice. Avocat comme justiciable. Mais avec une opinion d'experte.

Depuis que vous avez engagé votre carrière, vous êtes restée Pontoisienne. Quelle attache avez-vous avec cette ville ?

C.R : Dès le début, j'ai voulu rester dans le département, où j'ai passé mon adolescence. Je suis originaire du 93 (Seine-Saint-Denis), mais je ne m'identifiais pas à ce département, comme je n'aurais pu m'identifier aux Yvelines. le Val-d'Oise, c'est mon département. Je m'en aperçois lorsque je plaide dans d'autres cours d'assises.

Vous avez conservé votre cabinet dans le quartier de la gare. Pourtant, ce secteur a beaucoup changé en trente ans.

C.R : Oui. J'ai connu une époque où le monde judiciaire se retrouvait à la Taverne de Maître Kanter, place de la Gare. C'était le point central de la ville. On plaidait aux assises et l'on finissait dans la brasserie, ouverte jusqu'à trois heures du matin. On y refaisait les audiences.



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REVE OU CAUCHEMAR ?


Mon rêve, c’était de faire naître des enfants. À la place, j’en enterre. Je voulais m’occuper de bébés, materner des nourrissons, et je vis dans un monde d’adultes où je suis confrontée aux plus sombres d’entre nous.

Il m’arrive de me demander ce que j’ai fait au ciel pour exercer le métier d’avocat pénaliste. Le meilleur travail possible laisse immuablement d’un côté un mort, un viol, une invalidité, un traumatisme, de l’autre un être humain qui, au-delà des faits, part vivre des années derrière les barreaux et laisse invariablement un amour, des enfants, des parents qui le pleurent.

J’ai beau me démener pour gagner, je ne ressuscite pas les morts. J’ai beau prendre dans mes bras les endeuillés et les meurtris, je ne ramène pas l’être perdu, la sérénité envolée. Je ne peux pas enlever le mal, et je dois vivre avec son souvenir en passant à la souffrance suivante. Ma tête est peuplée de cadavres, de vies envolées, de corps souillés, profanés, et de photos, souvent insoutenables, figurant au dossier. Je dois pourtant m’y confronter, car elles contiennent une part de la vérité recherchée.

Mon quotidien est fait de larmes, et le meilleur des résultats ne réjouira personne, surtout au pénal. Ni la famille de la victime ni celle de l’auteur ne m’associeront à un souvenir heureux. Mes plus beaux trophées sont des lettres de remerciements que je conserve précieusement. Même quand je « réussis un divorce », une partie de l’activité de mon cabinet, les gens, je ne les marie pas ! Si quelqu’un pousse la porte de mon bureau, c’est qu’il endure un drame ou un contentieux qui lui pourrit la vie. Je n’effacerai rien. Je réparerai, un peu. Humainement, je m’y emploie, judiciairement… si la justice suit !

Quand je pense à ce triste sort professionnel, c’est parfaitement désespérant, mais en vérité, j’ai rarement le temps de penser !




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