Les vertus santé du thé

Voici la bible du thé, où vous apprendrez absolument tout ce qu'il faut savoir, en tout cas sous l'angle de la santé. Un néophyte y trouvera ainsi une formidable richesse d'informations sur son origine historique, les pays producteurs et consommateurs, les différentes sortes de thés et leurs qualités respectives, la façon de les préparer, et surtout les substances qu'ils contiennent, et donc leurs effets sur la santé.

On y apprend qu'il y a 35 pays producteurs dans le monde. La Chine puis l'Inde sont les principaux et représentent les 2/3 du tonnage total. Les pays du sud-est asiatique, certains pays africains, le Sri Lanka, le Japon (seulement 2 % !) mais aussi la Corée en sont également. Cette production a augmenté de 45 % entre 2005 et 2015 !

Il faut rappeler que tous les thés, qu'ils soient noirs (fermentés), sombres (les Pu'Erh chinois ultra-fermentés), bleus (oolong semi-fermentés), verts (non fermentés) ou blancs (les moins travaillés), sont tous issus de la même espèce de plante, le camellia sinensis, originaire de Chine. Les différences de présentation relèvent donc du traitement qu'on fait subir à la feuille. Sur ce point, le livre n'évoque pas suffisamment me semble-t-il les notions de terroirs, d'exposition...C'est très important pour le thé, pour lequel sont développés des cultivars qui produisent des crus de différentes qualités à l'image des cépages du vignoble. Il explique cependant, pour les thés noirs, que la qualité de la feuille est classifiée des acronymes GFOP à SFTGFOP : en gros, plus c'est long, plus c'est bon !

Le livre est très orienté santé, c'est très précis et détaillé. La feuille de thé est analysée sous toutes les coutures et les substances qu'elle contient sont comparées aux teneurs observées dans d'autres aliments bruts. On en déduit ensuite les effets que cela peut avoir sur différents troubles de santé très répandus comme le cholestérol, hypertension, troubles cardiaques, cancer, etc...

Fort de multiples références d'études, le livre prête ainsi au thé, surtout vert, pour toutes ces maladies, des vertus bienfaisantes. La seule qui soit avérée par de multiples études convergentes est le pouvoir anti-oxydant du thé vert, grâce aux flavonoïdes qu'il contient. Il lutte ainsi contre le vieillissement cellulaire. Mais ce livre l'encense pour bien d'autres vertus supposées, ce qui devient vite contre-productif : le parti très élogieux, sauf quand il s'agit d'évoquer, trop brièvement, les problèmes de pollution chimique, finit par faire douter de l'objectivité du propos. Pire : prêter au thé le pouvoir de renforcer le système immunitaire de l'organisme, certes...mais de là à franchir le pas de combattre le VIH ou la grippe ! Ne cherchons plus, nous avons peut-être trouvé là un effet anti-covid19 ! Franchement, cet aspect m'a consterné, d'autant qu'on le voit bien dans la crise sanitaire actuelle que ce qu'une étude dit la suivante le remet en cause, sans compter les biais de méthodes plus ou moins rigoureuses...

Heureusement, il y a quand même un rappel sur la question de l'élimination du fer (le thé devrait être bu deux heures après le repas et pas juste après pour ne pas perdre le bénéfice de l'absorption de fer tirée de votre bifteack), il peut donc avoir un effet anémiant. Il contient par ailleurs des doses non négligeables de fluor, qui à trop forte dose peut être néfaste aux dents et aux os. Enfin, il rappelle qu'en 2015 le bio ne représentait qu'1% du marché, même s'il est appelé à progresser, et qu'il n'est pas exempt de pollution, notamment par des produits chimiques importés des cultures voisines traitées en conventionnelles souvent par épandages aériens. En outre, les labels bio asiatiques sont moins exigeants que l'européen.

Cela reste cependant un bon livre, et une entrée en matière intéressante sur le thé sous l'angle de ses effets sur la santé, qu'on pourrait compléter avantageusement par une vision plus attrayante de la plante et de son environnement, de la présentation des crus (il n'y a pas une photo ici, c'est d'un triste !)

Bref, je n'ai pas appris tant de choses pour ma part, étant un grand amateur de thé, notamment japonais. Ce que je pourrais conseiller à titre personnel, c'est d'acheter en vrac, plutôt auprès de boutiques et marques spécialisées, et quand même du bio, ce sera toujours mieux que le conventionnel côté résidus. Certes, c'est comme tout, cela a un coût. Mais quand on a goûté au vrac, on ne peut plus boire du thé en sachet, notamment noir, sachet dans lequel se trouve immanquablement un mélange de thé bas de gamme réduit en poudre et de pas mal de poussière, puisqu'on aura balayé à même une dalle béton dans un hangar les restes d'un ballot de plusieurs tonnes.
Apprendre à apprécier comme le vin, ou le chocolat, les différents crus est cependant passionnant et procure un grand plaisir de dégustation, renforcé en ces temps de confinement...