J'ai choisi cet ouvrage pour son titre qui condense en trois mots l'essence de la banalité, de la platitude et de la médiocrité en matière de sentiments.
Expression qui témoigne de l'immédiateté du jugement, d'une absence de réflexion, d'une pauvreté de langage, d'une imagination anémique, d'un vocabulaire limité, d'un recours facile aux formules toutes faites, d'une paresse intellectuelle, d'un goût prononcé pour le ready made, fade et passe-partout.
Que votre myocarde ne soit pas au bord de l'explosion après ces coups de coeurs à répétition, qui fusent à chaque instant, exprimant à chaque battement votre admiration, votre émerveillement, votre respect, vos émotions de lecteur, voilà qui tient du miracle!
Votre émotion de lecteur, c'est bien de ça qu'il s'agit: douleur colère, joie, tristesse, amour, déception, dégoût, enthousiasme, stupeur, euphorie, désespoir, compassion, haine, passion dévorante ou ennui profond, ardeur ou tiédeur, affection ou mépris, nous aussi, lecteurs de critiques, nous voulons vibrer, frémir, trembler, au diapason de ce qui vous a ému.
Assez de coups de coeur, arrêtons le massacre, notre coeur mérite mieux que cette pitoyable expression...écoeurante.
Il peut s'emballer, battre la breloque, battre sa coulpe, s'essouffler, se languir, se consumer, être de braise ou de cendres, être léger ou peser des tonnes, il peut suspendre ses battements, les étouffer, les faire résonner comme un tambour de guerre.
Le coeur est sans doute le baromètre de nos émotions, mais il n'est pas directement connecté à nos petits doigts qui tapotent sur le clavier.
Il faut passer par la case "cerveau" qui va transformer le tracé de l'électrocardiogramme, et le rendre intelligible.
Sinon on aura juste "systole/diastole", ce qui est un contenu à faible teneur en information.
Quoique pour certains livres, ça puisse suffire.
Norah Roberts a écrit 291 livres, je tiens à la remercier pour sa collaboration involontaire.