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EAN : 9782290377192
224 pages
J'ai lu (25/10/2023)
4.04/5   28 notes
Résumé :
Ce jour-là, le soleil ne se leva pas. Il n'y eut plus de soir, il n'y eut plus de matin. Ce fut le premier jour. Déjà le ciel verse sur la terre qui disparaît sous les eaux. Les hommes qui ne sont pas emportés par les crues sont jetés sur les routes. Feu de bois quitte l'école avec sa camarade Dalila. De son côté, le père rejoint l'attelage d'un voisin. Et les voilà chacun s'échinant à rallier un refuge, alors que le monde, méticuleusement, se détricote. Une épopée ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Une claque, pour ne pas dire un uppercut qui vous sonne complétement. Après nous le déluge est un roman inclassable d'une profonde noirceur percée par une lumineuse poésie.

Beaucoup de romans nous marquent même si quelques-uns s'installent en nous pour toujours. Chaque année, dans la quantité extraordinaire de romans publiés, quelques pépites coexistent et parfois même certains sont prodigieux. Souvent, les romans se ressemblent. Des chefs-d'oeuvre, il y en a si peu et pas tous les ans. Après nous le déluge en est un. le roman de la maturité comme nombre de critiques aiment à les qualifier. Un roman écrit avec les tripes et dans lequel l'auteur ne s'interdit rien, je dirais.

Anticipation, post-apocalyptique, roman d'aventure, roman épique, roman noir, social, ce récit poétique, une Odyssée écologique ne rentre dans aucune case, il les coche toutes. L'auteur ne rend pas seulement hommage aux grands textes fondateur de la littérature, il a l'audace de s'inscrire dans leurs pas.

Et, pour cela, il ose tout, même emprunter au premier livre de la Bible sa temporalité. En effet, Yvan Robin nous relate son apocalypse en sept jours qui verront la nuit envahir les jours, les pluies s'abattre sur ce qu'il reste de terre, la Lune, les étoiles s'éteindre et les animaux disparaître avant les Hommes.

Dans la fiction contemporaine, la crise écologique est de plus en plus présente. Nombre de romans, de films, d'oeuvres artistiques s'en emparent même certains politiques, rappelons-nous, par exemple, en 2002, le président Chirac prononcait à Johannesburg la fameuse phrase « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Beaucoup plus d'actualité, le film Don't look up d'Adam McKay avec Leonardo DiCaprio où des scientifiques tentent de prévenir de la fin du Monde. La sonnette d'alarme est tirée, on s'échine encore à la faire sonner plus fort mais, dans le brouhaha médiatique, le transfert d'un joueur de foot fait plus de bruit qu'un rapport du GIEC. Yvan Robin n'écrit pas une énième sommation, il nous dépeint le Déluge, celui provoqué par l'Homme, espèce destructrice.

Au milieu de ce décor grandiose, terrifiant, de cette nuit qui nous semble alors éternelle, luisent encore quelques étoiles. Feu-de-bois, jeune adolescent débordant de vie et son père suicidaire. Dalila, la camarade de Feu-de-bois ou Lilu, cette jeune femme qui tente vaille que vaille de sauvé son Kamishibaï, théâtre d'images japonais, peut-être le seul vestige de la création artistique humaine.

L'auteur utilise une quantité incroyable de matière pour donner du corps à son récit. Un peu comme s'il réunissait à travers son roman, tout ce qui fait les êtres que nous sommes. Transformant son histoire en arche de Noé de l'humanité. Pour nous happer et nous faire jouer un rôle, nous lecteurs, habitués à être de simples spectateurs, il utilise pour le fils, une narration à la première personne, nous accrochant à lui au milieu du chaos. Pour le père, en revanche, il utilise la deuxième personne du singulier, créant plus de distance avec lui mais, nous permettant de prendre du recul et nous offrant un temps nécessaire à la réflexion. Cette réflexion, nous suivra longtemps après avoir refermé ce livre.

Merci Yvan, de partager avec nous, ce talent immense qui donne une puissance incroyable aux mots. Merci également à Josée Guellil et aux éditions In8, de publier des oeuvres aussi profondes et poétiques.
Lien : https://imaginoire.fr/2022/0..
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Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir…
Ce roman est totalement inclassable, en lisant les dernières lignes, je me féliciterais presque de ne pas classer ma bibliothèque par genre littéraire.
Yvan Robin, a commis une histoire apocalyptique, en revisitant la Genèse, dont il illustre chacun des 7 jours par une citation appropriée.
Pour cela il campe les portraits d'un père et d'un fils.
Lazare, le père est un homme qui a été ouvrier imprimeur, avant sa chute, veuf, au chômage, il vit dans une masure sous un pont. Il est aussi poète, lorsqu'il était en activité, il lui arrivait de glisser, dans les livres imprimés, un de ses poèmes, sans que jamais ce forfait n'ait été dénoncé.
Il n'a plus de forces pour se battre, il n'est pas le seul, du haut du pont qui l'abrite, les suicides sont récurrents. La société la mis au ban, mais lui qui n'a plus l'ardeur d'additionner, il a encore celle de se soustraire, c'est son ultime combat.
« Tu veux sentir encore la présence de ceux de ta race. A force de côtoyer la mort, tu finis par ne plus la trouver si désirable. »
Son fils, Feu de bois, est un gamin, mis au ban de son école, par son mode de vie, sa pauvreté, mais il s'en accommode. Il aime son père et fait le maximum pour ne pas lui compliquer la vie.
Alors, quand un matin le soleil de se lève pas et que tous les enfants sont renvoyés chez eux, il va se retrouver avec Dalila, petite fille riche, qui attend son chauffeur pour rentrer chez elle. Elle accepte de reconduire Feu de bois près de chez lui.
Mais les eaux ont tout envahi, les hommes ont l'esprit échauffé et pas spécialement solidaire.
En un mot c'est le chaos, père et fils n'ont qu'une seule idée, se retrouver.
Aller l'un vers l'autre c'est leur unique moteur.
« Un chien galeux aux grandes esgourdes ciselées comme des feuilles de chêne. L'usage de mon sifflet s'impose. Je me ravise pourtant quand les vertèbres du chien se déroulent contre ma cuisse. Je tends ma main frêle, touche son crâne osseux et pelé. Il semble en éprouver du réconfort. »
Mais tout est dévasté et ils vont faire face à de multiples situations, où la peur, la faim, la soif et l'épuisement, leur colleront à la peau comme un vêtement gluant.
C'est une épopée très ambitieuse que nous offre Yvan Robin. Sa construction est parfaite, ce sont les voix du père et du fils qui font avancer le lecteur. le fils emploie le Je, c'est le regard d'un gamin qui découvre, et devient un homme dans cet apocalypse, il est ingénieux et protecteur.
Le père dit Tu, il met de la distance dans ce monde qui se rappelle à lui avec toute sa violence, dans cet engloutissement où les hommes ne montrent pas plus de solidarité, mais où les plus petits ne sont pas les plus dépourvus face à ce néant. de la distance mais également une réappropriation de la vie.
C'est particulièrement intelligent comme astuce, le lecteur n'est jamais perdu, dans les tableaux qui lui sont présentés.
L'écriture est comme ces eaux qui ont tout envahi, puissante, mais aussi déliée par la poésie omniprésente.
Roman d'anticipation, roman noir mais aussi une critique sociale.
C'est osé, le mélange de ces différents genres aurait pu être « casse-gueule » il n'en est rien, le souffle littéraire est là, les fondements sont plus solides que le pont sous lequel ont vécu Lazare et Feu de bois.
Une histoire, couleur charbon et également flamboyante.
Lazare dit « la révolte éclot par itération. »
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Le noir d'un grain de beauté

Parce que j'ai fini le dernier roman d'Yvan Robin à nu.

Parce que l'Homme pousse le monde vers l'abîme, inexorablement et qu'il semble parfois que seule la puissance de la littérature le retienne encore dans sa chute.

Alors , si vous vous demandez ce qu'il restera de notre monde à sa fin, l'histoire de ce père et de ce fils séparés par les flots risque de vous secouer sacrément.

Au premier jour, Yvan Robin éteint le soleil.
Coupez la lumière et tout pourrira dans ce compte à rebours divin; la planète et l'humanité toute entière.

On navigue aux bruits, on dérive aux odeurs, dans ce nouveau monde de ténèbres et de putréfaction, seuls face à nous-mêmes.

Yvan Robin réussit à dépeindre les combats de nos abysses intérieurs, à la manière d'une toile de maître, entre le noir de Soulages et la dévastation du Radeau de la Méduse de Gericault.

Le noir et la brutalité,
plongés dans un flot poétique.
Car sur ce radeau en perdition , on s'oriente au son de la poésie qui déchire la nuit.

On finit à poils, j'vous dis, l'humanité à fleur de peau, nichée dans le noir d'un grain de beauté.

L'écriture d'Yvan Robin a pris de l'ampleur avec ce 4ème roman. Après nous le déluge fait joliment écho à son tout premier texte , écrit en 2011, creusé par le même vitriol poétique, La disgrâce des noyés.
La littérature n'a pas fini de nous sauver des eaux.
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Yvan Robin, s'il signe son premier roman chez In8 n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il a déjà publié chez d'autres éditeurs. Ce livre est d'une noirceur et d'une force incroyables. C'est l'Apocalypse, le Déluge au sens biblique du terme, celui qui détruit le mal. Les hommes ont mené le monde à sa perte en épuisant les ressources naturelles et croissant immodérément, en se renfermant sur eux-mêmes, sur leurs écrans, en ne s'occupant ni de leurs prochains ni des dégâts irréversibles sur leur lieu de vie. Chacun des sept chapitres commence par une citation du livre de la Genèse -enfin, c'est ce qu'il me semble, j'avoue mes lacunes en ce domaine- concernant chacun des sept jours ou Dieu est censé avoir créé le monde. le Déluge, Lazare, on croise aussi une Dalila, le Mont d'Airain comme terre promise, pas mal de références aux textes sacrés, et sans doute d'autres que je n'ai pas vues. Il y a aussi du Ulysse qui doit affronter tant d'épreuves pour revoir Ithaque.

Tout cela écrit dans une langue incroyable, grandiloquente parfois qui pourrait jurer avec l'urgence dans laquelle Lazare et Feu-de-Bois et les personnes qu'ils rencontrent sont. Il y est question de survie, et l'auteur s'amuse avec les mots, intercale des extraits d'un texte intitulé Principe de désacralisation de la vacuité, comme si ce paradoxe finalement nous rapprochait de l'histoire et de ses héros. Difficile à expliquer, mais je me suis senti sans doute plus proche d'eux que si Yvan Robin avait usé d'un langage familier. N'oublions pas les traits poétiques, de ceux que Lazare écrit dès qu'il trouve un crayon et un support. le père et le fils se répondent dans les paragraphes, l'un auquel l'auteur s'adresse avec un "tu" et l'autre qui s'exprime à la première personne.

Puis il y a le rythme, soutenu car la survie est à ce prix, il faut être le plus fort et rester humain et lent, au fil des eaux boueuses -et pire sachant que des cadavres d'hommes et d'animaux y résident. le tout donne un roman noir haletant duquel il est bien difficile de sortir avant le septième jour et autrement qu'en sueur et fortement chamboulé.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Voilà un roman un peu à part, qui mélange les genres, à la fois récit post-apocalyptique, quête initiatique, parabole sur les désastres écologiques que subit notre planète… C'est surtout par son écriture poétique et sa composition que ce texte se distingue d'autres récits du genre. Une nuit, le soleil disparaît sans jamais revenir, et progressivement les eaux se mettent à monter, et elles engloutissent tout sur leur passage. Seuls survivent celles et ceux qui ont fui en altitude et qui ne cessent de grimper pour échapper aux ravages de marées obscures. Un père et son fils, chacun de leur côté, vont errer sur ces eaux troubles et les quelques endroits préservés, croisant d'autres survivants. Une sorte d'odyssée sombre et chaotique pour un improbable Ulysse. Ca vaut le détour.
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Videos de Yvan Robin (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yvan Robin
Yvan Robin vous présente son ouvrage "La Fauve" aux éditions Lajouanie.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2666964/yvan-robin-la-fauve
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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