Chaman

Chaman est une très belle expérience de lecture. Kim Stanley Robinson nous plonge dans un autre monde, mais ce n'est que le notre, il y a 35 000 ans. On se retrouve en Ardèche (et si...) avec Huant, qui vien d'être désigné Chaman de sa tribu. Les aventures ne font que commencer pour lui, et pour nous.
Alors autant le dire d'emblée, si j'y ai pris beaucoup de plaisir, c'est que je l'ai lu très "premier degré". Je me suis laissé porter par l'histoire, l'ambiance, les décors, les personnages, l'aspect mystique, inquiétant, l'ambiance des grottes... C'est très bien maîtrisé, très bien écrit (et la qualité de la traduction est pour beaucoup dans cette impression) Bref, quitte à me répéter, une très belle expérience de lecture. le seul bémol que j'y mettrait c'est qu'en refermant le roman, je me suis demandé jusqu'à quel point le fond était crédible sur le plan historique, si l'auteur n'avait pas mélangé certaines époques et commis quelques anachronismes. Un doute me reste, je ne suis pas spécialiste de cette période donc je m'abstiendrai de les relever, mais par moment on a un peu l'impression que le bouquin a été écrit après une visite à la grotte chauvet par un américain amoureux de la campagne française. Cette impression reste marginale néanmoins.

Un roman facile à lire, pour vivre quelques années... il y a trente-cinq mille ans.
J'ai surtout bien aimé, tout au long du roman, les rapports d'un groupes d'humains avec la nature, leur façon d'observer les animaux, de comprendre les saisons, de s'orienter. Et leur art d'utiliser toutes les ressources, minérales et animales pour leur quotidien.
Cette lecture a été pour moi l'occasion de réfléchir (et de me renseigner par ailleurs) sur nos lointains ancêtres. Par exemple : depuis quand parlons-nous ? Quand les familles de langues actuelles ont-elles divergé ? D'où viennent les religions ? Comment avons-nous appris quoi manger sans danger... Je pense qu'outre des avis scientifiques, Kim Stanley Robinson a probablement tenu compte d'attitudes récentes, par exemple celles des tribus indiennes d'Amérique.
La partie centrale, avec une action conflictuelle et aventureuse, est visiblement conçue pour apporter un peu de suspense aux lecteurs pour qui c'est nécessaire. Elle m'a paru un peu longue, mais elle introduit une question fondamentale, que je vous laisse découvrir.
J'ai bien aimé la partie finale, où le jeune chaman réfléchit et exécute son chef-d'oeuvre d'art pariétal. L'auteur est enthousiasmé par ce sujet, le résultat est très prenant et touchant.

Bon livre, situé dans une période pas facile à romancer, même s'il y a notamment dans la littérature du XXème siècle le bel exemple de la trilogie des âges farouches de J. H. Rosny ainé, avec la fameuse "guerre du feu" (1919) ; voir aussi son adaptation au cinéma par J. J. Annaud (1981).
Depuis, les anachronismes ont pu être corrigés, on y voit des Anciens qui sont vraisemblablement les Néandertaliens, cohabitant avec les Sapiens mais en train de disparaître.
ll me semble qu'on a à la fois un réalisme assez "grand spectacle" mais efficace, autour de la survie dans la nature, des migrations des animaux, des techniques de chasse, de la maîtrise du feu, du shamanisme ou de ce qu'on peut en imaginer, qui assure la fonction documentaire de façon plaisante, et en même temps une proximité étonnante avec ces personnages qui sont pleins de questionnements, d'humour, malgré des problèmes de survie (manger, se protéger) mais aussi des difficultés relationnelles qui ressemblent aux nôtres. Un des grands moments est pour moi celui du "festival du 8/8" (je vous laisse découvrir pourquoi 8/8) et son côté Woodstock ( le sapin planté à l'envers, le sexe, les chamans qui se défoncent...) ! Tout ceci est cependant un peu facile. Il y a aussi une aventure très classique de rapt, sauvetage un peu bâclé, poursuite à suspense... Egalement une réflexion "métaphysique" déjà vue et un peu escamotée sur le nécessaire sacrifice de l'un pour sauver le groupe; la création de traditions parlées, des transmissions pas facile à réaliser... Bref, beaucoup de choses qui donnent l'impression d'un film grand public (hollywoodien) un peu fourre-tout. L'ensemble fonctionne, avec cependant une petite lassitude due au nombre de pages et au traitement un peu superficiel des thèmes, à mon sens pas toujours complètement développés. Des passages assez longs élargissent l'intrigue au-delà de ce qui paraît parfois nécessaire (par exemple la vadrouille mystique des Nordiques sur la glace pour aller observer l'envol de la colonie d'oiseaux et y lire un sens prophétique ...).
En étant sévère, je dirais : trop facile pour que l'on soit pleinement subjugués par le choc temporel, malgré quelques belles réussites comme l'errance initiatique du début et les peintures finales dans la grotte. Trop long pour qu'une tension dramatique parfaitement efficace s'installe. de façon plus bienveillante, je crois qu'on peut passer un bon moment avec ce roman (ce fut le cas pour moi), ne serait-ce que par l'originalité de son cadre pas si commun ( et malgré son léger goût de chewing-gum...)

Il m'est difficile de faire une critique, quelle est ma légitimité ? Pourtant Chaman m'a permis de renouveller le lien avec mes racines fondamentales, ce qui est essentiel à la vie. le roman nous attache à des personnages qui sont loin des héros et pourtant si réels !
C'est si dur l'hiver dans la nature ! Quand chargé de promesses le printemps arrive quel soulagement mais parfois quelle déception ! La violence s'exprime dans la lutte pour la survie alors que pour les humains la paix permet de vivre ensemble. Grand merci Kim Stanley j'ai passé un merveilleux moment en votre compagnie. Jean-Denis

Kim Stanley Robinson, est un auteur contemporain jouissant d'une forte reconnaissance internationale.
Il narre ici les aventures initiatiques du jeune Huard vers la responsabilité tribale de Chaman. Il s'agit principalement d'une confrontation entre l'adolescent et la nature particulièrement hostile de la période glacière.
Les scènes imaginées par l'auteur me paraissent souvent convenues, trop faciles. Et parfois bien longues…
Je ne suis donc pas emballé…