Plutôt que de paraphraser, je préfère reprendre, ci-dessous, quelques détails explicatifs donnés par l'auteur (et , je me suis amusée à retrouver certaines des caractéristiques décrites dans ce beau livre amoureusement écrit en les dessinant au pastel .)
« 4eme de couverture » :
«
Francis Ponge prétendait « faire exister la pomme comme une personne ». de petits objets de la Nature, animés ou non, auxquels on ne prête d'habitude qu'une attention désinvolte ou purement utilitaire (s'ils se mangent, l'asperge, l'artichaut, l'huître etc.), ou parfois agacée (la mouche !), on essaie de les traiter ici avec le soin qu'on porte aux personnes. Ils sont, à leur modeste façon, admirables, pour peu qu'on s'oblige à les regarder de près.
« Rien ne nous frappe, nous ne savons pas voir », disait Perec. Avec ces natures mortes on essaie d'apprendre à voir, et de trouver les mots qui aident à affûter le regard. L'art du graveur et celui de l'écrivain, dont l'exactitude est la loi commune, s'épaulent mutuellement dans ces discrètes apothéoses.
O.R. »
Treize objets décrits magistralement avec précision, poésie, humour, magnifiquement illustrés par les gravures d'Érik Desmazières : l'artichaut, l'asperge, l'huître, l'os de seiche, la cétoine, la girolle, l'oursin, la pomme de pin, la plume, la noix, la patate germée, la mouche
Au bout d'une tige cannelée assez raide, s'érige ce qui semble une fleur verdâtre aux pétales étroitement serrés. Une sorte de pivoine préhistorique. (…)
Au bout d'une tige cannelée, donc, un involucre (1) ou capitule aux bractées serrées, d'un vert bronze infus » de violet, se chevauchant l'une et l'autre à la façon de tuiles (…)
Détache-ton l'une, elle présente sur sa face interne, lisse et comme vernie, des nuances délicates allant de l'amande claire à la moelle de sureau...
(1) Un involucre, dans le domaine de la botanique, désigne une collerette d'écailles ou de bractées libres ou soudées ensemble à la base d'une inflorescence, chez les apiacées), ou les astéracées (composées).
La Girolle
Sa couleur va de l'ivoire au safran, passant par les nuances de la coquille d'oeuf,
du sein de Japonaise, de l'isabelle, du soufre, de la jonquille et de la robe de bronze(...)
Il y a dans sa forme déhanchée du frou-frou de robe à volants.
C'est toute une atmosphère de guinguette à la Renoir qui se lève
au prononcé de ses noms : girolle, chanterelle.
L'huître
La coquille festonnée, gaufrée, cloquée, cabossée, déglinguée, très vaguement piriforme (...)formée d'un entassement de strates coupantes, gondolées, évoquant assez les pages d'un vieux livre que l'humidité aurait rongé. Quant à la couleur, elle est presque aussi incertaine que la forme : des gris nuageux, des noirs de papier brûlé, des mauves, des verts moisis, tavelés de rousseurs, mouchetés d'ocre, des luisances d'onyx ou de corne.
La plume
Un canal ou calame cireux en forme la hampe (…) sur quoi se greffe de part et d'autre une herse oblique de lamelles étroitement solidaires, agrippées entre elles par un mécanisme (croit-on) d'infimes crochets agissant comme une sorte de Velcro naturel. Bien peignées, lissées, empesées, elles se distribuent en chevrons de part et d'autre du calame selon deux vexilles inégaux, asymétriques, où s'entend un souvenir linguistique du vexillum, l'étendard des légions romaines.