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EAN : 9782709670135
184 pages
J.-C. Lattès (01/02/2023)
4.72/5   30 notes
Résumé :
De sa fenêtre, Salim regarde la mer, le mouvement des vagues, et enfin il se sent vivre. Ici, à Alger, le soleil brille mais le quotidien est gris. Pas de boulot.
Pas de perspective ni d’espoir. Il n’y a que des mauvaises cigarettes, des mauvaises bières et des mauvaises nuits. C’est la désillusion, et Salim ne veut pas être un désillusionnaire de plus. Il va partir, prendre la mer et rejoindre l’Europe, pour y libérer son énergie et réaliser son envie d’aven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Née à Alger, il y a 25 ans, Neïla Romeyssa a créé le média Commun exil et le podcast Algéroisement vôtre. Son premier roman, Brûleurs, est une fiction mais nourrie de nombreux témoignages de Harragas, ces candidats à la grande traversée, qui ont un jour sauté le pas, et la mer, pour des lendemains censément moins gris, en Europe. Salim, le héros de Brûleurs, est l'un d'eux, résolu à partir, faute d'avenir dans son Algérie natale. Tout faire pour ne pas devenir un "désillusionnaire" de plus au pays et ne pas rechigner à brûler ses papiers pour franchir les frontières. L'autrice raconte l'attente interminable avant le départ, la traversée de la méditerranée avec des compatriotes désespérés, l'arrivée en terre dite promise et le retour à une réalité plus prosaïque et douloureuse. Dans une langue crue et quotidienne, le livre ne cache rien des hésitations, des bouffées d'espoir, du soutien des drogues, des inimitiés entre exilés en devenir, des regrets ... Brûleurs montre que même lorsque l'on croit n'avoir plus rien à perdre, l'on se ment à soi même : il y a ceux que l'on a laissé derrière soi et il y a aussi la vie, qui pour être chienne, n'en est pas moins précieuse. le livre est d'abord un document avant d'être un roman mais la littérature est aussi cela, parfois, sans fioritures et sans recherche esthétique au premier plan mais, au contraire, brutale comme une mise aux poings.




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Brûleurs de Neïla Romeyssa est un texte incandescent. L'éditeur le présente comme un premier roman « intense, coup de poing et furieusement poétique », je ne saurais dire mieux. Peut-être me contenterais-je d'ajouter que c'est un livre nécessaire.

Ainsi commence-t-il :
« HARRAGA :
Nom masculin issu du dialecte algérien signifiant « ceux qui brûlent (leurs papiers/les frontières). En Algérie, il désigne les jeunes adultes que l'absence de perspective pousse à fuir leur pays par tous les moyens.

*

De sa fenêtre, Salim regarde la mer, le mouvement des vagues, et enfin il se sent vivre. Ici, à Alger, le soleil brille mais le quotidien est gris. Pas de boulot. Pas de perspective ni d'espoir. Il n'y a que des mauvaises cigarettes, des mauvaises bières et des mauvaises nuits. C'est la désillusion, et Salim ne veut pas être un désillusionnaire de plus. Il va partir, prendre la mer et rejoindre l'Europe, pour y libérer son énergie et réaliser son envie d'avenir. Mais comment faire ?

*

Le désir de Salim est celui de milliers d'autres âmes. Gorgé de fougue, de chimères et de rêveries bouillonnantes. Si plein de vie qu'il est prêt à tout pour gagner le sol européen : endurer dangers, privations, violences, lassitudes et trahisons pour quelques bribes d'espoir glanées ici et là. Car « à Alger, Oran ou Mostaganem, les rêves nous tombaient sur la tête, il y en avait à chaque coin de rue » écrit-il. Très vite pourtant, le regret l'emporte sur tout le reste. Car l'utopie de la harga n'existe pas.

Voilà ce que ce texte magnifique exprime en filigrane. Avec une force, une justesse et une acuité rare.
Par lui, Neïla Romeyssa – créatrice du média Commun Exil où elle recueille les témoignages de personnes exilées – nous permets de nous mettre à la place de ces hommes que l'espoir nourrit autant que le désespoir. Elle nous donne la possibilité de poser sur eux un regard plein de compréhension, de compassion et de douceur. Car qui sommes-nous pour juger les rêves et condamner les espérances ?

Un premier roman magnifique porté par une langue crue et poétique à mettre entre toutes les mains !
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Salim, un jeune algérois, se sent promis à une vie triste et miséreuse. Pour déjouer cette infortune, il décide de rejoindre clandestinement l'Europe. A suivre des mois de souffrance, d'humiliation et de désillusion.
Ce livre impose au lecteur une immersion dans l'univers tragique des migrants. L'autrice fréquente et agit dans ce milieu. En vertu de quoi, son récit est très réaliste et les pensées de Salim parfaitement crédibles. le vocabulaire vient des rues d'Alger, le texte est émaillé de chants d'exil, l'emploi du pronom "tu" interpelle le lecteur. Pas de doute, j'ai ressenti l'enfermement dans ce hangar en attendant le passeur et la peur à bord du canot en panne...
Un premier roman "magistral".
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J'ai enfin pu lire le livre, bien que j'avais reçu ma commande le 4/02, j'ai hésité à le lire car l'histoire des Haragas est une partie de ma
Vie. Que dire, merci pour ce roman qui aborde ce sujet des 'Brûleurs' . Salim m'a embarqué avec lui, j'ai tout ressenti, je suis passé par toutes ses émotions. Son histoire , Ses
Mots, les chansons qu'il fredonnait le
Hantent. Quelle sensations ! et quel bel hommage pour tous ces brûleurs. le récit est exceptionnel je l'ai vécu au sens propre du terme. La Douceur, la monstruosité, l'amour, la beauté , les illusions, les désillusions se rencontrent pour raconter l'histoire de Salim. Merci de ois faire partager et porter leur émotions
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Le regard tourné vers la mer, Salim scrute l'horizon…

🌊Salim, c'est tous ces jeunes en mal de vivre, que la société rejette comme la mer rejette des amas d'algues sur la plage. Et comme ces algues qui jonchent le sable, ces jeunes se transforment en pollution, sinon olfactive, du moins visuelle. Écueils d'une société qui se voile la face, ils errent dans les rues et endorment leurs peines à renfort d'alcool et de drogue.

🌊Comme le chant des sirènes attire les marins, le bruit des vagues charme Salim. Jour après jour, les yeux posés sur la mer, le clapotis des ondes lui chante une douce mélodie : clap-clap ! clap-clap ! clap-clap ! Déjà mort avant même d'avoir vécu, il succombe alors à l'appel de la mer, dans l'espoir de pouvoir renaître dans un monde meilleur. Après des semaines d'attente, teintée de désespoir, durant lesquelles il se découvre capable du pire, c'est à bord d'un bateau de fortune que Salim réalise que les passeurs ne sont rien de plus que des esbroufeurs qui vendent des chimères pour du rêve. Cet eldorad[eau] qu'ils lui ont fait miroiter n'est que misère.

🌊Stigmatisé dans son propre pays, il l'est aussi, si ce n'est plus, dans cette contrée qui lui ouvre les portes pour finalement l'enfermer. Jadis loup de mer qui voyageait sur les flots de ses songes, aujourd'hui rien d'autre qu'un loup derrière les barreaux d'une fenêtre d'où il ne peut même pas admirer la soie bleue qui drapait ses songes, Salim devient le spectre de lui-même, sans même l'espoir d'être un revenant, car lorsque l'on a vécu l'atrocité, il n'y a plus de retour possible. Au pays de Don Quichotte, Salim n'a plus la force de se battre contre les moulins à vent. Au loin, la ville des lumières devient alors ténèbres. Finalement, peu importe où se trouve la fenêtre par laquelle on scrute l'horizon, l'autre côté de la mer nous semble toujours meilleur… et le mal du pays, le manque de ses proches, finit par l'immerger.

Dans ce premier roman, à la fois poétique et percutant, Neïla Romeyssa donne la voix à tous ces migrants qu'elle a rencontrés : fidèle dépositaire de ces témoignages poignants, elle s'efface devant le personnage, qui s'adresse à elle… ainsi qu'à nous. Ce qui d'ailleurs me fait quelque peu culpabiliser, car je n'ai pas senti de réelle empathie envers le protagoniste : il m'a manqué ce je-ne-sais-quoi qui m'aurait fait « voyager » à ses côtés ; je n'ai emprunté qu'un radeau et fait la traversée loin derrière lui.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Brûleurs" de Neila Romeyssa est un roman bouleversant qui explore les maux à vif de la réalité du voyage et la complexité. Ce récit poignant nous plonge au cœur des émotions auxquelles Salim est confronté lorsqu'il quitte son pays natal.

L'auteure parvient brillamment à transmettre la profondeur de la nostalgie qui accompagne la décision de quitter son pays. À travers les pages de ce livre, j'ai ressenti l'attachement profond envers Salim, sa culture et ses racines. La douleur de la séparation et la perspective d'un avenir incertain sont dépeintes avec une sensibilité qui m'a profondément touché.

Neila Romeyssa ne cherche pas à embellir la réalité ou à la rendre plus facile. Au contraire, elle aborde les aspects difficiles et les cicatrices que le voyage lui laisse. L'authenticité avec laquelle elle décrit les défis auxquels Salim est confronté dans sa quête d'une vie meilleure est d'une grande puissance. Les moments de tristesse, de doute et de désespoir sont dépeints avec une justesse qui résonne longtemps après avoir refermé le livre.

Ce roman est une ode à la force et à la résilience des individus qui osent partir pour trouver un avenir différent."Brûleurs" nous invite à réfléchir sur la signification de l'identité, de la patrie et des choix difficiles que la vie peut nous imposer.

Je recommande vivement "Brûleurs" à tous ceux qui apprécient les œuvres littéraires qui abordent les aspects les plus profonds de l'expérience humaine. Neila Romeyssa a créé un roman d'une grande beauté et d'une profondeur émotionnelle inoubliable. Sa plume délicate et poignante offre une réflexion poétique sur la nostalgie et les choix auxquels nous sommes confrontés dans la vie.
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Dans les villes du littoral, beaucoup de jeunes ont déserté les quartiers. En dehors de ceux qui ont survécu au périple de la harga, plusieurs ont été retrouvés à la surface de l'eau tandis que d'autres ont carrément été avalés par la Méditerranée. J'ai la certitude que ce n'est pas une énième légende urbaine. Un mec de mon immeuble a péri pendant son voyage. Je me rappelle encore des cris de sa mère qui, pendant des jours, résonnaient dans tout le quartier de Bologhine. Moi, personne ne me pleurera, je suis sûr d'y parvenir.
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