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sur 436 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La tribu des Oulhamrs vient de subir une terrible défaite et la tribu rivale a détruit les trois cages contenant le feu. Depuis des générations, ils entretenaient la source du feu dans ces cages avec maintes précautions et un grand savoir-faire car ils étaient incapables de le faire surgir spontanément. Ils vont se retrouver obligés de se nourrir de viande crue et de grelotter la nuit. Après s'être retiré pour réfléchir, Faouhm, chef de la tribu promet sa nièce Gammla et sa succession à la tête de la tribu à celui qui leur rapportera le feu. Aussitôt, Naoh, le guerrier le plus grand et le plus agile, se porte volontaire car Gammla l'attire depuis des lunes. Mais un autre guerrier s'avance et tente de faire reculer Naoh. C'est Aghoo le velu, fils de l'Auroch, dont la force est légendaire.
Faouhm déclare que chacun des deux guerriers partira de son côté avec ses assistants et que le premier qui reviendra avec le feu deviendra le maître de Gammla et de la tribu.
S'ensuit un périple ponctué de maints obstacles. Entre l'ours gris, le tigre, le lion-tigre et la tigresse, les hommes des arbres, les mammouths, les Nains rouges, les Wah et pour finir Aghoo le velu et ses frères, Naoh, Nam et Gaw, les intrépides, devront faire preuve de ruse plus que de force pour arriver vainqueurs au bout de l'aventure.
La Guerre du feu, constamment réédité depuis sa première parution est un grand classique de ce qu'on appelle les romans préhistoriques, dans le genre Merveilleux scientifique, ancêtre de la science-fiction. Merveilleux parce que l'auteur avait toute latitude pour inventer des personnages et des interactions dont il ne restait aucune trace, scientifique parce qu'il fallait avoir des connaissances en paléontologie pour assoir le récit. D'autres auteurs se sont essayés dans le genre du roman préhistorique : Fernand Mysor dont nous avons publié dans Gandahar n°2 l'excellent roman Les Semeurs d'épouvante qui nous plonge dans la terreur permanente que vivaient les humains de cette époque face à une faune sauvage en pleine liberté, Claude Cenac et son cycle de la rivière rouge, Pierre Pelot avec le Rêve de Lucy et la série Sous le vent du monde, Jean Auel et son célèbre Les Enfants de la terre, l'anthropologue Élisabeth Marshall Thomas avec La Lune des rennes et La femme sauvage… Ce ne sont que des exemples, il y en a bien d'autres.

Ce qui distingue Joseph Rosny Aîné, c'est son style, épique, poétique, qui donne à son récit un souffle magique, une puissance de vie extraordinaire. le lecteur se glisse avec une grande facilité dans la peau de Naoh, son héros, l'un des premiers super-héros qui a influencé les jeux de nombreux petits garçons et suscité des vocations de paléontologues, comme celle de l'auteur Francis Carsac.
Les pages qui décrivent la nature et les animaux dénotent une connaissance approfondie de ces sujets et sont d'une grande beauté poétique :
« le fleuve roulait dans sa force. À travers mille pays de pierres, d'herbes et d'arbres, il avait bu les sources, englouti les ruisseaux, dévoré les rivières. Les glaciers s'accumulaient pour lui dans les plis chagrins de la montagne, les sources filtraient aux cavernes, les torrents pourchassaient les granits, les grès ou les calcaires, les nuages dégorgeaient leurs éponges immenses et légères, les nappes se hâtaient sur leurs lits d'argile. Frais, écumeux et vite, lorsqu'il était dompté par les rives, il s'élargissait en lacs sur les terres plates ou distillait des marécages ; il fourchait autour des îles ; il rugissait en cataractes et sanglotait en rapides. Plein de vie, il fécondait la vie intarissable. Des régions tièdes aux régions fraîches, des alluvions nourries de forces myriadaires aux sols pauvres, surgissaient les peuples lourds de l'arbre : les hordes de figuiers, d'oliviers, de pins, de térébinthes, d'yeuses, les tribus de sycomores, de platanes, de châtaigniers, d'érables, de hêtres et de chênes, les troupeaux de noyers, d'abiès, de frênes, de bouleaux, les files de peupliers blancs, de peupliers noirs, de peupliers grisaille, de peupliers argentés, de peupliers trembles et les clans d'aulnes, de saules blancs, de saules pourpres, de saules glauques et de saules pleureurs. Dans sa profondeur s'agitait la multitude muette des mollusques, tapis dans leurs demeures de chaux et de nacre, des crustacés aux armures articulées, des poissons de course, qu'une flexion lance à travers l'eau pesante, aussi vite que la frégate sur les nues, des poissons flasques qui barbotent lentement dans la fange, des reptiles souples comme les roseaux ou opaques, rugueux et denses. Selon les saisons, les hasards de la tempête, des cataclysmes ou de la guerre, s'abattaient les masses triangulaires des grues, les troupes grasses des oies, les compagnies de canards verts, de sarcelles, de macreuses, de pluviers et de hérons, les peuplades d'hirondelles, de mouettes et de chevaliers ; les outardes, les cigognes, les cygnes, les flandrins, les courlis, les râles, les martins-pêcheurs et la foule inépuisable des passereaux. Vautours, corbeaux et corneilles s'éjouissaient aux charognes abondantes ; les aigles veillaient à la corne des nuages ; les faucons planaient sur leurs ailes tranchantes ; les éperviers ou les crécerelles filaient au-dessus des hautes cimes ; les milans surgissaient, furtifs, imprévus et lâches, et le grand duc, la chevêche, l'effraie trouaient les ténèbres sur leurs ailes de silence. »

Rosny Aîné est le pseudonyme littéraire de Joseph Henri Boex, écrivain d'origine belge, né à Bruxelles en 1856 et mort à Paris en 1940. Il collabora jusqu'en 1908, avec son frère – Rosny jeune – sous le pseudonyme commun de J.H. Rosny. Tout d'abord séduit par le naturalisme (Nell Horn, 1886), Rosny Aîné rompit bientôt avec Émile Zola (Manifeste contre la Terre, 1887) pour laisser libre cours à sa fertile imagination. Empreint d'une « passion poétique » pour la science, il se place aux deux extrémités du temps puisqu'il écrivit principalement des romans d'anticipation, qui font de lui un des précurseurs de la science-fiction en France (Les Xipéhuz, 1887 ; la Mort de la Terre, 1910 ; Les Navigateurs de l'infini, 1927 ; les Compagnons du cosmos, 1934), et des romans préhistoriques, qui évoquent l'humanité à ses débuts (Vamireh, 1892 ; Eyrimah, 1895 ; Les Origines, 1895 ; la Guerre du feu, 1911 ; le Félin géant, 1920).
La Guerre du feu a été repris en bandes dessinées (2012 à 2014) et adapté pour la deuxième fois à l'écran par Jean-Jacques Annaud en 1981. Même si l'on sait maintenant qu'à l'époque où se situe ce roman, les hommes n'étaient pas de monstrueux hommes-singes agressifs et munis de gourdins mais plutôt de paisibles chasseurs-cueilleurs, ce roman n'a pas pris une ride et son succès ne se dément pas, encore aujourd'hui. CB

Chronique parue dans Gandahar 26 en décembre 2020
Lien : https://www.gandahar.net
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Je dois avoir lu la Guerre du feu trois ou quatre fois dans ma vie. A chaque fois, c'est la même fascination.
Quel souffle épique parcoure ces pages dignes de certains poèmes animaliers de Leconte de Lisle (les éléphants par exemple). C'est une véritable épopée que cette guerre du feu. Inimitable. Il est remarquable que ce roman me plaise autant à 15 ans qu'à 64 ans.
Un chef d'oeuvre, vraiment....
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La guerre du Feu un livre de prime jeunesse qu'il fait bon relire. Parce que survolant une époque révolue qu'il décrit avec une puissance d'évocation très juste et convaincante. Malgré les citations à resituer complétées des avancées de la science .il est le livre de référence à mon sens de lHistoire de la vie telle qu'elle pouvait être des premiers hommes, les réalités de leurs combats et luttes
Un bel instant de lecture pour relectures passionnées
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Encore pendant une lecture longue et douloureuse, je l'ai lu pour me changer les idées. Ce fut le cas. Notre âme enfantine, avide d'aventures est réveillée, se livre lui parle, s'adresse à cette partie de nous.
Le tout est très réaliste, moderne, comme cela a été souligné, beau. Je ne dirais pas que, parfois, certaines descriptions m'ont parues longues. Mais pas longues en elles-mêmes, longues car elles ne servent pas forcément le livre et son ambiance.
On suit l'épopée de nos 3 ancêtre imaginaires le souffle court, impatients de découvrir leur prochaine péripétie, pantelant en espérant leur victoire.
Une très bonne histoire, servie par un style adéquat, ne pas hésiter à l'offrir aux enfants/ adolescents... et même aux adultes!
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Je me souviens avoir lu un extrait de 2, 3 pages dans un livre de lecture à l'école primaire qui m'avait passionné, sans qu'il me vienne à l'idée que je pouvais lire le livre si je le demandais à mes parents. Quelques années après, alors que je l'avais oublié, le film de J.J. Annaud sort, je fais le lien avec cette lecture et vais le voir : subjugué !
Alors enfin, je lis le livre, commandé à France loisirs.
J'ai là aussi adoré cette lecture qui comme le film m'a transporté dans ce lointain passé. Même si c'est loin d'une rigueur scientifique on est porté par cette aventure primaire de survie et de lutte pour ce bien essentiel : le feu.
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Ayant vu plusieurs fois le film , je pensais ne plus rien découvrir.....
Évidemment c'était faux.
Le récit , très bien écrit, littérature de 1909.... nous entraine dans un monde farouche. Les trois héros Naoh , Nam et Gaw partis à la quête du Feu vivent des aventures au milieu d'animaux extraordinaires et dans des paysages sauvages.
D'ailleurs, il faut découvrir Rosny ainé pour toute son oeuvre.
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Science-fantasy de la préhistoire - aux environs de 100 mille ans. Un roman sensationnel, adapté au cinéma par Annaud - un grand succès.

Comme Jean Auel avec ses romans sur l'homme de Néandertal, Rosny a réussi à nous donner une idée plastique de la vie de l'homme de la préhistoire et il raconte une histoire captivante.

Rosny Aîné est un Belge qui écrit en langue française. Son roman La guerre du feu est paru en 1911. Il est un auteur de science-fiction et science-fantasy surprenant.
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Le premier livre que j'ai lu enfant dans les années 50 en CE2.
Dans la collection Rouge et Or. Il m' a passionné à l'époque. Les aventures vécues pas les trois personnages principaux. Leur lutte contre les animaux, contre d'autres tribus et la rencontre avec une plus évoluée.
Le combat avec Aghoo et ses frères
J'étais vraiment avec les héros.Il a ouvert mon imagination.
Je l'ai lu et relu adulte et je le relirai encore avec toujours autant de plaisir.
Par contre si le film m'a déçu la BD de Emanuel Roudier m'a beaucoup plu elle est très fidèle au roman et les dessins sont superbes.
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La Guerre du feu
J.H. Rosny Aîné (1856-1940)
« Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort ! »
Ainsi commence ce récit épique au style poétique et aux accents hugoliens. Une ambiance de Légende des siècles règne tout au long de cette épopée.
Ils ont perdu le feu et pourtant « ils l'élevaient dans trois cages depuis l'origine de la horde : quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour. »
On notera que pour les hommes de l'époque, le Feu était considéré comme un animal qu'il faut nourrir et protéger. Hélas, une horde ennemie a détruit deux cages et dans la troisième cage pendant la lutte, on l'avait vu défaillir, pâlir et décroître avant de mourir. Alors « ils connurent que leur descendance était menacée dans sa source et que les forces du monde devenaient plus formidables : ils allaient rôder, chétifs et nus, sur la terre. »
Faouhm le chef de la horde décide que Gammla, la fille du Marécage, appartiendra à celui qui ramènera le feu : la compétition est rude entre Aghoo et Naoh, deux prétendants. Naoh, le fils du Léopard, qui est l'émanation de la race , la puissance humaine devant le mystère cruel de l'Univers, le refuge qui abriterait la horde, choisit deux solides marcheurs, Nam et Gaw pour partir à la recherche du Feu.
le moment du départ pour la grande aventure est proche : « c'était l'aube suivante. le vent du haut soufflait dans la nue, tandis que, au ras de la terre et du marécage, l'air pesait, torpide, odorant et chaud… Ils pressentaient le trouble tragique d'où sortira, après les siècles des siècles, la poésie des grands barbares.» Ils assistent plus loin au premier point d'eau à la bataille titanesque entre aurochs et mammouths. Puis reprennent leur chemin observant les saïgas, les hémiones, les élaphes et autres urus. Il rêve au Feu, la plus terrible et la plus douce des choses vivantes. Naoh imagine la quiétude d'une halte avec l'arôme des viandes rôties, la chaleur tendre et les bonds roux de la flamme, mais l'ennemi rôde parmi les halliers…Ce seront les Dévoreurs d'Hommes, puis les Nains Rouges, puis les Wah jusqu'au jour où du haut d'un mamelon, cachés parmi les herbes drues et secoués d'une émotion terrible, Naoh et ses compagnons voient le Feu au main de l'ennemi : « Il y avait des flammes lovées comme des vipères, palpitantes comme des ondes, imprécises comme des nues. » Mais ils connaissent l'échec dans leur entreprise de s'approprier le Feu et une tristesse incommensurable les étreint.
La rencontre avec les mammouths est un moment magnifique de ce roman et bientôt l'animal et l'Homme se comprennent et font alliance. « Or le soleil s'ensanglanta dans le vaste occident, puis il alluma les nuages magnifiques. Ce fut un soir rouge comme la fleur de basilier, jaune comme une prairie de renoncules, lilas comme les veilleuses sur une rive d'automne, et ses feux fouillaient la profondeur du fleuve : ce fut un des beaux soirs de la terre mortelle, l'alliance des hommes du nord et des mammouths. »
La recherche du Feu se poursuit à travers les plaines muettes et les couchers de sommeil se succèdent tandis que les batraciens s'appellent de leurs voix vieilles et tristes, et que les chauves-souris vacillent parmi les noctuelles.
Les rencontres vont instruire les trois hommes et celle des Hommes sans épaules qui cachent le Feu dans les pierres est déterminante pour l'avenir de l'Homme.
Nos trois hommes vont connaître encore bien des aventures avant de réussir dans leur entreprise.
J'ai relu cette épopée préhistorique lue il y a bien longtemps pour la première fois, et ce avec un immense plaisir. Ce prodigieux voyage imaginaire à l'aube de l'humanité est parfaitement relaté par l'auteur en un style épique et envoûtant, mêlant aux balbutiements de l'histoire de l'Homme le foisonnement des animaux et les bruits de la forêt.
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. Chaque fois que j'ai visité un site préhistorique (Lascaux , grotte Chauvet etc…) sont venus chanter à ma mémoire les mots de Rosny « Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable » . C'est dire la puissance de ces lectures de jeunesse qui marquent à jamais. Naoh le fils du Léopard , super héros de mon temps , sa rencontre avec le mammouth , sa lutte contre les fils de l'Auroch ( Horaces et Curiaces des temps d'avant l'histoire) , le secret du feu … Je vous souhaite une bonne lecture !
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