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Fabrice Pointeau (Traducteur)
EAN : 9782355848124
360 pages
Sonatine (01/10/2020)
3.61/5   59 notes
Résumé :
Camaho, une île des Caraïbes. Michael Digson survit tant bien que mal dans une cahute héritée de sa grand-mère. Jusqu’au jour où il croise la route de Chilman, un vieux flic anticonformiste qui lui propose d’entrer aux homicides. Un peu réticent, Digger accepte finalement de le rejoindre. Avec l’intention de reprendre l’enquête sur le meurtre de sa mère, jamais élucidé. Alors qu'il s’avère particulièrement efficace dans la lecture des scènes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle belle découverte. Un roman que je ne saurais qualifier tant il se démarque de ce que j'ai pu lire auparavant. Déjà, nous sommes dans les Caraïbes, sur une petite île, Camaho. Alors, il y a la mer, la chaleur, le vent, la pluie, les arbres fruitiers, les collines, les routes défoncées, les chemins de terre, les baies, la violence et le silence. Puis , la ville et sa faune. Car dans Lire les morts, les personnages sont atypiques vraiment et attachants. Un commandant de police à la veille de la retraite mais obsédé par une affaire non résolue; sa jeune recrue, Digger, qui revient d'une année de formation en Angleterre pour justement apprendre à lire les morts et les scènes de crime et un autre assistant, Malan, formé spécialement pour les armes à feu et Mlle Stanislaus, la dernière arrivée avec ses vêtements fleuris et colorés et ses broches en papillons. Donc, je suis séduite. Et parlons donc de cette langue aux accents marqués, une langue étirée, on dirait presque alanguie et, de ce pas, saluons le travail de traduction qui a respecté la particularité de la langue . On sent bien la différence.
Dans ce récit, on entre vite dans le vif. Pas de digressions inutiles. Juste ce qu'il faut d'explications pour ne pas nous perdre. Et même si les thèmes sont archi communs - disparitions, violence domestique, abus de pouvoir, contraintes et sévices - la façon de nous en parler est inhabituelle, le type de raisonnement très particulier.
Un roman à lire, un auteur à découvrir , un récit authentique. Un excellent moment de lecture.
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Digson est un écorché vif. Dans la petite ile de Camaho, Caraïbes, il cherche à comprendre ce qui est arrivé à sa mère lors d'une émeute en 1999. le sort lui fait rencontrer Chilman , policier atypique qui veut de suite l'embaucher .

Roman atypique . de part sa localisation dans les Caraïbes, l'auteur vient de Grenade, le cadre est sensiblement différent des standards. On cotoie les autochtones, soumis à la force des églises évangélistes mais également à l'omnipotence des hommes, qui semblent autoriser à disposer du corps , et de la vie , des femmes . Tout cela au milieu des bars à rhum, des plages de sable fin et des vendeurs de noix de coco.

Ensuite, l'énigme policière, ou plutôt les énigmes , n'est pas consensuelle et m'a parfois un peu perdu.Certes , les passages en créole sont facilement intégrables , mais la trame m'a semblé un peu confuse , en tous les cas pour mon niveau de lecture.
Et puis , comme dans certains romans , le coupable sort un peu du chapeau même si l'on a vu pire.

Une lecture exotique , pas forcément inoubliable cependant.
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Voici un polar que j'avais repéré dès sa sortie, à cette époque magique où je renouais peu à peu avec le plaisir de lire après une « pause » de plusieurs années… Cependant, il s'est très vite retrouvé enfoui quelque part dans ma PAL virtuelle (merci mon tsundoku !), d'où je le ressortais quelquefois pour le contempler quelques instants sur l'écran de ma liseuse, avant de systématiquement choisir un quelconque autre "concurrent". Il aura fallu un double challenge géographique (l'un sur Livraddict, l'autre sur Babelio) pour que je me décide enfin à lire ce polar aux accents d'ovni, qui nous transplante avec virtuosité dans les Caraïbes.

C'est tout à la fois un roman noir et étrangement lumineux, une histoire sombre mais empreinte d'une certaine légèreté. C'est le drame de ces îles caribéennes plus ou moins abandonnées depuis qu'elles ne représentent plus d'intérêt économique pour l'Occident, se refermant sur elles-mêmes et dans leurs pires travers : domination de l'homme sur la femme, violences domestiques diverses et variées au quotidien, embrigadement dans des Églises aux noms farfelus mais qui assurent une véritable mainmise sur leurs membres (à nouveau : sur les femmes en particulier) d'une façon qui n'est pas sans rappeler les sectes, trafics de drogue avec les îles voisines qui donnent ainsi une espèce de « légitimité » à cette île autrement insignifiante ; mais c'est aussi le soleil omniprésent (à part quelques tempêtes et autres pluies ravageuses mais qui ne font jamais que passer), la mer que l'on entend chanter, les marchés où l'on aurait l'impression de sentir les odeurs des fruits multicolores et des épices, de voir les montagnes de légumes qu'on aurait envie de préparer, des poissons grillés à grignoter sur place pour presque rien (et qui mettent réellement l'eau à la bouche !), et les marchand.e.s qui s'interpellent, rient et papotent ou abordent le client (qu'elles connaissent depuis toujours) avec verve ou sévérité. C'est toute une ambiance qui ne se dément jamais, et qui imprègne le roman à travers toutes les pages, au détour d'un chemin, d'une plus ou moins longue description, d'un détail de la vie courante qui saisit tout à coup.

Cette imprégnation est renforcée par un choix éditorial que j'admire : il semble que l'auteur a choisi, dans sa langue originale anglaise de Grenade, d'écrire la narration (à la 1re personne du singulier cela dit) dans un langage courant tout à fait correct, parfois même à la limite du soutenu, tandis que tous les dialogues sans exception se déroulent dans le créole anglophone de son île d'origine. Et voilà : Sonatine (qui est de plus en plus reconnu pour la qualité de ses parutions, semble-t-il) a pris l'option de « rendre » cet esprit en traduction française, dans une narration sans souci d'une part, et dans une retranscription artificielle voulue pour les dialogues, d'autre part, grâce à des aménagement linguistiques réalisés en accord avec l'auteur, disent-ils, agrément d'un mélange de créoles caribéens - et tout cela est annoncé dès le début du livre dans une très appréciable « note de l'éditeur ».
Certes, le résultat s'éloigne de ce français courant auquel on est habitué, dès lors ça peut parfois sembler ardu à lire, pourtant ça reste parfaitement intelligible pour le lecteur francophone, ça chante en effet et ça ajoute incontestablement à cette « couleur locale » magnifiquement défendue par l'auteur : je dis bravo !

Ainsi, on rencontre le jeune Michael Digson, appelé Digger, fils illégitime du (puissant) préfet de police, qui a refusé de lui payer des frais d'université, contraignant le jeune homme à vivoter de petits boulots sans avenir. En début de roman, il se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment : témoin impuissant du passage à tabac d'un jeune écolier, il se fait appréhender par la police, alors qu'il cherchait à venir en aide à la victime. C'est ainsi qu'il est repéré par le vieux commissaire local, Chilman, à la limite de la retraite, qui s'est mis en tête de créer une unité de police composée de talents atypiques. Digger ne veut d'abord pas en entendre parler, mais entre son besoin d'argent (notamment pour reconstruire la maison qu'il habite, héritée de sa grand-mère maternelle) et son souhait de découvrir la vérité sur la disparition de sa mère lors d'événements durs des années plus tôt, il finit par accepter ce recrutement inattendu.
Mais Chilman ne fait pas que lui offrir un job : il lui propose aussi une formation en forensique (qu'on aurait tort de résumer à la seule médecine légale – voir par exemple l'article ici : http://criminologie.site.koumbit.net/article/science-forensique ) pendant un an en Angleterre, lui permettant ainsi de devenir celui qui « lit les morts ».

C'est que Chilman a une obsession : un cold case qu'il veut à tout prix élucider, mais il n'a pas pu arriver au bout de ses investigations, se heurtant encore et toujours à une impasse, au cours de sa carrière qui se termine désormais. On peut dire qu'il « se sert » réellement de Digger, mais on sent aussi qu'il apprécie ce jeune homme qu'il a vu "grandir" en tant que policier et homme intègre. Il lui adjoint alors une jeune femme lumineuse (quand je parlais de lumière !), toujours habillée de couleurs vives et imprimés joyeux, pleine de bon sens et qui ne s'en laisse pas conter : une certaine K. Stanislaus, dont on ne verra le prénom prononcé qu'une seule fois, et qui n'est par ailleurs jamais utilisé.
On l'a compris : les personnages sont très bien campés, sans jamais tomber dans le stéréotype, et participent sans aucun doute à l'ambiance de l'île, tant on sent qu'ils en font partie, et qu'ils l'aiment profondément, même s'ils reconnaissent qu'elle n'est pas aussi paradisiaque que les touristes étrangers (mentionnés çà et là) semblent heureux de croire…

Ainsi, on suit les plus ou moins grosses affaires de Digger et de son nouveau supérieur Malan (lui aussi recruté par Chilman autrefois) ; on le voit vivre ses relations compliquées avec une amie, jeune femme qu'il veut aider dans son désarroi domestique, ou avec sa petite amie qui se joue peut-être bien de lui ; on le voit dans son quotidien qui le transforme petit à petit… mais surtout, on le voit s'intéresser, et même de plus en plus à ce cold case qui ne cesse de le tarauder.
Hésitant dans ses recherches au début, mais de plus en plus convaincu de la nécessité de dévoiler la vérité, il s'entête dans ses recherches, au risque de sa nouvelle carrière et peut-être même de sa vie, remuant la boue et bien des choses en cette ville de San Andrew, et notamment (ça ne s'invente pas !) la puissante « Église baptiste spirituelle des Enfants de la Licorne », dont le révérend est un proche du ministre de la Justice…

Roman à tiroirs mais centré sur ce cold case particulier, qui lève un tas d'autres problématiques ; roman sombre et lumineux tout à la fois, disais-je plus haut, véritable chant d'amour de l'auteur pour son île ; dans une langue « aménagée » qui participe néanmoins à recréer cette ambiance tropicale caribéenne qui fait rêver sans pour autant cacher les dessous moins reluisants du quotidien ; ce livre est un enchantement, et je serai heureuse de lire la suite des aventures de Digger et K. Stanislaus, déjà publiée en anglais, et dont j'espère une traduction française prochaine !
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Roman atypique aux multiples facettes, Lire les morts de Jacob Ross est un roman à découvrir!
Camaho, une île des Caraïbes, Michael Digson survit vaille que vaille. le toit de la cabane léguée par sa grand-mère s'envole lors d'une tempête il se rend à l'évidence il lui faut un job... sa route l'amène au commissariat où sous la férule de Chilman il va intégrer la brigade criminelle.
Les années passent , Chilman a pris sa retraite ou presque et Missa Digger est toujours là.
Un roman à multiples facettes donc. Roman noir, roman d'atmosphère où la violence est là omniprésente, où les rapports homme-femme sont encore et toujours dominant-dominée, où la religion s'impose comme une entité incontournable et "intouchable " ou presque, où les tensions raciales et sociales sont palpables, où le pouvoir fascine et rend fou ...Une plongée en apnée qui ne peut laisser indifférent avec tout au bout ce petit rayon de soleil qui fait chaud au coeur.
Jacob Ross, poète reconnu, nous offre ici un texte de toute beauté , ses personnages sont profonds, bien cernés, leur langage pour moitié créole est admirablement traduit par Fabrice Pointeau , et puis il y a tous ces paysages, ces lumières ... du grand art.
Un très grand merci à Babelio pour l'organisation de sa masse critique mauvais genres et aux éditions Sonatine pour ce partage.
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L'action se déroule dans l'île fictive de Camaho où le personnage principal est détective dans la police de la capitale San Andrews.

C'est avant tout un roman d'ambiance, l'auteur recréant à la perfection les Caraïbes, surtout grâce à la langue utilisée, en créole dans la version originale anglaise, et dans un mélange de créole / français dans la version française qui donne un rythme particulier au texte. C'est d'ailleurs ce rythme, allié aux odeurs qui rend le mieux l'ambiance caribéenne et qui nous immerge complètement aux côtés de Missa Digson et Miss Stanislaus.

L'intrigue est un peu décousue et plutôt qu'une unique enquête, on suit la vie quotidienne de Michael Digson pendant 5 ans, enrôlé contre son gré dans la police à la sortie de ses études. Ce texte très elliptique garde une large part de mystère sur les personnages, ce qu'ils pensent et sur les avancées de l'enquête, ce qui est assez inhabituel et intriguant mais très intéressant. On se laisse alors vraiment porter par le rythme et les émotions exprimées et les tableaux que fait naître la belle écriture de Jacob Ross.

Ce roman noir plus que policier met bien en lumière la violence subie par les femmes dans cette société macho, que cette violence soit physique ou psychologique, le phénomène d'emprise étant bien mis en lumière et pas du tout uniquement dans l'intrigue policière. Les personnages féminins sont de plus très ambivalents, subissant et se révoltant tour à tour avec colère, dignité et humour.

J'ai vraiment aimé ce livre et ai adoré le personnage de Miss Stanislaus (Hourra ! Pour elle), n'ai pas bien compris les relations entre Malan, Digger et Chillman mais appréciait d'autant plus les tensions et les dialogues. Une franche réussite de mon côté et j'espère que d'autres livres de cet auteur seront traduits.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je dis pas qu’on est parfaits. Y a pas une police au monde qu’a pas ses casseroles. On est pas une église. Parfois ce qu’y font pour empêcher un crime est pire que le crime lui-même. Autrefois y recrutaient jamais les types intelligents – des gars avec des mains douces et des longs doigts fins comme les tiens. Y z-ont trop de repartie et y posent des questions compliquées, donc y répondaient pas aux critères paské y z-étaient trop qualifiés, si tu vois ce que je veux dire. Nan – en ce temps-là, ce qu’on avait, c’était le genre de policier qu’avait juste assez de vocabulaire pour obéir aux ordres.
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Quand je suis reparti, j’ai songé que la peur - ainsi que toutes les manières qu’avaient les hommes de posséder ou de contrôler une femme - pouvait peut-être la pousser à rester, mais ne pouvait pas lu ifaire aimer l’homme.
Je dirais peut-être ça à Mlle Stanislaus plus tard - pour l'impressionner, vous savez. Même si, à bien y réfléchir, elle me l’a déjà dit dans son style fais-gaffe-à-ton-cul me-raconte-pas-de-conneries. Depuis longtemps !
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Et pendant que la population sera toujours sous le choc, tu vas trouver des preuves concrètes. Tu les trouves vite, Digson, paské les gens de Camaho sont pas stupides. On peut laisser ces abrutis d’étrangers le croire, mais nous qui vivons ici, on peut pas se permettre de commettre cette erreur.
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J’aurais pu mettre les paroles de Chilman sur le compte de son ivresse, mais la boisson ne lui avait jamais embrumé l’esprit. Nous l’avions tous appris à nos dépens. J’avais remarqué autre chose dans l’intonation du vieil homme. C’était comme s’il exprimait un grief personnel. Et il ne s’agissait pas simplement du fait que son affaire lui avait été retirée par le ministre de la Justice quand cette femme blanche avait disparu.
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Je dis pas qu’on est parfaits. Y a pas une police au monde qu’a pas ses casseroles. On est pas une église. Parfois ce qu’y font pour empêcher un crime est pire que le crime lui-même. Autrefois y recrutaient jamais les types intelligents – des gars avec des mains douces et des longs doigts fins comme les tiens. Y z-ont trop de repartie et y posent des questions compliquées, donc y répondaient pas aux critères paské y z-étaient trop qualifiés, si tu vois ce que je veux dire. Nan – en ce temps-là, ce qu’on avait, c’était le genre de policier qu’avait juste assez de vocabulaire pour obéir aux ordres.
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Video de Jacob Ross (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacob Ross
Au premier abord, ces deux romans avancent sur des chemins bien balisés. Une histoire de tueur à gages chargé d'éliminer un magnat de l'armement pour Mogok d'Arnaud Salaün. Une enquête de police sur la disparition mystérieuse d'un jeune homme dans une île des Caraïbes pour Lire les morts de Jacob Ross. Ces deux romans pourtant sont beaucoup plus originaux qu'il n'y paraît, leur propos comme leur écriture s'aventurant largement hors des sentiers battus. Mogok d'Arnaud Salaün, éd. du Seuil Lire les morts de Jacob Ross, traduit de l'anglais (Grenade) par Fabrice Pointeau, éd. Sonatine.
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