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3,96

sur 597 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vieux briscard de la littérature, le roman initiatique a toujours su s'adapter à l'air du temps.

Philip Roth, en maître incontesté du genre, porte cette fois-ci un regard subtil sur le fameux passage à l'âge adulte.

On connaît son habileté à passer au crible les situations et les comportements.
Ses romans largement autobiographiques évoquent toujours la petite classe moyenne juive de Newark.

Ses talents de conteur conjugués aux qualités uniques d'ironie et de clairvoyance qui démarquent son écriture, lui permettent d'aborder des thèmes aussi puissants que les tumultes de la sexualité et de la psychologie masculines, ainsi que la place du judaïsme et de la littérature dans la civilisation occidentale.

Explorant la fragilité et le désarroi du personnage qui peine face à son incapacité à comprendre les gens et leurs problèmes, Philip Roth, tacle l'Amérique puritaine, l'enseignement universitaire et la religion qui enchaîne les hommes mais surtout les guerres qui tuent les hommes.

Un régal doux-amer à savourer avec tendresse.


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Marcus Messner, jeune homme de 19 ans, né de parents de confession juive, quitte Newark et le New Jersey pour fuir la domination de son père, boucher cacher. Il rejoint le Winesburg College, dans l'Ohio. Très bon élève, ambitionnant de terminer l'année major de sa promotion, il y entretient pourtant de mauvaises relations avec les autres étudiants et le doyen. Seule la belle Olivia, une jeune femme semble-t'il peu équilibrée, avec qui il s'initie aux relations sexuelles, semble trouver grâce à ses yeux. Hélas, elle disparaît brusquement, marquant la fin des espoirs de Marcus...

Un roman que Philip Roth situe à une période cruciale de l'histoire des Etats Unis d'Amérique : la première année de la guerre de Corée. L'envie de transgresser tabous et frustrations sexuelles y est confrontée à la crainte d'être mobilisé pour partir au front.

Centré sur son héros, et ses difficiles relations aux autres, Philip Roth nous fait partager une époque, celle où il était lui-même entre adolescent et jeune adulte.

L'écriture est remarquable. Elle nous attache à une histoire finalement assez terne et sans relief, si ce n'est la chute, qu'on n'a pourtant jamais envie de quitter, qu'on lit vite. Elle efface la crédibilité incertaine du héros, pour laisser toute la place à la musique de la narration. Assurément une belle écriture !
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Années 1950. L'Amérique est en pleine guerre de Corée.
Fils d'un boucher kasher de Newark, Marcus Messner est un jeune homme d'origine juive de 19 ans sérieux et travailleur, un garçon honnête et droit, bon fils et excellent élève.
Mais son père est subitement pris d'une peur paranoïaque de le voir mourir et le harcèle constamment sur ses allées et venues.
Une attitude extrême intolérable qui incite Marcus à s'inscrire dans une université loin de chez lui.
Sur le campus, Marcus vit ses premiers émois amoureux mais découvre aussi la difficulté de s'intégrer dans un monde rigide et conservateur.
L'étudiant se sent de plus en plus incompris, isolé, révolté, bridé dans ses désirs à une époque où les tabous sont légions.
Quelques mots malheureux vont changer irrévocablement sa vie, qui s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices…

Dès le départ on sent la mort rôder autour du jeune Marcus, un sentiment qui ne nous lâche plus, depuis l'angoisse irrationnelle mais prémonitoire du père, à la difficulté d'intégration dans une université trop conventionnelle, jusqu'à ce "allez vous faire foutre" décisif et fatal, dit avec toute l'indignation d'une jeunesse incomprise, qui sonne le glas d'un avenir qui aurait pu être, si seulement...
Amorcée avec le roman « Un homme », « Indignation » fait partie d'une série de textes courts rassemblés sous l'appellation « Cycle Némésis » par la brièveté et la noirceur de leurs sujets centrés essentiellement sur la maladie, la dégradation du corps et la mort.
L'on y retrouve l'importance accordée à la famille et à l'enfance, véritable et sincère fidélité pour l'environnement parental.
Si l'écriture de Philip Roth se fait ici moins licencieuse, elle reste néanmoins tout aussi jubilatoire et subversive car davantage politisée et imprégnée des difficultés sociales de son temps.
L'auteur s'est souvent attaché à des autofictions - « le complot contre l'Amérique », « Pastorale américaine » - par lesquelles, en se servant du contexte historique et des évènements politiques et sociaux de l'histoire américaine, sont abordés les thèmes puissants de l'héritage et du poids de l'Histoire.
Homme aux multiples influences, il a su créer un univers tout à fait personnel fait de rire et de désillusion.
Un écrivain qui n'a cessé de s'interroger sur l'humain, sa fragilité, sa vulnérabilité dans une société qu'il a observé à la loupe pour nous en donner la radioscopie impitoyable.
Son oeuvre hétéroclite passant sans retenue de l'autobiographie à la satire, du roman intimiste à la fresque sociale, en fait un écrivain majeur des lettres américaines.
« Indignation » est un petit bijou de noirceur, un roman d'apprentissage qui vire au drame et dépeint une Amérique des années 1950 corsetée dans des traditions et un conformisme restrictifs et vains.
Brillant.
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C'était une -bonne- surprise, même si j'avais i également aimé les romans précédents de Roth, de le voir passer des tourments de la vieillesse et de la mort à l'indignation d'un jeune homme. Car ce " récit" à la première personne semble vraiment , grâce à son talent littéraire , être celui d'un très jeune homme qui se heurte en permanence à l'enfermement , à un statut, à une appartenance communautaire , qui tente de fuir ( en cela, le doyen de son université n'a pas tort) , fuir quoi, au juste? Et bien peut être le destin que redoute pour lui son père, la mort en Corée. Tout est planifié, il lui faut réussir , et grâce à sa réussite, ne pas devenir de la chair à canon. C'est son père qui le lui a appris, en le faisant accomplir à la boucherie familiale des tâches peu ragoutantes, ce qui doit être fait doit être bien fait. Et ce qu'il fait, notre pauvre Marcus, c'est du sauve qui peut..

Sauf que.. à 19 ans, on ne peut rien contre le désir sexuel, et que sa rebellion , bouillonnante à force d'accumulations de contraintes, de frustrations et de blessures, va exploser. Enfin, exploser.. Même pas, il va juste se lâcher un peu! Mais trop pour l'époque et surtout trop pour son manque de chance, car, ne dévoilons rien, mais on le découvre très tôt:



"A savoir la façon terrible, incompréhensible dont nos décisions les plus banales, fortuites, voire comiques, ont les conséquences les plus totalement disproportionnées", le destin, la chance et l'incompréhension clairement analysée devant des destinées individuelles, c'est un thème important dans les romans de Philip Roth que l'on retrouve encore une fois ici poussé presque à l'extrême dans une démonstration assez magistrale.
A noter, en plus ,son don pour parler de métiers divers, ici un boucher kascher, dont il décrit les pratiques avec minutie, comme celles du gantier dans Pastorale américaine.

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29e roman du romancier récemment retraité. Indignation plonge le spectateur en 1951, alors que la guerre de Corée fait rage - les jeunes hommes étant réquisitionnés par l'armée pour servir leur pays.

Markus est un élève brillant, sûr de lui mais discret, sans histoire. le passage de son cocon familial à la découverte des autres jeunes gens de sa génération va pourtant le conduire à affirmer sa personnalité.

Dans ce roman d'apprentissage autant intellectuel que sentimental, l'on découvre les risques de l'émotivité adolescente, le tout intégré dans une période historique particulièrement dévastatrice.

Roth nous ouvre une fenêtre à la fois cruelle et lucide sur les Etats-unis, et le monde de l'université au travers de la vie d'un jeune homme, de ses émois et de ses ambitions.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Marcus a toujours été un garçon parfait.

Fils aimant et respectueux, jeune homme honnête et intègre, étudiant sérieux et travailleur, le type même du bon garçon lisse et naïf de l'Amérique des années 50, aux objectifs précis: soulager rapidement ses parents du poids financier de ses études, réussir sa vie professionnelle et tenter de se sortir au mieux du spectre des obligations militaires que représente la guerre de Corée pour sa génération.

Inscrit dans une université rétrograde du Middle West, c'est sans compter avec les pulsions de jeune adulte, le cataclysme d'un premier amour, la pression d'inquisition de son entourage éducatif, les contraintes de société d'un pays puritain et hypocrite.
Jeune homme solitaire et inadapté à la vie communauté universitaire, il avale couleuvres sur couleuvres, incapable de recul sur les comportements des autres, incapable de composer avec son ardent désir d'indépendance.

"Allez vous faire foutre !"
Et l'avenir rayonnant va s'arrêter net.

Dans un style concis et direct, Philip Roth nous offre une charge acérée contre une certaine Amérique avec un livre brillamment écrit, aux passages jubilatoires et féroces.
C'est aussi une réflexion ouverte sur l'éducation, le patriotisme, les croyances religieuses, les différences de classes sociales et la paranoïa. Un livre qui nous raconte avec talent un gros gâchis personnel et familial, doublé d'un témoignage émouvant de l'amour d'un fils pour ses parents.

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1951.Marcus Messner, 19 ans d'origine juive, poursuit ses études au Winesburg College. Il a quitté l'école de Newark, où habite sa famille pour s'émanciper d'un père hyper protecteur, boucher de métier et dont l'attitude envers son fils devient étouffante pour Markus. le jeune homme rêve d'une Amérique plein d'espoir et de surprises, mais l'Amérique est engagée dans la guerre en Corée.
Philip Roth avec ce roman d'apprentissage, brosse le portrait d'une Amérique qui ne cesse de bomber le torse mais dont la jeunesse est sacrifiée par des guerres successives. Roth reprend les thèmes qui lui sont chers : l'amour, le sexe, la judaité, la mort le tout formant une photographie de l'Amérique peut reluisante. C'est magnifiquement raconté, cette comédie humaine est à la fois passionnante et émouvante, et l'on se dit que Roth est l'un des plus grand écrivains contemporains.
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Indignation, c'est le refrain d'un hymne chinois que Marcus, le héros de ce roman , se passe en continu dans la tête lorsqu'il veut s'abstraire d'une situation difficile .
Étudiant brillant , Marcus n'a qu'un but : éviter de se retrouver simple troufion en Corée lorsque les troupes américaines y combattaient dans les années cinquante .
Le destin , on l'apprend assez vite et de façon brutale au détour d'une page,en décide autrement et ce livre est admirablement construit jusqu'à la chute car donc,même si on sait que le héros va mourir dans sa vingtième année, les événements qui s'enchainent implacablement laissent une belle part à la surprise, en tout cas à la mienne , je suis bon public lorsque l'intrigue est astucieusement menée ...
Marcus est le fils unique d'un couple juif, ici c'est le père, boucher kasher qui pourrait jouer le rôle caricatural de la mère juive sauf qu'il ne s'agit pas du même registre , car c'est ce qui déclenche le départ du jeune homme .
Il se retrouve projeté ,d'un milieu protégé et communautaire , dans un monde intolérant, raciste et imprégné de préjugés et de règles rigides .
Intransigeant envers lui-même, Marcus l'est également avec les autres, ses camarades de chambrée, le directeur de l'Université ...
La seule qui ébranle ses convictions pleines de tabous est sa petite amie, Olivia , elle même poursuivie par ses démons.

Excellent roman, et pour moi un défi, celui d'avoir fini un livre de Philip Roth !
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Du rythme, un savoir-faire, une efficacité épatante.
Je ne soupçonnais rien, j'ai tout découvert et adoré le travail d'un maître littéraire qui démystifie l'Amérique de nos grands-parents.

Ce roman me transporte aux Etats Unis vers cette époque de la non mixité, de la guerre avec la Corée, de la peur du communisme et de l'avant soixante huit.

Marcus, étudiant et fils unique d'un boucher kascher juif se construit un autre avenir, il est bon élève mais ne s'intègre pas pour des raisons respectables. Il est convoqué par un responsable et suite à cet entretien houleux il pourrait devenir avocat.
Mais cela est sans prendre en compte la déchéance progressive de son père depuis son départ de la maison et sa rencontre avec la merveilleuse mais dépressive Olivia.
Toute l'atmosphère d'un campus à l'ancienne où l'apprentissage est parsemé de pièges. Marcus encore puceau mais rempli de convictions quant à sa liberté de penser et d'agir va se heurter aux traditions et à la rigidité de l'institution.

L'engrenage est admirablement monté suite à cette lecture je suis stupéfait et immensément pensif.

Philip Roth rejoint un autre de mes auteurs américains favoris qu'est Paul Auster dont j'ai eu l'énorme peine d'apprendre le décès ce matin même.
Il sont des hommes dont l'esprit et la façon de considérer notre monde m'accompagneront toujours.
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Philip Roth est de retour. Il délaisse pour un temps ses problèmes d'homme vieillissant à la prostate douloureuse et nous offre un roman plein de bruit, de fureur et ... d'indignation. Fulgurant, rageur et décapant. Un très bon Roth solidement ancré dans l'histoire de l'Amérique d'après-guerre.

Ce roman d'apprentissage est plutôt sadique pour Marcus, jeune homme très doué, sauf pour les relations humaines. D'avanies en désillusions, son parcours est marqué par l'incompréhension et la rébellion face à une société chrétienne, puritaine et normée. Dans sa description de l'Amérique de 1951, Roth capture à la perfection l'ambiance d'une époque, paranoïaque, où la guerre de Corée agit à la fois comme un exutoire et un épouvantail, synonyme de mort programmée pour une génération entière.

Marcus, lui-même, est un personnage fascinant, mais Roth trace d'autres portraits avec une précision clinique qui fait froid dans le dos. le père, boucher casher, obsédé par la mort qu'il pressent imminente de son fils. Au passage, l'écrivain nous livre un saisissant tableau de la classe ouvrière et un documentaire sur le métier de la boucherie d'un invraisemblable tranchant. Autre personnage marquant : Olivia, l'impossible fiancée goy, aux tendances suicidaires, sorte d'ange de la damnation dont l'expertise ès-fellation va précipiter Marcus en enfer. de la pipe au casse-pipe (désolé).

Philip Roth ne laisse pas respirer son héros un seul instant, le faisant dévaler les marches vers la destruction pas à pas, c'est en cela qu'il est sadique et sans pitié. Indignation est un roman magistral, sexe, morale et mort intimement liés pour composer un livre d'une effrayante noirceur. Sans espoir de rédemption.
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