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3,96

sur 597 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le titre de la première partie de ce roman « sous morphine » interpelle, mais une fois la lecture entamée on a vite tendance à l'oublier jusqu'au moment où, une quarantaine de pages après, Marcus, notre narrateur, nous éclaire brutalement en le justifiant.
Certes, Marcus attaque son récit en situant son entrée à l'université deux mois et demi après le début de la guerre de Corée. Etudiant à Robert Treat, une université de la ville de Newark, il rentre chez lui chaque soir puisque ses parents tiennent une petite boucherie kasher dans l'un des quartiers de la ville. Alors qu'il a toujours été un élève exemplaire aux notes irréprochables et au comportement tout à fait responsable, son père se met subitement à le harceler et exiger de savoir à tout instant où il se trouve. Un enfer pour un jeune de dix-neuf ans dont l'unique préoccupation est de réussir ses études supérieures afin de devenir avocat. Pourtant, Marcus, fils unique, a toujours eu de très bonnes relations avec son père jusqu'ici bienveillant. Ils ont travaillé côte à côte dans la boucherie pendant les mois qui ont précédé son entrée à l'université, ce qui informe le lecteur sur les spécificités de la viande kasher et accessoirement sur les méthodes d'abattage des poulets.
Son père est persuadé que « le plus petit faux pas peut avoir des conséquences tragiques », il ne peut supporter la liberté de son fils et craint qu'il ne soit pas suffisamment armé contre les dangers de la vie. Il sait que son fils a un bel avenir devant lui mais encore faut-il qu'il ne le gâche pas en se faisant tuer ! Finalement, le premier faux pas sera dû à cette paranoïa du père devenu ingérable car Marcus mettra 800 kms entre les exigences de son paternel et ses études. Pour sa seconde année, il intégrera une université de l'Ohio alors que la guerre de Corée entrera aussi dans sa deuxième année de conflit sanglant.

C'est mon premier Philip Roth et il m'est difficile d'affirmer si j'ai aimé ou non cette lecture. L'écriture est réellement entraînante et le sort du narrateur qui désire étudier et vivre selon ses propres valeurs ne peut laisser indifférent.
Comment un jeune étudiant, dont l'objectif est de finir major de sa promotion pour justifier les sacrifices financiers que ses parents contractent pour son avenir, peut-il rencontrer de tels obstacles ? Eh bien parce que nous sommes en 1952, dans une université qui se veut respectueuse des traditions américaines et là, il ne faut surtout pas être la brebis galeuse avec des opinions différentes que celles de monsieur le doyen des étudiants. de confession juive mais pas du tout croyant, Marcus se doit d'assister à une quarantaine d'offices religieux, très majoritairement catholiques, d'ici la fin de sa scolarité. L'auteur, par l'intermédiaire de ce jeune étudiant, montre toute l'absurdité et l'intolérance de la religion pourtant si présente au sein de l'éducation américaine dans ces années cinquante. Ce n'est que fort tardivement que cette obligation religieuse quittera l'enceinte des universités.
Dans cette vie de campus que l'auteur pointe du doigt, tout est obligation, le base-ball, la religion, intégrer une fraternité… Malheureusement, Marcus s'y refuse. Il veut uniquement étudier et surtout ne pas être renvoyé de l'établissement afin d'éviter de se retrouver en première ligne dans la guerre de Corée. Son caractère, face à d'injustes reproches, s'affirme.
Finalement, j'ai trouvé que l'auteur revenait trop souvent sur les mêmes choses et, à partir du moment où Marcus a vécu sa première expérience sexuelle avec Olivia, il la répète à l'envi et semble rester scotché sur cet épisode. Notre narrateur, pourtant si brillant dans sa scolarité, est étonnamment candide et crédule en ce qui concerne la fameuse Olivia d'où un autre faux pas qui ne manquera pas de s'ajouter aux autres petits riens qui scelleront son destin.

C'est un roman mêlant ironie du sort et dénonciation de l'Amérique puritaine et conservatrice. Sa construction reste originale, y compris la façon expéditive dans les deux dernières pages de nous donner les ultimes éléments du destin de Marcus mais malgré ça, je reste encore sur une impression un peu floue finalement difficile à pointer et exprimer !
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L'Amérique des années 50, Marcus Messner 19 ans « intense et sérieux » d'origine juive poursuit ses études au Winesburg College Ohio. Il échappe ainsi à l'autorité ou plutôt à l'inquiétante protection de son père, et espère échapper par ses études à la Guerre de Corée. Que va être pour lui cette vie d'étudiant et cette découverte de l'Amérique profonde qu'il espère différente de celle qu'il côtoie tous les jours ? Il va donc se mesurer aux autres, les différentes communautés, religieuses et ethniques, affronter le régime de l'internat dans un « collège » religieux, et la stricte observance des règles quasi militaires, où la présence des étudiantes deviendra une source de transformation dans tous les sens du terme.

C'est évidemment de la part de Philippe Roth, une critique assez violente de cette Amérique des années 50, dans un climat politique très anti-communiste. Les moeurs sont rétrogrades, et il n'est que la discipline quasi-militaire qui peut sauver cette jeunesse (?) On préserve « la différence » religieuse ou communautaire à condition qu'elle soit encadrée dans les communautés et que chacun participe pour le bien fondé de l'institution aux obligations qu'elle impose.
Mais il ne s'agit pas simplement des exigences de l'Institution, voir la façon dont la mère réagit à la « folie » de son mari, et à la « maladie » d'Olivia, montre que c'est aussi ancré dans l'individu même. La peur de l'autre, la peur de la différence poussent Marcus à l'indignation totale et le rejet, mais il sera perdant un contre tous : impossible pari.
J'ai bien cru que P. Roth allait sortir de sa « noirceur » légendaire, pour nous permettre d'entrevoir un soupçon de bonheur avec Olivia …Je me suis trompée.
Mais malgré cela à cause de ce talent fabuleux, et cette écriture fluide et magistrale, je reste et resterai une lectrice assidue. J'espère toutefois qu'il est plus heureux que ces personnages…

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Ce petit roman de Philip Roth m'a dérouté. On y suit la timide émancipation du jeune Marcus Messner, étudiant en prise avec le poids des traditions. Sur fond de puritanisme, de morale, de religion, de la guerre de Corée, le jeune héros aspire à une carrière, s'enfonce dans ses études et se révolte contre tous avec intensité. Sa rencontre avec Olivia, étudiante fiévreuse et instable, finiront de troubler le chemin de Messner qui se débat. La fin m'a surpris me faisant apprécier rétrospectivement les différents épisodes un peu décousus pour moi.
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Philip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son oeuvre couronnée de multiple prix en fait l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Aujourd'hui il vit dans le Connecticut et en octobre 2012 il a déclaré à la presse qu'il arrêtait d'écrire. Indignation, paru en 2010, s'inscrit dans le cycle Némésis – celui des romans courts – aux côtés de Un homme (2007), le Rabaissement (2011) et Némésis (2012), tous chroniqués sur ce blog.
En 1951, seconde année de la guerre de Corée, Marcus Messner, jeune homme de dix-neuf ans, travailleur et sérieux, d'origine juive mais non pratiquant, poursuit ses études au Winesburg College, dans le fin fond de l'Ohio pour s'éloigner de Newark, dans le New Jersey, où habite sa famille et ainsi échapper à la domination de son père, boucher de profession. Un père en proie à une sorte de folie parental envers son rejeton, qu'il surprotège à outrance, amenant Marcus à le détester et s'enfuir.
Marcus, le narrateur, va découvrir un monde nouveau, celui du collège, sa difficile promiscuité avec ses collègues de chambre, les Fraternités étudiantes qui tenteront en vain de l'enrôler dans leurs rangs, les lois et règles régissant l'établissement scolaire auxquelles il ne pourra se plier, beaucoup de motifs d'indignation pour notre héros qui fredonne in petto La Marche des Volontaires, l'hymne national chinois, qui s'avérera d'une cruelle ironie lors de l'épilogue presque ( car des indices disséminés le laisse envisager) surprenant de ce roman.
Un roman d'apprentissage, donc passant par le sexe évidemment et plus encore quand c'est Philip Roth qui tient la plume. Marcus va rencontrer Olivia, étudiante elle aussi mais au passé chargé, qui prendra en main notre puceau, à son plus grand étonnement. Ce qui l'amènera à s'imaginer des sentiments qui n'en sont pas et pervertir son jugement. Nous sommes dans l'Amérique du début des fifties et la gamine sort du lot, si l'on s'en réfère aux critères de l'époque.
Comme souvent chez l'écrivain, ses héros doivent se débattre entre des contradictions ou des atermoiements, des erreurs et des audaces, ou bien ici entre des extrêmes (« à un bout ma mère et à l'autre mon père ; à un bout Olivia adorable et mutine, et à l'autre Olivia démolie. Et entre eux tous, moi qui me défendais hors de propos avec mes stupides « Allez vous faire foutre ! »). Marcus a fui son père comme il fuit ses collègues étudiants, s'évitant les discussions, mais il n'hésite pas à pousser des coups de gueule (voir à vomir au sens premier du terme, dans une scène hilarante) contre le doyen du collège ! Sachant qu'une exclusion du collège l'enverrait directement en conscription et participer à la guerre de Corée. de cet enchainement d'actes finalement assez banaux découlera une conséquence dramatique pour Marcus, ce qui constitue le thème de ce livre.
Un bien bon roman - mais avec Philip Roth je ne suis jamais déçu - incluant une longue diatribe antireligieuse inspirée de l'oeuvre de Bertrand Russel, de l'humour de situation (« il n'y avait pas moyen d'avoir l'air nonchalant juché sur un couvercle de cabinets, alors je redescendis… »), du tragique quand on suit la détérioration mentale du père de Marcus pourtant inspirée par l'amour et une légère dose d'épices fleurant le liquide séminal.
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Un jeune homme, Marcus Messner décide de quitter Newark, dans la banlieue de New York, et sa famille pour aller étudier dans une université, au Winesburg collège, dans l'Etat de l'Ohio. On est dans les années 50 et les jeunes sont mobilisés pour la guerre en Corée. Cette épée de Damoclés est suspendue sur leur avenir, s'ils n'étudient pas bien et sont renvoyés de l'université, ils pourraient être incorporés et partir défendre la nation américaine en Corée. Il a été un enfant sage, il aidait son père dans la boucherie familiale. Adolescent, il souhaite comme tout jeune homme, prendre un peu sa liberté, mais il va se confronter aux angoisses de son père. Et c'est pourquoi il s'est inscrit dans une université éloigné du cocon familial. Dans cette université, il va essayer de devenir un étudiant modèle, qui n'est là que pour bien étudier et éviter la corporation. Il va avoir quelques soucis avec des colocataires et il préfère s'installer dans une chambre seul, isolé sous les combles de l'université. Il va sortir avec une jeune fille mais celle-ci est un peu perturbée et qualifiée de dévergondée au sein de l'université. Il va aussi être convoqué par le doyen car il n'a déclaré qu'il était juif et ne s'insère pas assez dans l'université, il ne participe pas aux offices religieux, il ne s'est pas inscrit dans un groupe sportif. Philippe Roth va alors nous décrire le monde de l'université et surtout le conformisme qu'il faut subir dans cette société américaine, paradoxalement libéral mais aussi si conventionnelle. Ce texte nous est raconté par Marcus qui est en fin de compte parti en Corée où il a trouvé la mort sur les champs de bataille. Philippe Roth nous raconte un sacré gâchis. Il nous décrit la vie dans l'université. On assiste à certaines scènes hallucinantes, en particulier, lorsqu'une nuit les garçons ont décidé d'envahir les dortoirs des filles et où les petites culottes vont s'envoler des fenêtres pour atterrir sur le blanc immaculé de la neige. Certaines scènes, en particulier, à l'abattoir ou dans la boucherie familiale sont aussi très réalistes, on voit les poulets tués de façon kasher. Ce court roman est un sacré portait de la société américaine dans les années 50, mais je ne suis pas sûre que cela ait vraiment changé. On découvre bien la cohabitation entre les communautés, le conformisme ambiant et l'hypocrisie de la société américaine.
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J'ai découvert l'auteur avec ce court roman et j'ai passé un très bon moment ! L'écriture est agréable et le choix du point de vue de la narration est judicieusement exploité, parfois avec humour (je n'en dis pas plus même si d'autres critiques dévoilent ce point de vue ...).
Assez peu férue de culture et d'histoire des USA, j'ai beaucoup appris sur les années 50, la guerre de Corée, la communauté juive, le fonctionnement de l'université et l'éducation des jeunes gens à cette époque.
Enfin, j'ai été happée par le récit de Markus : par la relation avec ses parents, par les personnages croisés à l'université et, on peut le dire, par la poisse qu'il traîne alors même qu'il est obsédé par le succès et par le fait d'éviter tout écart (ce qui jusqu'alors lui avait plutôt bien réussi).
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En ce début des années cinquante, Marcus Messner a 19 ans.
Fils unique d'un couple de commerçants juifs de Newark, il menait jusque-là une banale et tranquille existence d'américain moyen.
L'angoisse soudaine et croissante que nourrit son père à l'idée des dangers qui guettent Marcus et qui l'assailliront inévitablement dès son entrée dans la vie adulte, rend bientôt la cohabitation au sein du foyer familial impossible. L'inquiétude paternelle, exacerbée par les échos de la guerre en Corée où de jeunes américains sont fauchés en pleine fleur de l'âge, prend des proportions invraisemblables et irraisonnées.
Afin de fuir cette paranoïa qui brime sa liberté et son autonomie, Marcus met 800 kilomètres entre son père et lui en partant poursuivre ses études supérieures dans une université du Middle West.

Fortement attaché à son indépendance d'esprit, le jeune homme passe pour solitaire et anticonformiste. Son refus de se fondre dans le moule du juif américain type (il est athée et hostile à toute manifestation de communautarisme), de tricher avec ses convictions, de feindre une virile camaraderie qu'il juge hypocrite et surfaite, sont incompris de la plupart de ses condisciples.

Moins dense que les autres romans que j'ai lus de Philip Roth, "Indignation" est un récit très plaisant, en grande partie grâce à l'écriture percutante, au style enlevé de l'auteur. L'ensemble est admirablement rythmé, certains passages sont un régal de drôlerie et d'intensité à la fois, et en même temps il émane du récit une vague mais permanente sensation de mélancolie.
Est-ce du au fait que, dès la page 55, le narrateur -Marcus- nous précise que c'est d'outre-tombe qu'il nous livre la relation des derniers mois de sa courte existence, dont il est condamné à ressasser les épisodes ?
Sans doute, du moins en partie. Je crois que ce ton mélancolique est également du à l'amertume exprimée par le héros qui, dans son apprentissage de la vie adulte, constate la difficulté d'affirmer sa différence et sa libre pensée face à la rigueur et l'intolérance du conservatisme. Son refus des concessions, son intransigeance finissent par le desservir en altérant ses relations à autrui.

J'ai passé avec ce roman un très bon moment, mais il m'a manqué un petit quelque chose pour en faire un coup de coeur. Une sorte de puissance, d'ampleur, qui, dans "J'ai épousé un communiste" ou "Pastorale américaine", m'avaient littéralement impressionnée.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Voilà une histoire bien menée et bien écrite qui nous emmène dans les méandres de l'esprit d'un jeune étudiant, tiraillé entre son éducation sévère, un père devenu fou, une vie étudiante qui lui ouvre des horizons déstabilisants.
Malheureusement pour lui il est plus chêne que roseau ....
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Je cite Jacques Attali : « Personne, pas même les rabbins ou les juges, n'a le droit de vivre sans travailler. [...] Travailler de ses mains est le premier devoir d'un Juif, quel que soit le temps qu'il passe à étudier, prier, juger, enseigner. »

Le narrateur d'Indignation, de l'auteur américain Philip Roth, peut bien se dire « athée convaincu », dans le petit monde de son quartier juif, dans la boucherie kascher de son père, cette règle issue d'une tradition millénaire n'a pas complètement été effacée par l'assimilation.

À lire dans La chambre d'écoute
Lien : http://lachambredecoute.blog..
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Un livre facile...qui m'a déçue, compte tenu de ma passion pour cet auteur. C'est un peu convenu, sans surprise.
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