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4,07

sur 228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a des livres qui chamboulent au point de ne plus être exactement la même personne après l'avoir lu, et "Pleine terre" fait clairement partie de ceux-là. Corinne Royer nous fait entrer dans le monde rural par le biais de Jacques Bonhomme, agriculteur passionné et courageux, acculé par l'administration, qui va lutter autant que possible pour protéger son exploitation, son bétail et ses droits. Ce roman est un véritable coup de poing et nous pousse à regarder en face la situation dramatique que vivent les agriculteurs aujourd'hui alors qu'ils sont pourtant essentiels pour garantir notamment la sécurité alimentaire, la préservation de notre indépendance alimentaire et pour favoriser la transition écologique, climatique, énergétique, économique et sociale, bref pour notre avenir.
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La terre, la vie et la mort - Un roman âpre et magnifique sur le sort tragique d'un agriculteur, harcelé par une administration déshumanisée qui applique des réglementations parfois d'une façon absurde et totalement aveugle. Vous avez compris que j'ai adoré ce livre plein d'humanité, doté d'une langue riche et sensuelle qui nous re-connecte avec l'âme paysanne.
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Je n'avais pas forcément envie de lire ce livre ,mais l'ayant eu dans les mains je l'ai ouvert , je ne l'ai pas refermé . C'est un fait divers , on connaît la fin tragique ,mais le livre est conçu de telle façon ,que très vite on se prend à vouloir comprendre . Comprendre comment Jacques Bonhomme en est arrivé là . 9 jours de cavale pour ce paysan , 9 jours qui nous sont racontés dans un style efficace , on sent , on touche ,on voit ,on a chaud et peur . L'auteur va rajouter à ce récit le point de vue des "autres" ceux qui l'ont connu , approché de près et de loin . Ce livre nous fait réfléchir à cette condition paysanne , à l'idée de ce que nous voulons pour eux donc pour nous , mais rien n'est simple . Ceux de la terre ne sont pas préparés à suivre toutes les nouvelles lois , et ceux qui font les lois ne connaissent pas grand chose de la terre .....
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Entendez-vous l'hallali du monde paysan !
Le chant du coq pour réveil, la porte de la ferme reste ouverte, à l'intérieur les étagères croulent sous les livres, les volets bleus pour seule lueur.
Les champs où les vaches attendent les pis gonflés.
Il court droit devant lui, sa carcasse de colosse se déploie, ses muscles déforment le blouson, il avale l'air à grande goulée.
Droit devant lui, s'enfoncer dans la forêt amie, et protectrice, celle dont les murmures apaisent ses maux.
Laisser derrière soi la folie des hommes, ceux qui n'ont jamais planté une salade ni trait une vache et qui décide de tout, de votre travail et de votre santé mentale.
Ceux qui sont habilités à tuer, en toute impunité, toute une population, celle qui a fondé la France, les paysans.
Cet état dont on hérite.
« Il était l'unique représentant de la gent masculine sur une lignée de trois enfants. Au sein d'une famille où la vocation d'agriculteur se transmettait comme une providence… »
Jacques Bonhomme, ce colosse, qui comme le beau brocard qui le regarde courir sur son territoire, a l'allure fière et décidée, le coeur cogne contre les parois de son large thorax, sa peau exsude une odeur âcre, presque animale, puisqu'il en est réduit à cela, vivre comme un animal aux abois. le brocard n'a pas peur de lui il le reconnait comme un frère en danger.
J'ai lu ce livre en apnée, la respiration bloquée et les yeux noyés. C'est un monde que je connais, et l'humanité mise dans ce texte est juste exceptionnelle. Elle nous fait vivre ce drame de l'intérieur.
Un drame qui nous concerne tous.
En narrant la cavale de Jacques et en alternant le récit des voisins de ce petit village, le lecteur a une vue au plus près de ce qui se passe dans ce monde rural.
Un monde qui ne demande rien d'autre que faire son métier et bien le faire.
Un monde écrasé, comme une fourmilière par un coup de bottes. Sans en connaitre la richesse.
Les voisins et les soeurs racontent la droiture de Jacques, l'entraide, la fierté de ce paysan, sa culture aussi pas seulement celle de la terre. Celle puisée dans les livres.
Ils racontent les tracasseries, le harcèlement, toujours, encore et encore, sans une once d'humanité ni envers l'homme et encore moins avec le cheptel. C'est juste une infamie.
Ils racontent le monde rural et cet attachement viscéral à la terre.
Corinne Royer de sa belle écriture nous raconte un drame (inspiré de la réalité) avec des mots forts mais elle nous crie la vie de la nature et de ceux qui contribuent à la préserver, à garder l'essence de ce qu'est la France.
Les paysans meurent ce ne sont pas seulement des hommes qui meurent, c'est la mort de tous, qui est bien entamée, avec la perte de goût, de valeurs, de sens.
Parlons-en du sens de la vie, alors que le monde marche sur la tête avec nos silences qui servent d'acquiescement.
C'est notre tombe que nous creusons.
Un livre qui a une force inouïe, les mots coulent dans nos veines, nous broient le coeur et nous essorent l'âme.
La beauté de l'écriture est aussi limpide que l'eau de la rivière nimbée par le soleil.
Je referme ce livre avec dans les oreilles le meuglement long et désespéré de ces limousines dans leur pré.
« Cinq bêtes se débattaient au fond de la rivière. Les autres, encore debout, les piétinaient pour tenter de s'extraire des eaux. Les vociférations des trois agents ne faisaient qu'entraîner davantage de panique. Jacques a parlé aux bêtes, calmement, Tay-Tay-Tay, du calme… »
De longs frissons pour signifier cette onde de chocs.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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J'émerge de ce récit un peu groggy! Inspiré d'un fait divers dont j'avoue avec quelque honte n'avoir aucun souvenir, ce roman est d'une grande beauté d'écriture, d'une grande poésie, d'une sensibilité qui m'a énormément touchée. L'autrice met le doigt avec acuité sur les difficultés du monde paysan en prise avec les contraintes administratives. Récit socio-politique autant que psychologique, ce livre aurait mérité la récompense d'un prix littéraire bien plus que certains qui ont été primés cette année. Un roman magnifique à mettre entre toutes les mains car il éclaire avec la violence d'un néon et la sensibilité d'une chandelle l'engagement, les choix, la vie et les désillusions des petits paysans.
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Inspiré d'un fait divers (l'assassinat en mai 2017 de Jérôme Laronze par un gendarme), « Pleine terre » retrace les neuf jours de cavale libératrice et primitive, jusqu'à l'issue fatale, de Jacques Bonhomme, un agriculteur de 36 ans en délicatesse avec l'administration et pourchassé par les gendarmes.
Parallèlement au récit de la chute d'un homme, des voix – la mère d'un ami, un voisin, une soeur, un contrôleur – s'élèvent pour raconter celui qu'il était : une personne travailleuse et amoureuse de la littérature (eh oui, n'en déplaise à certains, il y a des agriculteurs qui lisent !) dont le rire d'ogre ravissait ses proches.
Chez les Bonhomme, on est paysan de père en fils. Alors, malgré quelques envies d'ailleurs, Jacques a suivi les traces de son géniteur : il est devenu éleveur, tendance bio, à l'ancienne.
Porte-parole départemental de la Confédération paysanne, il s'élève contre le productivisme et ses conséquences : l'appauvrissement des sols, la maltraitance et la souffrance animales, la multiplication des normes et des charges administratives, parfois absurdes, destinées à plaire aux industriels et à rassurer le consommateur, l'assistanat de ceux qui nourrissent la population, la perte de sens d'un métier qui devrait être le plus beau du monde à l'heure où le suicide emporte chaque jour un exploitant, le plus souvent parce qu'il est harcelé par un système aberrant incarné par des fonctionnaires zélés et insensibles
Lyrique dans son évocation de la nature et touchant par son humanité, « Pleine terre », en dessinant le portrait d'un homme en colère qui a dit non, nous confronte à notre responsabilité de citoyen de nous opposer à un modèle délétère.

EXTRAITS
- Ceux qui décident, les fesses bien calées dans leur fauteuil, si on a le droit de vivre ou si on doit crever.
- Il était habité de la séculaire volonté de ne plus subir qu'il avait découverte sous la plume de Barrès : cette impérieuse bouffée de protestation qui conduit les hommes humiliés à la révolte.
- Une vie comme un théâtre où l'on gesticule à l'étroit sur une scène semée d'esquilles alors qu'on avait entrepris de jouer pieds nus sous les étoiles.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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S'inspirant d'un fait divers survenu en 2017, Corinne Royer signe un roman coup de poing, un cri de colère contre les aberrations et l'aveuglement acharné d'un système administratif dégradant les outils et les conditions de travail des paysans. On y suit un paysan révolté, en cavale, tel un criminel. de quoi s'est-il rendu coupable ?

L'autrice choisit de nommer son héros « Jacques Bonhomme » (sobriquet attribué par les nobles aux paysans, pour les tourner en ridicule, au XIVeme). le ton est donné.

Entre les chapitres focalisés sur lui, qui déroulent ses jours de cavale façon compte à rebours, nous plongeant dans le chaos intérieur qui l'anime, fait de rage, de tristesses, mais aussi des quelques souvenirs lumineux qui ont égrené sa vie, viennent se mêler de nombreuses autres voix, celles d'Arnaud, un ami d'enfance, de la mère de ce dernier, du plus vieux paysan du village, d'une soeur de Jacques, ou encore de l'un des fonctionnaires témoin. Choix très judicieux que ce format polyphonique pour nous raconter toutes les facettes de Jacques et comment il s'est retrouvé pris dans un tel engrenage.

Roman engagé, psychologique, politique et presque philosophique, Pleine terre dévoile toute la détresse des agriculteurs d'aujourd'hui, que le système entraîne dans une course à la productivité qui dégrade leur rapport à la terre, aux bêtes, à la nature, les obligeant à renier leur fonction nourricière pour se faire chefs d'entreprise, sous peine de les écraser. L'écriture de C.Royer, sensorielle, organique et vibrante, retranscrit parfaitement tout ce qui se joué derrière cette tragédie individuelle et dit tant de l'Humanité et la responsabilité collective.

J'ai adoré cette lecture, elle s'est faite par moment dans la douleur, ce qui y est décrit étant d'un réalisme glaçant, mais aussi avec beaucoup d'émotions, grâce au style de l'autrice, qui mêle à la perfection lyrisme littéraire et oralité paysanne pour un résultat d'une touchante authenticité. J ai adoré suivre le récit de cette révolte non-violente, qui s'incarne dans un refus d'obéissance et prend pour arme l'une des plus puissantes qui soit : les mots !
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Jacques Bonhomme a beau être un colosse, une force de la nature, il n'en est pas moins un humain, un simple paysan avec des aspirations, des rêves, des valeurs et surtout une grande douleur. Lorsque son univers s'effondre avec la confiscation de son cheptel, il bascule. Pleine Terre est le récit de cette rébellion subite et foudroyante, le temps d'une cavale tragique de quelques jours qui sidère son entourage.
Inspiré d'un fait divers réel, le roman de Corinne Royer nous plonge dans les tourments d'une âme contemporaine, celle d'un éleveur trentenaire qui perd la foi et la confiance dans son métier, sa place dans la société, les conditions de vie et de travail qui lui sont imposées. Dans une langue ultra-sensuelle, elle nous fait vibrer avec les manifestations de la nature, les tremblements de son corps, les méandres de sa pensée. On en ressort bouleversé, essoré, désespéré parfois mais finalement avec une volonté de survie et d'espoir décuplée par cette lecture fiévreuse.
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Paysan.
Paysan ce n'est pas un gros mot, c'est ce que revendique Jacques Bonhomme (nom prédestiné puisque ce fameux Jacques Bonhomme désigne les révoltés des grandes Jacqueries du moyen-âge)
Il gère son exploitation dans le respect de ses bêtes et de se terres. Mais faute de temps, il néglige un peu l'aspect administratif de son travail et l'administration, elle, ne va pas le négliger.
Le cycle infernal de l'acharnement bureaucrate va frapper, et fort.
Entre chaque chapitre consacrer à Jacques, un chapitre est offert l'un de ses proches pour raconter cette histoire, cette chute.
Un roman poignant et fort.
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Jacques Bonhomme est agriculteur. le genre d'agriculteur qui abat en une semaine la même quantité de travail que trois de ses collègues. Grand, costaud et taciturne, il aime son métier et vit seul sur son exploitation avec son bétail et ses livres. Sauf que les injonctions demandées par les organismes de contrôle du bétail sont de plus en plus nombreuses. Les logiques marchandes de l'agroalimentaire lui parlent de moins en moins. le bien être animal n'est même plus une question qui se pose. Jacques doit entrer dans des normes bien trop étroites pour lui et à l'opposé de ses convictions. Alors Jacques libère quelque chose en lui. Et le roman démarre sur le premier jour de sa cavale. Une fuite en avant que l'on va découvrir au fil du récit.

Corinne Royer écrit un très beau roman porté par une langue qui crée en quelques lignes les images et les atmosphères d'un monde rural qui change, qui broie. On y rencontre l'entourage de Jacques et on comprend petit à petit les raisons de ses actes. On regarde impuissant la logique de rentabilité s'imposer comme dans de nombreuses sphères de la société. L'autrice livre un roman bouleversant, inspiré d'un fait réel. La fiction a le pouvoir de faire réfléchir et de montrer le monde tel qu'il est, sans détour. Ce livre en est la parfaite illustration.

Extraits : "Alors je me suis souvenu du jeune homme qui était entré dans la cuisine et nous avait trouvés là, la mère de Paulo et moi, vidant nos verres et nos coeurs de chaque côté de la table."

"[...] puis il enfonça le petit carnet dans la poche de son blouson avec autant de précaution qu'il l'aurait fait d'une grenade dégoupillée. Il était heureux d'avoir choisi les mots pour armes, il espérait seulement viser juste."
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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