J'avais 2 bonnes raisons de me lancer dans la lecture, à corps perdu, de cet ouvrage, et d'en livrer une chronique toute personnelle :
- Les livres de
Jean Christophe Rufin ont, à mon sens, ce "je ne sais quoi" qui fait que très vite vous vous retrouvez embarqué dans l'histoire, ce bonheur qu'il prend à écrire et qui se ressent tellement et qu'il arrive à transmettre nat ;
- Une passion passée pour l'alpinisme (stoppée à cause d'un accident) et certaines de ces "courses" évoquées dans le livre que j'ai eu la chance de réaliser. Des paysages, des lieux (Emosson, Saint-Gervais et Saint Nicolas de V, les Aiguilles Rouges, Les Aravis,...), des sensations qui me parlent encore plus au travers d'un texte toujours aussi bien écrit, des mots et des passage sur lesquels on a envie de revenir, ce qui fait pour moi la marque de fabrique de
Jean-Christophe Rufin.
Je le rejoins entièrement lorsqu'il explique qu'une ascension accomplie dépose dans l'esprit de curieux souvenirs. On a beau répéter que le sommet lui-même n'a aucune importance, les instants que l'on y passe s'impriment dans la mémoire. En regardant une montagne que l'on a gravie un jour, on revoit les quelques mètres carrés de sa cime. Sont-ils plats, neigeux ou rocheux ?
Les humains ont-ils dressé en ce point culminant un monument, une statue, un tas de pierres ?
On a, pendant quelques minutes, fait de ce lieu sans confort un séjour, presque un domicile. On y a accumulé une quantité inouïe de sensations, d'émotions, sans même s'en rendre compte. Tout ce qui a été vécu sur ce sommet pénètre profondément dans l'esprit et pourra se libérer un jour, comme un génie sorti de sa bouteille, quand le regard, d'en bas ou d'ailleurs, se posera à nouveau dessus. Ceux qui ont partagé cette expérience sont habités par ces souvenirs rares et qui les lient à jamais.
Et également qu'il n'y pas de montagne plaisir mais seulement la montagne qui réservait, à sa discrétion, le plaisir et la douleur, le merveilleux et le drame, l'effort et le repos, la conscience et l'oubli.
Alors merci Mr Rufin d'avoir ravivé ces souvenirs, et de les considérer comme un lien, vos livres en étaient déjà un de très fort...
Et en conclusion de cette critique une remarque, vous vous disiez : "C'est tout de même bizarre, dis-je en essayant d'éliminer de ma voix toute trace d'inquiétude, qu'il n'y ait plus de littérature de montagne" et bien je peux dire qu'à la lecture de ce livre elle existe encore