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3,77

sur 466 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est sans doute plus facile d'escalader le Mont Blanc que d'emprunter l'ascenseur social, de s'extraire de son milieu, constate Jean-Christophe Rufin dans cette allégorie, mais … sortir de sa caste conduit-il au bonheur ?

Trois personnages Rémy, Laure et Nadia, sont au centre de ce roman. Rémy, fils d'un ouvrier et d'une mère au foyer, est devenu, comme son frère Julien, guide à Chamonix. Un sportif apprécié par une clientèle féminine que Julien fait grimper au septième ciel. Cette vie de gigolo est bousculée par l'apparition de Laure, ravissante blonde, à l'attitude hiératique masquant la fille d'un odorant laveur de camion poubelle.

Laure s'est émancipée de son milieu à l'incitation de Nadia, immigrée algérienne déterminée à se libérer du carcan culturel qui finit par la tuer. Grâce à une bourse, Laure intègre une classe préparatoire et réussit le concours d'accès à une grande école puis est recrutée par une banque, intégrée aux équipes « Transactions Services », et contribue à des deals juteux qui lui valent des primes exceptionnelles de quelques centaines de milliers d'euros. Elle mêne une vie aisée et confortable s'approprie les codes des Bobos et, à chaque fois qu'elle doit prendre une décision vitale, s'interroge « que ferait Nadia » ?

Dans l'ensemble de l'OCDE, il ne faut pas moins de cinq générations en moyenne pour qu'un enfant issu d'une famille en bas de l'échelle des revenus arrive au milieu de celle-ci. En France il faut six générations, 180 années, pour parvenir au même résultat. Laure est une incarnation exemplaire de la « mobilité sociale » et de « l'école républicaine ». Une réussite qui intimide et paralyse un temps Rémy qui monte, tel Rastignac, à Paris retrouver Laure.

Commence alors la seconde moitié de l'ouvrage et la descente aux enfers qui, de casse en carambolage, foudroie Rémy et Laure et les oblige à s'interroger sur leurs vocations respectives. le temps panse les plaies et les bosses, un avenir sobre et naturel, en montage, sera leur refuge.

Jean-Christophe Rufin, avec Les flammes de Pierre, se renouvelle et nous bouscule en mettant le doigt là où ça fait mal, sur les fractures de notre société, sur la démission du corps enseignant à promouvoir une élite intellectuelle, à faciliter ainsi la mobilité sociale, mais aussi, et surtout, nous oblige à réfléchir sur les valeurs qui hiérarchisent nos priorités personnelles.

Un roman qui interpelle tout en peignant une belle histoire d'amour dans un cadre alpestre ; un ouvrage auquel j'attribue cinq étoiles sans aucune hésitation ; un sommet littéraire et sociologique.
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Ce roman de Jean-Christophe Rufin est l'histoire d'une rencontre et d'un amour à trois.
La rencontre de Laure, success-woman qui travaille dans le monde la finance à Paris, et de Rémy, guide de haute montagne à Megève. Il multiplie les conquêtes féminines parmi ses clientes, souvent aisées, mais Laure n'entre pas dans cette catégorie; elle lui paraît inaccessible et indéchiffrable, quoi que terriblement attirante. Leur histoire n'aurait pas pu commencer autrement que dans des courses vers les cimes ; des moments d'éternité quand le regard découvre un paysage après des longues heures de lutte pour parvenir au sommet.
Car le troisième intervenant de cette histoire est la montagne, ce lieu chargé d'émotions, de plaisirs, mais aussi de drames et de moments d'angoisse. Granit ou roches friables ; glaciers endormis et vallées qui emprisonnent leurs habitants durant la mauvaise saison.

Rufin sait en mots choisis décrire ce lien et cette attirance entre les hommes et les montagnes. C'est remarquablement écrit. Des images de cols et de vallées viennent toutes seules et collent à la rétine. L'auteur parvient à transporter le lecteur avec lui, à suivre ses cordées, ses lignes de vie.
Au delà d'une histoire d'amour compliquée, car livrant vite les limites des uns et des autres, Rufin parvient constamment à tout ramener à ce qui peut émouvoir et passionner même de parfaits néophytes : les forces de la nature, telles qu'elles se présentent en milieu montagnard. La richesse des termes employés contribue grandement à cette réussite.
Ce livre a un pouvoir rare : celui de transporter le lecteur dans des paysages hors norme.
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J'avais 2 bonnes raisons de me lancer dans la lecture, à corps perdu, de cet ouvrage, et d'en livrer une chronique toute personnelle :

- Les livres de Jean Christophe Rufin ont, à mon sens, ce "je ne sais quoi" qui fait que très vite vous vous retrouvez embarqué dans l'histoire, ce bonheur qu'il prend à écrire et qui se ressent tellement et qu'il arrive à transmettre nat ;
- Une passion passée pour l'alpinisme (stoppée à cause d'un accident) et certaines de ces "courses" évoquées dans le livre que j'ai eu la chance de réaliser. Des paysages, des lieux (Emosson, Saint-Gervais et Saint Nicolas de V, les Aiguilles Rouges, Les Aravis,...), des sensations qui me parlent encore plus au travers d'un texte toujours aussi bien écrit, des mots et des passage sur lesquels on a envie de revenir, ce qui fait pour moi la marque de fabrique de Jean-Christophe Rufin.

Je le rejoins entièrement lorsqu'il explique qu'une ascension accomplie dépose dans l'esprit de curieux souvenirs. On a beau répéter que le sommet lui-même n'a aucune importance, les instants que l'on y passe s'impriment dans la mémoire. En regardant une montagne que l'on a gravie un jour, on revoit les quelques mètres carrés de sa cime. Sont-ils plats, neigeux ou rocheux ?
Les humains ont-ils dressé en ce point culminant un monument, une statue, un tas de pierres ?
On a, pendant quelques minutes, fait de ce lieu sans confort un séjour, presque un domicile. On y a accumulé une quantité inouïe de sensations, d'émotions, sans même s'en rendre compte. Tout ce qui a été vécu sur ce sommet pénètre profondément dans l'esprit et pourra se libérer un jour, comme un génie sorti de sa bouteille, quand le regard, d'en bas ou d'ailleurs, se posera à nouveau dessus. Ceux qui ont partagé cette expérience sont habités par ces souvenirs rares et qui les lient à jamais.
Et également qu'il n'y pas de montagne plaisir mais seulement la montagne qui réservait, à sa discrétion, le plaisir et la douleur, le merveilleux et le drame, l'effort et le repos, la conscience et l'oubli.

Alors merci Mr Rufin d'avoir ravivé ces souvenirs, et de les considérer comme un lien, vos livres en étaient déjà un de très fort...
Et en conclusion de cette critique une remarque, vous vous disiez : "C'est tout de même bizarre, dis-je en essayant d'éliminer de ma voix toute trace d'inquiétude, qu'il n'y ait plus de littérature de montagne" et bien je peux dire qu'à la lecture de ce livre elle existe encore
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Rémy est un sémillant guide de haute montagne : sûr de lui, beau ténébreux, mondain, séducteur et passablement flambeur, adepte des dernières technologies auxquelles il croit dur comme fer. A l'opposé de son frère Julien, alpiniste de renom, qui flirte avec la simplicité absolue. L'un n'aime que la montagne plaisir, l'autre l'abhorre. le destin de Rémy va progressivement basculer lors d'un rendez-vous professionnel fixé au très sélect Mont-d'Arbois sur les hauteurs de Megève : deux couples de retraités et une jeune femme ont réservé une excursion à partir De Rochebrune. L'un des retraités – tous d'un milieu très aisé – est l'incarnation même de la hâblerie mais c'est vers la femme que se tourne Rémy en ayant pour la première fois l'envie de baisser les yeux de crainte d'être foudroyé par cette beauté olympienne. Rapidement, les deux êtres vont se rapprocher mais cette fois-ci tout est différent : Rémy est tombé éperdument amoureux de Laure. La montagne va être la scène majestueuse de leur histoire à l'image des pics et des roches : magnificence et danger, rugosité et grandeur, risques et fracas, incandescence solaire et tonnerres assourdissants, réalisme et onirisme, pour une métamorphose vertigineuse.

Enfin un roman de montagne loin du voyeurisme de la tragédie ! Romanesque à souhait par un amour qui se déroule à la verticale avec juste ce qu'il faut de mystère ; ce sont des lignes en hommage à sa majesté la pierre sous les flammes des dompteurs alpinistes. Si le personnage de Rémy intrigue, celui de Laure est charismatique : énergique, indomptable, impavide car elle sait tirer profit de la peur, authentique, avec une sensibilité qu'elle réserve au plus profond d'elle-même. Ode à la montagne, ode à la femme.

L'agilité de la plume fait caracoler scènes et descriptions dans une langue qui glisse sur les parois des belles lettres et entraîne le lecteur dans un parcours aux effluves savoyards où défilent le mythique Mont-Blanc, les Aravis, le col des Montets, les Aiguilles Rouges, les Drus pour atteindre l'acmé avec le refuge de la Charpoua.

Comme toujours avec Jean-Christophe Rufin, le visible flirte avec l'invisible. Si on soulève le voile, la transparence des phrases révèlent l'humour – dès l'incipit – le regard de celui qui est toujours médecin – jusqu'à l'hôpital de la Salpetrière – le sibyllin des âmes, l'urgence de ne jamais juger un comportement, la nécessité de sauvegarder la nature et enfin une richesse humaine faisant battre les pages au rythme du coeur.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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En version audio, lu magnifiquement par Bertrand Pazos, un roman de montagne très réussi qui m'a passionnée tant par le rendu de l'authenticité du vécu de la vie des guides alpins, qui se mêle naturellement à la complexité du sentiment amoureux et même de la passion.
La montagne est bien un personnage central, habité de tous les exploits d'autrefois, de tous les accidents. Elle connait les drames ; pas les mélodrames . C'est un révélateur de la sincérité des personnages, un contrepoint à la vie sociale et ses mensonges. le corps en souffrance est capable de tous les efforts qui donnent accès à la découverte de soi. Je comprends tout à fait cela en me remémorant de plus Chamonix et ses paysages où la verticalité appelle à se dépasser. Situer dans ce cadre une histoire d'amour me paraît une évidence et je me réjouis qu'un écrivain au talent et à la vie multiforme comme celle de Rufin ait osé se frotter à ce défi qui n'est pas du tout accessible à tous.
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Quand les pierres reprennent vie puisqu'elles sont un chemin pour vous accompagner dans les élans d'infini qu'elles représentent parfaitement un message immédiat authentique de se surpasser à mesure des étapes abordées que nous délivrent ces lignes, belles et mesurées
à l'image de l'apprentissage de la sagesse à pratiquer en le domaine privilégié de la MONTAGNE
cette montagne que Rufin nous met
de façon admirable à notre portée
Description et retranscription exacte
Rufin fait vibrer notre coeur d'une égale émotion
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Sans hésitation, j'accorde cinq étoiles à ce nouveau roman de Jean Christophe Rufin que j'avais un peu laissé tomber avec ses aventures d'Aurel le Consul.
Pour justifier mon enthousiasme, voici tous les aspects du roman que j'ai aimés :
La Montagne en majesté, qui procure apaisement, émotion, pureté, exaltation.
Un couple aux sentiments complexes, analysés avec finesse et décryptés avec précision.
Enfin, un style alerte, élégant, imagé qui m'a totalement séduite et embarquée au coeur des Alpes, du côté de Chamonix, terre mythique des montagnards et des amis de la montagne (alpinistes ou modestes randonneurs).
Un merveilleux moment de lecture.








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Quel meilleur endroit pour lire ce livre, que le massif du Mont-Blanc ?
J'ai commencé ce roman d'amour, ou plutôt ce roman d'amour de la montagne, depuis une terrasse de Chamonix avec vue sur ces Flammes de pierre.
J'ai été touché par cette lecture. Ruffin fait évoluer ses personnages dans et autour du massif du Mont-Blanc : Megève, Croisse-Bauet, le glacier du Tour, le glacier de Trient, le col de la Colombière, le barrage d'Emosson, la Charpoua...
Tous ces lieux m'évoquent des souvenirs et me rappellent de jolis panoramas.
Mais aussi, Suresnes et son Mont Valérien, plus connu pour être un lieu d'exécution de résistants pendant la seconde Guerre mondiale que sa face nord.
J'ai apprécié l'écriture de l'auteur, sa description de la montagne, de l'alpinisme. On sent qu'il aime ce pays, lui qui de sa fenêtre a une vue exceptionnelle sur les Vorassay, le Goûter et le Mont-Blanc depuis son chalet de Saint-Nicolas de Véroce.
Saint-Nicolas de Véroce est un joli petit village, situé dans un cul-de-sac pour les automobilistes, mais pas pour les randonneurs bien au contraire. Vous pouvez vous y offrir, dans l'unique boulangerie-épicerie du village, le dernier Rufin, la pile de livres étant posée à côté de la caisse, toute proche des tartes myrtilles et autres gourmandises savoyardes.
Avec ce livre, Rufin dénonce aimablement le "consumérisme montagnard". Ces monchus qui viennent en Haute Savoie pour danser sur les pistes de ski l'hiver, qui vont faire construire un chalet à Megève à plusieurs millions d'euros, chalet qui sera occupé deux semaines par an. Ces touristes fortunés feront aussi appel à un guide ou à moniteur VIP, le "Popeye des Bronzés", muscles effilés, teint hâlé, portant le Goretex dernier cri.
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Les Flammes de Pierre est une savoureuse histoire d'amour entre Remy, guide haute montagne, et Laure, une banquière d'affaires parisienne accompagnant des amis pour une expédition. Remy est un personnage séduisant, bien que humble malgré le prestige de sa fonction. Son frère lui reproche de gâcher son talent en emmenant des clients sur des expéditions jugées faciles plutôt que de chercher à ouvrir de nouvelles voies, lui qui était un espoir français de la grimpe avant de devenir guide. La rencontre avec la mystérieuse Laure va quelque peu bouleverser sa paisible vie, jusqu'à la confrontation inéluctable des leurs deux mondes diamétralement opposés, que la montagne, immuable, permet néanmoins d'unir.

J'ai aimé les aventures et les descriptions de cet univers montagnard, à la fois poétique et philosophique, et malgré une légère touche de mièvrerie (sans tomber dans la caricature heureusement), je me suis attachée aux personnages et j'ai dévoré l'histoire pour en connaître la fin. La proportion d'aventure et d'histoire d'amour est savamment dosée, je ne me suis pas ennuyée, il y a également des réflexions philosophiques fort intéressantes qui sont développées à travers les points de vue des différents protagonistes. Je souhaite souligner le talent d'écriture de Jean-Christophe Rufin sur un sujet aussi difficile à traiter que celui de l'alpinisme. J'ai extrait quelques belles citations de ce livre que je conserverai dans mon carnet dédié, c'était un réel plaisir.
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C'est une histoire d'amour à trois: elle, lui et la montagne. Depuis longtemps je m'étais éloignée de Ruffin; ce roman est donc un retour réussi vers cet auteur.
Les soubresauts de l'âme humaine, les ressorts de l'amour sont finement analysés. Un couple se forme et se déforme au fil des pages sans que jamais l'écriture ne tombe dans la mièvrerie ou l'affectation. Et la montagne, superbement présente, magnifiquement décrite, est un autre personnage du roman.
Premier roman de montagne de Ruffin, vraie réussite.
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