Je suis heureux que Sacco ait découvert/inventé le BD-journalisme. Parce que cette "pure" BD, du début de sa carrière, laisse présager que cela ne se serait pas bien passé s'il avait persisté.
Il nous propose ici des petites BD d'environ une page sur le Rock. Elles constituent un mélange entre l'hommage et la critique sociale. Sacco aime le rock et sa culture, même s'il les sait ridicules.
Sauf que tout ça passe au travers à peu près tous les lieux communs et clichés possibles et imaginables. Des trucs à la : "Les musiciens grunges aiment pas le succès, mais ils en profitent les hypocrites!" ou "les filles veulent nous faire écouter leur pop rose bonbon mais c'est pas viril."
Les musiciens sont tous des toxicomanes, les groupies sont des jolies nunuches. On nous montre une université du rock où les musiciens apprennent à arracher la tête des animaux pour faire scandale. le glam/shock rock, c'est secrètement gay.
Tout ça avec humour, évidemment. Ça se veut subversif, mais c'est juste plutôt ennuyant.
Pour donner une idée du ton, voici un extrait de l'intro :
« J'éprouve une rancoeur secrète à l'encontre de mes amis musiciens. Honnêtement, leur talent et leur célébrité me rendent malade. Bon, je suis peut-être un peu jaloux. Peut-être parce que je suis enchaîné à ma table à dessin pendant des mois, des années, tandis qu'ils sont toujours "en tournée" ou "en répète", et s'adonnent à des activités douteuses impliquant des drogues illicites et des filles mineures.»
Je le préfère en journaliste.
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J'avais déjà lu un ou deux titres de Sacco il y a maintenant un bon petit paquet d'années. A l'époque je n'avais pas adhéré. Pourtant, il a tout pour me plaire. Et en 1er lieu un dessin et un ton typique de l'underground américain qui me séduit tant habituellement. Je me devais donc de ne pas rester sur ce malentendu et je me devais de redonner une chance à Sacco. Et quoi de mieux pour cela qu'un bouquin consacré au rock ? j'ai bien fait de choisir ce titre pour dissiper le malentendu avec Sacco. J'ai passé un très bon moment au gré de ces promenades dans le monde du rock. Sacco porte sur cet univers et ceux qui le font vivre un regard à la fois tendre et lucide. Il n'hésite pas à se moquer, voire à pointer du doigt, les travers de ce milieu mais j'ai trouvé qu'il y avait toujours une forme de gentillesse en dessous. La confirmation que l'auteur n'est pas méprisant envers le peuple du rock est évidente à la lecture des planches qu'il consacre aux Stones et dans lesquelles il se met lui-même en scène. Il ne regarde pas de haut les fans de rock prêts à tout pour leurs idoles puisqu'il en fait partie. Il ne voue aucune haine aux stars qui profitent de ces mêmes fans tout comme il continue d'aduler les Stones malgré tout le mal qu'il dit d'eux. Bref, tout ça est assez savoureux. Mon histoire préférée ? sans doute le B.D-reportage consacré au label Fat Possum, spécialiste du rude blues. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours qu'on voit citer le nom de l'excellentissime R.L Burnside. Je finirai d'ailleurs ce modeste billet sur un conseil musical : écoutez la chanson « Miss Maybelle » par Burnside, c'est une tuerie. Ce groove incroyable rend impossible toute résistance, vous taperez du pied, c'est obligé.
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J'éprouve une rancœur secrète à l'encontre de mes amis musiciens. Honnêtement, leur talent et leur célébrité me rendent malade. Bon, je suis peut-être un peu jaloux. Peut-être parce que je suis enchaîné à ma table à dessin pendant des mois, des années, tandis qu'ils sont toujours "en tournée" ou "en répète", et s'adonnent à des activités douteuses impliquant des drogues illicites et des filles mineures.
La Petroleuse présente la bd BUT I LIKE IT (LE ROCK ET MOI) Joe Sacco (Futuropolis - 2018 - 138 p. 20 x 27 cm - Cartonné)
Dispo/Available here: https://www.la-petroleuse.com/fr/bandes-dessinees/5166-livre-but-i-like-joe-sacco.html
"1988, Portland, Oregon. Joe va prendre l'avion. Son vieux pote depuis le lycée, Gerry, chanteur des Miracle Workers, lui a dit qu'il pourrait être de la tournée en Europe, s'il vient vendre des T-shirt les soirs de concert. Ce qui motive Joe, c'est plutôt de faire une BD au sujet de la tournée. Ça change des affiches qu'il dessine pour eux... Quand Joe rejoint le groupe, Gerry lui dit qu'en fait, il n'y aura pas de place dans le tour bus... Ça tombe mal, Joe a tout plaqué : préavis pour son job, remise des clés d'appartement. Et voilà son bizutage, c'était une blague !!! Il embarque finalement en compagnie du reste du line-up, Robert, Matt et Hutch. Direction Amsterdam. le vol est sans encombre, les mecs se bourrent la gueule à la bière. Cependant, le look rock-star torchée, ça ne passe pas trop bien à la douane hollandaise, qui embarque Matt à deux grammes cinq. Contrôle de passeport, pas de billet retour, 31 $ en poche..."
Audio: Miracle Workers (Love Has No Time) 1985
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