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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tu vois des fois tu attrapes un livre comme ça, parce que tu patientes à la caisse, parce que deux euros c'est pas cher, parce que chez toi c'est compulsif, tu veux des livres dans ta maison, dans ta voiture, dans ton sac, dans ta culotte tu serais même cap s'il le fallait.
Et puis tu te poses à une table de bistrot et en attendant tu feuillettes tes achats. Les choisis, les prévus et celui-là. L'inattendu.
Et quand tu le reposes, ton café est froid, et le livre est lu. En entier. Il n'est pas épais, mais quand même.
Il parle de liberté, d'amitié, mais au fond ce n'est pas ce qui compte.
Ce qui compte, ce sont les mots. Leur magie. Une écriture ensorcelante.
Tu le savais toi que Saint-Exupéry était un sorcier littéraire?
Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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Qu'elle est émouvante et belle cette courte lettre. Tellement bien écrite et porteuse d'une si généreuse humanité.

Saint-Exupéry qui vient de faire l'expérience de la guerre civile espagnole voit maintenant son pays envahi par les Allemands. En transit au Portugal sur le chemin des États-Unis, il pense à ceux qui sont restés sur le sol français, ces quarante millions d'otages, avec en particulier son ami juif Léon Werth.

C'est le coeur pétri de remords et d'angoisse qu'il leur destine cette Lettre à un otage. A l'évocation de la simple douceur de vivre en paix, on perçoit toute la sensibilité à fleur de peau de l'auteur du Petit Prince.

Vertus d'un sourire, nostalgie d'un verre entre amis en bord de Saône, rêve saharien, ivresse de l'amitié, le "sort de chacun de ceux qu'il aime le tourmente plus qu'une maladie installée en lui."

"Respect de l'homme ! Respect de l'homme ! … Là est la pierre de touche."
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En ces temps où nous assistons impuissants aux monstruosités d'une guerre déclenchée de façon insensée par un dictateur russe et menée par une armée russe inhumaine, je relis ce texte court, mais formidable de Saint-Exupéry, texte plein « d'espérance en l'Homme » comme le chantait si bien Nougaro dans son dernier album.

Ce texte était initialement destiné à servir de préface au livre « 33 jours » de son grand ami écrivain juif, et gaulliste, Léon Woerth (vous savez, celui à qui est dédié le Petit Prince!), livre qui raconte la débâcle de l'armée française en 1940.
L'armistice et l'avènement du « gouvernement de Vichy » empêcha la publication de ce livre et Saint-Exupéry va remanier et amplifier son texte, en l'écrivant pour son ami, qu'il ne nomme plus, mais aussi pour tous les français, « otages » des Nazis.

En six petits chapitres pleins de poésie et d'humanité, Saint-Exupéry décrit les ambiances inquiètes et troublées qu'il rencontre en ces jours de 1940, d'abord à Lisbonne, puis dans un transatlantique à destination des USA, et y mêle ses souvenirs de fraternité avec son ami, et avec des anarchistes lors de la guerre d'Espagne, et ceux de la vie au Sahara.

Et tous ces souvenirs servent en fait d'arguments pour introduire deux derniers chapitres extraordinaires et émouvants où l'auteur milite avec force pour le respect de l'Homme avec des phrases qui résonnent si fortement en ces jours sombres pour le peuple ukrainien, aussi en ces temps où les nationalismes prospèrent dans notre pays et en Europe dans un climat de rejet de l'autre.
Je vous en livre quelques unes:
« Respect de l'homme ! Respect de l'homme !... Là est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-même ; il refuse les contradictions créatrices, ruine tout espoir d'ascension, et fonde pour mille ans, en place d'un homme, le robot d'une termitière »
Ou encore:
« Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous »
« Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente. »
« Aucun d'entre nous ne détient le monopole de la pureté d'intention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu'un autre a choisie. Je puis critiquer les démarches de sa raison. Les démarches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l'Esprit, s'il peine vers la même étoile. »
« Pour nous, Français du dehors, il s'agit, dans cette guerre, de débloquer la provision de semences gelées par la neige de la présence allemande. Il s'agit de vous secourir, vous de là-bas. Il s'agit de vous faire libres dans la terre où vous avez le droit fondamental de développer vos racines. Vous êtes quarante millions d'otages. »

Je retrouve dans Lettre à un otage, exprimée de façon différente, la même foi en l'être humain que l'on lit dans Lettres à un ami allemand d'Albert Camus.
Des textes d'actualité, puissants, indispensables, je trouve, aux jeunes et moins jeunes de notre France et de notre Europe
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Je ne me lasse pas de lire cet auteur, son écriture est si belle et ses mots si justes.
C'est concis mais ça touche là au bon endroit, notre sensibilité, notre humanité. Lire Antoine c'est un peu se donner la main pour qu'ensemble nous puissions donner la force de croire que l'homme sera un jour un vrai Homme, bon, lucide, généreux, tolérant, dépourvu de haine et de pouvoir, qu'il sera apprécié simplement de respirer.
Il faut bien comprendre le contexte, la guerre fait rage, notre aviateur voit le monde de là-haut, il risque sa peau chaque opération, il peut bien philosopher, voir des êtres de se battre, des peuples anéantis, il y a de quoi écrire cette lettre à un otage. Qui est l'otage, lui, pris dans cette engrenage de la guerre, de l'Histoire, l'humanité, ou son ami juif qui est sur le fil entre la mort et la survie.
C'est un écrit touchant, plein d'humanité comme dans tous ses textes, mais tellement d'actualité.
La tolérance, le respect de chaque être si déjà cela, tout à chacun pouvait l'entendre, ça ferait déjà beaucoup à notre humanité.
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La foi en l'Homme de Saint-Exupéry a quelque chose de fascinant. Qu'il serait doux d'y souscrire sans réserve ! Selon moi, la société idéale serait celle qui parviendrait à adopter sa bienveillance et son regard sur l'Autre. Ce texte est tout simplement magnifique.

Par les valeurs défendues tout d'abord, d'ouverture et d'accueil. "Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente."
Mais aussi, comme toujours chez cet auteur, par la précision de la langue. C'est bien simple, on pourrait noter en citation la plupart des phrases.

Cinquante-sept pages qui donnent de l'élan pour accepter la diversité et aller vers elle. Cinquante-sept pages de pure humanité.
Une lecture essentielle pour garder espoir en ce 16 octobre.
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Une nuit d'insomnie vient de me permettre de lire du grand SAINT-EXUPERY. Pas un mot de trop. Tout y est apprécié, pesé, mesuré avant d'être posé dans l'expression d'un ode à la liberté et à l'altruisme. A l'ouverture vers l'autre. Dans l'expression du nécessaire retour à l'unité de l'humanité. Dans la convergence vers un même but: l'Harmonie née de l'amour fraternel.

En cette période bouleversée par l'extrémisme, il est bon de relire cet ouvrage, hélas trop bref, et d'en méditer la teneur en ne s'attachant pas à la dimension superficielle du message que certains voudraient retenir et qui nous est offert en apparence mais en s'imprégnant de son sens le plus profond.

Au-delà de la bien-pensance de rigueur aujourd'hui dans notre société.
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Un autre récit témoignage d'Antoine de Saint-Exupéry qui résonne en notre période actuelle et prend malheureusement un nouvel écho d'actualité. Des citations à inscrire en lettre d'or dans notre mémoire collective : "Si tu es différent de moi, loin de me léser, tu m'enrichis" en est une parmi tant d'autres. La fraternité entre les peuples et les hommes est le dénominateur commun de tous les livres d'Antoine de Saint-Exupéry, ce court ouvrage en est une magnifique illustration.
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A l'origine, ce n'était pas une lettre, mais une préface pour un récit de Léon Werth, un ami intime de Saint-Ex (oui, le dédicataire du « Petit Prince », justement). de confession juive, il s'était réfugié à Saint-Amour, dans le Jura, où il venait de terminer un récit sur l'exode « Trente-trois jours ». Il y racontait avec une verve aigüe et acide sa fuite de Paris, fustigeant au passage les autorités. En octobre 40, il confie le manuscrit à Saint-Ex, en partance pour les Etats-Unis, pour le faire éditer dans un pays libre. Pour d'obscures raisons, le livre ne vit jamais le jour jusqu'en 1992 ou par hasard il revint à la surface. Saint-Ex commença donc une préface, puis en fit un texte indépendant « Lettre à un ami », puis « Lettre à Léon Werth », puis de façon plus générale, « Lettre à un otage ».
L'otage, effectivement, au départ, c'était Léon Werth que les autorités de son pays l'obligeaient à une semi-clandestinité dans son propre pays. Puis Saint-Ex élargit son propos : l'otage, finalement, c'est la France sous la botte allemande.
L'auteur use ici du discours qu'il utilise dans ses derniers écrits « Terre des hommes » et « Pilote de guerre » : un récit où se mêle une méditation ardente sur la situation, entrecoupée de souvenirs, d'anecdotes, où il démontre sans équivoque son attachement à la France, ainsi que son amitié pour Léon Werth qui, même s'il n'est pas nommé est omni présent.
La « Lettre à un otage » s'articule autour de six courts chapitres où l'auteur à partir de souvenirs, d'images d'un passé plus ou moins récent (le départ en bateau de Lisbonne, le désert, un épisode de la guerre d'Espagne ou le souvenir merveilleux d'un déjeuner « sur les bords de la Saône, du côté de Tournus » avec un ami qu'il ne nomme pas, mais en lequel on n'a pas de mal à reconnaître Léon Werth), égrène des pensées profondes sur la vie, sur l'absence, sur l'amitié, sur la France.
« La France, décidément, n'était pour moi ni une déesse abstraite ni un concept d'historien, mais bien une chair dont je dépendais, un réseau de liens qui me régissait, un ensemble de pôles qui fondait les pentes de mon coeur. J'éprouvais le besoin de sentir plus solides et plus durables que moi-même ceux dont j'avais besoin pour m'orienter. Pour connaître où revenir. Pour exister ».
Quant aux « otages » (le peuple français sous la botte allemande) l'auteur s'adresse à eux en ces termes :
« Car c'est bien vous qui nous enseignerez. Ce n'est pas à nous d'apporter la flamme spirituelle à ceux qui la nourrissent déjà de leur propre substance, comme d'une cire. Vous ne lirez peut-être guère nos livres. Vous n'écouterez peut-être pas nos discours. Nos idées, peut-être les vomirez-vous. Nous ne fondons pas la France. Nous ne pouvons que la servir. Nous n'aurons droit, quoi que nous ayons fait, à aucune reconnaissance. Il n'est pas commune mesure entre le combat libre et l'écrasement dans la nuit. Il n'est pas de commune mesure entre le métier de soldat et le métier d'otage. Vous êtes les saints ».
Ce sont les derniers mots de l'ouvrage, et sa conclusion : la grandeur est moins dans l'engagement libre que dans l'acceptation subie d'une servitude (ce qui n'est pas une justification de la Collaboration). Un thème que l'on retrouvera dans « Citadelle », comme bien d'autres dont ceux de l'amitié et celui, capital, du respect de l'homme :
« Respect de l'homme ! Respect de l'homme !... Là est la pierre de touche ! »
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Lettre à un otage / Antoine de Saint Exupéry
Ce texte a été écrit à Lisbonne au début de la guerre et raconte brièvement la situation des opprimés de toute sorte. Saint-Exupéry tombé aux mains des anarchistes espagnols a frôlé la mort. S'ensuit sa réflexion.
Antoine de Saint-Exupéry nous a habitué dans ses ouvrages de réflexion en qualité de pilote d'avion à voir les choses de haut un peu comme le goéland Livingston de Richard Bach, avec du recul en quelque sorte. Dans la Lettre à un otage en complément, il se livre à l'introspection : regarder au dedans pour aller à la rencontre de soi-même. Dans un style riche de poésie il nous livre ici un texte intimiste écrit alors que le pays est en guerre, pour une recherche de la vérité et de la paix intérieure. »
« «Il nous semble, à nous, que notre ascension n'est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier, et que les contradictions à surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l'avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l'origine. Nous sommes l'un pour l'autre des pèlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous… Nous nous rejoignons dans le sourire au-dessus des langages, des castes, des partis. »
L'humanisme de l'écrivain et de l'homme d'action transparait tout au long de ces quelques dizaines de pages qui élèvent au dessus de la mêlée en 1943 en portant haut la valeur de l'esprit et du respect, de l'amitié et de la tolérance, en bref de la morale. Saint-Exupéry se remémore les heures passées au Sahara, et c'est là qu'il a découvert la paix et la force de l'esprit.
Une réflexion sur la vie, sur les autres, un vadémécum pour chacun en quête d'idéal, de liberté et d'action. Une lettre destinée à tous les otages du totalitarisme sous toutes ses formes.
« L'ordre pour l'ordre châtre l'homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-même. La vie crée l'ordre, mais l'ordre ne crée pas la vie…Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu'un autre a choisie. Je puis critiquer les démarches de sa raison. Les démarches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l'Esprit, s'il peine vers la même étoile. »
Peu de mots pour dire beaucoup en hommage aux otages notamment du nazisme en concluant : « Vous êtes des saints »
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Saint-Exupéry a écrit ce texte pendant la seconde Guerre mondiale, en 1942, alors qu'il était en exil aux États-Unis, en pensant à son ami Léon Werth resté en France et à tous ceux qui, comme Werth, subissaient l'occupation allemande, et se trouvaient pris en otages par le régime nazi d'Hitler. La Lettre à un otage est une belle déclaration d'amitié à Léon Werth, un hommage à la France, et un hymne aux grandes valeurs humanistes bafouées par le nazisme : fraternité, respect de l'autre et de sa différence, car accepter et aimer en l'autre sa différence, c'est s'enrichir soi-même, et tisser un lien, une alliance, qui permet de marcher ensemble vers l'avenir… La Lettre a un otage a été publiée aux États-Unis en juin 1943, puis en France en décembre 1944.
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