JUSQU'A QUAND, CATILINA, ABUSERAS-TU DE NOTRE PATIENCE ?
Salluste (-84/-35) décrit une République Romaine à l'agonie.
dans laquelle en 62 avant J.C. un aristocrate débauché, corrompu, ruiné tente de sauver sa mise en faisant main basse sur le pouvoir.
Le climat est à la violence (les proscriptions de Sylla sont dans toutes les mémoire*) à la peur et à l'indécision.
Tentant le tout pour le tout, Catilina joue sa vie sur le tapis vert de la Fortune, perd et meurt.
Ce texte raconte cette convulsion.
On y croise (un peu)
Cicéron, Caton d'Utique (dont l'implacabilité fera condamner à mort les conspirateurs restés à Rome) et surtout César (qui a les faveurs de Salluste).
La République se cherche une épée (pour paraphraser Sieyès). Elle est déjà sortie du fourreau.
La première Catilinaire de
Cicéron et son "Jusqu'à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience" résonnent d'une insigne faiblesse face à l'appétit de grands fauves habités par l'ambition de dominer et de gouverner.
La Guerre Civile césaro-pompéienne est déjà là, avec, en filigrane, la fin
de la République Impériale et le passage à l'Empire.
Ce texte de Salluste, formidable par l'ampleur du style, le ton acéré et tragique, la noirceur et la virulence du propos, est une très belle leçon sur la haine politique, les ferments de dissension et les ambitions insatisfaites. Un texte d'actualité.
Je signale aussi à tout Lucaniste avéré (surnom attribué par la Sorbonne à un esprit persifleur lors des années 1500) la publication aux Belles Lettres (en un tome) des Oeuvres Complètes de Lucien de Samosate né en 120 après J.C. aux confins de l'Empire Romain.
Ce très grand moqueur parfaitement drôle influença, entre autre, un certain
François Rabelais, cet Ecrivain-Monde de la dimension d'un
Cervantes.
Plaudite Cives !
* En -82, cinq cents « ennemis de la patrie » furent désignés. N'importe quel particulier pouvait les exécuter et gagner douze mille deniers par tête rapportée (
Encyclopedia Universalis)