Pour
Emmanuel Samé, l'autobiographie construit, l'autofiction déconstruit. La première se prête au jeu de croire que l'auteur peut se raconter, la seconde détruit cette illusion. le premier genre construit un plein, il la qualifie de phallogenre. La seconde tente d'échapper aux codes et construit un vide, il la nomme gynogenre.
L'autofiction serait née d'un vide laissé par le père de l'auteur (
Sartre) ou d'une volonté de s'en affranchir (
Doubrovsky, Guibert,
Robbe-Grillet). Une autobiographie aurait nécessité une filiation, une continuité, une justification ; l'autofiction instaure la naissance de soi par soi, la prétention du narrateur de se créer soi-même. Pour cela, il recourt à l'ironie, à la subversion, à la narration à la marge, à la prétention de la transparence pour dénoncer la facticité, au glissement de son personnage qui ne peut exister que dans le mouvement, la découverte, l'aventure. L'autobiographie est une photographie, l'autofiction un film de cinéma.
Emmanuel Samé invente pour cela le terme d'autobiocinematographie.
Ce sont tous ces éléments qui le pousse à voir en "
Les Mots" la première autofiction ; en ce sens, les "autofictionnalistes" sont redevables à l'existentialisme de leur recherche de remplir un vide, celui de leur existence et de la place que leur être fictif et autogénéré ne parvient pas à se trouver dans le monde.