Les poèmes que recouvrent ce recueil ont ceci d'impérieux et d'imposants, sans user de leur force, qu'ils proposent de transfigurer le réel en le prenant pour sujet singulier, et, aux deux pôles de la subjectivité tiraillée de l'auteur, les mots qui sont ici à l'oeuvre parlent d'errance, celle qui leur est propre, car, c'est un fait, ce sont des mots errants, mais ils composent au-delà de l'errance, une manière d'unicité, qui se veut être la négation de l'opposition chez l'homme
du pur et de l'impur, qui ne sauraient faire deux, ne sauraient être distincts, pour devenir une seule voix dans laquelle ils se coulent, voix pénétrante qui dépend tout autant des voyages extérieurs du narrateur, que de ruminations introspectives. Des villes sont évoquées, qui sont traversées, mais ne font office que de décors au climat d'une âme, par le prisme de l'expressivité souvent suppliciante et acérée d'une parole intérieure qui refuse d'être mutilée, mais souhaite de délivrer dans une manière de vice et de piété alternés, du sens à leur nature atrabile, corruptible, ou porteuse d'une santé insolente de nature indivisible ou plutôt, indefinie, indéterminée, mais en rien indéfinissable, car les poèmes qui composent ce double
recueil, ne sauraient être abstraits, abscons, partie liée avec les nuées d'un surréalité hardie.
Ces poèmes, s'ils nous évadent du sentiment d'une trop étouffante réalité, celle du réel de la vie de l'auteur, composent avec nos réalités personnelles, différentes, une manière de fraternité blessée, dont les mots de
Fabien Sanchez se voudraient les pivots d'une passerelle
unificatrice.