le point de départ est séduisant: variations sur l'histoire de
Caïn, avec des épisodes bibliques également ré-écrits, de l'anéantissement de Sodome et Gomorrhe à la tour de Babel, en passant par le sacrifice d'Isaac , le veau d'or pour s'achever dans l'arche de Noë. Passés les premiers moments d'agacement lié à une ponctuation étique et à l'absence de majuscules (pas de nom propre, donc pas d'existence?), j'accepte d'y voir la métaphore d'une humanité sans dessein, essentiellement mauvaise, qui doit se libérer de son dieu inique, violent et caractériel. L'ensemble n'étant pas dénué d'humour, pourquoi pas?
Mais au milieu de tout cela, une petite phrase m'a choquée: "Lors de la naissance de
caïn, les israélites étaient quelque chose qui n'existait pas encore, et quand, beaucoup plus tard, ils se mirent à exister, avec les conséquences désastreuses que nous ne connaissons que trop bien, les recensements qui eurent lieu ne prirent pas en compte la famille d'adam."
Maladresse? Provocation? Il semble hélas que l'antisémitisme de M.
Saramago ne s'infiltre jusque dans ce roman, et pas seulement dans ses entretiens ou son blog. La métaphore prend alors un autre relief, terrifiant, consternant: la justification de la destruction d'un peuple. Je tente en vain de comprendre autre chose. J'espère, je souhaite, je veux n'y avoir rien compris .