L'île des téméraires, tome 1

Les Kamikazes sont entrés dans le langage courant. Tout le monde connaît ces aviateurs qui s'écrasaient sur les navires américains. Lors de documentaires, j'ai souvenir aussi de ces soldats asiatiques se faisaient explosés avec une grenade lorsque les marines les secouraient. Comment des hommes ont pu penser que leur vie était plus importante que leur Empereur.

En Septembre 1944, le Japon est à l'agonie. Les généraux s'entêtent dans une défaite qui n'en sera que plus sanglante. Pour infliger encore plus de dégâts à l'ennemi, les japonais inventent une nouvelle arme. le principe est d'envoyer un homme à bord d'une torpille qu'il pilote et se lance contre un navire yankee. Ce manga raconte donc une histoire vraie, celle du Kaiten.

C'est une facette intéressante de l'histoire dont j'ignorais. En revanche, je trouve que le récit, en lui-même, est assez lent, ça manque de rythme. Tout se concentre autour de deux personnages. Chacun souhaite connaître les motivations de l'autre. En ce qui concerne la patte artistique, j'ai trouvé les dessins grossiers.

Au crépuscule de la guerre, acculé par les forces américaines, le Japon jette ses dernières forces dans le combat en développant des armes et des techniques terrifiantes. Une unité spéciale de kamikazes marins est constituée dans le plus grand secret afin de décimer l'US Navy. Entre désespoir et fanatisme, des soldats décident de s'engager pour devenir pilotes de Kaiten, une torpille-suicide sous-marine.

L'île des téméraires commence comme un récit de guerre classique. Après une courte introduction, le ton change, Syuho Sato (Say Hello to black Jack) oublie presque la situation historique pour ne plus s'intéresser qu'à la psychologie de ses héros. Les deux personnages principaux, Watanabe Yûzo la recrue et Nishina Sekio l'ingénieur, s'affrontent presque philosophiquement sur le sens de leur vie et de leur mort prochaine. le ton est sombre, évidemment. Malheureusement pour le lecteur, Sato ne pousse pas suffisamment son propos. C'est dommage, car l'auteur, un artiste engagé, avait su créer une atmosphère dense, propice à la réflexion critique. le positionnement grand-public de cette histoire ne lui a peut-être pas permis de plus développer sa pensée.

Aux pinceaux, Sato réalise un travail très solide. La reconstitution de la base secrète est documentée jusqu'au dernier boulon. Au-delà du réalisme, la réussite graphique de cet album est surtout due à l'ambiance quasi-claustrophobe qu'a su créer le dessinateur. Quel que soit l'action ou le lieu, les personnages semblent toujours être enfermés. La parfaite adéquation entre le dessin et le propos est admirable. Même avec autant de noirceur, le lecteur ne perd jamais le fil de la narration ; le trait reste toujours lisible et la construction fluide. Les scènes à l'intérieur du sous-marin sont particulièrement réussies. Les héros, pliés en quatre, écrasés par leur machine infernale, souffrent, mais continuent inlassablement de lutter pour essayer de trouver un sens à leur mission, à leur destinée.

A mi-chemin entre le récit historique et le roman noir, L'île des téméraires est une excellente réalisation d'un des mangaka en vue du moment.
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EXTRAIT "Très intéressant, ce manga, en ce sens qu'il nous plonge directement dans la philosophie japonaise liée à la vie et à la mort. Et le rend, mine de rien, pas facile à aborder. le sens du sacrifice, que l'on connaît mieux par les kamikazes se jetant sur les navires à bord de leurs avions chargés d'explosifs. Syuho Sato nous propose un cadre plus original, puisqu'il utilise une technologie peu connue de la seconde guerre mondiale, des torpilles pilotées de l'intérieur afin d'exploser sur les cibles ennemies. Les japonais avaient réellement exploré cette voie, mais il me semble qu'ils n'eurent pas le temps d'en faire grand-chose. Nous allons voir au fil des tomes si l'auteur utilise l'Histoire comme cadre pour sa série."
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