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EAN : 9782823620955
320 pages
Editions de l'Olivier (09/02/2024)
3.76/5   78 notes
Résumé :
1939. Charles Latimer est un auteur anglais de romans policiers. En voyage en Turquie, il fait la connaissance du colonel Haki qui, discutant des différences entre fiction et réalité, lui parle de Dimitrios, un criminel recherché dans plusieurs états, dont la police vient d'apporter le cadavre à la morgue.
Fasciné par son histoire, Latimer se met en quête du passé trouble de Dimitrios, qui ferait un personnage tout désigné pour un futur roman. Dans le train q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ma chronique de la biographie de l'auteur, Eric Ambler (1909-1998), par Ronald J. Ambrosetti du 30 mars 2018, j'avais indiqué avoir tout lu de lui et de ne pas avoir l'intention de relire un de ses thrillers pour ne pas m'exposer à une déception, vu mon grand enthousiasme pour son oeuvre. Lorsque j'ai appris que les Éditions de l'Olivier allaient sortir une édition révisée de l'un de ses meilleurs romans de 1939, le 22 février dernier, je n'ai pas pu résister à la tentation de me commander aussitôt un livre que j'avais pourtant déjà lu deux fois, en 1977 et 1998.

Je suis ravi de l'initiative d'Olivier Cohen des Éditions de l'Olivier et de ce regain d'intérêt pour un auteur, qui dans son genre, à savoir le roman d'espionnage judicieux, profond et captivant, défie toute concurrence. C'est aussi l'avis d'un Alfred Hitchcock, pour qui "il serait difficile, voire impossible, de songer à un auteur de romans d'espionnage, combinant autant de qualités originales et admirables". Pour le grand John le Carré, c'est "notre maître à tous" et dans plusieurs de ses ouvrages, Graham Greene s'est référé explicitement et plein de respect à Eric Ambler.

Le protagoniste principal, Charles Latimer, un auteur britannique de romans érudits et policiers se trouve, au début du récit en congé à Istanbul, lorsque le chef de la police secrète turque lui raconte l'étrange histoire d'un criminel grec, Dimitrios Makropoulos, qui a été tué au couteau et dont le corps vient d'être repêché du Bosphore.

Intrigué par le récit du colonel Harki, notre romancier envisage déjà vaguement les contours d'un ouvrage pour lequel il mènera sa propre investigation policière, à la recherche d'un individu que l'auteur décrira un peu plus loin comme le Mal absolu.

Pour le lecteur, il s'agit du point de départ d'une aventure qui le conduira à Smyrne (l'actuel Izmir), Edirne, Athènes, Sofia, Genève, Marseille, Nice et Paris, avec des retours en arrière dans la France de 1928-1931 et Belgrade de 1926.

Dans ses déplacements, Charles Latimer rencontre une fine variété de caractères, parmi lesquels : l'étrange Frederik Petersen ; le maquereau hollandais Manus Visser ; Lydia Prokofievna, une Russe émigrée en France qui dans le milieu se fait appeler "la Grande-Duchesse" ; Wladislaw Grodek, un professionnel polonais de l'espionnage basé à Genève ; Irana Preveza, une Bulgare d'origine grecque, propriétaire de la boîte de nuit "La Vièrge Marie" à Sofia, etc.

Les déambulations de Latimer se font dans un contexte historique authentique, mais trouble avec les massacres des chrétiens par les Turcs et l'incendie de Smyrne en 1922 ; l'assassinat d'Alexandre Stamboliyski, ex-Premier ministre bulgare en 1923 ; L'attentat manqué sur Mustafa Kemal en 1926, l'exécution de Corneliu Codreanu, le chef de la "Garde de Fer" roumaine en 1938, etc.

Ce livre a inspiré plusieurs adaptations cinématographiques, la version la plus réussie est sans doute celle de Jean Negulesco de 1944 avec un terrible Peter Lorre dans le rôle de Charles Latimer (Cornelius Leyden à l'écran).

Finalement, c'est sans aucune déception que j'ai relu "Le masque de Dimitrios", bien au contraire et je dois avouer y avoir découvert des considérations et particularités qui m'avaient échappé au paravent.
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Heureux les lecteurs français qui découvriront Eric Ambler, injustement méconnu dans notre pays. Commencera pour eux la traque aux 18 (excellents) romans de ce grand fondateur du livre d'espionnage : "looking for Eric"...
A vrai dire, même s'il a été salué par Ian Fleming et John le Carré, Eric Ambler écrit plus que des romans d'espionnage : un peu à la manière de Graham Greene (pensez à "Un Américain bien tranquille" ou "Le troisième homme"), ses livres mettent en scène des quidams ordinaires (quoiqu'un peu ambigus) aux prises avec des forces aussi considérables qu'obscures.
"Le masque de Dimitrios" en est un bel exemple : à la fin des années 30, le romancier Charles Latimer essaie de sauver une affaire de famille auxquels s'intéressent de très près les autorités syriennes...
L'écriture est méticuleuse, obsessionnelle, les situations comme les personnages décrits avec beaucoup de soin, le rythme est alternativement lent et rapide - bref, ça se déguste comme une bonne tasse de thé.
Après ce livre, Eric Ambler écrira nombre de chefs d'oeuvre : "L'héritage Schimer", "le Levantin", "N'envoyez plus de roses", "Le brochet" - entre autres.
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Tout amateur du genre aimerait pouvoir, une fois, commettre un bon roman policier. Tout auteur de roman policier (n'en étant pas, je le suppose) connait l'angoisse de la page blanche qu'il affronte bravement, une fois son sujet choisi, par une documentation étoffée et sans failles.
Prenez un écrivain anglais en quête d'une bonne histoire, envoyez le à Istanbul et mettez le en présence de l'un de ses lecteurs assidus, lequel aurait des velléités de prendre la plume en pensant tenir un excellent sujet de roman mais n'en a pas le loisir, pris qu'il est par une activité professionnelle qu'on pourrait qualifier d'exigeante. Nous sommes au printemps de 1939 et le lecteur se trouve être également chef de la police secrète turque.
Bien entendu le sujet de roman sympathiquement proposé par le lecteur à son auteur, s'il ravit le premier, se voyant déjà co-auteur, n'enthousiasme guère le second. le dossier d'un vrai délinquant dont on vient de trouver le cadavre échoué sur une des rives du Bosphore fournirait assurément un bien meilleur sujet. Ce Dimitrios était un féroce délinquant aux multiples forfaits et aux multiples identités ayant sévi pendant près de quinze ans un peu partout en Méditerranée. Assassinats, trafics de drogue, prostitution, espionnage, attentat politique, il était partout et la police turque est ravie d'en avoir terminé avec lui. Voilà un personnage qui serait parfait si l'on pouvait remonter la piste de ses méfaits pour nourrir la documentation tellement nécessaire à la rédaction d'une bonne histoire. Notre auteur remercie son lecteur en lui promettant de réfléchir à son sujet qu'il abandonne sitôt seul pour se lancer sur la piste de ce Dimitrios, de Smyrne à Paris en passant par Athènes, Sofia ou Genève.
Résumons: un auteur consciencieux et ambitieux, un personnage principal avec un pédigrée long comme un jour sans pain, une bonne histoire et une documentation qui s'étoffe au fil des escales : tout semble réuni pour faire un excellent roman. Mais si, d'aventure, le personnage finissait par devenir tellement envahissant que l'intégrité physique de l'auteur soit remise en question, n'y aurait-il pas matière à regretter d'avoir dédaigné la tranquille banalité de l'intrigue proposée par le policier ?
C'est le sujet de ce roman étrange et original salué, en son temps, par d'aussi enthousiastes que fameux parrains tels que MM Alfred Hitchcock, Ian Fleming ou Graham Greene.
A conseiller aux amateurs du genre et même aux autres…
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Charles Latimer, auteur de romans policiers en quête d'une bonne histoire, est informé par le colonel Haki, chef de la police secrète turque, que le corps d'un criminel recherché depuis près de vingt ans par toutes les polices d'Europe, a été retrouvé flottant sur les eaux du Bosphore. L'écrivain se fait détective. A travers un périple qui le conduit à Athènes, Belgrade, Paris, Genève, il remonte la piste de Dimitrios, homme aux masques multiples et aux ressources infinies. Dans la veine de Graham Greene ou de Dashiell Hammett, ce n'est pas tant la solution qui importe que le chemin hasardeux, erratique et mal famé, nécessaire pour la trouver. Un peu déroutant dans sa première partie, le roman gagne en intérêt lorsque l'apprenti limier se rapproche de sa cible.
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Un corps repêché dans le Bosphore, un écrivain en mal d’inspiration, tel est le début d’une quête nous menant de Turquie en Bulgarie, puis en Suisse et pour finir à Paris, où tout se dénoue. Écrit en 1939, cet étrange roman, qui ne fait curieusement aucune référence à la guerre, si proche pourtant, raconte le périple européen de Charles Latimer, économiste et écrivain de renom, qui s’est entiché du personnage se cachant derrière ce cadavre énigmatique. Tel Ulysse errant d’île en île dans un retour sans cesse différé, notre héros veut toujours en apprendre plus et encore plus sur ce Dimitrios Alexandropoulos, malfrat itinérant dont il va reconstituer patiemment l’itinéraire, recueillant témoignage sur témoignage, pour finir par se mettre en danger à l’approche de la vérité. Une enquête parfaitement gratuite, mais haletante à souhait. Dans cette Europe fantomatique, où des choses terribles se préparent, l’odyssée de Latimer semble futile à nos yeux d’aujourd’hui. Et pourtant, quel talent d’écrivain, et quelle traduction sublime ! Un chef-d’œuvre du genre ! Mais au fait, de quel genre s’agit-il ? Espionnage ? Thriller ? Policier ? Récit d’aventures ? Reportage ? Les cinq, mon général, et plus encore…
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critiques presse (3)
LeMonde
22 février 2024
C’est la tension parfois insoutenable entre la bonhomie infernale, le machiavélisme chic des personnages et l’horreur des méfaits […] qui nous pousse encore aujourd’hui, fascinés, à soulever Le Masque de Dimitrios. Eric Ambler, un écrivain à lire en attendant patiemment la fin du monde.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
22 février 2024
C’est la tension parfois insoutenable entre la bonhomie infernale, le machiavélisme chic des personnages et l’horreur des méfaits (ainsi que de l’arrière-plan historique, dont on sent qu’il émeut profondément Ambler) qui nous pousse encore aujourd’hui, fascinés, à soulever Le Masque de Dimitrios. Eric Ambler, un écrivain à lire en attendant patiemment la fin du monde.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
02 février 2024
Atmosphères louches et faux-semblants, les romans d'Eric Ambler n'ont pas pris une ride. Les éditions de l'Olivier republient cet auteur qui révolutionna le roman d'espionnage. En commençant par son chef-d'œuvre, paru en 1939.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les traits d’un homme, la structure des os et des muscles qui les recouvrent sont le résultat d’un processus biologique ; mais son visage, c’est lui qui le crée. C’est une image de son état émotionnel habituel ; la projection de ses désirs et des craintes qu’il cache aux yeux d’autrui. Il le porte comme un masque, un masque diabolique, un instrument pour produire chez les autres des émotions qui reflètent les siennes. S’il a peur, il doit inspirer la crainte ; s’il désire, il cherche à se faire désirable. C’est un vêtement posé sur sa nudité psychologique. Seulement quelques hommes, des peintres, ont su dévoiler l’esprit qui se dissimule derrière le camouflage de chair. Les autres ont besoin d’interpréter les paroles et les actes pour comprendre la signification du masque qui leur fait face. Et, bien qu’ils sachent d’instinct que la réalité d’un être coïncide rarement avec son apparence, ils sont choqués par une démonstration de ce fait si commun. La duplicité d’autrui est toujours choquante pour celui qui n’a aucune conscience de la sienne propre.
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"L’homme ressemble à une valise. Pendant son voyage à travers la Vie, il recueille comme elle des étiquettes colorées. Mais c’est l’intérieur qui compte."

(page 82).
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Un Français nommé Chamfort , qui aurait dû être mieux inspiré , a dit que le hasard était le surnom de la providence . c'est là un de ces aphorismes confortables , fabriqués pour nier la vérité déplaisante que le hasard joue un rôle important, sinon prédominant , dans les affaires humaines . Il n'est pourtant pas sans escuse . Le hasard agit parfois avec une sorte de cohérence inepte qu'il est facile d'interpréter comme l'oeuvre d'une providence consciente .

Ce sont les premières phrases du "Masque de Dimitrios" .
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Il était onze heures lorsque Latimer, demi-éveillé depuis un moment, ouvrit les yeux. les trois papiers de M. Peters étaient sur la table de nuit, rappel désagréable qu'il fallait penser et prendre des décisions.
Sans cela et le désordre de la pièce, Latimer aurait chassé les souvenirs de la veille comme un cauchemar, mais M. Peters, ses mystères, ses menaces, ses allusions absurdes à un demi-million de francs, ses sous-entendus, n'étaient pas faciles à oublier.
Le premier papier contenait cette adresse :
Ladislas Grodek
Villa des Acacias
Chambésy
'à 7 km de Genève)
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Il me demanda de lui prêter de l'argent. Il devint pressant et jura de me rembourser. La vie est difficile n'est-ce-pas ? Sur le moment, une personne est sincère. Vous savez pourtant que, demain, elle se dira avec une sincérité égale que vous n'avez pas besoin de cet argent et que la magnanimité se paie. Vous perdez à la fois votre argent et un ami.
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